Allocution du Dr Shin Young-soo, Directeur régional pour le Pacifique occidental, à l’intention du Comité régional du Pacifique occidental

10 October 2016

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les représentants des États Membres et des organisations partenaires,
Chers collègues, Mesdames et Messieurs :

Bonjour et bienvenue à la soixante-septième session du Comité régional de l’Organisation mondiale de la Santé pour le Pacifique occidental.

Cette session aura un caractère spécial.

Ce Comité régional, qui sera saisi des grandes questions à l’ordre du jour, sera également le dernier pour notre très estimé Directeur général, Dr Margaret Chan.

Madame Chan continuera de diriger l’Organisation jusqu’à juin prochain. Je souhaiterais cependant saisir cette occasion pour exprimer notre fierté devant les nombreuses réalisations de cette fière fille du Pacifique occidental.

Beaucoup ignorent encore que le Dr Chan n’avait à l’origine aucune intention d’étudier la médecine. Elle a commencé comme enseignante ; elle est aujourd’hui la figure emblématique de la santé publique dans le monde.

Beaucoup ont entendu parler pour la première fois du Dr Chan lorsqu’elle était Directeur de la santé à Hong Kong pendant l’épidémie de grippe aviaire de 1997. Sa gestion décisive de la crise lui a valu le respect de la communauté internationale — mais elle ne s’est pas fait beaucoup d’amis parmi les éleveurs de volaille de Hong Kong !

Sous la direction du Dr Chan, l’OMS a lancé, de sa propre initiative, une série de vastes réformes. Dr Chan a rendu l’Organisation plus vigoureuse et plus efficace, et beaucoup plus à l’écoute des États Membres.

Son charme, allié à un franc-parler sur des questions sensibles, ont fait d’elle une illustre personnalité parmi la communauté diplomatique et les partenaires mondiaux. Sa notoriété a rehaussé la stature de l’Organisation, devenue aujourd’hui la plus grande et la plus transparente des institutions des Nations Unies.

Avec 194 États Membres, six directeurs régionaux élus et un Siège immense, l’OMS compte parmi les organisations les plus complexes et les plus difficiles à gérer.

Pour mettre fin au cloisonnement de la direction, le Dr Chan a porté la coopération à de nouveaux sommets. Elle a créé des mécanismes visant à rendre la prise de décision plus participative et davantage axée sur la collaboration.

Vous pouvez observer cette nouvelle démarche dans le Groupe de politique mondiale qu’elle a créé.

Ce groupe est devenu un forum qui permet aux Directeurs régionaux et au Directeur général de se réunir régulièrement pour réfléchir aux questions les plus graves auxquelles l’OMS doit répondre. Les États Membres sont nombreux à souhaiter que ce groupe devienne permanent.

Margaret et moi-même sommes devenus amis bien avant d’occuper nos postes actuels. Néanmoins, je pense parler au nom de tous les Directeurs régionaux et Ministres lorsque je dis qu’elle nous manquera immensément.

Chaque année, je tiens à profiter de l’occasion qui m’est offerte de souligner nos réalisations communes au cours des 12 derniers mois, ainsi que les défis que nous aurons à relever dans la Région.

Vous avez tous reçu un exemplaire de mon rapport détaillé couvrant la période de juillet 2015 à juin 2016 – Le Rapport du Directeur régional : l’activité de l’OMS dans la Région du Pacifique occidental.

Le Bureau régional, la Division Appui technique dans le Pacifique et les bureaux de pays de l’OMS dans toute la Région ont, au cours de l’année écoulée, travaillé à l’unisson pour servir les États Membres.

Il est souvent difficile de mesurer les progrès accomplis d’une année sur l’autre. Les épidémies, les situations d’urgence, et tous autres problèmes de santé publique n’ont pas coutume de suivre un calendrier.

Cela étant, dans l’action que nous menons, nous nous en tenons dans toute la mesure possible à nos stratégies et à nos calendriers, particulièrement pour ce qui concerne les efforts de préparation et de prévention. Cette approche anticipative est précisément la raison pour laquelle nous avons fini par accomplir des progrès significatifs face aux plus graves menaces qui pèsent sur la santé publique dans la Région.

De ce fait, les résultats sanitaires ont continué de s’améliorer dans les États Membres, qui ont enregistré des avancées notables dans la lutte contre les maladies transmissibles et non transmissibles.

La morbidité et la mortalité dues aux maladies transmissibles continuent de reculer. En même temps, nous savons de mieux en mieux comment nous attaquer aux principaux facteurs de risque de maladies non transmissibles, lesquelles sont responsables de près de 80 % des décès de la Région.

Les systèmes de santé deviennent plus robustes, et les États Membres sont de plus en plus nombreux à prendre des mesures importantes en faveur de la couverture sanitaire universelle. Les États Membres sont également mieux préparés à contrer les menaces que font peser les catastrophes, les urgences et les maladies infectieuses émergentes.

Depuis le premier jour de mon premier mandat, j’ai fait de l’obtention de résultats au niveau national une priorité absolue. Et c’est à l’aune de ces résultats que nous nous devons tous de mesurer l’efficacité de notre action.

C’est la raison pour laquelle nous nous efforçons de veiller à ce que nos stratégies de coopération nationale tiennent compte des priorités et des besoins des États Membres.

Des stratégies de coopération nationale renouvelées ont été mises en œuvre l’an dernier pour le Cambodge, la Chine et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. D’autres sont prêtes à être lancées en Malaisie, en Mongolie, aux Philippines et dans la République démocratique du Lao, ainsi que dans les États et Territoires du Pacifique.

Dans l’ensemble de la Région, nous avons renforcé nos partenariats stratégiques et nos relations avec les donateurs. Je suis fier de pouvoir vous annoncer que nous n’avons aucun rapport en souffrance à l’intention des donateurs, et que nous sommes la seule Région à pouvoir le dire !

Le Pacifique occidental a de nouveau conservé son statut de Région exempte de poliomyélite. Vous êtes peut-être fatigué de l’entendre répéter, mais moi je ne me lasse jamais de vous le dire !

La Région continue également de donner le ton, à l’échelle mondiale, dans l’action menée pour combattre l’hépatite.

Au niveau de la Région, nous avons atteint la cible consistant à ramener à moins de 1 % le taux d’infections chroniques à hépatite B chez les enfants de 5 ans. Nous avons un an et demi d’avance sur l’échéance de 2017.

Les pays vont maintenant au-delà de la vaccination. Nous renforçons notre appui pour répondre aux besoins des individus qui vivent avec la maladie et pour obtenir, dans toute la mesure possible, des médicaments qui soigneront l’hépatite virale.

Depuis mars, l’Australie a administré à plus de 26 000 patients de nouveaux médicaments destinés à soigner l’hépatite C.

En Mongolie, plus de 6 000 personnes souffrant d’hépatite C ont été soignées depuis le mois de novembre avec de nouveaux médicaments. En Mongolie, les médicaments curatifs génériques coûtent aujourd’hui moins de 500 dollars des États-Unis par traitement et se sont avérés efficaces à près de 100 %.

La demande en faveur de ces nouveaux traitements est élevée. Or, dans une grande partie de la Région, ces médicaments restent soit indisponibles soit trop coûteux. Nous nous devons de résoudre ce problème.

L’année écoulée a marqué une étape importante dans la lutte contre la tuberculose, avec l’introduction d’approches novatrices, de nouveaux produits de diagnostic et de nouveaux médicaments. Il existe un nouveau traitement pour la tuberculose résistante aux médicaments, qui est beaucoup plus court, et qui, nous l’espérons, améliorera l’adhésion au régime adopté pour lutter contre la multirésistance aux médicaments.

Notre lutte contre le paludisme s’est poursuivie comme prévu. Neuf des 10 pays d’endémie ont atteint la cible des objectifs du Millénaire pour le développement liée au paludisme.

Le Cadre d’action régional pour la maîtrise et l’élimination du paludisme dans le Pacifique occidental 2016–2020 est à l’ordre du jour de demain. Ce cadre d’action sous-tendra les efforts consentis pour éliminer cette maladie responsable de décès et d’invalidité depuis des siècles.

Toujours à l’ordre du jour de demain, figurera le projet de Plan d’action régional pour la prévention et l’élimination de la dengue dans le Pacifique occidental (2016).

En dépit de tous les efforts des États Membres, de l’OMS et de nos partenaires, nous n’avons remporté qu’un succès relatif dans la lutte contre la dengue. Nous n’avons pas atteint les cibles que nous nous étions fixées en 2008 lorsque le Comité régional avait approuvé le dernier plan stratégique de lutte contre la dengue.

Tandis que les taux de létalité ont été réduits de moitié entre 2008 et 2015, le nombre de cas de dengue a plus que doublé. Le nouveau projet de plan d’action, élaboré à l’issue de vastes consultations auprès des États Membres et des experts, apporte de nouvelles orientations sur les mesures à prendre pour ralentir l’expansion de la dengue, et nous permettre à terme de maîtriser la maladie.

J’attends avec impatience d’engager un débat animé sur la dengue.

Le plan d’action nous aidera à combattre non seulement la dengue, mais aussi d’autres arboviroses transmises par les moustiques du genre Aedes, notamment le chikungunya et la maladie à virus Zika.

Même si le virus Zika est plus répandu dans les Amériques, vous vous souviendrez que la première épidémie a été enregistrée dans les États fédérés de Micronésie en 2007.

Lorsque le virus Zika a récemment réapparu dans la Région, l’OMS a immédiatement renforcé ses activités de surveillance et de riposte. Dans une récente vidéoconférence, l’Organisation et les ministres de la santé de 10 États Membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est se sont engagés à prendre des mesures visant expressément à prévenir et à maîtriser la maladie à virus Zika.

Cet après-midi, notre personnel technique tiendra une réunion d’information spécialement consacrée au virus Zika.

En général, la Région du Pacifique occidental demeure un foyer de maladies infectieuses émergentes, de catastrophes et d’autres urgences de santé publique. Nous continuons d’investir dans la préparation, particulièrement pendant les périodes d’accalmie entre les épidémies et les urgences.

En fait, notre Région est le chef de file des activités de préparation et d’intervention menées à l’échelle mondiale.

Je suis heureux de constater que 20 des 27 États Parties ont déclaré avoir acquis les principales capacités requises aux termes du Règlement sanitaire international, également appelé RSI (2005).

Au cours de l’année écoulée, nous avons mené de vastes consultations auprès des États Membres afin d’actualiser la Stratégie de lutte contre les maladies émergentes pour l’Asie et le Pacifique. Les mises à jour reposent sur dix années de mise en œuvre.

La nouvelle stratégie rendra la Région mieux à même de faire face à toute sorte d’épidémie, de catastrophe ou d’urgence sanitaire que l’avenir lui réserve.

Cette semaine, le Comité régional examinera pour adoption la nouvelle Stratégie Asie-Pacifique pour la maîtrise des maladies émergentes et la gestion des urgences de santé publique, également appelée SMEAP III.

À l’échelle mondiale, la plus grave épidémie d’Ebola jamais survenue en Afrique de l’Ouest a conduit à une réforme des procédures d’urgence de l’OMS. Le nouveau Programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire rendra l’Organisation mieux à même de faire face aux épidémies et aux urgences partout dans le monde.

La Région du Pacifique occidental s’est engagée à se conformer à cette nouvelle structure mondiale.

De bien des façons, nous avons rapproché les connaissances et l’action. Ne regardez pas plus loin que notre programme pour les soins essentiels du nouveau-né pour voir comment des connaissances ont été traduites en actions destinées à sauver des vies humaines.

Dans l’ensemble de la Région, nous avons amélioré les pratiques cliniques à l’intention des nouveau-nés dans plus de 2 200 établissements de santé. Jusqu’à présent, plus de 27 000 agents sanitaires ont été formés à la prestation de soins aux nouveau-nés. Et ce n’est qu’un début.

En avril, le Bureau régional a convoqué la toute première réunion d’experts non gouvernementaux et de défenseurs de la lutte contre le diabète. Le lendemain, Journée mondiale de la Santé, la communauté diplomatique et les parties prenantes nous ont rejoints ici même pour participer à la campagne sur le diabète.

Au cours de l’année écoulée, une attention accrue a été accordée aux risques sanitaires liés à l’environnement, à savoir l’eau insalubre et les mauvaises conditions d’assainissement, la pollution atmosphérique et les changements climatiques. Demain, le Comité régional examinera, pour adoption, le projet de Cadre d’action régional du Pacifique occidental sur la santé et l’environnement dans un monde en mutation.

Beaucoup de défis sanitaires sont plus difficiles à relever dans le Pacifique. L’existence de petites populations dispersées dans le plus vaste océan du monde implique pour l’OMS de fournir à celles-ci un appui adapté à leurs besoins spécifiques en vue d’améliorer la santé et le bien-être .

La proportion de décès prématurés dans le Pacifique dus aux maladies non transmissibles demeure parmi la plus élevée au monde, tandis que les maladies transmissibles restent un lourd fardeau.

Les changements climatiques constituent également une menace claire et présente pour les îles du Pacifique de faible altitude. Dans le cadre d’un programme pilote, nous avons récemment lancé un projet quinquennal destiné à soutenir, dans le Pacifique, la mise en place de systèmes de santé résistants au climat. Ce projet vise à renforcer la gouvernance et les politiques, les systèmes d’alerte rapide et la prestation de services.

Devant l’extrême vulnérabilité des îles du Pacifique face aux urgences de santé publique, l’OMS s’est attachée à acquérir les capacités principales requises aux termes du RSI (2005) et à mettre en œuvre la SMEAP.

Pour l’avenir, les nouveaux objectifs de développement durable, les ODD, prévoient 17 objectifs assortis de 169 cibles à atteindre d’ici à 2030. Vous n’êtes pas sans savoir que l’ODD3 est l’objectif qui promeut une bonne santé et le bien-être de tous à tout âge.

L’OMS tient beaucoup à aider les États Membres à hiérarchiser les mesures prévues pour atteindre les ODD. À cette fin, le Comité régional examinera cette semaine, pour adoption, le Programme d’action régional pour la réalisation des objectifs de développement durable dans le Pacifique occidental.

Conformément à l’ensemble de nos stratégies et plans régionaux, le programme d’action sur les ODD a été élaboré en étroite consultation avec les États Membres.

Revenant sur nos réalisations et réfléchissant aux possibilités de demain, je me rends compte que les relations que nous entretenons avec nos États Membres sont le fondement même de notre succès.

Dans le Pacifique occidental, la coopération et la collaboration ne sont pas seulement des mots, pas plus que la formule « Maintenir les pays au centre de l’action » n’est une simple devise.

Ces principes président à tout ce que nous faisons, et ce que nous ferons encore mieux à l’avenir !

Nous tiendrons une manifestation parallèle spécialement consacrée à la coopération et à la coordination avec le Bureau régional et les bureaux de pays pour réfléchir à la façon d’assister au mieux nos États Membres.

Je suis résolu à veiller à ce que l’OMS fonctionne sans discontinuité, comme une seule et unique entité, dans l’action qu’elle mène pour appuyer les États Membres de la Région.

Les huit années que je viens de passer à vos côtés en qualité de Directeur régional ont été les plus gratifiantes de ma carrière. Et aujourd’hui, je suis déterminé à faire en sorte que mes deux dernières années soient les plus fructueuses.

Ensemble, nous avons, ces dernières années, réalisé des avancées considérables sur un grand nombre de questions de santé publique. Mais, comme vous, je me concentre toujours sur les défis de demain.

Il s’agit de notre première session depuis le lancement des ODD, et le commencement de ce qui sera une nouvelle ère de développement mondial.

La santé occupe finalement la place qui lui revient, au centre des plans mondiaux de développement.

Le développement économique a été rapide dans le Pacifique occidental. Des hommes et des femmes pleins d’ardeur et leurs dirigeants ont été les agents d’une plus grande prospérité. Nous nous devons maintenant de les égaler sur le plan de la santé publique.

En effet, 1,9 milliard de personnes qui vivent dans cette magnifique Région comptent sur nous pour enrichir leur vie, sur le plan de la santé et du bien-être.

Je vous remercie.