Ludovic Floury, Vanessa Top et Luc Monimeau de l’équipe d'épidémiologie et d'investigations de la Direction des affaires sanitaire et sociales de la Nouvelle-Calédonie, France © Direction des Affaires sanitaires et sociales de la Nouvelle-Calédonie/France
La Nouvelle-Calédonie est un archipel français situé dans le Pacifique sud, qui compte 271 407 habitants (selon le dernier recensement de 2019). Elle dispose d’un système de santé de qualité, associant infrastructures hospitalières modernes (publiques et privées) et centres médico-sociaux, répartis sur le territoire. À proximité de la capitale se trouve l'hôpital Médipôle, tandis qu’au sein même de Nouméa se situe la clinique Kuindo-Magnin. Un hôpital public dessert également la province Nord. Cependant, des inégalités d'accès aux soins subsistent entre les zones urbaines et rurales.
Face à la crise COVID-19 en France dès mars 2020, le besoin d’un outil de gestion épidémiologique est apparu pour suivre les personnes infectées et leurs contacts et analyser les données en temps réel pour orienter les actions sanitaires.
Jusqu’alors, la gestion reposait sur des documents papier et des fichiers Excel. Une étude comparative de solutions numériques a conduit, en novembre 2020, au choix de Go.Data (en anglais), préférée à d’autres outils disponibles.
Go.Data est un outil numérique innovant développé par l’Organisation mondiale de la Santé en collaboration avec les partenaires du GOARN. Cet outil est spécialement conçu pour soutenir les équipes de terrain dans leurs interventions en facilitant l’investigation des cas et la recherche des contacts. Il offre des ensembles de données plus intégrés et standardisés, des analyses en temps réel pour orienter les opérations sur le terrain, ainsi que diverses fonctionnalités pour mieux organiser et surveiller les efforts de recherche des contacts.
Depuis février 2021, Go.Data est installé sur des serveurs locaux sécurisés, conformes au Règlement général sur la protection des données (RGPD). Son accès est limité aux agents du service de santé publique. Les formulaires de suivi ont été adaptés, automatisant ainsi l’import des résultats de la réaction de polymérisation en chaîne (PCR) et des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) des laboratoires médicaux.
Lors de l’augmentation des cas de COVID-19 en septembre 2021, Go.Data était opérationnel. Cependant, l'explosion des cas a rapidement rendu impossible le suivi des contacts, limitant l’usage aux cas positifs confirmés. Pour surmonter cette difficulté, des fichiers d’importation des cas étaient préparés par des scripts R afin d’identifier les nouveaux cas, les récidives et d’éviter la saisie manuelle sur des volumes importants de données, ce qui est très chronophages en termes de ressources humaines. De plus, un tableau de bord a été également développé sur R pour suivre l’épidémie.
Forte de cette expérience, la Nouvelle-Calédonie a décidé d’étendre l’utilisation de Go.Data à d’autres maladies. Depuis le 10 décembre 2024, Go.Data suit notamment la coqueluche, l’hépatite E, la lèpre, la méningite, la rougeole et la tuberculose.
Équipe d'épidémiologie et d'investigations déployant Go.Data en réponse à une épidémie, Nouvelle-Calédonie, France. © Direction des Affaires sanitaires et sociales de la Nouvelle-Calédonie/France
L’usage de Go.Data a permis de fédérer les équipes d’investigation et d’épidémiologie autour d’un même outil et ainsi d’éviter la multiplication des saisies sur plusieurs supports et les décalages de données entre les équipes. Il est aujourd’hui intégré au Système d’Information de Nouvelle-Calédonie et permet également à l’équipe d'épidémiologie et d'investigations de centraliser la production de données au sein d’un même logiciel avant de les transférer après anonymisation dans le centre de données. Les données sont ensuite à disposition des équipes pour élaborer des tableaux de bord adaptés. À ce sujet, Jean-Baptiste Gaumery, infirmier investigateur, partage son expérience :
"Avant Go.Data, le suivi des contacts était un véritable casse-tête, souvent géré sur papier ou avec des fichiers dispersés. Aujourd’hui, nous avons une plateforme centralisée qui nous permet de visualiser les réseaux de transmission en temps réel et d’optimiser nos interventions."
L'équipe de l’OMS a accompagné chaque étape de ce déploiement et ses conseils et expertise ont été précieux pour assurer le succès de cette transition numérique.