Une volonté nouvelle d’éradiquer le choléra en RDC

27 octobre 2023

La crise sanitaire complexe qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) s’est aggravée depuis le début de l’année 2023. Dans l’est du pays, les affrontements intercommunautaires et les conflits armés ont réduit en cendres des villages entiers, forçant les habitants à quitter leur foyer pour pouvoir survivre. Des inondations et des glissements de terrain ont également frappé la région, augmentant encore le risque d’épidémies de maladies mortelles.

L’une de ces maladies est le choléra. Le choléra est une infection intestinale aiguë qui se transmet par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par des excréments contenant la bactérie Vibrio cholerae. Bien que la maladie ait été éliminée dans de nombreuses régions du monde, elle continue de sévir dans l’est de la RDC, miné depuis des années par le sous-développement, les conflits et des phénomènes météorologiques extrêmes.

En octobre 2023, le Gouvernement de la RDC a lancé un plan visant à éliminer la maladie d’ici à 2030.

Residents walk through Bulengo camp for internally displaced peopleLes personnes qui ont fui leur domicile en raison du conflit se retrouvent dans des camps surpeuplés de déplacés internes, où l’hygiène et les systèmes d’assainissement sont médiocres. Ces conditions sont propices à la propagation du choléra. Photo du camp de Bulengo, dans le Nord-Kivu, en mars 2023. Crédit photo : OMS / Guerchom Ndebo

Une longue et terrible épidémie

Après la baisse du nombre de cas observée pendant quelques années, le choléra a de nouveau flambé en RDC en 2023. L’épidémie est concentrée dans l’est du pays touché par le conflit. Plus de 41 000 cas, dont 314 cas mortels, ont été signalés cette année, ce qui en fait l’une des plus grandes épidémies de choléra au monde.

Two health workers put up a poster on preventing choleraDes agents de santé collent une affiche sur la prévention du choléra lors d’une épidémie à Kinshasa en 2016. Crédit photo : OMS / Eugène Kabambi Kabangu

L’un des aspects préoccupants de cette épidémie est que le pays a signalé un nombre élevé de cas tout au long de l’année. Après un premier pic en avril, environ un millier de cas ont été recensés chaque semaine. La survenue d’épidémies de choléra plus importantes et plus longues crée des difficultés supplémentaires pour des agents de santé déjà débordés, qui doivent lutter contre plusieurs maladies dans des circonstances extrêmement difficiles.

L’OMS travaille en étroite collaboration avec les autorités sanitaires du pays pour faire face à cette épidémie, en mettant à leur disposition des fournitures médicales et des services d’expert, en facilitant le transport des échantillons vers les laboratoires et en construisant des centres de traitement pour rendre les soins plus accessibles aux personnes touchées par les flambées. Le choléra est une maladie facile à traiter, à condition d’agir rapidement. Dans les cas graves, la rapidité du traitement est une question de vie ou de mort.

Two people stand at the entrance to a transit health centerUn centre de traitement de l’OMS mis en place pour répondre aux besoins de santé des personnes qui ont fui la violence cette année. L’accès rapide au traitement contre le choléra est crucial pour sauver des vies. Crédit photo : OMS / Guerchom Ndebo

Lutter contre le choléra dans un contexte de pénurie mondiale

Ces mesures sont d’autant plus importantes qu’une autre arme, le vaccin anticholérique oral, reste en quantité insuffisante à l’échelle mondiale. Il y a un an, le Groupe international de coordination pour l’approvisionnement en vaccins – l’organisme qui gère les approvisionnements d’urgence en vaccins – a pris la décision sans précédent de passer d’un schéma de vaccination anticholérique à deux doses à un schéma à une dose. Cette décision a été prise en raison de la grave pénurie de vaccin dans le monde.

Cela signifie que la quantité de vaccins fournis à tous les pays, y compris la RDC, était insuffisante par rapport aux besoins. Le pays a néanmoins mené une campagne de vaccination à dose unique dont plus de 360 000 personnes ont bénéficié, et 5 millions de personnes supplémentaires seront vaccinées dans un avenir proche.

A woman receives a dose of the oral cholera vaccineUne femme reçoit une dose du vaccin anticholérique oral lors d’une campagne de vaccination dans le camp de personnes déplacées de Bulengo en janvier 2023. Crédit photo : OMS / Eugène Kabambi Kabangu

Un nouveau plan ambitieux

Les vaccins sont certes importants, mais pour éliminer le choléra, de nombreux pans de la société doivent collaborer, en mettant l’accent sur l’approvisionnement en eau potable et des systèmes de toilettes bien gérés. Le nouveau plan de la RDC pour éliminer le choléra suit une approche faisant intervenir l’ensemble des pouvoirs publics. Il vise à mobiliser plus de 22 ministères essentiels pour parvenir à éliminer le choléra, dont la propagation est favorisée par des facteurs extérieurs au secteur de la santé. Cette approche a été saluée par le Groupe spécial mondial de lutte contre le choléra, partenariat mondial qui s’efforce de réduire de 90 % le nombre de décès dus au choléra et d’éliminer la maladie dans 20 pays d’ici à 2030.