Maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) : vaccins contre la COVID-19 et personnes vivant avec le VIH

7 juin 2023 | Questions & réponses

Il est possible que les personnes vivant avec le VIH chez qui le traitement antirétroviral (TAR) ne supprime pas la charge virale aient un système immunitaire affaibli qui les rend vulnérables aux infections opportunistes et à la progression de la maladie à VIH. Il n’y a pas d’éléments cliniques montrant que ces personnes présentent un risque plus élevé d’infection par le SARS-CoV-2 que les personnes séronégatives pour le VIH.

Selon plusieurs études de faible ampleur menées au début de la pandémie, la présentation clinique de la COVID-19 est similaire chez les personnes séronégatives et chez celles vivant avec le VIH, en particulier lorsqu’elles sont sous traitement antirétroviral et que la charge virale est supprimée. Cependant, les données mondiales compilées par l’OMS auprès de près de 350 000 patients dans 38 pays indiquent que les personnes vivant avec le VIH courent un risque accru de contracter une forme grave de la COVID-19 et d’en mourir. D’après cette analyse, pour cette population, le risque d’être atteint d’une forme grave ou mortelle de la COVID-19 est 38 % plus élevé que chez les personnes séronégatives.(1) Les personnes vivant avec le VIH sont souvent confrontées à des déterminants sociaux de la santé et à des facteurs structurels défavorables susceptibles d’entraîner une exposition plus élevée au SARS-CoV-2. Elles présentent également une prévalence élevée de certaines comorbidités associées à une issue plus défavorable de la COVID-19, comme les maladies cardiovasculaires, le diabète, les maladies respiratoires chroniques et l’hypertension. En outre, une numération plus faible de lymphocytes T-CD4 est associée à une infection à VIH à un stade avancé et plusieurs études épidémiologiques indiquent que cette population présente un risque plus élevé d’hospitalisation et de mortalité dues à la COVID-19.

Compte tenu de toutes ces considérations, rien n’indique clairement que les personnes vivant avec le VIH présentent un risque d’infection par le SARS-COV-2 plus élevé que la population générale. Cependant, les patients qui sont à un stade avancé de la maladie à VIH, ceux qui ont un faible nombre de lymphocytes T-CD4 et une forte charge virale, ou ceux qui ne sont pas sous traitement antirétroviral, ont, de manière générale, un risque accru de connaître des complications dues à la COVID-19.


(1) Bertagnolio S et al. Clinical features of, and risk factors for, severe or fatal COVID-19 among people living with HIV admitted to hospital: analysis of data from the WHO Global Clinical Platform of COVID-19. Lancet HIV, en ligne le 10 mai 2022. https://doi.org/10.1016/S2352-3018(22)00097-2.

Les recommandations actuelles pour la prise en charge clinique de la COVID-19 chez les personnes vivant avec le VIH ne diffèrent généralement pas de celles qui valent pour la population générale, y compris concernant le traitement et les mesures de prévention.

Les personnes vivant avec le VIH remplissent tout autant les conditions requises pour recevoir un traitement anti-SARS-CoV-2 que les personnes séronégatives, et les personnes qui sont à un stade avancé de la maladie à VIH devraient être considérées comme hautement prioritaires.

Lorsqu’ils administrent un traitement contre la COVID-19 à des patients atteints du VIH, les cliniciens doivent prêter une attention particulière aux interactions potentielles entre les médicaments et aux toxicités additives entre les traitements contre la COVID-19, les antirétroviraux (ARV), les traitements antimicrobiens et d’autres médicaments.

Les personnes vivant avec le VIH qui contractent la COVID-19 devraient, dans la mesure du possible, poursuivre le traitement ARV, ainsi que le traitement et la prophylaxie contre les infections opportunistes. Le traitement ARV ne doit être ni changé ni ajusté (par exemple, en y ajoutant des médicaments antirétroviraux) dans le but de prévenir ou de traiter l’infection par le SARS-CoV-2.

Il est conseillé aux personnes qui connaissent leur statut sérologique pour le VIH de prendre les mêmes précautions concernant la COVID-19 que celles qui sont recommandées pour la population générale (se laver souvent les mains, respecter les règles d’hygiène en cas de toux, éviter de se toucher le visage, respecter la distanciation sociale, consulter un médecin en cas de symptômes, observer un auto-isolement si l’on a été en contact avec une personne atteinte de COVID-19 et suivre les autres prescriptions des pouvoirs publics). Les personnes vivant avec le VIH qui prennent des médicaments antirétroviraux doivent disposer d’au moins 30 jours de traitement, si elles n’ont pas un approvisionnement pour trois à six mois.

C’est aussi une occasion importante de faire en sorte que toutes les personnes vivant avec le VIH qui ne suivent pas encore de traitement antirétroviral en débutent un. Il est conseillé aux personnes qui pensent avoir pu contracter le VIH de se faire dépister afin de se protéger contre la progression de la maladie à VIH et les complications liées à tout autre problème de santé.

L’OMS ne recommande actuellement aucun ARV pour traiter ou prévenir la COVID-19. D’après les premières études d’observation in vitro chez l’animal et de faible ampleur chez l’être humain menées lors de précédentes flambées de maladies à coronavirus (SRAS et MERS) et dans les premières phases de la pandémie de COVID-19, certains ARV, tels que le lopinavir/ritonavir (LPV / r), pourraient être utiles pour lutter contre le SARS-CoV-2 et devraient être réutilisés pour traiter et prévenir la COVID-19. Cette hypothèse a par la suite été évaluée dans d’autres études d’observation et dans des essais contrôlés randomisés de grande envergure, mais aucun bénéfice clinique ou impact sur la gravité de la maladie ou la mortalité n’a été démontré.(2)

Plusieurs études d’observation ont également indiqué que l’utilisation du fumarate de ténofovir disoproxil (FTD) et du ténofovir alafénamide (TAF) pourrait être associée à un risque plus faible de contracter le SARS-CoV-2 et de développer une forme grave de la COVID-19. Cependant, ces études présentent des limites et peuvent avoir été influencées par d’autres problèmes de santé chez les participants. Des études d’observation et des essais cliniques ultérieurs de plus grande envergure n’ont pas trouvé de relation entre le FTD ou le TAF et le risque d’acquisition du SARS-CoV-2 ou de conséquences graves.

Même si l’utilité du recours aux antirétroviraux pour le traitement des infections à coronavirus n’a pas été démontrée, les effets secondaires graves ne sont pas rares. L’utilisation systématique du LPV/r et du FTD ou du TAF comme traitement du VIH est associée à plusieurs effets secondaires de gravité intermédiaire.

Par conséquent, aucun élément factuel ne montre actuellement que tel ou tel traitement antirétroviral améliore ou aggrave les résultats cliniques de la COVID-19 chez les personnes vivant avec le VIH ou qu’il peut être utilisé pour prévenir l’infection par le SARS-CoV-2. L’OMS recommande de maintenir les approches standard pour débuter et poursuivre un traitement antirétroviral chez les personnes vivant avec le VIH, en mettant l’accent sur la réduction de la compromission immunitaire associée au VIH et la suppression virologique. Les mêmes principes s’appliquent à l’utilisation de prophylaxies préexposition (PreP) ou post-exposition (PEP) pour la prévention du VIH.

(2) Ford N et al. Systematic review of the efficacy and safety of antiretroviral drugs against SARS, MERS or COVID-19: initial assessment. Journal of the International AIDS Society 2020,23:e25489

Des recherches récentes semblent indiquer que le résultat du test de dépistage du VIH était faussé chez certaines personnes atteintes de COVID-19 (3, 4). Ces études portaient sur des sujets pour lesquels un test sérologique de dépistage du VIH de 4e génération avait été utilisé. Au cours des quatre dernières décennies, une réactivité croisée due à des infections virales ou bactériennes avec des tests sérologiques de dépistage du VIH a été rapportée. Pour éviter les erreurs de diagnostic, l’OMS recommande de recourir à trois tests positifs consécutifs pour établir un diagnostic de séropositivité au VIH.

 

(3) Gudipati S et al. Increase in false positive fourth generation HIV tests in patients with COVID-19 disease. Clin Infect Dis 2023, ciad264, ) May 2023. https://doi.org/10.1093/cid/ciad264

(4) Miller ME et al. Higher rates of false-positive HIV antigen/antibody screens during the COVID-19 pandemic: implications for pregnant patients. Am J Obstet Gynecol. 2023 Jan; 228(1): S690. https://doi.org/10.1016/j.ajog.2022.11.1156

Beaucoup d’études cliniques initiales sur les vaccins contre la COVID-19 n’incluaient qu’un petit nombre de personnes vivant avec le VIH. Malgré la quantité limitée de données, les informations disponibles semblent indiquer que les vaccins contre la COVID-19 actuellement recommandés par l’OMS sont sans danger pour les personnes vivant avec le VIH. Les vaccins disponibles aujourd’hui ne sont pas des vaccins vivants, ils contiennent des protéines virales modifiées ou du matériel génétique du SARS-CoV-2 qui ne peut ni se répliquer ni modifier les gènes humains. Des études d’observation plus récentes ont évalué plus en détail l’innocuité des vaccins contre la COVID-19 dans cette population et n’ont pas trouvé de preuve que le taux d’effets secondaires inhabituels après la vaccination y soit plus élevé que dans la population générale. En outre, aucune interaction pharmacologique n’a été signalée entre les vaccins contre la COVID-19 et les médicaments antirétroviraux, que les personnes vivant avec le VIH doivent continuer à prendre après avoir été vaccinées pour rester en bonne santé.

Un débat au sein de la communauté scientifique a récemment suscité des inquiétudes plus générales au sujet d’une association potentielle observée il y a plus de dix ans entre les vaccins à vecteur adénoviral et un risque accru de contracter l’infection à VIH chez les hommes qui ont reçu ce type de vaccin. Ce résultat inattendu a été constaté dans deux essais de vaccins contre le VIH à vecteur adénoviral de type 5 (Ad5).(3) (4) On ne connaît pas la raison de cette augmentation observée du risque d’acquisition du VIH, même si plusieurs hypothèses suggèrent une interférence possible dans la réponse vaccinale spécifique au VIH ou dans la sensibilité des lymphocytes T-CD4 à l’infection par le VIH induite par l’immunité préexistante associée à l’adénovirus en association avec d’autres facteurs. Toutefois, ce résultat n’a pas été rapporté par une troisième étude faisant également intervenir le vaccin anti-VIH à vecteur Ad5.(5)

Cela étant, il faut souligner que les avantages de tous les vaccins contre la COVID-19 autorisés dans un contexte de pandémie l’emportent actuellement largement sur ce risque potentiel. L’inquiétude théorique concernant le risque accru d’acquisition du VIH se limite à un vaccin anti-VIH à vecteur Ad5 et ne devrait pas être étendue à d’autres plateformes de vaccins. Cependant, comme plusieurs vaccins contre la COVID-19 utilisent des plateformes de vecteurs d’adénovirus humains et animaux, il est recommandé de mener des études spécifiques afin de mieux évaluer l’innocuité des vaccins anti-COVID-19 à vecteur Ad5 dans les sous-populations à risque élevé d’acquisition du VIH. Un suivi prolongé d’une étude de phase III d’un vaccin contre la COVID-19 à vecteur Ad5 évalue actuellement le taux de séroconversion du VIH chez les participants. Des résultats provisoires sont attendus à la fin de 2022.

D’après des données mondiales, le risque d’être atteint d’une forme grave ou mortelle de la COVID-19 est plus élevé de 38 % chez les personnes vivant avec le VIH que chez les personnes séronégatives. Il est donc important que les personnes vivant avec le VIH soient vaccinées en priorité contre la COVID-19. Les personnes ayant une maladie à VIH stable sont désormais incluses dans plusieurs essais de vaccins contre la COVID-19, et des études de cohorte spécifiques sur les vaccins contre la COVID-19 avec des personnes vivant avec le VIH ont récemment été menées. On attend par conséquent de plus amples informations sur ce sujet. L’OMS continuera de suivre la situation à mesure que des données nouvelles seront disponibles, et les recommandations du SAGE seront mises à jour en conséquence.


(3) Buchbinder SP et al. Efficacy assessment of a cell-mediated immunity HIV-1 vaccine (the Step Study): a double-blind, randomised, placebo-controlled, test-of-concept trial. Lancet. 2008; 372: 1881-1893.

(4) Gray GE et al. Safety and efficacy of the HVTN 503/Phambili study of a clade-B-based HIV-1 vaccine in South Africa: a double-blind, randomised, placebo-controlled test-of-concept phase 2b study. Lancet Infect Dis. 2011; 11: 507-515.

(5) Hammer SM et al. Efficacy trial of a DNA/rAd5 HIV-1 preventive vaccine. N Engl J Med. 2013; 369: 2083-2092.

Les études actuellement disponibles sur l’efficacité des vaccins anti-COVID-19 chez les personnes vivant avec le VIH ayant un nombre élevé de lymphocytes T-CD4 et sous traitement antirétroviral indiquent que la plupart de ces personnes produisent des niveaux d’anticorps et une réponse immunitaire cellulaire comparables à ceux observés chez les personnes séronégatives, ce qui laisse penser que les vaccins contre la COVID-19 actuellement recommandés sont sûrs et protecteurs pour cette population. Cependant, ces études contiennent des données montrant que des personnes ayant un faible nombre de lymphocytes T-CD4 (moins de 200/mm3) ou chez qui la charge virale du VIH n’est pas supprimée présentent une réponse immunitaire diminuée au vaccin contre la COVID-19. De plus, la réponse en anticorps après la vaccination peut baisser plus rapidement que chez les personnes ayant un nombre plus élevé de lymphocytes T-CD4.

Cette réponse immunitaire diminuée aux vaccins contre la COVID-19 a également été rapportée chez des personnes présentant d’autres causes d’immunodéficience sévère (tumeurs malignes solides et hématologiques, personnes ayant subi une greffe d’organe et en hémodialyse, par exemple). Une réaction immunitaire sous-optimale contre certaines maladies évitables par la vaccination a également été démontrée chez des personnes qui sont à un stade avancé de la maladie à VIH et/ou qui présentent un nombre plus faible de lymphocytes T-CD4.

Par rapport aux personnes séronégatives, des taux plus élevés d’infection par le SARS-CoV-2 après une primovaccination ont été rapportés chez les personnes vivant avec le VIH. Dans une analyse au niveau de la population menée avec des patients immunodéprimés, le taux d’incidence d’infections survenues malgré la vaccination est supérieur de 33 % chez les personnes vivant avec le VIH, même sans tenir compte des facteurs spécifiques au VIH.(6)

De surcroît, une vaste étude de cohorte portant sur plus de 100 000 personnes vaccinées dont l’infection à VIH est bien contrôlée a fait apparaître un risque global faible (3,8 %), mais plus élevé de 28 % pour ce qui est des infections survenues malgré la vaccination sans association avec la charge virale du VIH ou le nombre de lymphocytes T-CD4. Le taux d’infections post-vaccinales était également plus élevé chez les personnes séropositives que chez les personnes séronégatives (55 cas pour 1 000 personnes-années contre 43 cas).(7)

Ces taux et ce risque plus élevés d’infections post-vaccinales observés chez les personnes vivant avec le VIH par rapport à la population générale ne doivent pas justifier de reporter ou d’éviter la vaccination contre la COVID-19 chez ces patients, dont le risque de complications et de décès est plus élevé. Ces constats corroborent la recommandation d’administrer des doses de primovaccination supplémentaires pour cette population comme pour d’autres groupes immunodéprimés.

En outre, les programmes nationaux de vaccination contre la COVID-19 ne doivent pas exclure de membres des populations clés et vulnérables, qui risquent de contracter l’infection à VIH et qui ont souvent un accès limité aux services de santé. L’OMS continuera de suivre les nouvelles données factuelles et mettra à jour en temps utile les orientations en la matière.


(6) Sun J et al. Association Between Immune Dysfunction and COVID-19 Breakthrough Infection After SARS-CoV-2 Vaccination in the US. JAMA Intern Med. 2022;182(2):153-162. 181:294-. doi : 10.1001/jamainternmed.2020.6393.

(7) Coburn SB et al. COVID-19 infections post-vaccination by HIV status in the United States. JAMA Netw Open. 2022;5(6):e2215934. doi:10.1001.

L’OMS recommande actuellement de considérer les personnes vivant avec le VIH comme prioritaires pour la vaccination contre la COVID-19. Selon un nombre croissant de données, les personnes vivant avec le VIH, en particulier celles qui sont à un stade avancé de la maladie, dont le nombre de lymphocytes T-CD4 est faible ou dont la charge virale n’est pas supprimée, semblent courir un plus grand risque de contracter une forme grave de la COVID-19 et d’en mourir que les personnes séronégatives au VIH. Indépendamment de leur maladie à VIH ou de leur statut immunitaire, de nombreuses personnes vivant avec le VIH présentent une ou plusieurs comorbidités chroniques qui peuvent les exposer à un risque accru de contracter une forme grave de la COVID-19. Par conséquent, ces personnes, en particulier celles présentant des comorbidités (maladies pulmonaires obstructives chroniques, diabète, cardiopathies, maladies rénales ou hépatiques, maladies du neurone moteur ou de Parkinson, sclérose en plaques ou obésité sévère) doivent être vaccinées en priorité contre la COVID-19.

De nombreux pays considèrent les personnes vivant avec le VIH comme un groupe prioritaire pour la vaccination contre la COVID-19, en fonction de leur situation épidémiologique, et vaccinent en priorité toutes les personnes vivant avec le VIH ou immunodéprimées (dont la numération des lymphocytes T-CD4 <200/mm3). Il ressort d’un sondage informel mené dans plus de 100 pays de toutes les Régions qu’à la mi-2021, au moins 40 d’entre eux appliquaient une politique de vaccination contre la COVID-19 qui prévoit de vacciner en priorité les personnes vivant avec le VIH. Cependant, la couverture réelle de la vaccination contre la COVID-19 parmi les personnes vivant avec le VIH diffère considérablement d’un pays à l’autre. D’après une enquête régionale menée fin 2021 en Europe centrale et orientale, les personnes vivant avec le VIH ont été prioritaires pour la vaccination contre la COVID-19 dans 8 des 22 pays et seuls 3 pays avaient formulé des lignes directrices relatives à la vaccination de cette population.(8) Une étude récente menée dans l’État de New York, aux États-Unis, a révélé que la couverture vaccinale contre la COVID-19 chez les personnes vivant avec le VIH était inférieure à celle de la population adulte générale (63,5 % contre 75,0 %).(9)

Les différences de composition démographique entre les personnes vivant avec le VIH et la population générale pourraient expliquer en partie cette couverture plus faible. Toutefois, la couverture était inférieure de 75 % dans tous les sous-groupes de personnes vivant avec le VIH examinés. Des facteurs structurels non mesurés, notamment le statut socio-économique, pourraient en outre expliquer la faiblesse de la couverture vaccinale contre la COVID-19 chez ces populations. Étant donné que les pays en sont à différents stades de la pandémie de COVID-19 et du déploiement des vaccins et qu’ils ont une structure démographique différente, ils devraient également consulter les modalités opérationnelles présentées dans la Feuille de route du SAGE de l’OMS pour l’établissement des priorités concernant l’utilisation des vaccins anti-COVID-19.


(8) Jilich D et al; for the ECEE Network Group. National strategies for vaccination against COVID-19 in people living with HIV in Central and Eastern European region. HIV Med.2022;23:546–552. doi:10.1111/hiv.1319.

(9) Tesoriero JM et al. Notes from the Field: COVID-19 Vaccination Among Persons Living with Diagnosed HIV Infection — New York, October 2021. MMWR Morb Mortal Wkly Rep 2022;71:182–184. doi: 10.15585/mmwr.mm7105a4external icon.

Les vaccins contre la COVID-19 actuellement approuvés sont sûrs et efficaces pour la plupart des personnes vivant avec le VIH. Ils réduisent significativement le risque de contracter une forme grave de la maladie ou d’en mourir lorsque le schéma thérapeutique standard (actuellement 1 ou 2 doses du vaccin anti-COVID-19 approuvé selon le produit) est entièrement suivi conformément aux recommandations. Cependant, de plus en plus de données factuelles témoignent d’une réaction immunitaire sous-optimale au schéma thérapeutique standard de la vaccination anti-COVID-19 chez les personnes présentant une immunodéficience modérée à sévère, y compris celles qui sont à un stade avancé de la maladie, présentent une faible numération en lymphocytes T-CD4 ou chez qui la charge virale n’est pas supprimée.

Par conséquent, chez les personnes qui ont une maladie qui, à un stade avancé, se manifeste par des symptômes modérés à sévères, une dose supplémentaire de vaccin doit être administrée dans le cadre d’une série de primovaccination prolongée et ce de un à trois mois après la primovaccination standard afin de renforcer la réaction immunitaire et d’accroître la protection. Cette approche est recommandée dans les lignes directrices de l’OMS sur la COVID-19, ainsi que dans celles d’autres grandes organisations.

On observe une baisse progressive de l’efficacité du vaccin contre l’infection par le SARS-CoV-2 après la fin de la série de primovaccination contre la COVID-19, même chez des personnes ne présentant pas d’immunodéficience clinique et dont la réaction initiale à la série de primovaccination était bonne. De nombreux pays recommandent désormais l’administration d’une dose supplémentaire de vaccin à titre de rappel chez tous les individus, y compris les personnes vivant avec le VIH qui sont asymptomatiques ou qui présentent une immunodéficience clinique légère, dont le nombre de lymphocytes T-CD4 est supérieur à 200/mm3 et dont la charge virale est supprimée. Cette dose de rappel peut être administrée quatre à six mois après la fin de la série de primovaccination. Une dose de rappel permet de restaurer l’efficacité vaccinale lorsque son niveau est jugé insuffisant. Certains pays administrent, trois à cinq mois après la première dose de rappel, une deuxième dose de rappel à leurs populations les plus à risque, notamment les personnes chez qui le VIH provoque une maladie qui, à un stade avancé, se manifeste par des symptômes modérés à sévères. Il est nécessaire d’obtenir davantage de données sur le déclin de l’immunité protectrice et de l’efficacité du vaccin contre les formes graves de la maladie et l’hospitalisation après le premier rappel avant que l’OMS puisse émettre une recommandation sur la dose de rappel supplémentaire. Selon la feuille de route du SAGE de l’OMS, la première des priorités reste de s’assurer que toutes les personnes vivant avec le VIH reçoivent leur série de primovaccination contre la COVID-19, qui sera complétée par une dose supplémentaire chez les personnes à un stade avancé de la maladie.

Risque d’apparition de variants présentant des signes d’échappement immunitaire chez les patients immunodéprimés

Les personnes atteintes d’immunodéficience modérée à sévère présentent un risque accru de développer une forme grave de la COVID-19 et de souffrir d’une infection persistante à long terme avec excrétion virale prolongée en raison d’une réaction immunitaire sous-optimale.

Pour les personnes présentant un dysfonctionnement immunitaire, il est recommandé de continuer à recourir, même après une vaccination complète, à des interventions non pharmaceutiques (port du masque de protection, par exemple) et à des stratégies de vaccination alternatives (doses supplémentaires de vaccin ou tests d’immunogénicité, par exemple).

Cette situation peut créer un environnement propice à l’échappement immunitaire et à la sélection de variants évolutifs. Selon plusieurs études de cas, des variants du SARS-CoV-2 présentant plusieurs mutations peuvent apparaître au cours de ces infections persistantes chez les personnes immunodéprimées et pourraient donner lieu à de nouveaux variants préoccupants du SARS-CoV-2.

Le fait que des patients immunodéprimés souffrant d’une infection persistante par le SARS-CoV-2 puissent être à l’origine de nouveaux variants du SARS-CoV-2 a plusieurs implications médicales et de santé publique. Il convient de prendre des précautions accrues pour éviter la transmission nosocomiale de la COVID-19 chez les patients immunodéprimés. Ces patients doivent être vaccinés en priorité contre la COVID-19, non seulement pour les protéger, mais aussi pour atténuer les infections persistantes par le SARS-CoV-2.

L’OMS apporte son soutien et donne des orientations à la communauté scientifique, et salue la recherche et le développement de tests, vaccins, médicaments et autres interventions efficaces contre la COVID-19.

Pour les urgences de santé publique, l’OMS prévoit une procédure systématique et transparente de recherche et développement, y compris pour les essais cliniques sur les nouveaux médicaments et vaccins. Le schéma directeur de l’OMS en matière de recherche-développement pour la COVID-19, lancé le 7 janvier 2020, servira de stratégie mondiale pour les activités de recherche et développement. Il vise à accélérer la mise à disposition de tests, de vaccins et de médicaments efficaces susceptibles de sauver des vies et d’éviter des crises à grande échelle. Dans ce cadre, l’OMS joue un rôle de chef de file pour l’établissement des priorités mondiales concernant les vaccins et traitements candidats en vue de leur mise au point et de leur évaluation. Pour faciliter les tests, l’OMS a réuni un groupe consultatif scientifique chargé d’élaborer des orientations sur la conception des essais en matière de vaccins et de traitements expérimentaux.

Dans le cadre de la riposte à la COVID-19, l’OMS suit de près les essais cliniques en cours sur les antiviraux existants et d’autres médicaments. Elle continue de souligner que tous les essais cliniques devraient et doivent suivre des normes éthiques et réglementaires strictes. Les organismes de réglementation doivent surveiller étroitement tous les essais cliniques qui seront entrepris.

Les personnes vivant avec le VIH devraient avoir la possibilité de participer aux essais cliniques qui évaluent les agents de prévention et de traitement de l’infection par le SARS-CoV-2.

Alors que l’OMS collabore avec les pays pour garantir un accès juste et équitable à des vaccins sûrs et efficaces contre la COVID-19, il est impératif de continuer à prendre des mesures pour prévenir la transmission du SARS-CoV-2 et faire baisser le nombre de décès dus à la COVID-19. Parallèlement à la riposte à la COVID-19, il importe de maintenir l’accès aux services de santé essentiels. Il s’agit en l’occurrence :

  • d’aider les personnes vivant avec le VIH à continuer de suivre un traitement antirétroviral et d’adapter les services pour que cela soit plus facile et plus efficace pendant la riposte à la COVID-19 ;
  • de continuer en priorité à proposer des services de prévention et de dépistage de l’infection à VIH, et d’y associer l’accès aux traitements antirétroviraux ;
  • de veiller à ce que les personnes qui débutent un traitement antirétroviral puissent le poursuivre afin de réduire les risques et les complications pendant la COVID-19. Il s’agit là d’un service essentiel, au même titre que la prévention, le diagnostic et le traitement des comorbidités et des co-infections et
  • de surveiller toutes les personnes vivant avec le VIH et infectées par le SARS-CoV-2, en particulier lorsqu’elles sont atteintes d’une infection à VIH à un stade avancé ou présentent des comorbidités.

Même si les personnes vivant avec le VIH risquent davantage de contracter une forme grave de la COVID-19, l’accès à un traitement antirétroviral efficace et à d’autres services de soins de santé nécessaires contribuera à atténuer ce risque.

Pour plus d’informations sur les vaccins contre la COVID-19 et pour consulter toutes les lignes directrices de l’OMS relatives à la COVID-19, veuillez consulter : https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/technical-guidance