Réalisations en matière de santé dans le monde en 2023
Des motifs d’espoir
Fournir des vaccins
Le 5 mai 2023, le Directeur général de l’OMS, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré la fin de l’urgence sanitaire mondiale liée à la COVID-19. Il a précisé que cette annonce ne signifiait pas que la COVID-19 n’était plus une menace pour la santé mondiale, mais plutôt qu’il était temps pour les pays de passer du temps de l’urgence à celui de la gestion de la COVID-19, comme pour d’autres maladies infectieuses.
Dans son annonce, le Directeur général a salué le sens de l’innovation des chercheurs et des concepteurs de vaccins, les décisions difficiles que les autorités publiques ont dû prendre, ainsi que les compétences incroyables et le dévouement désintéressé du personnel de santé et d’aide à la personne. En novembre 2023, 72 % de la population mondiale avait reçu au moins une dose d’un vaccin contre la COVID-19, et 13,6 milliards de doses avaient été administrées dans le monde, ce qui a permis d’éviter des formes graves de la maladie et des hospitalisations pour des millions de personnes.
Nous avons commencé à entrevoir des signes prometteurs d’une reprise de la vaccination des enfants après le recul enregistré pendant la pandémie de COVID-19. Plus tôt dans l’année, les partenaires mondiaux ont annoncé « Le grand rattrapage », une initiative coordonnée visant à inverser la tendance à la baisse de la vaccination des enfants, à renforcer les systèmes de santé et à œuvrer en faveur d’un avenir où aucun enfant ne meurt d’une maladie évitable par la vaccination.
Une autre étape importante de l’année a été la recommandation par l’OMS d’un nouveau vaccin pour la prévention du paludisme, qui donne l’espoir de mieux se préparer face à la maladie et de sauver des centaines de milliers d’enfants dans la Région africaine. Il existe maintenant deux vaccins vitaux qui ont apporté la preuve de leur innocuité et de leur efficacité pour prévenir le paludisme chez les enfants.
Par ailleurs, l’introduction d’un nouveau vaccin contre la dengue (en anglais) a été recommandée là où la charge de morbidité est élevée. Il offre de l’espoir contre cette infection transmise par les moustiques, dont on estime qu’elle constitue un risque pour la moitié de la population mondiale.
Dans un même temps, des nouvelles prometteuses sont venues éclairer le front de la lutte contre la méningite, puisque l’OMS a préqualifié un nouveau vaccin antiméningococcique conjugué (en anglais) et a publié une politique pour son utilisation dans les pays de la ceinture africaine de la méningite, qui sont touchés par des épidémies saisonnières. Le Men5CV pourrait radicalement changer la donne dans la lutte contre la méningite dans la mesure où il devrait être plus abordable et plus accessible pour les pays de la ceinture de la méningite que les autres vaccins disponibles.
Les femmes pauvres et marginalisées sont encore touchées de manière disproportionnée par le cancer du col de l’utérus, mais il y a des raisons d’être optimiste avec les progrès considérables réalisés dans la vaccination contre le HPV. Les avancées de la couverture pour une dose unique, selon la recommandation approuvée par l’OMS, sont particulièrement encourageantes. Trente pays supplémentaires ont introduit le vaccin, dont certains où le cancer du col de l’utérus est très présent, comme le Bangladesh, l’Indonésie et le Nigeria. Cela signifie qu’au total 140 pays l’ont introduit dans le monde et que l’on est donc en bonne voie pour atteindre l’objectif de 2030 d’assurer une disponibilité généralisée des vaccins contre le HPV pour toutes les filles du monde.
Inscrire la santé au cœur de l’action climatique
Pour la toute première fois, les organisateurs de la COP28 ont prévu une journée consacrée à la santé (en anglais) en écho à la crise sanitaire liée au climat qui touche au moins 3,5 milliards de personnes, soit près de la moitié de la population mondiale. La chaleur extrême, les phénomènes météorologiques et la pollution atmosphérique ont causé des millions de décès en 2023 et mis à rude épreuve les systèmes et le personnel de santé.
Plus de 130 pays ont ainsi signé une nouvelle déclaration sur le climat et la santé (en anglais) lors de la Conférence des Nations Unies sur le climat. Elle plaide en faveur d’un renforcement rapide des engagements politiques et financiers, ainsi que d’actions concrètes pour protéger les populations des effets dévastateurs que la crise climatique a sur leur santé.
À l’approche de la COP28, l’OMS, en collaboration avec ses partenaires mondiaux de la santé, a mobilisé les signatures de plus de 40 millions de professionnels de santé pour demander que des mesures audacieuses soient prises lors de la Conférence en matière de santé et de climat. L’OMS a également publié un Cadre pour la mise en place de systèmes de santé à faibles émissions de carbone et résilients face aux changements climatiques, appelé à servir de modèle pour un secteur de la santé durable et tourné vers l’avenir, face à un climat en constante évolution.
Protéger les personnes contre les maladies non transmissibles et les troubles de santé mentale
Au cours de l’année, l’OMS a annoncé que 5,6 milliards de personnes, soit 71 % de la population mondiale, sont désormais protégées par au moins une politique relevant des bonnes pratiques qu’elle a édictées pour aider à sauver des vies dans la lutte contre le tabagisme. Ce chiffre est cinq fois plus élevé qu’en 2007. Au cours des 15 années qui se sont écoulées depuis l’adoption du programme MPOWER (en anglais) de lutte antitabac dans le monde, les taux de tabagisme ont fortement baissé et près de 40 % des pays prévoient maintenant des lieux publics intérieurs sans tabac.
Cette année, Maurice est devenu le premier pays d’Afrique et les Pays-Bas le premier pays d’Europe à mettre en place l’ensemble des politiques de lutte antitabac de l’OMS (en anglais) au plus haut niveau possible, rejoignant ainsi deux autres pays seulement, le Brésil et la Türkiye, qui ont atteint le même objectif.
Autre première, l’OMS a publié son tout premier rapport sur l’impact dévastateur de l’hypertension artérielle dans le monde (en anglais), un problème de santé qui touche un adulte sur trois. Selon ce rapport, environ quatre personnes sur cinq souffrant d’hypertension ne bénéficient pas d’un traitement adéquat. Pourtant, si les pays parviennent à étendre la couverture, ce ne sont pas moins de 76 millions de décès qui pourraient être évités entre 2023 et 2050.
Or, les pays du monde entier se mobilisent maintenant pour prendre de vitesse ce tueur silencieux. Ainsi, l’Inde a lancé une initiative ambitieuse visant à dépister l’hypertension et le diabète et à placer 75 millions de personnes qui en souffrent sous traitement standard d’ici 2025. Les Philippines élargissent leurs programmes de prévention et de prise en charge des maladies cardiovasculaires et, dans la Région OMS des Amériques, 33 pays (en anglais) ont renforcé leurs services de santé pour lutter contre les maladies cardiovasculaires.
Depuis sa création en 2019, l’Initiative spéciale de l’OMS pour la santé mentale (en anglais) a contribué à fournir des services communautaires de santé mentale à 50 millions de personnes supplémentaires, et au moins 320 000 filles, garçons, femmes et hommes ont reçu pour la première fois des services relatifs aux troubles mentaux, neurologiques et liés à la consommation de substances. L’Initiative spéciale est mise en œuvre dans les six régions de l’OMS, puisqu’elle est présente en Argentine, au Bangladesh, au Ghana, en Jordanie, au Népal, au Paraguay, aux Philippines, en Ukraine et au Zimbabwe.
Accès aux médicaments et aux produits de santé
Cette année, la République de Corée, Singapour et la Suisse ont été les trois premiers pays à figurer sur la liste des autorités reconnues par l’OMS (en anglais), qui atteste à l’échelle mondiale qu’elles respectent les normes et pratiques réglementaires instituées par l’Organisation ou internationalement reconnues.
La liste des médicaments essentiels de l’OMS a été mise à jour en 2023 et de nouveaux traitements sont venus s’y ajouter pour lutter contre la sclérose en plaques et le cancer, entre autres. Cette nouvelle liste facilitera un meilleur accès à des médicaments et à des traitements innovants susceptibles d’avoir un impact marqué sur la santé publique dans le monde, sans mettre en péril les budgets de santé des pays à revenu faible et intermédiaire.
Parallèlement à cela, la liste des dispositifs de diagnostic essentiels a, elle aussi, été mise à jour et compte huit nouvelles entrées, dont des produits de diagnostic pour l’auto-prise en charge du diabète. Des glucomètres individuels y ont été ajoutés, ainsi que des tests de dépistage de l’hépatite E.
La situation a également évolué dans le bon sens en ce qui concerne l’aide apportée aux États Membres pour gérer les médicaments de qualité inférieure et contaminés. La publication d’une méthode de l’OMS pour l’analyse des contaminants observés dans les sirops (en anglais) contribuera à lutter contre les produits de santé de qualité inférieure qui ont entraîné le décès d’au moins enfants dans le monde.
Engagements politiques à l’appui de la santé
Lors de l’Assemblée mondiale de la Santé de cette année, les pays ont adopté une résolution historique pour la santé des peuples autochtones dans laquelle ils en appellent pour la première fois à un plan d’action mondial (en anglais) visant à combattre spécifiquement les disparités en matière de santé auxquelles se heurtent ces communautés.
En juin, des ministres et des représentants gouvernementaux ont adopté une déclaration politique sans précédent – la Déclaration de Rabat – dans laquelle ils s’engagent à améliorer la santé des réfugiés et des migrants. Une personne sur huit dans le monde est soit migrante, soit déplacée de force du fait de facteurs tels que les conflits et les persécutions.
Deux mois plus tard, en août, l’OMS et ses partenaires ont organisé le premier Sommet mondial de l’OMS sur la médecine traditionnelle (en anglais) dans le but de tirer parti d’une médecine traditionnelle, complémentaire et intégrative, fondée sur des données probantes.
À mi-chemin de la date cible de 2030 pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), les dirigeants de la planète ont fait valoir qu’il fallait avancer deux fois plus vite vers les objectifs en matière de santé.
En septembre, l’Assemblée générale des Nations unies a organisé trois réunions de haut niveau sur la santé, ce qui n’avait jamais eu lieu auparavant. À cette occasion, les dirigeants mondiaux ont pris l’engagement historique de renforcer la collaboration, la gouvernance et les investissements afin de prévenir les futures pandémies, de s’y préparer et d’y riposter.
Lors de ces réunions de haut niveau, une nouvelle déclaration politique a été adoptée sur la couverture sanitaire universelle. Elle a vocation à mobiliser des actions en vue d’atteindre l’objectif d’accès à des services de santé essentiels de qualité pour toutes et tous à l’horizon 2030 en s’appuyant sur une démarche axée sur les soins de santé primaires. Une nouvelle déclaration politique sur l’éradication de la tuberculose a également été signée. Elle intègre de nouveaux objectifs ambitieux pour les cinq prochaines années afin de progresser à l’échelle mondiale vers la fin de l’épidémie de tuberculose.
Première publication : 20 décembre 2023.