L’OMS au secours des patients diabétiques en Syrie

21 mars 2016

La pénurie d’insuline en Syrie menace la santé de milliers de personnes diabétiques. L’OMS travaille d’arrache-pied pour combler le vide dû à la détérioration du système de santé et à l’absence de production locale, mais les difficultés à surmonter restent nombreuses.

Un homme souffrant de diabète s'apprête à s'injecter de l'insuline
Hussam Hidaoui, 27 ans, a été diagnostiqué diabétique de type 1 quand il était enfant, et il est l’un des 400 000 Syriens environ qui ont besoin d’insuline pour survivre.
OMS/T. Jašarević

Hussam Hidaoui, 27 ans, a été diagnostiqué diabétique de type 1 quand il était enfant, et il est l’un des 400 000 Syriens environ qui ont besoin d’insuline pour survivre. Il ne reçoit qu’une dose d’insuline par jour, et même cette dose-là n’est pas facile à obtenir en Syrie, un pays en conflit depuis cinq ans.

«J’ai appris à vivre avec la maladie, elle est devenue une amie», raconte-t-il en souriant, alors qu’il montre sa trousse à insuline dans les locaux de l’Association syrienne de soins aux diabétiques à Damas, la capitale.

Avant le conflit, la Syrie comptait environ 200 centres spécialisés dans le diabète répartis sur tout le territoire. Nombre d’entre eux ont cessé de fonctionner ou ne disposent pas des fournitures ou du personnel suffisants, en particulier dans les régions difficiles d’accès en raison du conflit.

D’après le nouveau profil de pays établi par l’OMS concernant le diabète en Syrie, la prévalence de cette maladie dans la population a presque triplé depuis 1980, plus d’un Syrien sur 10 (12,6% des femmes et 11,2% des hommes) vivant actuellement avec le diabète.

Une maladie non transmissible

Le diabète est une maladie non transmissible (MNT) qui apparaît lorsque le pancréas ne produit pas assez d’insuline, une hormone qui régule la glycémie, ou lorsque le corps n’est pas en mesure d’utiliser efficacement l’insuline qu’il produit.

Le diabète de type 1 est le plus souvent diagnostiqué pendant l’enfance et se caractérise par une production insuffisante d’insuline qui entraîne une insulinodépendance. Le diabète de type 2 est causé par l’utilisation inefficace de l’insuline par le corps, souvent à cause d’un surpoids et de la sédentarité. Un grand nombre de diabétiques n’ont pas les connaissances de base sur la façon de maîtriser leurs niveaux de glycémie et d’utiliser correctement l’insuline.

«J’ai des problèmes graves aux yeux et aux reins car je n’utilisais pas l’insuline correctement», explique Hussam, qui se rend maintenant régulièrement dans les centres pour diabétiques pour recevoir des conseils et tester gratuitement sa glycémie.

Pénurie d’insuline

Plus de la moitié des Syriens insulinodépendants (60%) sont en danger en raison des problèmes d’approvisionnement. Avant le conflit, l’insuline était distribuée gratuitement à tous les utilisateurs inscrits auprès du programme national pour les diabétiques. Mais à l’heure actuelle, la pénurie s’installe. La seule usine de Syrie fabriquant de l’insuline a été endommagée et a cessé la production.

Chez les patients insulinodépendants, le manque d’insuline entraîne des hyperglycémies (des taux de glycémie élevés) qui peuvent sérieusement dégrader nombre de systèmes de l’organisme, en particulier les nerfs et les vaisseaux sanguins.

L’OMS est maintenant le fournisseur principal d’insuline dans le pays, avec la distribution de plus de 500 000 flacons en 2015. «Nous essayons de combler le vide créé par l’absence de production locale, soit en fournissant directement les centres pour diabétiques, soit par l’intermédiaire des organisations non gouvernementales», explique Elizabeth Hoff, Représentante de l’OMS en Syrie.

Mais il n’est pas toujours possible de mettre à disposition tous les types d’insuline dans les centres pour diabétiques. Les pénuries sont fréquentes. Les patients diabétiques doivent donc parfois utiliser un type d’insuline différent ou chercher à s’approvisionner auprès du secteur privé.

«Récemment, un patient est tombé dans le coma car il n’a pas trouvé ses médicaments habituels et qu’il a utilisé le seul type d’insuline qu’il a pu se procurer dans une pharmacie du quartier», raconte le Dr Bilal Hammad, spécialiste du diabète et directeur de l’Association syrienne de soins aux diabétiques.

La distribution dans les zones non contrôlées par le gouvernement est une difficulté supplémentaire. Il est difficile de respecter la chaîne du froid entre l’entrepôt et la destination finale, car de nombreuses régions de Syrie sont gangrénées par l’insécurité. « Nous ne chargeons de l’insuline dans les convois que si nous savons que la chaîne du froid peut être garantie », déclare Mme Hoff.

D’après l’OMS, environ 9% des adultes dans le monde étaient diabétiques en 2014. En 2012, le diabète a directement causé 1,5 million de décès à l’échelle mondiale.