OMS/S. Aranda
La Stratégie mondiale de l’OMS sur les ressources humaines pour la santé à l’horizon 2030 constitue le mécanisme principal pour coordonner une action mondiale pour des investissements en faveur des personnels de santé.
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Personnels de santé: un atout pour la santé et pour croissance économique

23 mars 2016

Les investissements en faveur des personnels de santé ont été réduits dans certains pays, en dépit des nouvelles données montrant que les besoins en personnels de santé correctement formés ne cessent d’augmenter et que les agents de santé contribuent à la croissance économique.

Il n’y a pas de santé sans personnels de santé. Nous comptons sur eux pour nous prodiguer des soins ainsi qu’à nos proches dans certains des moments les plus importants et vulnérables de notre vie.

Les agents de santé ont été les premiers à intervenir lors des attaques terroristes à Paris, en novembre dernier. Ils ont également risqué leur vie, et certains ont perdu la vie, dans la lutte contre Ebola. Et ils sont de plus en plus ciblés lors des conflits: plus de la moitié des agents de santé en Syrie ont pris la fuite ou ont été tués.

Les personnels de santé sont manifestement utiles s’agissant de protéger, de promouvoir et de préserver la santé humaine. Mais la valeur économique qu’ils apportent est beaucoup moins comprise.

Les agents de santé contribuent à la productivité

Les agents de santé permettent aux individus de rester sur leur lieu de travail, contribuant ainsi à la productivité. Ils contribuent également à bâtir des sociétés et des économies plus résilientes, capables de résister aux chocs tels que les flambées et les catastrophes naturelles.

En Afrique de l’Ouest, où des agents de santé sous-payés, mal préparés et ne disposant pas de suffisamment de matériel, étaient dépassés par la flambée de maladie à virus Ebola, la Banque mondiale a estimé que les pertes économiques s’élevait à 2,2 milliards de dollars (US$), dont un repli de 24% du produit intérieur brut en Sierra Leone en 2015.

Dans de nombreux pays du monde, le secteur de la santé a créé des emplois plus rapidement que d’autres secteurs ces 10 dernières années, en particulier pour les femmes. Près de la moitié des nouveaux emplois du secteur privé créés aux États-Unis d’Amérique entre 2001 et 2012 l’ont été dans le secteur de la santé. Au sein de l’Union européenne, le secteur de la santé et le secteur social emploient 20 millions de personnes, ou environ 10% de l’emploi total; et les femmes représentent près de 80% des personnels de santé de l’Union européenne.

«Nous avons vu dans les économies des pays émergents et des pays à revenu élevé le marché du travail dans le domaine de la santé en tant que moteur de la croissance économique et de la prospérité sociale» indique Jim Campbell, Directeur du Département Personnels de santé de l'OMS. «Nous devons appliquer les enseignements tirés des secteurs public et privé à nos activités dans les pays à revenu faible ou intermédiaire» ajoute-t-il.

Les agents de santé pourraient être davantage recherchés dans le contexte d’une économie mondiale confrontée à d’importants défis en matière d’emploi. Le taux mondial de chômage passera à près de 200 millions de personnes cette année, selon l’Organisation internationale du travail (OIT).

Besoin accru d’agents de santé

Mais en dépit des nouvelles données indiquant que les agents de santé contribuent à la croissance économique, les investissements en faveur des personnels de santé ont été réduits dans certains pays et on a imposé des restrictions à l’embauche malgré les besoins importants sociaux et sanitaires insatisfaits.

Pourtant le besoin en agents de santé correctement formés ne fera qu’augmenter.

Selon les estimations récentes de la Banque mondiale, le vieillissement des populations et l’évolution des tendances des maladies vont engendrer une demande sans précédent pour environ 40 millions de nouveaux agents de santé d’ici à 2030, principalement dans les pays à revenu intermédiaire ou élevé.

Inversement, l’OMS prévoit une pénurie croissante de 18 millions d’agents de santé nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030, principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

À cet écart s’ajoute les migrations des agents de santé de pays à revenu faible vers les pays à revenu élevé qui recherchent de meilleurs salaires et conditions de travail.

En 2013-2014, plus d’un million de médecins et de personnels infirmiers formés à l’étranger exerçaient dans les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), représentant 17% des médecins et 6% des personnels infirmiers en moyenne.

«Ces projections nous montrent quelles seront les conséquences si l’on se contente d’appliquer les méthodes habituelles» indique M. Campbell. «Si nous considérons la situation actuelle comme un obstacle ou une crise, nous ne parviendrons pas à changer les choses. Nous avons aujourd’hui l’occasion d’envisager de nouvelles approches.»

Ressources humaines pour la santé à l’horizon 2030

En janvier 2016, le Conseil exécutif de l’OMS a passé en revue la Stratégie mondiale sur les ressources humaines pour la santé à l’horizon 2030 qui sera examinée par l’Assemblée mondiale de la Santé en mai. La Stratégie vise à accélérer les progrès en vue de la couverture sanitaire universelle et des objectifs de développement durable, en donnant aux pays des options politiques pour garantir l’accès de tous aux agents de santé, au moment et à l’endroit où ils ont besoin d’eux.

Le Secrétaire général des Nations Unies a créé en mars une commission qui vise à identifier des façons novatrices de stimuler l’emploi dans le secteur de la santé. La Commission, qui tiendra sa première réunion en mars 2016 sera coprésidé par François Hollande, Président de la République française, et Jacob Zuma, Président de la République d'Afrique du Sud. Le Directeur général de l’OMS, Dr Margaret Chan, assurera le rôle de co-vice-président de la Commission avec M. Angel Gurría, Secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et M. Guy Ryder, Directeur général de l’OIT.

L’augmentation de l’emploi dans le secteur de la santé entraîne une baisse du taux de chômage, une plus forte croissance économique et améliore la cohésion sociale et la stabilité. L’investissement en faveur de l’emploi dans le secteur de la santé offre ainsi le potentiel d’une triple rentabilité pour les économies, la santé et les femmes.