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Centre de protection et de réadaptation familiale pour les femmes à Islamabad.
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Portrait d’apprenant : La mission d’Emmanuel pour la santé mentale aux Philippines

9 octobre 2025
Reportage

« Pour moi, le secteur de la santé mentale représente à la fois un défi scientifique et une mission humaine », explique Jesus Emmanuel A. D. Sevilleja, épidémiologiste au Centre national de santé mentale aux Philippines. « Il s’agit de contribuer à l’équité, à l’autonomisation et aux droits humains. »

Le travail d’Emmanuel repose sur des données factuelles : il produit des informations sur la charge, les facteurs de risque et les conséquences des troubles de santé mentale afin d’éclairer les politiques, les lignes directrices cliniques et les interventions efficaces. Mais ce sont ses interactions directes avec des personnes vivant avec des handicaps psychosociaux, intellectuels et cognitifs lors d’un projet de recherche qui l’ont inspiré à orienter son goût pour la recherche vers la santé mentale.

« Ces rencontres m’ont permis de mieux comprendre la réalité vécue des usagers des services, notamment la stigmatisation, la discrimination et l’exclusion auxquelles ils sont souvent confrontés. Leurs histoires ont révélé l’urgence de transformer non seulement la science de la santé mentale mais aussi la culture des soins. »

Animé par ce désir de contribuer à améliorer la vie des personnes confrontées à des problèmes de santé mentale, Emmanuel a suivi le cours en ligne et à son rythme de l’OMS intitulé QualityRights in mental health. Ce cours de six modules fournit les bases pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination et pour promouvoir des approches centrées sur la personne en santé mentale.

« Le cours a transformé ma vision de la santé mentale en l’ancrant dans les droits humains, la dignité et une pratique axée sur le rétablissement », dit-il. « Désormais, j’intègrerai les principes fondés sur les droits dans la conception des études, la collecte et l’interprétation des données, afin que la recherche ne se limite pas à produire des connaissances mais qu’elle contribue aussi à renforcer le pouvoir d’agir des usagers des services. »

« Le cours m’a appris que les personnes ayant une expérience vécue ne doivent pas être de simples bénéficiaires passifs de soins ou des sujets de recherche, mais des co-créateurs actifs de solutions. J’associerai plus étroitement les usagers et les familles à la recherche, aux politiques et à la conception de programmes, afin que leurs voix et préférences orientent les résultats. »

Alors que tous les employés du Centre national de santé mentale aux Philippines doivent suivre la formation, Emmanuel s’est distingué et figure toujours en tête du classement des 141 000 participants inscrits au cours dans le monde. Son expérience fait écho à une évaluation mondiale du cours, menée auprès de plus de 3000 apprenants. Les résultats sont frappants : les attitudes envers les personnes ayant des troubles de santé mentale se sont améliorées de 22,78 % en moyenne après la formation, avec des évolutions encore plus marquées dans les pays à revenu faible et intermédiaire (29,18 %) par rapport aux pays à revenu élevé (20,58 %) [1].

« J’ai particulièrement apprécié les exemples pratiques et les scénarios qui montrent comment les droits humains peuvent s’appliquer dans des situations réelles, en proposant des stratégies pour combattre la stigmatisation, réduire les pratiques coercitives et promouvoir la participation des usagers des services », souligne Emmanuel. « Le cours était également très inclusif, conçu non seulement pour les professionnels de santé mais aussi pour les usagers, les familles et les communautés, rappelant que la santé mentale est l’affaire de tous et que le changement réel exige un effort collectif. »

L’évaluation mondiale a également mis en lumière la faisabilité du cours, avec un taux d’achèvement de 54,17 %, bien supérieur aux 10–30 % habituellement constatés pour les cours en ligne [1]. Avec des apprenants aux quatre coins du monde, le cours constitue un outil important pour impulser un changement systémique dans le secteur de la santé mentale.  « Dans mon institution, j’ai observé des changements positifs : une sensibilisation accrue, une remise en question de la stigmatisation et une évolution vers des soins fondés sur les droits et centrés sur la personne », témoigne Emmanuel.

« Je recommande vivement ce cours. Ce qui le rend particulièrement impactant, c’est sa dimension pratique : il propose des approches immédiatement applicables dans le travail clinique, la recherche, le plaidoyer et les politiques. Mais surtout, il donne aux apprenants les moyens de devenir des acteurs du changement, en transformant les systèmes de santé mentale pour qu’ils abandonnent les pratiques coercitives dépassées au profit de soins inclusifs, équitables et fondés sur les droits humains. »

Le cours QualityRights in mental health, ainsi que d’autres cours gratuits sur un large éventail de thématiques de santé, sont disponibles sur whoacademy.org.