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Fait : Près d'un tiers des adultes burkinabés souffrent d'hypertension (tension artérielle élevée).
Pourquoi c'est important : L'hypertension est un des principaux facteurs de risque de maladie non transmissible (MNT) et l'une des principales causes de décès prématuré dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
En pratique : Malgré une prévalence élavée de l’’HTA, les services de soins de santé primaires du Burkina Faso ne disposent pas d’outils spécifiques au contexte pour diagnostiquer, traiter et gérer la maladie. Ce projet a créé de nouveaux outils pour ce faire et a formé 32 agents de santé de première ligne sur les MNT à agir sur l’HTA au niveau local.
Résultats attendus : Les personnes souffrant d'HTA peuvent recevoir des soins de meilleure qualité dans leur centre de soins primaires local, le personnel de santé local étant plus confiant pour gérer la maladie.
Introduction
Au Burkina Faso, environ 1,5 million de personnes sont atteintes d'une maladie cardiaque ou présentent un risque élevé de celle-ci. Responsables d’un décès sur trois les maladies cardiovasculaires (MCV) causent plus de mortalité que toute autre MNT, avec environ 20 600 de ces décès chaque année.
On estime qu’un adulte sur trois dans le pays vit avec une tension artérielle élevée (également appelée « hypertension »). Mais bien que l’HTA soit courante dans la population, seulement environ 30% des personnes atteintes de cette maladie reçoivent un traitement, et moins de la moitié a, sa maladie sous contrôle.
Faire face aux MNT
Le ministère de la Santé du Burkina Faso a été proactif pour s'attaquer au fardeau considérable des MNT pesant sur son système de santé et a créé une direction dédiée à la prévention et au contrôle des MNT. Outre un plan stratégique intégré sur les MNT, plusieurs stratégies nationales ont été lancées à travers le Burkina Faso, notamment des actions sur le cancer, la santé oculaire, la santé bucco-dentaire, la maladie mentale et la lutte antitabac.
Cependant, plusieurs défis pour une bonne santé cardiaque persistent, notamment l’absence de protocole standardisé, l’insuffisance en équipements de base, en médicaments essentiels et en consommables nécessaires pour le diagnostic et la prise en charge de l'hypertension artérielle dans les établissements de santé du premier échelon.
Comme le note le Dr Seghda Arthur, cardiologue au Centre Hospitalier Universitaire de Bogodogo, contribuer à l'amélioration des soins au niveau local est absolument vital :
« Apprendre à évaluer l'hypertension artérielle et le risque de crise cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral d’une personne, peut permettre aux agents de santé d’offrir localement à leurs patients des soins de qualité et des conseils sur le changement de comportement. »
Mettre en place les outils pour lutter contre l’HTA
L'intégration de la gestion des MNT dans les services de santé existants est essentielle pour garantir que les patients du Burkina Faso reçoivent la qualité des soins qu'ils méritent. Cependant, pour ce faire, il faut disposer de politiques, de conseils et de formations adaptés, conçus dans le contexte des systèmes de santé locaux, afin que les agents de santé puissent agir en toute confiance sur mes MNT et l'hypertension artérielle.
Bien que des millions de personnes souffrent d’HTA au Burkina Faso, une formation spécifique au contexte de la maladie n'est pas disponible pour les agents de santé au niveau primaire, et peu de centres de santé disposent de l'équipement adéquat pour surveiller les personnes souffrant d’HTA.
Les centres de soins de santé primaires au Burkina Faso n'offrent pas systématiquement « une évaluation des risques » pour les maladies cardiovasculaires - un processus nécessaire pour identifier les personnes les plus à risque et adapter le traitement - car les directives pratiques pour le dépistage, le diagnostic et le traitement des maladies cardiaques font défaut.
Ce manque de planification stratégique dans le système de santé, associé à une prévalence élevée de l’HTA dans tout le pays, est une source de préoccupation. Si le personnel de santé ne peut pas accéder à un équipement spécifique et à des conseils sur la façon de faire face à l’HTA, cela pourrait avoir de graves conséquences sur la santé et les soins aux patients.
Relever ces défis
Bien que l'OMS ait créé un paquet technique au niveau mondial à utiliser dans la gestion des maladies cardiovasculaires, il est essentiel de travailler avec les pays pour l’adapter aux contextes des systèmes de santé locaux.
C’est dans ce sens que le ministère de la Santé en collaboration avec d'autres partenaires clés, tels que la société Burkinabè de cardiologie, la société Burkinabè de médecine interne et les associations de patients, a mis en place un projet avec deux objectifs principaux :
- Créer un manuel de formation spécifique au contexte pour le personnel de santé afin de diagnostiquer, traiter et gérer l'HTA.
- Former les agents de santé en milieu urbain et rural à l'utilisation des nouveaux outils et les doter du kit nécessaire pour le faire efficacement.
Le district sanitaire de Kombissiri, situé dans la province de Bazèga dans la région Centre-Sud du Burkina Faso, a été choisi comme site pilote de ce projet. Près des deux tiers des consultations ambulatoires à l'hôpital de district, le sont pour l'hypertension ou le diabète, ce qui en fait l'endroit idéal pour offrir une formation.
Dr Compaoré W.A. Sandrine, médecin du district sanitaire de Kombissiri, estime que le déploiement des outils et la formation des agents des Centres de santé et de promotion sociale contribueront à améliorer la qualité des soins aux populations.
« Auparavant, la prise en charge de l’HTA était impossible au niveau du centre de santé local. De nombreux patients qui étaient référés à l'hôpital de district, pourront désormais être pris en charge dans les centres de santé primaires car étant proches pour tout diagnostic, traitement et médicaments de l’HTA. »
Le résultat : une meilleure connaissance et une meilleure compréhension de la gestion de l'HTA
En quelques mois à peine, des progrès considérables ont été accomplis. Un nouveau protocole et un manuel de formation pour la prise en charge de l'hypertension ont été élaborés pour les agents de santé.
32 agents de santé, y compris des infirmières en chef et des sages-femmes du district sanitaire de Kombissiri, ont été formés aux outils. Cela leur donne les éléments de base pour intégrer la gestion de l'hypertension dans leurs contextes de systèmes de santé.
Étant donné que l'utilisation de ces conseils repose également sur le fait de disposer du bon équipement, pour ce faire, le ministère de la Santé a travaillé avec 10 centres de santé et de promotion sociale du district de santé de Kombissiri, en leur fournissant des tensiomètres, des glucomètres, des balances et des rubans à mesurer.
Selon le Dr Zouré Marie Emmanuelle Directrice de la Prévention et du Contrôle des MNT, Ministère de la Santé., ce projet pilote est une réelle opportunité que le Burkina Faso attendait :
« L’HTA est la principale cause de morbidité et de mortalité des MNT au Burkina Faso. Le projet nous a permis d'adapter les protocoles et de former les prestataires de services pour dépister, diagnostiquer et traiter la maladie au niveau le plus périphérique.
Des améliorations sont déjà visibles à la fin de la formation. Nous espérons que la mise en œuvre du protocole sur l’hypertension se fera plus largement, de sorte que toute la population de Kombissiri puisse bénéficier de meilleurs soins contre les MNT ».
La prochaine étape : que se passera-t-il maintenant ?
Comme l'espère le Dr ZOURE, des travaux vont à présent être entrepris pour renforcer et normaliser la prise en charge de l’HTA au niveau primaire, dans d'autres districts sanitaires.
Et pour s'assurer que la formation et les outils restent utiles et efficaces, l'équipe travaillera également avec les infirmiers (es) et les sages-femmes et maïeuticiens qu'elle a formés pour tirer des leçons de leurs expériences. Cela comprendra la mise en place de systèmes de collecte de données sur la prise en charge des MNT au niveau primaire.
Avec notre reconnaissance et nos remerciements
Dr Zouré Marie Emmanuelle, Directrice de la Prévention et du Contrôle des MNT, Ministère de la Santé.
Dr Seghda Arthur, cardiologue au Centre Hospitalier Universitaire de Bogodogo, membre de la société burkinabè de cardiologie et du comité d'experts qui a adapté le module HEARTS au Burkina Faso.
Dr Compaoré W.A. Sandrine, médecin du district sanitaire de Kombissiri.