Selon les estimations, l’année dernière, 303 000 femmes sont décédées de causes liées à la grossesse, 2,7 millions de nouveau-nés sont décédés au cours des 28 premiers jours de vie et il y a eu 2,6 millions de mortinaissances. Alors que des soins de qualité pendant la grossesse et l’accouchement permettent de prévenir un grand nombre de ces décès, 64% seulement des femmes dans le monde bénéficient de soins prénatals au moins quatre fois pendant la grossesse.
Les soins prénatals sont essentiels car ils permettent aux intervenants d’offrir aux femmes enceintes une prise en charge, un soutien et des informations, notamment de favoriser l’adoption d’un mode de vie sain, y compris une bonne nutrition, de détecter et de prévenir des maladies, de donner des conseils en matière de planification familiale et d’aider les femmes éventuellement victimes de violence du partenaire intime.
«Si l’on veut que les femmes aient recours à des services de soins prénatals pendant la grossesse et jusqu’à l’accouchement, ceux-ci doivent être de qualité», affirme le Dr Ian Askew, Directeur du Département Santé reproductive et recherche de l’OMS, ajoutant que «la grossesse doit être une expérience positive pour toutes les femmes, qui doivent bénéficier de soins dans la dignité.»
Recommandations de l’OMS
Suivant le nouveau modèle de l’OMS pour les soins prénatals, le nombre de consultations prénatales passe de quatre à huit. Des données récentes indiquent que l’augmentation de la fréquence des consultations prénatales dans le système de santé pour les femmes et les adolescentes est associée à une probabilité plus faible de survenue de mortinaissances, car ces consultations offrent plus d’occasions de détecter et de prendre en charge d’éventuels problèmes. Le fait de prévoir 8 consultations au lieu de 4 permet de ramener le taux de mortalité périnatale à 8 pour 1000 naissances.
Ce nouveau modèle fait augmenter le nombre d’examens de la mère et du foetus afin de détecter des problèmes, améliore la communication entre les prestataires de soins et les femmes enceintes et accroît la probabilité que la grossesse connaisse une issue positive. Il préconise qu’une première consultation ait lieu au cours des 12 premières semaines de grossesse et que les consultations suivantes soient prévues aux 20e, 26e, 30e, 34e, 36e, 38e, et 40e semaines.
«Des consultations plus fréquentes et de meilleure qualité pour toutes les femmes au cours de la grossesse faciliteront l’application de mesures préventives et la détection précoce des risques, éviteront autant que possible les complications et permettront de remédier aux inégalités sanitaires», dit le Dr Anthony Costello, Directeur du Département Santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent de l’OMS. «Les soins prénatals sont essentiels pour les primipares. Ils détermineront comment celles-ci auront recours aux soins prénatals lors de grossesses futures», a t-il ajouté.
Les nouvelles lignes directrices comportent 49 recommandations qui précisent les soins et conseils dont les femmes enceintes devraient bénéficier à chaque consultation dans le système de santé, y compris en ce qui concerne l’alimentation saine et la nutrition optimale, l’exercice physique, la consommation de tabac et l’abus de substances psychoactives, la prévention du paludisme et de l’infection à VIH, les analyses de sang et la vaccination antitétanique, la mesure du foetus, notamment à l’échographie, et la prise en charge des symptômes physiologiques courants tels que les nausées, les douleurs dorsales et la constipation.
«Les conseils en matière d’alimentation saine, de nutrition optimale et concernant les vitamines et les minéraux que les femmes doivent prendre pendant la grossesse peuvent favoriser considérablement le développement et la santé de l’enfant pendant et après la grossesse», dit le Dr Francesco Branca, Directeur du Département Nutrition pour la santé et le développement de l’OMS.
En recommandant l’augmentation du nombre de consultations prénatales, l’OMS cherche à améliorer la qualité des soins prénatals et à faire baisser la mortalité maternelle et périnatale dans toutes les populations, notamment chez les adolescentes et les femmes qui vivent dans des régions difficiles d’accès ou en proie à des conflits.
Les recommandations de l’OMS laissent aux pays une certaine latitude quant au choix des options concernant la mise en œuvre des soins prénatals, selon leurs besoins. Cela signifie, par exemple, que les soins peuvent être prodigués par des sages-femmes ou d’autres soignants, dans des établissements de santé ou dans le cadre de services communautaires de proximité. Les consultations prénatales doivent s’accompagner d’une prise en charge et d’un soutien tout au long de la grossesse.
Exemples de recommandations:
- Le modèle de soins prénatals préconise au moins 8 consultations pour faire baisser la mortalité périnatale et offrir aux femmes des soins de meilleure qualité.
- On trouve des conseils sur l’alimentation saine et la pratique d’exercice physique pendant la grossesse.
- Une supplémentation quotidienne en fer et en acide folique, par voie orale, est recommandée à raison de 30 mg à 60 mg de fer élémentaire et de 400 µg (0,4 mg) d’acide folique pour les femmes enceintes afin de prévenir l’anémie, la septicémie puerpérale et les naissances prématurées.
- La vaccination antitétanique est recommandée, selon le statut vaccinal de la femme enceinte, afin d’éviter que le tétanos n’entraîne le décès du nouveau-né.
- Une échographie avant la 24e semaine de grossesse est recommandée afin d’estimer l’âge gestationnel de l’enfant, d’améliorer la détection des anomalies fœtales et des grossesses multiples, de réduire le nombre d’accouchements provoqués en cas de grossesse prolongée et d’améliorer l’expérience des femmes.
- Les soignants devraient, le plus tôt possible au cours de la grossesse et à chaque consultation prénatale, interroger toutes les femmes enceintes sur leur consommation (passée et actuelle) d’alcool et d’autres substances.
Note aux rédactions
Le renforcement des systèmes de santé, y compris par un meilleur accès à des soignants qualifiés, sera essentiel pour que les pays mettent en œuvre les lignes directrices. En septembre dernier, la Commission de haut niveau des Nations Unies sur l’emploi dans le secteur de la santé et la croissance économique a préconisé d’investir plus vite en faveur des personnels de santé.
Pour faire suite à cette recommandation, les vice-présidents de la Commission qui appartiennent à l’OMS, à l’Organisation internationale du travail (OIT) et à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) réuniront toutes les parties concernées d’ici à fin 2016 afin d’élaborer un plan quinquennal en vue de mettre en œuvre les 10 recommandations.