Les équipes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont effectué des missions à haut risque aux côtés de partenaires pour livrer des fournitures aux hôpitaux du nord et du sud de Gaza et ont constaté l’intensité des hostilités à proximité de ces établissements, le nombre élevé de patients et le surpeuplement causé par l’afflux de personnes déplacées fuyant le conflit.
« Aujourd’hui, je réitère mon appel à la communauté internationale pour qu’elle prenne des mesures urgentes contre le grave péril auquel la population de Gaza est confrontée et qui empêche les travailleurs humanitaires de venir en aide aux personnes souffrant de terribles blessures, de faim aiguë et gravement menacées par la maladie », a déclaré le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.
Dans le cadre de la dernière mission à haut risque de l’OMS, des équipes se sont rendues mardi 26 décembre dans deux hôpitaux – Al-Shifa dans le nord et Al-Amal, du Croissant-Rouge palestinien, dans le sud – pour livrer des fournitures et évaluer les besoins sur le terrain.
Les deux hôpitaux servent également d’abris pour les personnes déplacées cherchant une sécurité relative. À l’hôpital Al-Shifa, 50 000 personnes auraient trouvé refuge, et 14 000 à Al-Amal.
À Al-Shifa, l’OMS a fourni du combustible pour maintenir les services de santé essentiels en état de marche. En collaboration avec l’UNICEF, l’OMS a également approvisionné l’hôpital en fournitures médicales et, prêtant son appui à l’ONG partenaire World Central Kitchen, elle a livré du matériel pour assurer le fonctionnement d’une cuisine à Al-Shifa. Des fournitures médicales ont également été livrées à la pharmacie centrale de Gaza, qui servira de centre d’approvisionnement médical pour d’autres hôpitaux et sera soutenue par l’OMS et ses partenaires.
À Al-Amal, nos collègues ont constaté les conséquences des récentes frappes qui ont mis hors service la tour radio de l’hôpital et endommagé le système central de répartition des ambulances pour toute la région de Khan Younis, dont dépendent plus de 1,5 million de personnes. Sur les neuf ambulances dont disposait autrefois l’hôpital, seules cinq fonctionnent encore. Le personnel de l’OMS a déclaré qu’il était impossible de se déplacer à l’intérieur de l’hôpital sans enjamber des patients et des personnes cherchant refuge. Peu de toilettes fonctionnent dans l’hôpital, les bâtiments à usage collectif adjacents et les centres de formation du Croissant-Rouge palestinien pour les personnes qui s’y réfugient, le personnel et les patients de l’hôpital.
Lors de sa traversée de Gaza, le personnel de l’OMS a vu des dizaines de milliers de personnes fuir les frappes violentes dans la région de Khan Younis et du centre, à pied, à dos d’âne ou en voiture. La population construisait des abris de fortune le long de la route.
« L’OMS craint fortement que ce nouveau déplacement de population ne mette encore plus en difficulté les établissements de santé du sud, qui ont déjà du mal à répondre aux besoins immenses de la population », a déclaré le Dr. Rik Peeperkorn, Représentant de l’OMS au bureau de l’OMS pour la Cisjordanie et Gaza. « Ce déplacement forcé d’un très grand nombre de personnes augmentera aussi le surpeuplement, aggravera le risque de maladies infectieuses et rendra plus difficile encore l’acheminement de l’aide humanitaire. »
Selon les dernières évaluations de l’OMS, Gaza compte 13 hôpitaux qui fonctionnent partiellement, deux qui fonctionnent à peine et 21 qui ne fonctionnent pas du tout.
Parmi ceux-ci se trouve le complexe médical Nasser, qui est l’hôpital de référence le plus important du sud de Gaza, et qui ne fonctionne que partiellement. Les informations récentes selon lesquelles l’ordre aurait été donné d’évacuer les zones résidentielles autour de l’hôpital sont extrêmement préoccupantes.
« Lorsque les opérations militaires s’intensifieront près de l’hôpital, les ambulances, les patients, le personnel, l’OMS et ses partenaires ne pourront pas accéder au complexe, et rapidement, cet hôpital clé pourra à peine fonctionner », a déclaré le Dr. Peeperkorn. « C’est ce qui s’est trop souvent produit dans le Nord. Gaza ne peut pas se permettre de perdre d’autres hôpitaux. L’OMS s’emploie à renforcer et à étendre le système de santé existant mis à mal. »
Le personnel de l’OMS a également signalé mardi que les besoins alimentaires restaient très importants dans la bande de Gaza. Des personnes affamées ont de nouveau arrêté nos convois aujourd’hui dans l’espoir de trouver de la nourriture.
La capacité de l’OMS à fournir des médicaments, des fournitures médicales et du combustible aux hôpitaux est de plus en plus limitée par la faim et le désespoir dont souffrent les personnes qui se dirigent vers ces hôpitaux et celles qui s’y trouvent.
Le Dr. Tedros a déclaré : « La sécurité de notre personnel et la continuité des opérations dépendent de l’arrivée immédiate d’une plus grande quantité de nourriture dans tout Gaza. Mes propres collègues sont également directement et personnellement touchés par le conflit, comme presque tout le monde à Gaza. Je continue de recevoir des nouvelles déchirantes m’apprenant la mort de membres de la famille de nos employés à Gaza. »
« La récente résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies permettait d’espérer une amélioration de la distribution de l’aide humanitaire à Gaza », a ajouté le Dr. Tedros. « Mais, d’après les témoignages des équipes de l’OMS sur le terrain, la résolution n’a malheureusement pas encore eu d’effet. Ce dont nous avons besoin de toute urgence, c’est d’un cessez-le-feu pour épargner aux civils de nouvelles violences et entamer le long chemin vers la reconstruction et la paix. »