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L’OMS publie son rapport 2021 sur la résistance du VIH aux médicaments

24 novembre 2021
Actualités départementales

Le dernier rapport de l’OMS sur la résistance du VIH aux médicaments dresse un bilan détaillé du degré d’augmentation de la résistance aux médicaments et des mesures prises par les pays pour s’assurer que les populations recevront des médicaments efficaces pour traiter et prévenir le VIH.

Le rapport révèle qu’en 2020, 64 % des pays cibles (pays où le fardeau de l’infection par le VIH est élevé) disposaient de plans d’action nationaux pour prévenir, suivre et maîtriser la résistance du VIH aux médicaments. Ces plans s’inspirent du Plan d’action mondial contre la résistance du VIH aux médicaments 2017-2021, un plan multipartite coordonné et publié par l’OMS.

L’OMS encourage les pays à surveiller la résistance et recommande le suivi de la pharmacorésistance prétraitement du VIH chez les personnes qui commencent à prendre des médicaments antirétroviraux. L’Organisation recommande que lorsque la résistance prétraitement aux inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI) tels que la névirapine et l’éfavirenz atteint un seuil de 10 % pour un pays étudié, le traitement de première intention contre le VIH devrait être remplacé de toute urgence par un schéma thérapeutique plus robuste contenant du dolutégravir.

Le présent rapport indique qu’un nombre croissant de pays atteignent le seuil de 10 % de résistance prétraitement du VIH aux INNTI et que les personnes qui ont déjà été exposées à des médicaments antirétroviraux sont trois fois plus susceptibles de développer une résistance à la classe de médicaments INNTI. Ces résultats soulignent la nécessité d’accélérer la transition vers des régimes thérapeutiques contenant du dolutégravir dans les pays qui continuent d’utiliser un traitement antirétroviral à base d’INNTI.

Sur la base des résultats les plus récents d’enquêtes menées dans 10 pays d’Afrique subsaharienne, près de la moitié des nourrissons venant d’être diagnostiqués positifs pour le VIH sont infectés par un virus résistant aux médicaments avant d’entamer un traitement. Ces résultats soulignent la nécessité d’accélérer la transition en cours et l’importance d’utiliser un traitement antirétroviral à base de dolutégravir chez les jeunes enfants le plus tôt possible.

Depuis 2019, l’OMS recommande l’utilisation en premier choix du dolutégravir comme traitement de première et de deuxième intentions pour tous les groupes de population. Il est plus efficace, plus facile à prendre et a moins d’effets secondaires que les autres médicaments actuellement utilisés. Le dolutégravir présente également une barrière génétique élevée au développement de la pharmacorésistance, favorisant ainsi sa durabilité et son efficacité à long terme. Depuis que ces enquêtes ont été menées, de nombreux autres pays ont entamé la transition vers des régimes thérapeutiques contenant du dolutégravir, offrant aux populations une meilleure option de traitement et renforçant la lutte contre la résistance aux médicaments.

Dans le cadre d’activités de prévention combinées, la prophylaxie préexposition (PrEP) est une option de prévention efficace pour les personnes séronégatives présentant un risque important d’infection par le VIH. Une résistance est plus susceptible de se développer lorsque la PrEP est commencée par un patient atteint d’une infection aiguë par le VIH non diagnostiquée. À mesure que les pays mettent en œuvre la PrEP pour prévenir l’infection par le VIH, la prophylaxie devrait s’accompagner d’une surveillance de la résistance du VIH aux médicaments chez les personnes infectées malgré le traitement préventif.

Le rapport indique que le nombre de pays atteignant des niveaux élevés de suppression virale (≥90 %) est passé de 33 % en 2017 à 80 % en 2020. L’atteinte de niveaux élevés de suppression de la charge virale chez les populations recevant un traitement antirétroviral prévient tout à la fois la transmission du VIH, la morbidité et la mortalité associées au VIH et l’émergence d’une résistance du VIH aux médicaments.

Le rapport souligne également la nécessité d’une mesure systématique de la charge virale et d’un suivi étroit des personnes ne parvenant pas à supprimer leur charge virale, pouvant inclure un changement de traitement si cela est indiqué, afin d’obtenir des résultats de traitement à long terme favorables et durables. En outre, il est essentiel d’assurer la disponibilité et l’accessibilité continues de médicaments optimaux pour traiter les infections à VIH afin de prévenir la pharmacorésistance. Ces résultats soulignent la nécessité d’aider les pays à trouver de manière volontariste des solutions durables qui soient adaptées aux contextes locaux et qui puissent mobiliser les membres de la communauté et la société civile.

Alors que l’actuel Plan d’action mondial contre la résistance du VIH aux médicaments 2017-2021 touche à sa fin, le rapport recommande de futurs efforts mondiaux et nationaux pour déterminer de nouvelles possibilités de prévenir, de surveiller et de maîtriser la résistance du VIH aux médicaments, notamment par l’adaptation à l’évolution rapide du paysage des traitements et aux nouveaux modèles de prestation de services. Le ralentissement de la propagation de la résistance du VIH aux médicaments est un aspect essentiel de la riposte mondiale à la résistance aux antimicrobiens en général, qui nécessite une action coordonnée de tous les secteurs gouvernementaux et à tous les niveaux de la société.

« Ce rapport et cette surveillance désormais périodiques de la résistance du VIH aux médicaments obligent les pays à rendre des comptes, notamment à fournir un traitement et des soins de haute qualité contre le VIH, et à injecter des investissements ciblés dans la résistance aux antimicrobiens. À l’avenir, nous étendrons notre surveillance aux nouveaux antirétroviraux et à ceux qui sont délivrés en tant qu’agents à action prolongée à des fins de prévention et de traitement, pour que les personnes vivant avec le VIH puissent continuer de recevoir des antirétroviraux tout au long de leur existence », a déclaré Meg Doherty, Directrice des Programmes OMS mondiaux de lutte contre le VIH, l’hépatite et les IST.

Ce rapport sera discuté lors d’un webinaire organisé dans le cadre de l’édition 2021 de la Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens.