Les 18 et 19 février derniers, l’OMS a dirigé deux missions de sauvetage pour transférer 32 patients en état critique, dont deux enfants, hors du complexe médical Nasser, dans le sud de Gaza, en dépit du conflit en cours et des restrictions d’accès. Ces missions à haut risque ont été menées en collaboration étroite avec le Croissant-Rouge palestinien et le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). L’équipe de sauvetage a également fourni aux patients et au personnel restants, privés de toute aide extérieure, des médicaments essentiels et de la nourriture, en quantités limitées.
Quatre ambulances du Croissant-Rouge palestinien ont assuré le transport en toute sécurité des patients qui avaient auparavant fait l’objet d’un examen médical et d’un triage sous la coordination du directeur de l’hôpital. Ceux-ci ont été transférés à l’hôpital européen de Gaza, à Khan Younis, à l’hôpital Al-Aqsa, dans la zone centrale de Gaza, et dans les hôpitaux de campagne installés par l’International Medical Corps, par les Émirats arabes unis et par l’Indonésie à Rafah.
Le personnel de l’hôpital a demandé le transfert des patients à la suite d’un raid militaire, lancé le 14 février après un siège d’une semaine, qui a mis l’établissement médical hors d’état de fonctionner. Les patients, affaiblis et fragiles, ont été déplacés alors que les attaques se poursuivaient à proximité. L’état des routes ne permet pas la circulation rapide des ambulances, et la santé des patients se trouve ainsi davantage mise en péril. Trois d’entre eux étaient atteints de paralysie, deux ayant subi en outre une trachéostomie. Plusieurs autres patients souffraient de traumatismes orthopédiques graves qui avaient nécessité l’installation de fixateurs externes. Pour deux des patients paralysés, une ventilation manuelle a dû être assurée tout au long du voyage, en raison du manque de respirateurs portatifs. Un patient souffrant d’une fracture vertébrale, précédemment transféré au complexe médical Nasser par l’OMS lors d’une mission à l’hôpital Al-Ahli, dans le nord de Gaza, a dû être déplacé de nouveau malgré son état.
L’hôpital Nasser n’a plus ni électricité ni eau courante, et les déchets médicaux et autres créent un terrain propice aux maladies. Le personnel de l’OMS a qualifié les dégâts autour de l’hôpital d’« indescriptibles ». La zone est entourée de bâtiments incendiés et en ruine, jonchée d’épaisses couches de débris, aucune portion de route n’étant épargnée.
On estime que 130 patients, malades ou blessés, et au moins 15 médecins et infirmières, sont encore à l’intérieur de l’hôpital. L’unité des soins intensifs n’étant plus en état de fonctionner, le personnel de l’OMS a déplacé le seul patient qui s’y trouvait encore dans une autre partie du complexe, où des soins de base sont dispensés aux autres patients.
L’OMS craint pour la sécurité et la santé des patients et des agents de santé restés à l’hôpital, et met en garde contre l’aggravation des perturbations des soins essentiels qui entraînera davantage de décès chez les malades et les blessés. Des efforts sont en cours pour permettre de nouveaux transferts de patients alors que les hostilités se poursuivent.
Avant de mener ces missions, l’OMS s’est vu refuser par deux fois l’accès à l’hôpital pour y effectuer une évaluation médicale, ce qui a retardé le transfert d’urgence de patients qui en avaient besoin. Au moins cinq patients seraient décédés dans l’unité de soins intensifs avant qu’une mission ou un transfert n’ait été possible.
Le 17 février, l’UNRWA a dirigé une mission à laquelle a participé le personnel de l’OMS, qui a permis de livrer 24 000 litres de carburant, ainsi que de la nourriture et de l’eau en quantités limitées à l’hôpital, que l’équipe n’avait pas pu atteindre le 16 février en raison de l’état catastrophique des routes, notamment d’un fossé profond, boueux et infranchissable situé à 50 mètres de l’hôpital. Ce jour-là, malgré les risques encourus, le personnel de l’OMS, accompagné d’un ingénieur, a réussi à rejoindre le complexe médical Nasser à pied. Cependant, ils ont seulement été autorisés à examiner le générateur qui, à court de carburant, avait cessé de fonctionner. Au cours des deux missions, les hauts fonctionnaires de l’OMS se sont clairement identifiés en entrant dans l’enceinte de l’hôpital et ont demandé l’autorisation d’examiner les patients et d’évaluer l’état de fonctionnement de l’hôpital. Les deux demandes ont été rejetées.
Alors que les attaques se poursuivent, tout dommage supplémentaire causé au complexe médical Nasser retardera encore davantage sa remise en fonctionnement. Le grand entrepôt médical de l’hôpital et les réserves qui s’y trouvaient, fournies par l’OMS et ses partenaires, ont brûlé, et l’entrepôt où sont stockées les fournitures médicales quotidiennes a été endommagé. Le centre pour la reconstruction des traumatismes des membres du complexe, qui bénéficie du soutien de l’OMS, n’est plus opérationnel. Ces événements tragiques vont rendre encore plus difficile l’accès aux soins de santé, dans un contexte où les besoins ne cessent d’augmenter.
Les dégâts causés au complexe médical Nasser et son effondrement sont un coup terrible porté au système de santé de Gaza. Au sud, les établissements fonctionnent déjà bien au-delà de leur capacité maximale et peinent à recevoir plus de patients.
L’OMS appelle de nouveau à protéger les patients, les soignants, les infrastructures de santé et les civils. Les hôpitaux ne doivent pas être militarisés, utilisés à mauvais escient ou attaqués.
L’OMS demande de nouveau à toutes les parties de respecter le droit international humanitaire et les principes de précaution, de distinction et de proportionnalité, et de garantir un accès durable aux hôpitaux pour permettre à ceux-ci de continuer à dispenser des soins essentiels.
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