Des données sanitaires de qualité pour des systèmes de santé plus efficaces

10 mars 2016

Le projet de collaboration sur les données sanitaires, lancé par l’OMS et des organismes partenaires œuvrant en faveur du développement, des pays, des donateurs et des universitaires, renforcera les capacités des pays à collecter, analyser et utiliser des données sanitaires fiables

Au Bangladesh, un agent de santé montre des données relatives à la détection des cas de tuberculose sur un tableau blanc.
Au Bangladesh, les services de santé étudient les données relatives à la détection des cas de tuberculose.
OMS/G Hampton

Une liste de 100 indicateurs sanitaires de base a été établie et 60 pays à revenu faible ou intermédiaire bénéficieront d'investissements pour renforcer leurs systèmes d’information sanitaire d’ici à 2024.

Il y a moins d'une dizaine d'années, les informations relatives aux patients des dispensaires au Bangladesh étaient conservées dans l’un des 33 systèmes existants qui n’étaient pas interconnectés.

Les données des dispensaires privés et des dispensaires publics étaient stockées de façon fragmentée et chaotique, ce qui obligeaient les agents de santé à s’acquitter de lourdes démarches administratives, au détriment de la prise en charge des patients.

Les choses ont commencé à changer en 2009. Avec le soutien de l’OMS, du gouvernement allemand et d’autres partenaires, une approche plus moderne, intégrant toutes les données dans un seul système d’information cohérent, a été instaurée. Cette approche présente des avantages au niveau local, car elle permet aux agents de santé de suivre les femmes enceintes et les enfants, et au niveau national, car elle permet d’établir une planification plus efficiente et plus efficace et de réagir rapidement aux pics de maladies grâce à l’utilisation de données en temps réel.

Aujourd’hui, plus de 13 000 établissements de santé au Bangladesh communiquent leurs données par voie électronique et 40 000 agents de santé environ utilisent ce système. Ainsi, les démarches administratives sont allégées, la planification est meilleure et les patients sont mieux pris en charge.

Le rôle essentiel des données sanitaires de qualité

«Le manque de fiabilité de nos données sanitaires rend la planification et la prise de décisions extrêmement difficiles», explique le Professeur Abul Kalam Azad, Directeur général adjoint et Directeur du système de gestion de l’information au ministère de la Santé et des Affaires familiales du Bangladesh. «Nous avons pris presque toutes les décisions à partir d’hypothèses. Aujourd’hui, les choses ont changé, notamment au niveau local. Nous obtenons en temps voulu de meilleures données qui permettent vraiment d’offrir des soins de qualité aux patients», précise-t-il.

Aucun système de santé ne peut fonctionner sans informations de qualité. Mais aujourd’hui, beaucoup de pays ne recensent ni les naissances ni les décès et n’enregistrent pas non plus d’autres informations importantes sur la santé de la population. Les données sanitaires sont souvent fragmentaires.

Plus des deux tiers de la population mondiale vit dans des pays qui n’établissent pas de statistiques fiables sur la mortalité par âge, par sexe et par cause de décès – l’un des indicateurs sanitaires les plus importants pour comprendre quelles sont les priorités d’un pays en termes de santé.

La moitié seulement des pays ont rapporté à l’OMS des données sur les causes de décès en 2014, et plus de 100 pays ne disposent pas de systèmes fiables pour enregistrer les naissances et les décès. De nombreux pays n’ont pas de données de qualité sur leurs personnels de santé ou pour leur système de financement de la santé.

En raison du manque de données, il est plus difficile de prendre de bonnes décisions sur l’allocation des ressources pour améliorer la santé et aider les gens à vivre plus longtemps et en meilleure santé, et à être plus productifs.

Les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies, assortis de 169 cibles, adoptés en septembre 2015, constituent un programme ambitieux visant à rendre le monde plus juste, plus sûr et plus sain. Il est évident que pour atteindre ces objectifs, il faudra disposer de données fiables afin de bien saisir l’ampleur de la tâche à accomplir et de prendre les bonnes décisions concernant l’allocation des ressources en vue d’obtenir les meilleurs résultats possibles. La réalisation de ces objectifs exigera d’investir, aux niveaux national et international, dans des systèmes solides d’information sanitaire et de statistique.

«L’argent à lui seul ne suffit pas», dit Ties Boerma, Directeur du Département Statistiques sanitaires et systèmes d'information de l’OMS. «Beaucoup de pays en développement reçoivent de nombreuses demandes de données de la part des donateurs. Collectivement, nous pouvons faire mieux grâce à une meilleure coordination et à un meilleur alignement des donateurs, afin d’alléger la charge administrative pour les pays et de renforcer la capacité des pays à collecter, analyser et utiliser des données sanitaires fiables», ajoute-t-il.

Investir dans les systèmes d’information sanitaire

Investir dans les systèmes d’information sanitaire, c’est précisément l’ambition du projet de collaboration sur les données sanitaires. Lancé le 9 mars 2016 à New York, ce projet de collaboration est un partenariat informel entre l’OMS et d’autres organismes œuvrant en faveur du développement, des pays, des donateurs et des universitaires. Il a pour but de renforcer les capacités des pays en matière de données sanitaires en faisant coopérer divers partenaires mondiaux afin qu’ils répondent aux besoins des pays, plutôt que d’alourdir leur charge de travail.

Il vise à ce que 60 pays à revenu faible ou intermédiaire et les donateurs qui les soutiennent appliquent des plans d’investissement communs pour renforcer les systèmes d’information sanitaire d’ici à 2024, et que ces pays puissent se passer d’une aide internationale pour ces systèmes d’ici à 2030.

Le projet de collaboration a déjà permis d’établir une liste de 100 indicateurs sanitaires de base, relatifs à un petit nombre de données sanitaires convenu d’un commun accord, au lieu des 600 indicateurs et plus pour lesquels certains pays fournissaient auparavant des données à leurs donateurs.

Le Bangladesh est l’un des premiers pays à bénéficier d’un soutien dans le cadre du projet de collaboration sur les données sanitaires, au titre de sa stratégie globale de suivi et d’évaluation. Le pays a montré comment il est possible d’exploiter la technologie pour améliorer la collecte et l’utilisation des données. Il accueillera en avril 2016 une réunion dans le cadre de ce projet pour partager son expérience avec d’autres pays.