Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse – 15 novembre 2023

15 novembre 2023

Bonjour, bon après-midi et bonsoir,

Hier, j’ai rencontré pour la deuxième fois les familles des otages israéliens actuellement détenus à Gaza.

J’ai entendu et ressenti leur douleur et leur chagrin.

L’OMS continue d’appeler à la libération des otages en bonne santé, et sans condition.

Nous sommes profondément préoccupés par leur santé et leur bien-être, tout comme nous le sommes par la santé et le bien-être de la population de Gaza, dont la situation devient de plus en plus précaire d’heure en heure.

Au cours des trois derniers jours, l’OMS n’a reçu aucune nouvelle concernant le nombre de morts ou de blessés à Gaza, ce qui complique notre évaluation du fonctionnement du système de santé.

Selon nos informations, seul un quart des hôpitaux de Gaza fonctionnent encore – 26 des 36 hôpitaux sont désormais fermés, en raison de dégâts, des attaques, ou du manque de carburant.

Les patients, les agents de santé et les ambulances ne peuvent pas rentrer dans certains hôpitaux ou en sortir.

Avant le conflit, il y avait environ 3 500 lits d’hôpitaux à Gaza ; aujourd’hui, on estime qu’il y en a 1 400. Par ailleurs, le nombre de patients dépasse le nombre de lits disponibles.

Les médecins et le personnel infirmier doivent prendre des décisions difficiles sur la vie et la mort des patients. 

Les pluies torrentielles de la nuit ont inondé les camps de fortune, aggravant les conditions de vie des personnes déplacées.

L’incursion militaire d’Israël dans l’hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza est totalement inacceptable.

Les hôpitaux ne sont pas des champs de bataille.

Nous sommes extrêmement inquiets pour la sécurité du personnel et des patients. Il est primordial de les protéger.

L’OMS a perdu le contact avec les personnels de santé de l’hôpital Al-Shifa.

Cependant, un fait est indéniable : en vertu du droit international humanitaire, les établissements de santé, les personnels de santé, les ambulances et les patients doivent être protégés contre tous les actes de guerre.

En outre, ils doivent être activement protégés lors de la planification des opérations militaires.

Même si les établissements de santé sont utilisés à des fins militaires, les principes de distinction, de précaution et de proportionnalité s’appliquent toujours. 

La sécurité des patients et du personnel ainsi que l’intégrité des systèmes de soins de santé dans l’ensemble de la communauté sont d’une importance capitale.

Le droit international humanitaire doit être respecté.

Certains membres du personnel de l’OMS vivent à Gaza, mais nombre d’entre eux ont été déplacés et tentent simplement de se protéger et de protéger leurs familles.

Cette semaine, un des membres de notre personnel a déclaré : « il n’y a ni eau, ni nourriture, ni électricité. Uniquement des bombardements, des bombardements, des bombardements ».

Hier, des membres du personnel recrutés sur le plan international sont arrivés pour coordonner notre opération. J’ai parlé à nos collègues à Gaza ce matin.

Ils ont déclaré que les besoins les plus urgents étaient d’obtenir un cessez-le-feu, l’ouverture durable du point de passage de Rafah, la libre circulation de l’aide humanitaire et des travailleurs humanitaires, et le rétablissement de l’approvisionnement en électricité et en carburant.

L’électricité est nécessaire pour alimenter les usines de dessalement et les stations de traitement des eaux usées, les hôpitaux et les télécommunications, et le carburant est nécessaire pour distribuer l’aide.

Nous serons peut-être en mesure d’acheminer l’aide à Gaza par le point de passage de Rafah, mais sans carburant, nous ne pourrons pas l’acheminer à destination.

Lundi, le chariot élévateur que nous utilisons pour charger l’aide dans les camions à l’intérieur de Gaza est tombé en panne de carburant.

Les opérateurs téléphoniques de Gaza ont déclaré que sans carburant ni électricité, leurs réseaux seraient interrompus dans les heures à venir.

Plus tôt dans la journée, un camion transportant 23 000 litres de carburant est entré dans la bande de Gaza, mais Israël a limité son utilisation au transport de l’aide en provenance de Rafah.

Au moins 120 000 litres par jour sont nécessaires pour faire fonctionner les groupes électrogènes des hôpitaux, les ambulances, les usines de dessalement, les stations d’épuration des eaux usées et les télécommunications.

Ce problème peut être facilement résolu : l’approvisionnement en électricité doit être rétabli et une quantité suffisante de carburant doit être autorisée à entrer pour faire fonctionner les infrastructures essentielles et distribuer l’aide vitale. 

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Bien que la situation à Gaza domine à juste titre notre actualité, les activités de l’OMS se poursuivent dans de nombreux autres domaines.

La pandémie de COVID-19 a attiré l’attention du grand public sur le problème de l’isolement social et de la solitude, touchant tous les pays, toutes les communautés et tous les âges.

Toutefois le problème existait bien avant la pandémie, et il persiste pour de nombreuses personnes à travers le monde. 

À l’heure actuelle, une personne âgée sur quatre vit dans l’isolement social, et un adolescent sur six est socialement isolé et seul, bien qu’il s’agisse probablement d’une sous-estimation de la situation.

L’isolement social et la solitude ont un impact sur la santé physique et mentale.

Il est associé à une augmentation allant jusqu’à 50 % de la démence et à une augmentation de 30 % des accidents vasculaires cérébraux et des maladies cardiovasculaires.

Les liens sociaux présentent des avantages considérables pour améliorer la santé, l’éducation et l’économie.  

Partout dans le monde, il existe de nombreuses initiatives visant à promouvoir le lien social dans différentes communautés, mais nous ne savons pas encore lesquelles fonctionnent le mieux.

Un leadership mondial est nécessaire pour identifier les « meilleurs choix » et contribuer à fournir les ressources nécessaires à la mise en œuvre de ces solutions. 

C’est pourquoi, aujourd’hui, je suis fier d’annoncer la création de la Commission de l’OMS sur le lien social.

Il s’agit de la première initiative mondiale visant à lutter contre l’épidémie de solitude.

La Commission s’efforcera de comprendre la gravité des risques pour la santé que présente l’isolement social et de définir des solutions et proposer des ressources efficaces.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous présenter les coprésidents de la Commission sur le lien social, composée de onze membres, le Dr Vivek Murthy, chirurgien général des États-Unis d’Amérique, et Mme Chido Mpemba Envoyée de la Commission de l’Union africaine pour la jeunesse.

Chido, je vous remercie d’avoir accepté de diriger cette importante initiative. Vous avez la parole.

[MME MPEMBA S’ADRESSE AUX MÉDIAS]

Merci beaucoup, Chido.

Dr Murthy, je vous remercie de votre engagement en faveur de cette importante initiative. Je vous remercie pour votre leadership. Je me souviens que l’année dernière, vous m’aviez parlé de votre engagement et de vos idées, et j’ai répondu que l’OMS vous soutiendrait par tous les moyens possibles. Je sais ce que cela signifie pour vous et votre passion. Vous avez la parole.

[LE DR MURTHY S’ADRESSE AUX MÉDIAS]

Merci, Dr Murthy, chirurgien général, pour votre leadership.

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Enfin, aujourd’hui, la revue The Lancet a publié son 8e rapport sur la santé et le changement climatique, qui souligne comment les répercussions du changement climatique sur la santé augmentent à l’échelle mondiale, coûtant des vies et des moyens de subsistance.

La crise climatique aggrave les phénomènes météorologiques extrêmes, accroît l’insécurité alimentaire, exacerbe les maladies respiratoires et alimente la propagation des maladies infectieuses.

La réalisation de la cible de l’Accord de Paris consistant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius est un impératif de santé publique.

L’OMS se joint à l’appel lancé dans le rapport en faveur d’une action transformatrice visant à réduire la pollution de l’air et à accroître l’équité en santé.

J’attends avec impatience la vingt-huitième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques prévue le mois prochain aux Émirats arabes unis, qui comprendra pour la première fois une journée consacrée à la santé.

Ensemble, nous devons continuer à rappeler au monde que la crise climatique est une crise sanitaire.

Margaret, je vous rends la parole.