Prévenir la violence à l’encontre des enfants favorise une meilleure santé

12 juillet 2016

Un jouet volé, le mensonge d’un enfant, une punition sévère, parfois physique: Simamnkele, 9 ans, et Nombuyiselo, la personne qui s’occupe de lui, connaissent par cœur la séquence.

«Je n’écoutais jamais», dit Simamnkele. «J’étais très vilain.»

Nombuyiselo, qui assure l’éducation du jeune enfant sud-africain depuis plusieurs années, ajoute: «Ce garçon continuait à garder ses mauvaises habitudes en grandissant et il chipait les petites voitures et les portables des autres enfants. J’arrivais à la maison et je trouvais des parents à ma porte pour récupérer les jouets de leurs enfants. Cela me dérangeait beaucoup. Il niait toujours, donc je le battais. Je le battais souvent pour ses mensonges.»

Mais avec l’appui du Programme sous l’égide de l’OMS et de l’UNICEF «Parenting for Lifelong Health» (PLH), l’adulte et l’enfant ont désormais une relation positive assurant un développement sain à l’enfant et l’empêchant d’emprunter des voies risquées susceptibles de compromettre sa santé et son bien-être.

INSPIRE: des stratégies pour réduire la violence à l’encontre des enfants

Ces 4 dernières années, le programme s’est étendu à plus d’une vingtaine de pays en raison de la demande croissante. C’est un exemple des mesures promues par le nouvel ensemble «INSPIRE» de 7 stratégies liées entre elles, établies par l’OMS, l’UNICEF et d’autres partenaires mondiaux pour mettre fin à la violence à l’encontre des enfants.

On associe à ces violences une série d’impacts négatifs, y compris sur le bien-être physique et mental des enfants eux-mêmes, notamment à un stade ultérieur de la vie. L’OMS et diverses autres organisations ont travaillé pour lutter contre les causes de la violence à l’encontre des enfants, y compris dans les situations liées à la formation par les parents. L’initiative INSPIRE vise à approfondir cette action.

Le Dr Catherine Ward, experte en psychologie de l’enfant et fondatrice du programme, explique que l’action de l’organisation se fonde sur les solutions, l’accent étant fortement mis pour montrer aux parents les options éducatives pouvant donner des résultats positifs à la fois pour celui qui s’occupe de l’enfant et l’enfant lui-même.

«Nous voyons des parents appliquant des méthodes sévères, souvent parce qu’ils ne connaissent pas d’autres possibilité», dit le Dr Ward. «Ils souhaitent faire ce qui est juste. Mais les parents imposant une discipline sévère peuvent affecter gravement la santé mentale des enfants, les amenant à la dépression et à des problèmes de comportement, pouvant aller jusqu’à des prises de risque comme l’abus de substances, les rapports sexuels non protégés ou encore des traumatismes liés à l’utilisation des mobylettes sans porter de casque.»

Selon des études récentes, jusqu’à 1 milliard d’enfants ont été confrontés à des violences physiques, sexuelles ou psychologiques pendant l’année écoulée. Au cours de sa vie, 1 enfant sur 4 subit des violences physiques. Près de 1 fille sur 5 et de 1 garçon sur 13 sont victimes d’abus sexuels. L’homicide fait partie des 5 premières causes de mortalité chez l’adolescent.

Mais la recherche a montré que les enfants recevant avec régularité une éducation chaleureuse ont une probabilité moins grande de développer une dépression, d’être dépendants des drogues et de l’alcool ou d’avoir des pratiques sexuelles à risque. Le risque est également plus faible qu’ils soient impliqués dans des actes criminels ou violents.

Travaillant désormais dans des situations allant du Soudan du Sud ou El Salvador aux Philippine ou à l’Italie, le programme a vu apparaître des traits communs, qu’il s’agisse de l’universalité des formes de discipline sévère et souvent violente qu’ils ont vu pratiquer, ou de la volonté des parents de chercher de l’aide pour les soutenir dans l’éducation de leurs enfants.

Les parents veulent ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants

«Si vous mettez de tels services à leur disposition, les personnes viendront», ajoute Lucie Cluver, cofondatrice du programme et professeur en action sociale pour les enfants et les familles enseignant dans les universités du Cap et d’Oxford. «Partout, les parents veulent ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants et ils souhaitent avoir de l’aide sur certaines questions, comme d’éviter les punitions corporelles et une discipline trop sévère. C’est très positif.»

Le Dr Alexander Butchart, Coordonnateur à l’OMS pour la prévention de la violence, indique que le Programme PLH comble une lacune majeure dans les situations de ressources limitées, étant conçu pour coûter le moins cher possible, sans sacrifier les éléments essentiels de son efficacité.

«Les exemples comme le modèle du PLH sont très importants pour l’OMS car ils relient la prévention de la maltraitance des enfants au nouvel accent mis par la santé mondiale sur le développement sain dès la tendre enfance, de façon à ce que les enfants survivent et prospèrent», conclut le Dr Butchart.