OMS/Yoshi Shimizu
Planification familiale au Tonga
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Selon une nouvelle étude de l’OMS, le nombre élevé de grossesses non désirées est lié au manque de services de planification familiale

25 octobre 2019
Actualités départementales
Genève

Une nouvelle étude menée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans 36 pays révèle que les deux tiers des femmes sexuellement actives qui souhaitent retarder ou limiter la maternité ont cessé de recourir à la contraception par crainte d’effets secondaires, en raison de problèmes de santé ou de sous‑estimation de la probabilité de tomber enceinte. Ainsi, une grossesse sur quatre est une grossesse non désirée.

Même si les grossesses non planifiées ne sont pas nécessairement synonymes de grossesses non voulues, elles peuvent entraîner de nombreux risques pour la santé de la mère et de l’enfant : malnutrition, maladie, mauvais traitements et défaut de soins, et même la mort. Les grossesses non désirées peuvent en outre entraîner des cycles de fécondité élevée, affaiblir le potentiel d’instruction et d’emploi et engendrer la pauvreté, des problèmes qui peuvent se perpétuer pendant plusieurs générations. 

Un besoin de services de planification familiale de qualité

Les méthodes de contraception modernes jouent un rôle essentiel dans la prévention des grossesses non désirées. Des études montrent que 85 % des femmes qui ont cessé d’utiliser un moyen de contraception sont tombées enceintes au cours de la première année. Parmi les femmes dont la grossesse non planifiée a mené à un avortement, la moitié avaient abandonné leur méthode contraceptive en raison de problèmes de santé, par crainte d’effets secondaires ou par manque de praticité.

Or, des conseils et un soutien efficaces en matière de planification familiale permettraient de résoudre bon nombre de ces problèmes. 

« Une planification familiale de qualité présente de nombreux avantages potentiels. Elle favorise non seulement l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant mais aussi le développement social et économique, l’éducation et l’autonomisation des femmes », explique la Dre Mari Nagai, ancienne médecin spécialisée en santé reproductive et maternelle au Bureau régional OMS du Pacifique occidental et l’une des auteurs du présent rapport. 

Constats et recommandations

Les grossesses non désirées demeurent un problème de santé publique majeur. Dans le monde, ce sont chaque année 74 millions de femmes vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire qui tombent enceintes de façon accidentelle. Il en résulte 25 millions d’avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité et 47 000 décès maternels chaque année. 

L’étude de l’OMS s’est intéressée à 4794 femmes qui sont tombées enceintes sans le vouloir après avoir arrêté d’utiliser un moyen de contraception : 56 % de ces femmes n’utilisaient pas de méthode contraceptive au cours des 5 années précédant leur grossesse, 9,9 % d’entre elles ont indiqué avoir utilisé une méthode traditionnelle (par exemple, méthode du retrait ou celle basée sur le calendrier), 31,2 % une méthode moderne à action brève (pilule ou préservatifs) et 2,6 % une méthode réversible à action prolongée (dispositif intra-utérin (DIU) ou implant).

L’étude insiste sur le besoin de services qui: 

  • favorisent une prise de décision partagée pour sélectionner et utiliser des méthodes de contraception efficaces qui répondent le mieux aux besoins et aux préférences des femmes ;
  • identifient rapidement les femmes et les filles qui ont des doutes sur la méthode qu’elles utilisent ;
  • permettent aux femmes et aux filles de changer de méthode de contraception tout en restant protégées grâce à des conseils efficaces et au respect de leurs droits et de leur dignité.

Occasions manquées d’aider les femmes à choisir leur méthode contraceptive

Une étude connexe de l’OMS, récemment publiée aux Philippines, a révélé que seulement 3 % des femmes souhaitant retarder ou limiter leurs grossesses ont reçu des conseils en contraception lors de leur dernière visite dans un établissement de santé, qu’elle que soit la raison de cette visite. Si l’on demandait aux femmes quels sont leurs besoins en matière de planification familiale, on pourrait éviter nombre des grossesses non planifiées et des avortements à risques qui ont lieu dans de nombreux pays d’Asie. Rien qu’aux Philippines, on estime à près de 2 millions le nombre de grossesses non désirées chaque année et à plus de 600 000 celui des avortements dangereux.

En l’absence de conseils adéquats, d’une amélioration de la qualité des services, de l’élargissement du choix de moyens de contraception efficaces et acceptables et du respect des droits de toutes les femmes et filles, la situation n’évoluera pas. L’équité est également une préoccupation importante. L’étude récente menée aux Philippines a montré que les femmes les moins instruites qui ne souhaitaient pas tomber enceintes étaient trois fois moins susceptibles d’utiliser des moyens de contraception modernes que les femmes les plus instruites. 

« L’accès à des informations et à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité et abordables, y compris un large éventail de méthodes contraceptives, peut jouer un rôle essentiel dans la construction d’un avenir plus sain pour les femmes et les filles et contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable », a déclaré le Dr Ian Askew, Directeur du Département Santé reproductive et recherche à l’OMS.

Permettre à davantage de personnes de bénéficier de moyens de contraception modernes

Si l’on parvient à surmonter les obstacles juridiques, politiques, sociaux, culturels et structurels, davantage de personnes pourront bénéficier de services de contraception efficaces. Ces services devront, premièrement, repérer les femmes susceptibles d’avoir des doutes quant à leur méthode de contraception et qui souhaitent en changer et, deuxièmement, leur fournir des conseils de qualité, sans stigmatisation, discrimination ou contrainte, afin de garantir le respect de leurs intentions en matière de procréation et la protection de leur santé sexuelle. Il est également essentiel d’améliorer les compétences des médecins, du personnel infirmier et des sages-femmes par la formation et le perfectionnement professionnel, afin qu’ils puissent fournir des conseils efficaces, centrés sur la famille, à toutes les femmes qui en ont besoin.