Bruno, Philippines
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Enseignements tirés de la pandémie de 2009

La grippe pandémique A(H1N1) 2009 a révélé que l’OMS et ses États Membres n’étaient pas pleinement préparés à évaluer rapidement la sévérité (transmission, gravité de la maladie et impact) d’une pandémie, ni à appliquer des plans de communication sur le risque et de gestion de celui‑ci. 

Les États Membres s’étaient préparés pour une pandémie très sévère et ont été confrontés à des difficultés pour adapter leurs actions nationales et infranationales à un événement plus modéré. La communication a également démontré son importance immense : la nécessité de fournir des évaluations claires du risque aux décideurs a mis une pression importante sur les ministères de la santé et la communication efficace avec le public s’est révélée difficile.  

En réponse aux enseignements tirés de la grippe pandémique A(H1N1) 2009, une approche révisée des phases mondiales d’une pandémie de grippe a été élaborée. Celles‑ci, basées sur les données virologiques, épidémiologiques et cliniques, sont utilisées pour décrire la propagation du nouveau sous‑type grippal, en tenant compte de la maladie qu’il provoque dans le monde. Les phases mondiales ont été clairement dissociées des décisions sur la gestion du risque et des mesures prises au niveau des pays. Ainsi, les États Membres sont invités dans toute la mesure du possible à se servir des évaluations nationales du risque pour orienter les décisions de gestion au profit de la situation et des besoins spécifiques du pays. 

L’une des étapes les plus cruciales dans la riposte à une pandémie est le moment où elle est officiellement déclarée. Le Règlement sanitaire international (2005) (RSI (2005)) donne des orientations pour savoir comment déterminer quand une flambée devient une pandémie. Premièrement, elle doit être reconnue comme une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), ce qui signifie qu’elle est grave, inhabituelle, qu’elle s’accompagne d’un risque important de propagation internationale et qu’elle pourrait requérir une riposte internationale coordonnée. Une fois qu’on a déterminé que l’évaluation du risque et la propagation concernent deux Régions différentes de l’OMS, le Directeur général de l’Organisation peut éventuellement déclarer qu’il s’agit d’une pandémie (sur la base de l’avis rendu par un comité d’experts issus d’un large éventail de disciplines). 

La grippe pandémique A(H1N1) 2009 a été la première mise à l’épreuve du RSI (2005), révision de la version antérieur du RSI à la suite de l’épidémie de SRAS de 2003 et de l’épidémie de grippe H5N1, deux flambées mortelles qui ont fait prendre conscience au monde que la coopération internationale était essentielle en matière de maladie infectieuse. Le RSI (2005) demande aux États Parties de renforcer les principales capacités de la santé publique pour détecter, évaluer, notifier les événements susceptibles d’être des urgences de santé publique de portée internationale et d’y riposter, en évitant dans le même temps toute entrave inutile au trafic et au commerce internationaux.

Point de vue des pays: Bangladesh 

Par nature, les pandémies sont imprévisibles, qu’il s’agisse du moment où du lieu où elles vont apparaître. Pour le Bangladesh, 2009 a donné une leçon, comme l’a déclaré le professeur Mahmudur Rahman, ancien Directeur du Centre national de la grippe dans ce pays. «Nous nous concentrions davantage sur les populations rurales, car nous pensions que la pandémie partirait des villages, des communautés rurales et des fermes d’élevage des poulets.»

Mais il s’est avéré que le virus a émergé au Mexique, puis s’est propagé aux États‑Unis et de là est arrivé au Bangladesh, se rappelle le professeur Rahman. Un groupe de 29 étudiants bangladais avaient étudié aux États‑Unis et, quand ils sont revenus, six étaient infectés. «La pandémie est donc venue de l’aéroport, de cet avion, et a été détectée par notre surveillance des événements.»

À mesure que le virus se propageait les autorités bangladaises de la santé publique ont recherché les contacts des personnes affectées en faisant du porte‑à‑porte et en mettant les patients en isolement. L’aide internationale reçue par le Bangladesh pour développer sa plateforme de détection de la grippe et de riposte, ainsi que les orientations de l’OMS, ont joué un rôle important dans l’action du pays, a‑t‑il reconnu.

Point de vue des pays: Mexique

Au Mexique, un enseignement tiré de l’expérience de 2009 est que la surveillance constante est cruciale. «Nous partageons les informations hebdomadaires provenant de 20 000 établissements de santé dans le pays, y compris dans le secteur privé. Cela nous donne une idée de ce qui se passe dans les différentes régions, afin de centrer nos activités sur les zones que nous considérons les plus à risque», indique le Dr Cuauhtemoc Mancha Moctezuma, Directeur général adjoint du Centre national des programmes de lutte contre la maladie et de prévention au Mexique. «Il est essentiel d’être attentif aux zoonoses, les maladies transmises de l’animal à l’être humain. Nous entretenons une très forte collaboration avec les ministères chargés des élevages, de la production et de l’agriculture.»

Point de vue des pays: Viet Nam  

Suite à la pandémie de 2009, l’OMS a aidé le pays à renforcer son système de laboratoires, avec la collecte et le transport des échantillons, ainsi que la mise en œuvre de techniques modernes de diagnostic et, notablement, la caractérisation avancée des virus dans les Centres nationaux de la grippe. Le pays a également formé plus de 300 agents de santé dans les hôpitaux des provinces de tout le pays à la prise en charge clinique des infections respiratoires aiguës.

«Et ensuite? Nous devons renforcer les capacités des hôpitaux de district pour la riposte à la grippe pandémique, car ils sont la première ligne de défense», a déclaré le Dr Nguyen Van Kinh, Directeur adjoint de l’Hôpital national des maladies tropical au Viet Nam. Il a également relevé la nécessité d’améliorer les procédures de lutte anti-infectieuse et de prévention pour empêcher les flambées de se propager dans les hôpitaux et les structures médicales.