Déclaration sur la 3ème réunion du Comité d’urgence du Règlement sanitaire international concernant la flambée de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest

23 octobre 2014
Déclaration


23 octobre 2014

La troisième réunion du Comité d’urgence convoquée par le Directeur général de l’OMS au titre du Règlement sanitaire international (2005) [RSI (2005)] concernant la flambée de maladie à virus Ebola en 2014 en Afrique de l’Ouest s’est tenue le mercredi 22 octobre 2014, de 13 heures à 17 h 10 (HEC), avec les membres et les conseillers du Comité.

La réunion était convoquée avant le délai de trois mois et la date d’expiration des recommandations temporaires émises le 8 août 2014 et reconduites le 22 septembre 2014, en raison de l’augmentation du nombre de cas en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, et des nouveaux cas exportés ayant donné lieu à une transmission limitée en Espagne et aux États-Unis d’Amérique.

Examen de la situation actuelle

La situation actuelle a été examinée. Au 22 octobre 2014, le nombre total de cas s’établissait à 9936, dont 4877 décès. Le nombre de cas continue d’augmenter de façon exponentielle en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone; la situation dans ces pays reste très préoccupante. Les principaux enseignements tirés pour la lutte contre l’épidémie concernent l’importance du leadership, l’engagement de la communauté, l’association d’un grand nombre de partenaires, le versement ponctuel des salaires du personnel et la responsabilité. L’OMS, ses partenaires des Nations Unies et la communauté internationale ont accru sensiblement leur soutien dans ces trois pays.

Les flambées du Nigéria et du Sénégal ont été déclarées terminées le 20 octobre et le 17 octobre, respectivement. Le Comité a salué cette réussite et félicité toutes les personnes qui y ont contribué.

Des cas sont survenus récemment en Espagne et aux États-Unis d’Amérique. Dans ces deux pays, les cas indicateurs provenaient d’Afrique de l’Ouest.

Revue de la situation dans les États Parties

Après un exposé général, les États Parties au RSI suivants ont fait le point de la situation de la maladie à virus Ebola sur leur territoire, et notamment les progrès accomplis dans la mise en œuvre des recommandations temporaires du Comité d’urgence: Espagne, États-Unis d’Amérique, Guinée, Libéria et Sierra Leone.

Le Comité a estimé à l’unanimité que l’événement continuait de constituer une urgence de santé publique de portée internationale.

À la lumière des exposés des États Parties et des débats du Comité qui ont suivi, plusieurs points et difficultés ont été constatés pour les pays touchés et d’autres pays. L’accent doit continuer d’être mis avant tout sur l’arrêt de transmission du virus Ebola dans les trois pays touchés à forte transmission. Cette mesure est l’étape la plus importante pour prévenir la propagation internationale. Une attention particulière, notamment avec la surveillance et le suivi appropriés de leur santé, doit être accordée aux besoins des personnels de santé. Cela encouragera également d’autres personnels de santé à contribuer à lutter contre l’épidémie.

Le Comité a passé en revue les recommandations publiées le 8 août et les commentaires publiés le 22 septembre, et adressé les avis supplémentaires suivants au Directeur général pour l’aider dans son évaluation de la situation conformément au RSI (2005). Toutes les recommandations temporaires précédentes restent en vigueur. Même si quelques cas sont survenus en dehors des trois pays à forte transmission, les mesures recommandées semblent avoir été utiles pour limiter la propagation internationale. De nouvelles recommandations sont exposées ci-après.

Recommandations pour les états à forte transmission du virus Ebola (Guinée, Libéria, Sierra Leone)

En Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, les contrôles de sortie restent essentiels pour limiter l’exportation de cas de maladie à virus Ebola. Les États devraient maintenir et renforcer des contrôles de sortie de qualité s’appliquant à toutes les personnes dans les aéroports internationaux, les ports et les principaux postes-frontières, afin de déceler toute maladie fébrile inexpliquée correspondant aux symptômes d’une infection potentielle par le virus Ebola.

Les contrôles de sortie devraient consister au minimum en un questionnaire, une prise de température et, en cas de fièvre, une évaluation du risque de façon à déterminer si cette fièvre pourrait être provoquée par la maladie à virus Ebola. Les États devraient recueillir les données obtenues à la suite de ces contrôles, en dépouiller les résultats et les communiquer à l’OMS régulièrement et rapidement. Cela renforcera la confiance du public et fournira des informations importantes aux autres États.

L’OMS et ses partenaires devraient fournir le soutien additionnel dont ont besoin les États pour renforcer encore durablement les contrôles de sortie.

Ensemble des états

Le Comité a réitéré qu’il ne devrait y avoir aucune interdiction générale concernant les voyages ou les échanges commerciaux internationaux. Une interdiction générale des voyages entraînerait probablement des difficultés économiques et pourrait par la suite entraîner des migrations non contrôlées de personnes en provenance des pays touchés, ce qui élèverait le risque de propagation internationale du virus Ebola.

Le Comité a souligné l’importance qu’il y avait à normaliser le transport aérien et les mouvements de navires, y compris la manutention des cargaisons et marchandises, à destination et en provenance des pays touchés, afin de réduire l’isolement et les difficultés économiques de ceux ci. Tout traitement médical nécessaire devrait pouvoir être proposé à terre aux gens de mer et aux passagers.

Les recommandations antérieures concernant les voyages pour les cas de maladie à virus Ebola et les contacts devraient rester en vigueur.

Plusieurs États ont récemment mis en place des mesures de contrôle à l’entrée sur leur territoire. L’OMS encourage les pays mettant en œuvre de telles mesures à partager leur expérience et les enseignements de celle-ci. Les contrôles à l’entrée, ajoutés aux contrôles à la sortie, risquent de n’avoir qu’un effet limité sur la réduction de la propagation internationale et les avantages et les inconvénients de ceux-ci doivent être soigneusement pesés.

Si des mesures de contrôle à l’entrée sont mises en œuvre, les États devraient tenir compte des considérations suivantes: ils sont l’occasion d’une sensibilisation individuelle mais demandent beaucoup de ressources, même s’ils sont ciblés; des systèmes de gestion doivent être mis en place pour prendre en charge les voyageurs et les cas suspects, conformément aux dispositions du Règlement sanitaire international.

Plusieurs États, qui n’enregistrent aucune transmission du virus Ebola, ont décidé ou envisagent d’annuler des réunions internationales et rassemblements de masse. Même si le Comité ne recommande pas de telles mesures, il reconnaît que ce sont là des décisions délicates qui doivent être prises au cas par cas. Le Comité encourage des États à recourir à une approche fondée sur le risque pour prendre ces décisions. L’OMS a publié des recommandations pour les pays qui accueillent des réunions internationales ou des rassemblements de masse, et continuera à fournir des recommandations et un soutien dans ce domaine.

Le Comité a convenu qu’il ne devrait pas y avoir d’interdiction générale à la participation de concurrents ou de délégations de pays qui enregistrent une transmission du virus Ebola souhaitant participer à des manifestations internationales ou à des rassemblements de masse mais que la décision devait être prise au cas par cas par le pays hôte. Les recommandations temporaires relatives aux voyages devraient s’appliquer; une surveillance sanitaire supplémentaire pourrait être requise.

Tous les pays devraient renforcer les efforts d’éducation et de communication pour lutter contre la stigmatisation, les peurs disproportionnées, et les mesures et réactions inappropriées associées au virus Ebola. Ces efforts peuvent également servir à encourager les gens à se signaler et à se présenter à un stade précoce pour être diagnostiqués et pris en charge.

Le Comité a souligné qu’il était important que l’OMS et les autres partenaires nationaux et internationaux continuent d’apporter leur soutien à la mise en œuvre et au suivi de ces recommandations.

Se fondant sur cet avis et sur les informations examinées par le Comité, le Directeur général a accepté l’évaluation du Comité et a déclaré que la flambée 2014 de maladie à virus Ebola en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone continue de constituer une urgence de santé publique de portée internationale. Le Directeur général a approuvé l’avis du Comité et sa publication sous forme de recommandations temporaires au titre du RSI. Le Directeur général a remercié les membres et les conseillers du Comité pour leur avis et leur a demandé une réévaluation de la situation d’ici trois mois, ou avant si les circonstances l’exigeaient.