Bonjour ou bonsoir,
Pour commencer, je voudrais parler d’un conflit qui s’éternise depuis de nombreux mois, avec des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et des services de santé gravement perturbés.
Je ne parle pas de Gaza. Je parle du Soudan – la guerre que le monde a soit oubliée soit ignorée.
Le Soudan est le théâtre de la plus grande crise humanitaire au monde, avec 12 millions de personnes déplacées : 10 millions à l’intérieur du pays, tandis que 2 millions ont fui vers les pays voisins.
Plus de 70 % des hôpitaux des États touchés par le conflit et 45 % des établissements de santé de cinq autres États ne fonctionnent pas, et les autres sont submergés par les personnes cherchant à se faire soigner.
Les gens meurent par manque d’accès aux services de santé essentiels et aux médicaments, alors qu’il existe un risque très réel de famine massive dans certaines régions.
Des services indispensables, notamment les soins de santé de la mère et de l’enfant, la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère et le traitement des patients atteints de maladies chroniques, ont été interrompus dans de nombreuses régions.
Les perturbations des télécommunications compromettent la surveillance et la notification des maladies, ainsi que notre capacité à vérifier les attaques visant les services de santé.
Nous appelons à un rétablissement rapide de l’accès aux télécommunications dans tout le Soudan.
Alors que la situation au Soudan continue de se détériorer, l’OMS est sur le terrain pour soutenir les interventions vitales et la riposte aux flambées épidémiques.
Nous fournissons des conseils spécialisés, formons des agents et assurons la supervision pour les opérations sanitaires, la prise en charge de la malnutrition, la surveillance des maladies et la riposte aux flambées épidémiques.
L’OMS continue également de distribuer dans l’urgence les médicaments et les fournitures médicales nécessaires par tous les moyens disponibles, y compris des opérations transfrontalières ou traversant les lignes de conflit, pour atteindre les zones auparavant inaccessibles au Darfour et au Kordofan, où les besoins sont les plus criants.
Grâce à des livraisons décisives, certaines zones qui n’avaient pas encore été atteintes cette année l’ont été.
Toutefois, l’insécurité et les obstacles aux opérations continuent de mettre en péril la livraison en temps voulu des fournitures et des services.
Nous vous demandons, à vous, médias du monde entier, de continuer à attirer l’attention sur le Soudan, et à ne pas permettre à notre monde de l’oublier.
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Passons maintenant à Gaza.
L’OMS se félicite de la résolution adoptée lundi par le Conseil de sécurité des Nations Unies, qui appelle à un cessez-le-feu complet et immédiat, à la libération inconditionnelle de tous les otages, à la cessation permanente des hostilités et à la reconstruction de Gaza.
Nous exhortons toutes les parties à prendre des mesures pour mettre en œuvre la résolution immédiatement et mettre fin définitivement aux souffrances de millions de personnes.
Nous nous félicitons également de la conférence qui se tient cette semaine à Amman, en Jordanie, et qui vise à intensifier l’aide humanitaire à Gaza.
Une proportion importante de la population de Gaza est maintenant confrontée à une famine catastrophique ou à des conditions proches de celle-ci.
Malgré les rapports faisant état d’une augmentation des livraisons de nourriture, rien ne prouve actuellement que ceux qui en ont le plus besoin reçoivent de la nourriture en quantité et de qualité suffisantes.
L’OMS et ses partenaires ont intensifié les services relatifs à la nutrition.
Plus de 8 000 enfants de moins de 5 ans ont été diagnostiqués et traités pour malnutrition aiguë, dont 1 600 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère.
Cependant, en raison de l’insécurité et du manque d’accès, seuls deux centres de stabilisation pour les patients souffrant de malnutrition sévère sont en mesure de fonctionner.
Notre incapacité à fournir des services de santé en toute sécurité, combinée au manque d’eau potable et d’assainissement, augmente considérablement les risques pour les enfants souffrant de malnutrition.
On compte déjà 32 décès attribués à la malnutrition, dont 28 chez des enfants de moins de 5 ans.
Alors que le monde concentre son attention sur Gaza, il y a aussi une crise sanitaire de plus en plus grave en Cisjordanie, où les attaques contre les services de santé et les restrictions à la circulation des personnes entravent l’accès aux soins.
Depuis le début de la guerre à Gaza, 508 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, dont 124 enfants. Plus de 5 000 personnes ont été blessées, parmi lesquelles environ 800 enfants.
L’OMS a répertorié 480 attaques contre les services de santé en Cisjordanie depuis le 7 octobre de l’année dernière, qui ont fait 16 morts et 95 blessés.
Dans la plupart des régions de Cisjordanie, les cliniques ne fonctionnent que deux jours par semaine et les hôpitaux fonctionnent à environ 70 % de leur capacité.
Les colonies illégales se sont étendues en Cisjordanie occupée, d’où des répercussions sur l’accès de la population aux services de santé.
L’OMS soutient le Ministère de la santé en achetant des médicaments essentiels, et en fournissant une assistance technique pour ce qui est des politiques et procédures.
Nous avons également prépositionné des fournitures dans des hôpitaux clés de Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et organisé une formation à la prise en charge des traumatismes pour les secouristes des communautés touchées.
En Cisjordanie, comme à Gaza, la seule solution est la paix.
Une fois de plus, nous exhortons toutes les parties à appliquer immédiatement la résolution du Conseil de sécurité.
Encore une fois, le meilleur remède est la paix.
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Passons maintenant aux États-Unis et à l’épidémie de grippe aviaire H5N1 chez les vaches laitières.
Depuis notre dernière mise à jour, il y a cinq semaines, le nombre de troupeaux de vaches laitières touchés a presque triplé pour atteindre 92 dans 12 États, le nombre de cas humains est passé de 1 à 3 et le nombre de personnes sous surveillance a plus que doublé pour atteindre 500.
Depuis 2003, 893 infections par le virus H5N1 ont été signalées chez l’humain, dont 11 depuis le début de l’année : cinq au Cambodge, trois aux États-Unis et une en Australie, une en Chine et une au Viet Nam.
Depuis cette date, aucun signe démontrant que le virus aurait acquis la capacité de se propager facilement entre humains n’a été relevé.
C’est toujours le cas et c’est pourquoi, à l’heure actuelle, l’OMS continue d’évaluer le risque pour la santé publique comme étant faible.
Ces dernières années, le virus H5N1 s’est largement propagé parmi les oiseaux sauvages, les volailles, les mammifères terrestres et marins sur plusieurs continents.
L’OMS recommande que toute personne travaillant avec des animaux infectés, quels qu’ils soient et dans n’importe quel pays, puisse avoir accès à des équipements de protection individuelle et les utilise.
Le suivi, les tests et les soins des personnes exposées au virus doivent se poursuivre systématiquement.
Des soins et un soutien médical précoces, ainsi qu’une enquête approfondie et rapide sur chaque infection humaine sont essentiels pour évaluer et interrompre la transmission potentielle entre humains.
L’OMS surveille plusieurs virus de la grippe aviaire chez l’humain par le biais du Système mondial de surveillance de la grippe et de riposte.
La surveillance des virus de la grippe chez les animaux dans le monde doit également être renforcée pour détecter rapidement tout changement du virus qui pourrait constituer une plus grande menace pour les humains.
L’efficacité de ces systèmes dépend de la rapidité de détection et du partage des virus et des informations.
La collaboration, la communication et le partage d’informations entre les secteurs de la santé animale et de la santé humaine sont essentiels dans tous les pays. Tel est le sens du principe « Une seule santé ».
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Enfin, quelques mots pour un collègue bien connu de beaucoup d’entre vous dans les médias, Gregory Härtl.
Gregory a rejoint l’OMS en 1997 et a depuis été un maillon clé de la communication à l’OMS, réalisant des milliers d’interviews et de séances d’information avec les journalistes, et répondant à leurs questions. Beaucoup d’entre vous ont eu l’occasion d’interagir avec Gregory d’une manière ou d’une autre.
C’est aujourd’hui le dernier jour de Gregory parmi nous.
Gregory, merci pour vos années au service de l’OMS et pour tout ce que vous avez fait pour faire connaître l’action de l’OMS au monde entier.
Vous nous manquerez, mais vous ferez toujours partie de la famille de l’OMS. Ne dit-on pas, OMS un jour, OMS toujours ?
Merci beaucoup pour vos années de service et votre engagement.
Fadéla, c’est à vous.