Lits de bronzage

13 septembre 2003 | Questions & réponses

Un expert de la protection contre le rayonnement a parlé de l’utilisation des cabines de bronzage comme d’« une expérience d’exposition au rayonnement à l’échelle industrielle, à laquelle participent des fractions importantes des populations du nord de l’Europe et de l’Amérique. » Près de 10 % de la population de l’Europe du Nord utilisent régulièrement des lits de bronzage pour des motifs esthétiques. Le rayonnement des lits de bronzage peut avoir les mêmes effets indésirables sur la santé que ceux de la lumière du soleil, surtout chez les utilisateurs réguliers à la peau claire. Dans ce contexte, il est très préoccupant de constater qu'au Royaume-Uni près de 40 % des utilisateurs des lits de bronzage ont la peau claire. La même étude a indiqué que 20 % des personnes interrogées se soumettaient à plus de 100 séances par an et que 5 % avaient utilisé ces lits pendant 15 à 20 ans.

Le rayonnement UV naturel qui atteint la surface de la terre est approximativement constitué de 95 % d’UVA et de 5 % d’UVB. Les cabines de bronzage proposent différents types de lits, dont certains émettent plus ou moins d’UVB que d’UVA. Par le passé, on a eu tendance à diminuer l’émission des UVB et à augmenter celle des UVA, l’expérience ayant montré que les lits de bronzage émettant trop d’UVB provoquent des surexpositions intermittentes avec risques de coups de soleil aigus, d’où un risque éventuellement augmenté de mélanome. Par ailleurs, une exposition excessive aux UVA a été dernièrement mise en cause en tant que facteur de risque éventuel de mélanome par la communauté scientifique et les instances de réglementation. De nombreux fabricants de lits de bronzage retournent donc actuellement à des émissions d’UVA et d’UVB imitant la composition naturelle de la lumière solaire.

 

Ils émettent principalement des UVA, qui activent la mélanine déjà présente dans les couches superficielles de la peau. Ce bronzage immédiat disparaît dans les quelques heures suivant l’arrêt de l’exposition, mais peut persister si les expositions ont été suffisamment répétées. La faible quantité d’UVB émise par les lits de bronzage provoque la réaction de bronzage dite retardée, par laquelle de la nouvelle mélanine est produite et répartie dans les cellules de la couche superficielle de la peau.

Un nombre croissant de gens comptent sur les lits de bronzage pour avoir un bronzage intégral et pour bronzer au delà de ce qui serait possible naturellement. Ce bronzage forcé est associé à une altération de l’ADN des mélanocytes, qui sont les cellules produisant le pigment foncé de la peau, à savoir la mélanine. Chez les sujets dont la peau est génétiquement foncée, une altération relativement faible de l’ADN suffit à produire cet effet de "surbronzage". En revanche, chez les sujets à la peau claire, ce bronzage forcé est associé à de grosses altérations de l’ADN. Ce sont principalement ces gens là qui veulent absolument bronzer.

Les lits de bronzage ne réussissent pas toujours à produire le bronzage que les gens qui les utilisent voudraient. Une enquête britannique récente indique que seuls deux tiers des utilisateurs réguliers des lits de bronzage interrogés étaient parvenus à avoir un bronzage modéré, tandis qu’un tiers n’avait obtenu qu’un bronzage léger ; d’autres ont également rapporté un bronzage inégal.

 

Une enquête récente laisse à penser que 40 % des utilisateurs de lits de bronzage pensent qu’ils peuvent éviter les coups de soleil pendant les vacances en bronzant avant de partir. Mettons les choses en perspective : un bronzage foncé sur une peau blanche offre un indice de protection solaire situé entre 2 et 4. Mais, beaucoup plus important, le bronzage n’est d’aucune utilité contre les lésions des UV à long terme, telles les cancers cutanés.

Les lits de bronzage émettent surtout des UVA, qui donnent un effet de bronzage en augmentant la quantité de mélanine présente dans les couches superficielles de la peau. Même si ce mécanisme constitue une défense de l'organisme contre des lésions plus graves par les UV, le bronzage en lui même n’offre qu’une faible protection supplémentaire. Par ailleurs, les UVB stimulent la production par les cellules d’un épiderme plus épais, qui offre une protection légèrement meilleure contre l’exposition ultérieure au rayonnement UV.

 

Peu d’études ont été menées pour évaluer systématiquement les dangers de l’utilisation des lits de bronzage et le bilan reste ambigu. Ces lits destinés au bronzage individuel ne sont disponibles que depuis une vingtaine d’années, et vu la période de latence très longue des cancers cutanés et des lésions oculaires, jusqu’ici il a été difficile de mettre en évidence des effets à long terme sur la santé.

La plupart des salons de bronzage ne donnent pas suffisamment de conseils à leurs clients. Les lunettes de protection devraient être obligatoires. Cependant, comme les clients veulent avoir un bronzage intégral, ils décident souvent de ne protéger aucune partie de leur corps.

Les utilisateurs ont rapporté toute une série de symptômes à court terme : démangeaisons, sécheresse et rougeur de la peau, taches de rousseur et réactions de photosensibilité. A long terme, surtout chez les personnes à la peau claire, ces séances provoquent souvent des cloques. Un affaissement de la peau et les rides sont presque certainement le prix à payer pour les utilisateurs réguliers.

 

Les lits de bronzage de nouvelle génération émettent prétendument du rayonnement UV « sans danger ». Toutefois, l’hypothèse de départ selon laquelle les UVA sont une forme sûre de rayonnement UV est fausse. Dans le meilleur des cas, ils favorisent le vieillissement de la peau, mais jouent très probablement également un rôle dans le développement des cancers cutanés. Qu’en est-il donc du « bronzage sain » revendiqué par de nombreux fabricants à grand renfort de publicité ? Les résultats de quelques mesures et calculs simples devraient suffire à mettre ces allégations en perspective :

Les intensités moyennes des UVA émis par les lits de bronzage atteignent facilement l'intensité des UVA solaires reçus à midi au Royaume-Uni, quoique certains lits de bronzage puissent émettre jusqu’à 20 fois les valeurs maximales.

Les UVB émis par les lits de bronzage peuvent ne représenter qu’un vingtième des UVB solaires maximaux reçus au cours de l’été britannique, mais ils peuvent également être trois fois plus importants.

Si l’on prend les intensités moyennes d’UVA et d’UVB des lits de bronzage testés, l’effet cancérogène de leur utilisation pendant 10 minutes correspond à une exposition de 10 minutes au soleil d’été méditerranéen. L’utilisation régulière de ces lits représente donc une part importante de l’exposition annuelle de l’utilisateur au rayonnement UV, surtout en cas de bronzage intégral – où la surface de peau exposée dans le lit de bronzage est au moins le double de celle exposée lors d’un bain de soleil normal.

Même si les causes du mélanome malin ne sont pas complètement explicitées, le développement de la tumeur semble être lié à une exposition occasionnelle à une lumière solaire intense. Curieusement, ces tumeurs siègent très fréquemment en des points rarement exposés au soleil. Les lits de bronzage soumettent leurs utilisateurs à de fortes expositions intermittentes d’UVA et d’UVB – condition idéale pour l’apparition d’un cancer cutané malin. Toutefois, les quelques études épidémiologiques effectuées jusqu’ici n’ont pas donné de résultats concluants.

Bronzer au-delà de ce que l’on peut obtenir naturellement suppose une altération de l’ADN des mélanocytes, les cellules produisant la mélanine. Même un bronzage léger suppose une forte altération de l’ADN dans une population à la peau claire. Par conséquent, l’utilisation régulière des lits de bronzage augmentera sensiblement vos chances d’avoir un jour un cancer de la peau si vous avez la peau claire. La Commission internationale de Protection contre le Rayonnement non ionisant déclare que « l’utilisation des lits de bronzage à des fins esthétique n’est pas recommandée. » L’exposition régulière ne doit pas dépasser deux séances par semaine avec un maximum de 30 séances par an. Les organisations australiennes de lutte contre le cancer vont même plus loin, demandant aux salons de bronzage et aux publicités pour les lits de bronzage d’afficher des mises en garde concernant leurs effets sur la santé.

 

  • les moins de 18 ans
  • les gens ayant la peau très claire
  • les gens qui prennent facilement des coups de soleil et bronzent peu
  • les gens ayant beaucoup de taches de rousseur ou de grains de beauté
  • les gens ayant eu un cancer de la peau ou ayant des antécédents familiaux de cancer de la peau
  • les gens prenant des médicaments susceptibles de provoquer des réactions de photosensibilisation
  • les gens qui présentent déjà d’importantes lésions dues à la lumière solaire.