Aperçu de la situation
Description de la situation
Le 7 février 2020, le point focal national chilien du RSI a informé l’Organisation panaméricaine de la Santé/Organisation mondiale de la Santé (OPS/OMS) de la détection de trois cas autochtones confirmés de dengue sur l’Île de Pâques. Les cas ont été diagnostiqués par amplification en chaîne par polymérase (PCR) le 6 février et la caractérisation microbiologique a déterminé que les cas étaient dus au sérotype 2 (DENV-2 par PCR). La confirmation en laboratoire a été effectuée par le laboratoire national de référence de l’Institut chilien de santé publique le 6 février 2020.
Il s’agit là des premiers cas confirmés de dengue dus au DENV-2 signalés sur l’Île de Pâques en 2020, concernant tous des femmes, âgées de 27 à 49 ans. Les symptômes sont apparus entre le 27 janvier et le 6 février 2020 et il n’y avait pas d’antécédents de voyage.
C’est en 2000 que la présence du vecteur A. aegypti, a été confirmée sur l’Île de Pâques et la première flambée de dengue due au DENV-1 a été notifiée en 2002. En 2009, deux cas autochtones dus au DENV-4 ont été détectés ; puis en 2016, 2017 et 2018 respectivement 33, 2 et 18 cas dus au DENV-1 ont été notifiés. En tout en 2019, 38 cas de dengue ont été notifiés sur l’Île de Pâques (28 cas autochtones à DENV-1, neuf cas importés de Tahiti (quatre cas à DENV-1 et cinq à DENV-2) et un cas autochtone présumé à DENV-1). Aucun cas de dengue sévère n’a été signalé en 2019.
Entre 2009 et le début de 2020, seul le sérotype DENV-1 a été observé dans les cas autochtones.
La densité des vecteurs compétents sur l’Île de Pâques pourrait potentiellement contribuer à la propagation de la maladie sur l’ensemble de l’île.
Action de santé publique
Les mesures suivantes ont été mises en œuvre par les autorités locales de santé publiques :
- Renforcement de la surveillance épidémiologique active et passive, y compris de la surveillance syndromique.
- Renforcement et intensification de la surveillance des vecteurs et de la lutte antivectorielle.
- Formation des professionnels de la santé à la détection précoce des signes avant-coureurs de dengue sévère et à la prise en charge clinique appropriée des patients.
- Mise en œuvre d’une stratégie de communication sur les risques aux fins de la sensibilisation locale.
Évaluation du risque par l’OMS
La dengue est une maladie fébrile qui touche le nourrisson, le jeune enfant et l’adulte et dont les symptômes sont une fièvre légère à forte, des céphalées, des douleurs rétro-orbitaires, des douleurs musculaires et articulaires et des éruptions cutanées. Elle est transmise par la piqûre d’un moustique infecté par un des quatre sérotypes du virus de la dengue.
L’introduction du sérotype DENV-2 dans cette population, dont la majorité a déjà une infection primaire par le DENV-1, peut présenter un risque de cas de dengue sévère dus à des infections secondaires.
L’Île de Pâques a un climat subtropical. La température annuelle moyenne est de 20,5°C avec de faibles variations saisonnières ne dépassant généralement pas 7°C. L’été dure du 21 décembre au 21 mars, janvier et février étant les mois les plus chauds avec une température moyenne maximale de 28°C et minimale de 15°C.
L’Île de Pâques est reliée par des vols hebdomadaires à la Polynésie française, où sévit une flambée de dengue, principalement due au DENV-2. En outre, du fait de la présence du vecteur compétent sur l’île qui est une destination touristique appréciée, le risque d’une propagation aux îles et aux pays voisins ne saurait être exclu.
Conseils de l’OMS
Compte tenu de l’augmentation du nombre de cas de dengue et des cas éventuels de dengue sévère dans plusieurs pays et territoires de la Région des Amériques surtout en 2019, l’OPS/OMS encourage les États Membres à suivre les principales recommandations concernant la préparation et la riposte aux flambées, la prise en charge des cas, les laboratoires et la gestion intégrée des vecteurs, conformément à l'Alerte épidémiologique OPS/OMS sur la dengue du 21 novembre 2018 et à la Mise à jour épidémiologique de l’OPS/OMS sur la dengue du 11 novembre 2019..
Il n’existe aucun traitement spécifique de la dengue, mais la détection précoce des cas, l’observation de signes avant-coureurs de dengue sévère et la prise en charge appropriée des cas sont des aspects clés pour éviter les décès dus à cette maladie. La demande tardive de soins médicaux peut souvent conduire à une issue fatale.
En outre, les activités de gestion intégrée des vecteurs devraient être renforcées en vue de supprimer les gîtes larvaires potentiels, de réduire les populations de vecteurs et de limiter autant que possible l’exposition des individus. Il faut notamment mettre en œuvre des stratégies de lutte contre les larves et contre les vecteurs adultes (par la gestion de l’environnement, la réduction à la source et des mesures de lutte chimiques). La lutte antivectorielle doit notamment être menée dans les foyers, les lieux de travail, les écoles et les établissements de soins pour éviter les contacts entre le vecteur et l’homme.
Comme les moustiques du genre Aedes (le vecteur concerné) sont plus actifs le jour, il est recommandé de prendre des mesures de protection individuelle – par exemple de porter des vêtements qui protègent au maximum la peau pendant la journée et d’appliquer sur la peau exposée ou les habits des produits répulsifs en respectant strictement les prescriptions d’usage. Les écrans protecteurs aux portes et aux fenêtres ainsi que les moustiquaires (imprégnées ou non d’insecticide) peuvent réduire les contacts avec le vecteur dans les espaces clos la journée aussi bien que la nuit. Il faudrait prendre des mesures de réduction à la source appuyées par la communauté et appliquer la surveillance des vecteurs et la lutte antivectorielle.
Pour plus d’informations, consulter les liens suivants :
- Pan American Health Organization / World Health Organization. Integrated Strategic Plan for the prevention and control of dengue in the Region of the Americas. Washington, D.C., 2017.
- Pan American Health Organization / World Health Organization. Dengue Guidelines for Patient Care in the Region of the Americas. 2nd Edition. Washington, D.C., 2016.
- Pan American Health Organization / World Health Organization. Epidemiological Alert: Dengue. 21 November 2018, Washington, D.C.: PAHO/WHO; 2018.
- Pan American Health Organization / World Health Organization. Epidemiological Update: Dengue. 11 November 2019, Washington, D.C.: PAHO/WHO; 2019.
- PAHO/WHO. Health Information Platform for the Americas (PLISA)
- Rapport du Ministère chilien de la santé. La dengue due au DENV-2 sur l’Île de Pâques. 14 février 2020.