OMS / Dan Agostini
Jocimar et Welton attendent une consultation pour le traitement préventif du VIH au Centre de référence et de formation sur les MST et le sida (CRT) à São Paulo, Brésil, en mars 2024.
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L’OMS sonne l’alarme face à l’augmentation des niveaux de gonorrhée résistante aux médicaments dans un nombre croissant de pays

19 novembre 2025
Communiqué de presse

De nouvelles données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) issues du Programme élargi de surveillance de la résistance des gonocoques aux antimicrobiens (EGASP), qui surveille la propagation de la gonorrhée résistante aux médicaments, révèlent que la gonorrhée – une infection sexuellement transmissible – devient de plus en plus résistante aux antibiotiques. 

Le rapport montre qu’il est nécessaire de renforcer la surveillance, d’améliorer les capacités de diagnostic et d’assurer un accès équitable aux nouveaux traitements contre les infections sexuellement transmissibles (IST). La publication de ces nouvelles données coïncide avec la Semaine mondiale d’information sur la résistance aux antimicrobiens, qui met en lumière l’importance d’agir à l’échelle mondiale contre les infections résistantes aux médicaments. Lancé par l’OMS en 2015, l’EGASP recueille des données de laboratoire et des données cliniques provenant de sites sentinelles à travers le monde afin de surveiller la résistance aux antimicrobiens et d’orienter les lignes directrices thérapeutiques. 

« Ces travaux de portée mondiale sont essentiels pour surveiller la gonorrhée résistante aux médicaments, la prévenir et y remédier, ainsi que pour protéger la santé publique dans le monde entier », estime la Dre Tereza Kasaeva, Directrice du Département de l’OMS chargé du VIH, de la tuberculose, de l’hépatite et des IST. « L’OMS appelle tous les pays à s’attaquer à la hausse des cas d’IST et à intégrer la surveillance de la gonorrhée dans les programmes nationaux de lutte contre les IST. » 

Entre 2022 et 2024, la résistance à la ceftriaxone et au cefixime – les principaux antibiotiques utilisés pour traiter la gonorrhée – a bondi de 0,8 % à 5 % et de 1,7 % à 11 %, respectivement, des souches résistantes ayant été détectées dans un nombre accru de pays. La résistance à l’azithromycine est restée stable à 4 %, tandis que la résistance à la ciprofloxacine a atteint 95 %. Le Cambodge et le Viet Nam ont affiché les taux de résistance les plus élevés. 

En 2024, 12 pays participant à l’EGASP, répartis dans cinq Régions de l’OMS, ont fourni des données, soit une nette augmentation par rapport aux quatre pays qui en avaient fourni en 2022. C’est une évolution positive qui témoigne d’un engagement croissant à surveiller et à maîtriser les infections résistantes aux médicaments à l’échelle nationale et régionale. Les pays en question – Afrique du Sud, Brésil, Cambodge, Inde, Indonésie, Malawi, Ouganda, Philippines, Qatar, Suède, Thaïlande et Viet Nam – ont signalé 3615 cas de gonorrhée. 

Plus de la moitié des cas de gonorrhée symptomatique chez les hommes (52 %) ont été signalés dans des pays de la Région OMS du Pacifique occidental : 28 % aux Philippines, 12 % au Viet Nam, 9 % au Cambodge et 3 % en Indonésie. Les pays de la Région africaine représentaient 28 % des cas, suivis des pays de la Région de l’Asie du Sud-Est (13 % en Thaïlande), de la Région de la Méditerranée orientale (4 % au Qatar) et de la Région des Amériques (2 % au Brésil). 

L’âge médian des patients était de 27 ans (fourchette : 12-94 ans). Parmi les cas enregistrés, 20 % étaient des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et 42 % ont déclaré avoir eu plusieurs partenaires sexuels au cours des 30 jours précédents ; 8 % ont signalé avoir utilisé récemment des antibiotiques et 19 % avaient voyagé récemment. 

Renforcer et élargir la surveillance mondiale 

En 2024, l’OMS a fait progresser la surveillance génomique : près de 3000 échantillons ont fait l’objet d’un séquençage dans huit pays. Des études phares sur de nouveaux traitements tels que la zoliflodacine et la gépotidacine, ainsi que des études sur la résistance à la tétracycline, ont été menées par le centre collaborateur de l’OMS sur la résistance des IST aux antimicrobiens en Suède, en coopération avec l’OMS. Ces études contribuent à orienter les futures stratégies de lutte contre la gonorrhée et de prévention fondée sur la doxycycline (DoxyPEP). 

La portée de l’EGASP a continué de s’élargir en 2024 : le Brésil, la Côte d’Ivoire et le Qatar ont rejoint le Programme, et l’Inde a commencé à mettre en œuvre des activités et à publier des données à partir de 2025 dans le cadre de son programme national de lutte contre le sida et les maladies sexuellement transmissibles. 

Malgré des progrès notables, l’EGASP fait face à des défis, notamment un financement limité, des rapports incomplets et des lacunes dans les données concernant les femmes et les sites extra-génitaux. L’OMS appelle à investir d’urgence, en particulier dans les systèmes nationaux de surveillance, pour appuyer et développer la surveillance mondiale de la résistance des gonocoques aux antimicrobiens. 

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