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Preventing and responding to sexual misconduct training held for healthcare workers in Yemen, 2023.
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Yémen : une collaboration innovante pour lutter contre l’inconduite sexuelle

28 novembre 2023
Actualités départementales

Dans le sud du Yémen, les initiatives de l’OMS en matière de prévention et de lutte contre l’inconduite sexuelle progressent. Début 2023, des séances de formation sur la prévention de l’inconduite sexuelle ont commencé à être organisées dans un réseau de 17 unités de santé mentale mis en place par l’OMS dans cette région. Cette initiative a permis d’établir une coopération avec les agents de santé pour soutenir les victimes potentielles d’inconduite sexuelle et de mieux aligner l’action de l’OMS avec les États Membres afin de produire un changement plus profond.

Fort d’une longue expérience dans le domaine de la santé mentale (il a notamment apporté ses compétences en la matière pour la rédaction de la Stratégie nationale pour la santé mentale au Yémen 2022-2026), Ibrahim Abou Khalil est aujourd’hui l’administrateur technique chargé de la prévention et de la lutte contre l’inconduite sexuelle (PRS) pour le bureau de l’OMS au Yémen. Il a été amené à dispenser une formation complète sur la PRS car, comme il le dit lui-même : « Je ne peux pas travailler sur la question de la santé sans aborder celle de la protection et de l’éducation. C’est un tout. »

Dans le cadre des séances de formation à la PRS, M. Abou Khalil fournit aux agents de santé des informations sur les directives du Comité permanent interorganisations (CPI) et sur les travaux de l’OMS dans ce domaine : engagement de l’Organisation ; définition de l’exploitation, des abus et du harcèlement sexuels ; responsabilisation du personnel d’aide humanitaires et de ses activités ; gestion des signalements d’actes d’inconduite sexuelle ; et mise en œuvre de l’approche centrée sur les victimes et les survivants autour de laquelle l’OMS concentre ses activités de PRS.

« Les séances de formation ont pour but de sensibiliser à l’inconduite sexuelle, mais aussi de permettre au personnel médical de savoir gérer les patients qui se présentent dans ces unités [de santé mentale] grâce à une approche centrée sur les victimes et les survivants », précise M. Abou Khalil. Il rédige actuellement des modes opératoires normalisés pour l’assistance aux victimes, adaptés à la situation du pays.

Cependant, la conception d’une formation ciblée en matière de PRS soulève des difficultés. Non seulement le Yémen est un pays divisé sur le plan politique, mais le conflit généralisé fait de sa population l’une des plus vulnérables au monde. En effet, plus de 23,4 millions de personnes y ont besoin d’une aide humanitaire sous une forme ou une autre. Par conséquent, les risques d’inconduite sexuelle sont beaucoup plus nombreux, étant donné que nombre de programmes de l’OMS dans le pays nécessitent d’entrer en contact direct avec les populations locales. À ces risques s’ajoutent des considérations culturelles et religieuses qui font de l’approche de la question de l’inconduite sexuelle un sujet délicat.

Pour que les séances de formation soient efficaces, M. Abou Khalil reste attentif à ces particularités, qui sont importantes si l’on veut bâtir des liens de confiance au sein du réseau. « Lorsque le plan annuel de mise en œuvre a été lancé, je m’en suis procuré les grandes lignes et je l’ai adapté à la réalité du Yémen. J’y ai recensé des besoins et des activités spécifiques, puis j’ai défini des indicateurs pour les mesurer, explique-t-il. À la fin de l’année, mon équipe et moi-même passons en revue ce qui a été mis en œuvre et les lacunes qui subsistent. »

Des séances de formation de l’OMS à l’intention des agents de santé ont été organisées dans plusieurs grandes villes (Aden, Lahj, Al-Daleh et Abyan). Le ministère yéménite de la santé publique et de la population a constaté qu’elles avaient un impact positif sur les 17 unités de santé mentale que compte le sud du Yémen et a demandé que des séances supplémentaires soient organisées à l’intention d’autres agents de santé.

« Le travail que nous accomplissons est important, affirme M. Abou Khalil. L’OMS a déjà fait beaucoup, mais il reste encore beaucoup à faire. Les effets se feront sentir plus tard. »