Soins de santé primaires
Au cours des dernières années, la République du Congo, un pays dont la population s’élevait à plus de 5,5 millions de personnes en 2020 (Banque mondiale, 2020), a fait des progrès considérables dans le domaine de la santé. Les soins de santé primaires sont une priorité de longue date pour le pays. En 2018, l’ancienne Ministre de la santé et de la population, Jacqueline Lydia Mikolo, avait indiqué lors d’une visite du Dr Tedros, Directeur général de l’OMS, que « tous les Congolais devraient avoir un établissement de soins de santé primaires à une distance de marche raisonnable de leur domicile. Les soins de santé primaires, ainsi que l’accès aux médicaments et la santé de la mère et de l’enfant sont les principales priorités du Congo en matière de santé » (Organisation mondiale de la Santé, 2018).
Donner la priorité à la santé reproductive et à la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent pour atteindre l’ODD 3
L’émergence de la pandémie de COVID-19 en 2020 a mis en évidence les faiblesses et les lacunes persistantes du système de santé du pays, lesquelles contribuent aux mauvais résultats en matière de santé. Une évaluation à mi-parcours du Plan national de développement de la santé 2018-2022 a également souligné les défis que doit relever le pays pour atteindre les cibles de l’ODD 3 et, en particulier, une situation inquiétante en matière de santé reproductive et de santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent : en 2020, le taux de mortalité maternelle était estimé à 445 décès pour 100 000 naissances vivantes ; le taux de mortalité néonatale s’établissait à 19 décès pour 1000 naissances vivantes ; le taux de mortalité infantile était de 33 décès pour 1000 naissances vivantes et le taux de mortalité infanto-juvénile de 45 décès pour 1000 naissances vivantes (Banque mondiale, 2020).
Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’action mondial pour permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous (Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3), une analyse de la situation a été entreprise entre mars et juillet 2021 sous la direction de l’OMS afin de proposer des stratégies visant à renforcer la collaboration entre les organisations multilatérales signataires du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 et d’identifier les priorités pour le secteur de la santé. L’analyse a conduit à un consensus parmi les signataires du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3, lesquels ont identifié les soins de santé primaires comme l’accélérateur prioritaire, en mettant l’accent sur la santé reproductive et la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent.
Une occasion de renforcer la collaboration entre les partenaires clés
En avril 2021, l’initiative relative au Plan d’action pour la réalisation de l’ODD3 a été menée en République du Congo par le partenariat interinstitutions H6, composé de l’ONUSIDA, du FNUAP, de l’UNICEF, d’ONU Femmes, de la Banque mondiale et de l’OMS. Dans le cadre du plan de mise en œuvre du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3, le partenariat H6 a été chargé de soutenir le gouvernement de la République du Congo dans ses efforts pour améliorer la santé reproductive et la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent. Le mandat du partenariat H6 a été signé par les chefs des bureaux de pays des institutions et les référents désignés se réunissent périodiquement pour suivre la mise en œuvre des activités.
Plusieurs autres initiatives conjointes clés entre les organismes signataires, d’autres partenaires et les principales parties prenantes locales ont été menées en 2021, notamment les activités prioritaires suivantes :
- La première retraite des partenaires techniques et financiers en juin 2021 : 20 organisations étaient représentées lors de la retraite, y compris des institutions des Nations Unies et des partenaires bilatéraux et multilatéraux. Cet événement a contribué à renforcer les synergies et la coordination entre les partenaires techniques et financiers de la santé en unissant les efforts pour soutenir efficacement la République du Congo dans la réalisation de l’ODD 3. Le processus participatif a conduit à l’élaboration de la nouvelle stratégie intégrée 2022-2026 pour la santé reproductive et la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent.
- La désignation par le Ministère de la santé et de la population d’un référent national pour le Plan d’action mondial (conseiller en santé assisté par le directeur de la coopération), qui a permis que le pays s’approprie le Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 et que soit mis en place un cadre d’échange régulier entre les partenaires techniques et financiers et le gouvernement. Les membres du groupe H6 travaillent en étroite collaboration avec le référent national du Ministère de la santé et de la population pour le Plan d’action mondial.
- La mise en place d’un cycle semestriel d’examen et de planification conjointe des activités prioritaires, qui a contribué à renforcer le dialogue et la planification conjointe en ce qui concerne les principales activités du Ministère de la santé et de la population.
Conséquences de la collaboration renforcée
La collaboration renforcée entre les institutions signataires du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 et le gouvernement a eu un impact sur les acteurs des systèmes de santé locaux à tous les niveaux, avec des améliorations notables dans la planification et la mise en œuvre des activités grâce à la participation à des ateliers conjoints d’examen et de planification, ainsi qu’à des sessions de formation visant à améliorer l’offre et la qualité des soins et des services de santé en général.
Le projet Eboteli, initié en 2021 et dirigé par le gouvernement, le FNUAP et Royal Philips (une société de technologie de la santé) est une initiative en faveur de la santé maternelle visant à réduire de moitié les taux de mortalité maternelle et néonatale au cours des cinq prochaines années (Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), 2021). Dans le cadre de ce projet, le FNUAP travaille en étroite collaboration avec l’OMS et le Ministère de la santé et de la population, ce qui a permis de créer des synergies entre les efforts et les ressources. Ces efforts conjoints se sont traduits par des améliorations concrètes, l’impact se faisant sentir au niveau du prestataire et du patient. La disponibilité des agents de santé et la prestation de soins sûrs aux femmes enceintes dans les établissements hospitaliers ont toujours représenté un défi. La pandémie de COVID-19 a exacerbé la situation, le risque d’infection mettant en danger à la fois les agents de santé et les patients. Un premier exemple a été rapporté à l’hôpital général de Dolisie, dans l’est du pays, où la pandémie avait eu un impact sur le personnel de l’hôpital et la qualité des soins fournis aux femmes enceintes, nécessitant une action rapide de la part des partenaires du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD3 (Organisation mondiale de la santé, 2021).
Le rôle directeur joué par l’OMS et les efforts conjoints des institutions signataires du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 et d’autres partenaires ont permis que les difficultés liées au risque d’infection par la COVID-19 et à la prise en charge des femmes enceintes pendant une pandémie soient gérées rapidement. L’OMS a fourni à l’hôpital des fournitures et du matériel essentiel, y compris des équipements de protection, et a formé le personnel aux normes de prévention et de lutte contre les infections. Le Dr Bernard N’Dala, chef du service de gynécologie et d’obstétrique de l’hôpital, a noté que « la salle d’accouchement pour les femmes présumées infectées par le virus de la COVID-19 et le matériel utilisé pour prendre en charge les accouchements ont été améliorés par l’aménagement des locaux ». Le Dr Maurice Mpompolo, Directeur général de l’hôpital général de Dolisie, a noté que « ces nouvelles dispositions ont permis de limiter le risque d’infections entre les patients et le personnel et de rassurer les femmes avant leur accouchement. Le nombre d’infections du personnel a chuté, passant de 16 infections en mars 2020 à zéro infection en novembre 2021 et les consultations en service de maternité ont augmenté de 2 %. »
Au niveau national, l’UNICEF a également dirigé des activités essentielles de santé reproductive et de santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent. L’institution, en collaboration avec l’OMS et le FNUAP, se concentre sur un large éventail d’objectifs en matière de santé reproductive et de santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent, notamment la prévention de la transmission mère-enfant du VIH (PTME) et l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène (WASH) pour prévenir les maladies potentiellement mortelles. L’UNICEF continue d’aider le gouvernement à développer les services de PTME par le biais d’activités de renforcement des capacités et de la mise en œuvre de services de dépistage au point de service. À ce jour, un total de 163 agents de santé, dont 96 sages-femmes, ont été formés aux soins prénatals et à la délégation de tâches dans les services de PTME. En conséquence, plus de 31 000 naissances vivantes dans des districts de santé clés ont pu bénéficier de l’aide de personnel qualifié, tandis que le nombre de femmes enceintes bénéficiant d’un dépistage du VIH a augmenté de 139 %, passant de 10 491 en 2020 à 25 129 en 2021, et le nombre de diagnostics précoces du VIH chez les nourrissons nés de mères séropositives est passé de 7 % en 2020 à 10,3 % en 2021.
En outre, sous l’égide du plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement et en collaboration avec le gouvernement, l’UNICEF a contribué à la fourniture de 21 systèmes d’approvisionnement en eau dans des régions clés du pays, lesquels fournissent de l’eau potable à environ 13 354 personnes, dont plus de 7 000 femmes. L’UNICEF et d’autres partenaires soutiennent également le déploiement d’initiatives de santé communautaire pour aider à élargir l’accès aux services essentiels de santé reproductive et de santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent dans les zones difficiles d’accès. En l’espace de cinq mois, cette démarche – menée à bien dans deux districts sanitaires périurbains de Pointe Noire actuellement dépourvus d’établissements de santé – a permis d’assurer la prise en charge de 8551 cas de paludisme, d’infections respiratoires aiguës et de diarrhée aiguë (plus précisément, 1141 cas de paludisme, 1923 cas de toux/rhume et 5487 cas de diarrhée).
Prochaines étapes
L’équipe du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 vise, en collaboration avec d’autres institutions et partenaires locaux, à continuer à améliorer les indicateurs de santé reproductive et de santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent dans le pays, y compris les soins et la prestation de services dans un plus grand nombre d’hôpitaux et d’établissements de santé, et l’accès à d’autres services essentiels de santé reproductive et de santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent à travers le pays.
En 2022, Le partenariat H6 et ses collaborateurs soutiendront l’élaboration du plan d’action conjoint pour la réalisation de l’ODD 3 pour continuer à coordonner les interventions en matière de santé reproductive et de santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent en République du Congo. Ce plan d’action sera notamment axé sur la mobilisation des ressources et sur le renforcement de la mise en œuvre et du suivi des projets conjoints dans le but de mieux documenter les bonnes pratiques et les progrès.
Qu’est-ce que le Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 ?
Le Plan d’action mondial pour permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous (Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3) est un ensemble d’engagements pris par 13 institutions qui jouent un rôle clé dans la santé, le développement et l’action humanitaire, en vue d’aider les pays à accélérer les progrès pour atteindre les cibles des ODD liées à la santé. L’intérêt du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 réside dans le renforcement de la collaboration entre les institutions en vue de prendre des mesures conjointes et de fournir un soutien mieux coordonné aligné sur les plans et stratégies nationaux conçus et dirigés par le pays. Une « stratégie de relance » (octobre 2021) a été élaborée pour actualiser le Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 dans le but de parvenir à une relance équitable et résiliente après la pandémie de COVID-19 pour atteindre les cibles des ODD liées à la santé.
Les études de cas sur le Plan d’action mondial ont pour objectif de suivre la mise en œuvre du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD3 au niveau national.
Références bibliographiques
Article du Fonds des Nations Unies pour la population (2021) - en anglais