En cas de pénurie de vaccin antiamaril, une dose correspondant à un cinquième de la dose normale pourrait être administrée pour combattre une flambée de fièvre jaune.
Des experts ont appuyé cette proposition lors d’une réunion organisée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour étudier les pénuries potentielles de vaccin antiamaril résultant des flambées de fièvre jaune survenues en Angola et en République démocratique du Congo.
Le Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination (SAGE) de l’OMS a examiné les données actuelles montrant que l’administration d’une dose de vaccin correspondant à un cinquième de la dose normale suffit à conférer une protection contre la fièvre jaune pendant au moins 12 mois, voire beaucoup plus.
Cette méthode, dite à doses fractionnées, est envisagée à titre de mesure à court terme dans le contexte d’une pénurie potentielle de vaccins en situation d’urgence. Cette approche n’est pas proposée pour la vaccination systématique car on ne dispose pas encore de données suffisantes pour démontrer qu’une dose réduite de vaccin offre une protection à vie, à l’instar de la dose complète.
« Les flambées de fièvre jaune apparues en Angola, dans la République démocratique du Congo et en Ouganda se traduisent par une demande en vaccins sans précédent pour mener des campagnes de vaccination d’urgence visant à endiguer la propagation de la maladie », explique Jon Abramson, Président du Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination (SAGE) de l’OMS.
« Pour l’instant, le stock mondial contient suffisamment de vaccins pour répondre aux besoins des flambées en cours, tant que ces dernières ne s’étendent pas davantage. Cependant, compte tenu de l’ampleur de la propagation en Angola et du risque de progression incontrôlée de la maladie dans la ville de Kinshasa (République démocratique du Congo), l’OMS et ses partenaires envisagent sérieusement d’adopter une stratégie d’économie des doses pour prévenir la transmission à l’aide de campagnes de vaccination à grande échelle. »
À la demande du Comité d’urgence concernant la fièvre jaune, convoqué par le Directeur général de l’OMS le 19 mai, le Secrétariat de l’OMS a exploré, sur la base des données existantes, les options d’augmentation des stocks de vaccins pour faire face aux situations d’urgence.
Le SAGE a été chargé d’examiner les données et les options présentées par l’OMS. Il devrait procéder à une évaluation formelle et formuler des recommandations sur l’utilisation de doses réduites de vaccin antiamaril en octobre 2016.
En attendant, le SAGE a indiqué que les données disponibles sont suffisantes pour établir que l’administration d’une dose fractionnée de vaccin antiamaril correspondant à un cinquième de la dose normale (0,1 ml au lieu de 0,5 ml) pourrait constituer une option sûre et efficace dans le cadre de campagnes de vaccination de masse visant à maîtriser des flambées urbaines en cas de pénurie grave de vaccins.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer l’efficacité des doses fractionnées chez les jeunes enfants, ces derniers pouvant présenter une réponse immunitaire plus faible au vaccin antiamaril.
Les aspects pratiques de l’administration des doses réduites doivent être étudiés de manière plus approfondie, notamment pour ce qui est de l’approvisionnement de seringues adaptées.
Le Règlement sanitaire international prescrit l’administration d’une dose complète aux voyageurs
La fièvre jaune est la seule maladie mentionnée dans le Règlement sanitaire international (RSI) pour laquelle les pays peuvent exiger des voyageurs une preuve de vaccination comme condition d’entrée. Le RSI a été amendé en 2014 pour indiquer qu’une dose unique de vaccin suffit à conférer une immunité à vie, la décision ayant donc été prise d’étendre la validité du certificat de vaccination à toute la durée vie des personnes vaccinées. Tous les pays sont tenus de respecter cet amendement, qui entrera en vigueur le 11 juillet 2016.
L’administration d’une dose fractionnée de vaccin antiamaril ne répond pas aux critères fixés pour l’obtention d’un certificat de vaccination contre la fièvre jaune au titre du RSI. Les voyageurs devront donc recevoir une dose complète pour pouvoir bénéficier d’un certificat de vaccination antiamarile.
Stock mondial
L’OMS a préqualifié les vaccins antiamarils de quatre fabricants différents, qui produisent un volume annuel combiné d’environ 80 à 90 millions de doses. La préqualification d’un vaccin ou d’un médicament signifie que ce produit répond aux normes élevées de qualité, de sécurité et d’efficacité de l’OMS.
Le stock mondial, financé par l’Alliance GAVI, contient 6 millions de doses par an pour les situations d’urgence, une quantité qui a déjà été épuisée deux fois depuis le mois de février de cette année. À ce jour, l’OMS et ses partenaires ont envoyé quelque 18 millions de doses de vaccins à l’Angola, la République démocratique du Congo et l’Ouganda à titre de mesure d’urgence pour combattre les flambées actuelles.
Outre l’utilisation de doses fractionnées, le groupe SAGE de l’OMS étudie les moyens pouvant être mis en œuvre pour prévenir les flambées de fièvre jaune à long terme, en renforçant les campagnes de vaccination de rattrapage de masse et en améliorant la vaccination systématique de l’enfant dans les pays touchés par la fièvre jaune.
La stratégie de riposte de l’OMS face aux flambées en cours repose sur cinq domaines d’action, en coordination avec les partenaires : surveillance et évaluation du risque, vaccination, prise en charge des cas, mobilisation sociale et communication des risques, et lutte antivectorielle.