Ligne directrice de l’OMS sur la chimiothérapie préventive comme mesure de santé publique pour lutter contre l’anguillulose

Vue d’ensemble

La strongyloïdose humaine est une maladie parasitaire chronique causée par une infection à Strongyloides stercoralis, un helminthe transmis par le sol qui infecte entre 300 et 600 millions de personnes dans le monde. Cette maladie tropicale négligée (MTN) est endémique dans le monde entier, principalement en Asie du Sud-Est, en Afrique et dans le Pacifique occidental, ainsi qu’en Amérique du Sud et centrale. La strongyloïdose présente un large éventail de présentations cliniques, notamment une maladie subclinique, une maladie symptomatique (souvent accompagnée de diarrhée, de douleurs abdominales et d’urticaire) et une complication rare mais mortelle de l’hyperinfection avec maladie disséminée. La complication redoutée de la strongyloïdose disséminée peut survenir dans le cadre d’affections immunodéprimées (par exemple, infection par le virus lymphotrope T humain de type 1 et tumeurs malignes) ou de médicaments immunosuppresseurs (par exemple, stéroïdes) et a un taux de létalité estimé à plus de 60%. Le traitement standard de l’infection chronique à S. stercoralis est un médicament oral à base d’ivermectine.

Ces dernières années, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été contactée par les ministères de la Santé de plusieurs pays où la strongyloïdose est endémique pour obtenir des conseils sur la façon de traiter la maladie en tant que problème de santé publique, car il n’existe actuellement aucune directive de l’OMS. Bien qu’il n’existe pas de programmes de santé publique spécifiquement destinés au contrôle de la strongyloïdose, dans certains contextes, des programmes d’administration massive de médicaments à grande échelle (AMM) à base d’ivermectine sont mis en œuvre pour contrôler la filariose lymphatique et l’onchocercose. Ces programmes ont démontré une réduction de la prévalence de l’infection à S. stercoralis, ce qui suggère que la chimiothérapie préventive pourrait être une stratégie de santé publique potentielle dans les zones endémiques de strongyloïdose. De plus, les brevets secondaires de l’ivermectine ont maintenant expiré, ce qui a conduit à la préqualification de deux formulations génériques d’ivermectine par l’OMS en 2020 et 2021 avec des prix préférentiels pour une utilisation en santé publique.

En 2021, l’OMS a publié une feuille de route pour guider la stratégie mondiale et les objectifs de lutte contre les MTN de 2021 à 2030. Cette stratégie mondiale soulignait la nécessité d’obtenir des directives formelles sur l’opportunité de recommander une chimiothérapie préventive contre la strongyloïdose et offrait l’occasion d’intégrer des programmes de lutte contre la strongyloïdose dans les programmes de santé publique existants pour les MTN. Ces programmes pourraient s’adresser uniquement aux enfants d’âge scolaire (c’est-à-dire à la chimiothérapie préventive ciblée) ou à l’ensemble de la communauté (c’est-à-dire à la MDA) dans les milieux endémiques. Par conséquent, un groupe d’élaboration de lignes directrices (GDG) a été mis sur pied pour examiner la nécessité de contrôler la strongyloïdose et d’élaborer des lignes directrices.

L’objectif de cette directive de l’OMS est aligné sur celui de l’Objectif de développement durable 3 : « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge » et sur la résolution de l’Assemblée mondiale de la Santé visant à élargir l’accès aux interventions de prévention, de diagnostic, de traitement et de soins pour les MTN en tant que contribution à la réalisation de la couverture sanitaire universelle d’ici 2030.

Son objectif est de fournir une recommandation fondée sur des données probantes sur la question de savoir si la chimiothérapie préventive à l’ivermectine en tant qu’intervention de santé publique pour réduire le fardeau de la maladie causée par la strongyloïdose devrait :

  • être mis en œuvre en tant que programme ciblant à la fois les adultes et les enfants d’âge scolaire (c’est-à-dire les AMM) dans les milieux endémiques qui se situent au-dessus d’un seuil de prévalence défini de strongyloïdose ;
  • être mis en œuvre en tant que programme scolaire seul (c’est-à-dire une chimiothérapie préventive ciblée) dans des milieux endémiques qui se situent au-dessus d’un seuil de prévalence défini de strongyloïdose ; ou
  • ne pas être mis en œuvre par une chimiothérapie préventive et être administré à la suite de soins cliniques standard de cas individuels.

Cette recommandation de santé publique n’a pas pour but de remplacer une norme de soins pour le traitement de la strongyloïdose clinique. Aucune approche de santé publique ne remplace la nécessité d’un diagnostic et d’un traitement rapides de la strongyloïdose par des soins de santé accessibles


Éditeurs
Organisation mondiale de la Santé
Numéro de pages
74
Numéro de référence
ISBN: 978-92-4-009916-6
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