Bulletins d'information sur les flambées épidémiques

Variole du singe - Région de la Méditerranée orientale (EMRO), Région des Amériques (OPS), Région du Pacifique occidental (WPRO), Région européenne (EURO)

4 juin 2022

Description de la situation

Le présent Bulletin d’information sur les flambées épidémiques constitue une mise à jour du Bulletin d’information publié le 29 mai et comprend de brefs résumés des orientations de l’OMS, notamment au sujet de la vaccination.

L’épidémie en bref

Entre le 13 mai et le 2 juin 2022, 780 cas de variole du singe confirmés en laboratoire ont été signalés à l’OMS ou recensés par celle-ci dans 27 États Membres situés dans quatre régions de l’OMS où le virus n’est pas endémique. Des recherches épidémiologiques sont en cours. Jusqu’à présent, la plupart des cas signalés ont été repérés dans des services de santé sexuelle ou d’autres services de santé dans des établissements de soins de santé primaires ou secondaires et concernaient principalement, mais pas exclusivement, des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

Bien que l’on ait identifié le clade d’Afrique de l’Ouest dans les échantillons prélevés chez des sujets atteints, la plupart des cas confirmés qui avaient des antécédents de voyage ont signalé avoir voyagé dans des pays d’Europe et d’Amérique du Nord, et non en Afrique de l’Ouest ou en Afrique centrale, où le virus de la variole du singe est endémique. La confirmation d’une infection à la variole du singe chez des personnes qui n’ont pas voyagé dans une zone d’endémie est un phénomène inhabituel, et même un seul cas de variole du singe dans un pays où la maladie n’est pas endémique est considéré comme une flambée épidémique. Si la plupart des cas ne sont pas associés à des voyages dans des zones d’endémie, un certain nombre de cas signalés par les États Membres concernent des voyageurs revenant du Nigéria, comme cela a été observé par le passé.

L’apparition soudaine et inattendue de cas de variole du singe de manière simultanée dans plusieurs pays où la maladie n’est pas endémique semble indiquer qu’il y a pu y avoir une transmission non détectée pendant un temps indéterminé et que certains faits récents ont ensuite contribué à accélérer ce phénomène.

L’OMS considère que le risque global pour la santé publique au niveau mondial est modéré, car il s’agit de la première fois que de nombreux cas et groupes de cas de variole du singe sont signalés simultanément dans des pays où la maladie n’est pas endémique et dans des pays d’endémie situés dans des zones géographiques de l’OMS très disparates.

L’OMS continue de recevoir des mises à jour sur la situation dans les pays d’endémie.

Description de l’épidémie

Au 2 juin 2022, 780 cas confirmés en laboratoire avaient été notifiés à l’OMS en vertu du Règlement sanitaire international (RSI), ou recensés par l’OMS à partir de sources publiques officielles, dans 27 pays où la maladie n’est pas endémique situés dans quatre régions de l’OMS. Cela représente une augmentation de 523 cas confirmés en laboratoire (+203 %) depuis le dernier Bulletin d’information sur les flambées épidémiques, publié le 29 mai, où un total de 257 cas avaient été signalés. Au 2 juin 2022, aucun décès n’avait été associé à l’épidémie actuelle de variole du singe dans des pays où la maladie n’est pas endémique, mais des cas et des décès continuent d’être signalés dans des pays d’endémie (voir tableau 2).

Des recherches sont encore en cours, mais, selon les données préliminaires issues des tests d’amplification en chaîne par polymérase (PCR), les souches du virus de la variole du singe détectées en Europe et dans d’autres zones où la maladie n’est pas endémique appartiennent au clade d’Afrique de l’Ouest.

On trouvera à la figure 1 et au tableau 1 la répartition géographique des cas de variole du singe signalés à l’OMS ou recensés par celle-ci entre le 13 mai et le 2 juin 2022 dans des pays où la maladie n’est pas endémique. La majorité des cas (n = 688 ; 88 %) ont été signalés dans la Région européenne de l’OMS (20 pays). Des cas confirmés ont également été signalés dans la Région des Amériques (n = 80 ; 10 %), la Région de la Méditerranée orientale (n = 9 ; 1 %) et la Région du Pacifique occidental (n = 3 ; < 1 %).

Le dénombrement des cas fluctue à mesure que de plus amples informations sont disponibles et que les données sont vérifiées par l’OMS conformément aux dispositions du RSI.

Figure 1.Répartition géographique des cas de variole du singe dans des pays où la maladie n’est pas endémique, notifiés à l’OMS ou recensés par celle-ci à partir de sources publiques officielles, entre le 13 mai et le 2 juin 2022, 17 h 00 (HEC) 

 

Tableau 1. Cas de variole du singe dans des pays où la maladie n’est pas endémique, notifiés à l’OMS ou recensés par celle-ci à partir de sources publiques officielles, entre le 13 mai et le 2 juin 2022, 17 h 00 (HEC)

À ce jour, les cas confirmés présentaient des tableaux cliniques variables. De nombreux cas recensés dans le cadre de l’épidémie en cours ne présentent pas le tableau clinique classique de la variole du singe. Dans les cas rapportés jusqu’à présent dans le cadre de l’épidémie en cours, les symptômes courants comprennent des lésions génitales et périanales, de la fièvre, un gonflement des ganglions lymphatiques et des douleurs lors de la déglutition. Si les plaies au niveau de la bouche associées à de la fièvre et à un gonflement des ganglions lymphatiques demeurent des caractéristiques communes, certains sujets présentent parfois une éruption cutanée anogénitale locale (avec des lésions sous forme de vésicules, de pustules ou d’ulcères) qui apparaît en premier sans se propager systématiquement à d’autres parties du corps. L’apparition initiale d’une éruption génitale ou périanale dans de nombreux cas laisse supposer que la voie de transmission est probablement un contact physique rapproché lors d’un rapport sexuel. Certains cas ont également été décrits comme présentant des pustules avant l’apparition des symptômes constitutionnels (tels que la fièvre) ainsi que des lésions à différents stades de développement, qui sont tous deux atypiques de la façon dont la variole du singe s’est manifestée par le passé. En dehors des patients hospitalisés à des fins d’isolement, peu d’hospitalisations ont été rapportées. Les quelques hospitalisations ont été motivées par la nécessité de gérer efficacement la douleur et de traiter des infections secondaires.

Outre les cas notifiés ou recensés dans des pays où la maladie n’est pas endémique, l’OMS continue de recevoir des informations actualisées sur la situation des flambées épidémiques de variole du singe en cours dans les pays d’endémie[1] de la Région africaine grâce aux mécanismes de surveillance établis (Stratégie de surveillance intégrée des maladies et de riposte). Entre janvier et le 1er juin 2022, 1 408 cas suspects et 44 cas confirmés, dont 66 décès, ont été notifiés dans sept pays d’endémie (tableau 2).

[1] Les pays d’endémie de la variole du singe sont le Cameroun, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Gabon, le Ghana (uniquement chez des animaux), la Côte d’Ivoire, le Libéria, le Nigéria, la République du Congo et la Sierra Leone. Le Bénin et le Soudan du Sud ont signalé par le passé des cas importés. Les pays qui ont rapporté à ce jour des cas du clade d’Afrique de l’Ouest sont le Cameroun et le Nigéria.

Tableau 2. Cas de variole du singe dans la Région africaine signalés à l’OMS entre le 1er janvier et le 1er juin 2022

Pour plus de renseignements, veuillez consulter le bulletin hebdomadaire du Bureau régional OMS de l’Afrique (en anglais).

La situation est en train d’évoluer et l’OMS s’attend à ce qu’un plus grand nombre de cas de variole du singe soient recensés à mesure que l’épidémie progresse et que la surveillance se développe dans les pays d’endémie et dans ceux où la maladie n’est pas endémique.

Action de santé publique

L’OMS continue d’encourager le partage d’informations sur la flambée épidémique en cours. L’OMS et de nombreux États Membres ont déclenché des plans de riposte aux incidents cliniques et de santé publique afin de coordonner les efforts de recherche exhaustive des cas et des contacts, les recherches en laboratoire, la prise en charge clinique et l’isolement des cas et la mise en œuvre de mesures de lutte anti-infectieuse.

Lorsque cela est possible, on a recours au séquençage génomique de l’acide désoxyribonucléique (ADN) du virus. Plusieurs pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne, États-Unis d’Amérique, France, Israël, Italie, Pays-Bas, Portugal, Slovénie et Suisse) ont ainsi publié des séquences génomiques complètes ou partielles du virus de la variole du singe circulant actuellement. Des recherches sont encore en cours, mais, selon les données préliminaires issues des tests PCR, les génomes du virus de la variole du singe qui ont été détectés sont ceux du clade d’Afrique de l’Ouest.

Certains États Membres ont décidé de déployer les vaccins ACAM-2000 et MVA-BN pour gérer les cas-contacts. D’autres pourraient détenir des stocks de vaccins LC16.

Des orientations provisoires concernant la surveillance, les diagnostics et tests de laboratoire, l’investigation des cas et la recherche des contacts, la prise en charge clinique, les vaccins et la vaccination, la communication sur les risques et la mobilisation de la communauté sont en cours d’élaboration pour aider les États Membres à faire face à l’épidémie.

L’OMS a mis à jour ses orientations relatives à la riposte à la flambée épidémique de la variole du singe et publié les documents suivants :

L’OMS publiera prochainement des orientations provisoires sur la variole du singe concernant la prise en charge clinique des cas, la lutte anti-infectieuse, les vaccins et la vaccination.

Évaluation du risque par l’OMS

Actuellement, le risque pour la santé publique au niveau mondial est considéré comme modéré, car il s’agit de la première fois que de nombreux cas et groupe de cas de variole du singe sont signalés simultanément dans des pays où la maladie n’est pas endémique et dans des pays d’endémie situés dans des zones géographiques de l’OMS très disparates.

Les premiers cas ont été principalement recensés parmi des hommes qui s’identifient comme ayant de multiples partenaires sexuels. L’apparition soudaine de cas sporadiques à forte dispersion géographique semble indiquer que la transmission interhumaine à grande échelle a été facilitée par des contacts répétés et rapprochés entre personnes et/ou par des contacts physiques. Certains pays ont signalé que les nouveaux groupes de cas n’apparaissaient plus uniquement parmi les contacts connus de cas confirmés, ce qui semble indiquer que les chaînes de transmission du virus ne sont pas connues et que le virus circule sans être détecté. 

En outre, on dispose actuellement de données épidémiologiques et de laboratoire limitées et il est donc probable que le nombre de cas recensés soit sous-estimé. Cela peut être dû en partie à la difficulté à diagnostiquer rapidement cette infection dont on savait auparavant qu’elle était surtout présente en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, au manque de surveillance et à la disponibilité limitée des outils de diagnostic dans certains pays. Étant donné que des cas de variole du singe ont été signalés dans plusieurs pays de différentes régions de l’OMS, il est fort probable que d’autres pays encore continuent de notifier des cas et que le virus continue de se propager.

La transmission interhumaine se produit par contact rapproché ou par contact physique direct (contacts face à face, de peau à peau, de bouche à bouche ou entre la bouche et la peau, y compris pendant les rapports sexuels) avec de la peau ou des muqueuses atteintes de lésions infectieuses connues ou non, telles que des ulcères cutanéomuqueux ou des gouttelettes respiratoires (et éventuellement des aérosols à courte portée), ou par contact avec des matériaux contaminés (draps, linge de lit, appareils électroniques, vêtements).

Bien que le risque actuel pour la santé humaine et pour le grand public reste faible, le risque pour la santé publique pourrait être amené à augmenter si le virus parvenait à s’établir en tant qu’agent pathogène humain répandu dans des pays où il n’est pas endémique. Les agents de santé sont exposés à des risques d’infection s’ils n’appliquent pas les mesures de lutte anti-infectieuse voulues ou ne portent pas d’équipement de protection individuelle (EPI) approprié, le cas échéant, pour éviter la transmission du virus. Bien que cela n’ait pas été signalé dans le cadre de l’épidémie en cours, des cas d’infection associée aux soins de santé ont été documentés par le passé aussi bien dans des pays d’endémie que dans des pays où la maladie n’est pas endémique. L’épidémie pourrait avoir de plus graves répercussions sanitaires si le virus venait à se propager plus largement aux groupes vulnérables, car le risque de développer une forme plus grave de la maladie ou d’en mourir est plus élevé chez les enfants et les personnes immunodéprimées. On dispose de peu de données à ce sujet, mais il a été observé dans la littérature que les personnes vivant avec le VIH qui étaient placées sous traitement antirétroviral et qui avaient un système immunitaire robuste n’avaient pas développé de forme grave de la variole du singe, tandis que celles qui n’étaient pas sous traitement ou qui étaient immunosupprimées risquaient davantage de développer des formes graves. Les effets de l’infection à la variole du singe pendant la grossesse sont encore mal connus, mais des données limitées semblent indiquer que l’infection peut avoir une issue défavorable pour le fœtus.

À ce jour, tous les cas recensés dans des pays où la maladie n’est pas endémique et confirmés par test PCR ont été identifiés comme relevant du clade d’Afrique de l’Ouest. Il existe deux clades connus de la variole du singe, l’un provenant d’Afrique de l’Ouest et l’autre de la région du bassin du Congo. Par le passé, le taux de mortalité associé au clade d’Afrique de l’Ouest était globalement faible (< 3 %), tandis que le clade du bassin du Congo semblait provoquer plus fréquemment des formes graves de la maladie et affichait un taux de létalité de 1 à 10 %. Ces deux estimations sont calculées sur la base d’infections chez des sujets généralement jeunes dans le contexte africain.

Par le passé, il s’est avéré que la vaccination contre la variole offrait une protection croisée contre la variole du singe. Cependant, l’immunité contre la variole ne sera présente que chez les personnes âgées de plus de 42 à 50 ans ou plus, selon les pays, puisque les programmes de vaccination antivariolique ont pris fin dans le monde entier en 1980 après l’éradication de la variole. Les vaccins antivarioliques originaux (première génération) du programme d’éradication de la maladie ne sont plus disponibles pour le grand public. En outre, la protection a pu diminuer au fil du temps chez les personnes vaccinées.

Des vaccins contre la variole et la variole du singe sont déployés, lorsque cela est possible et dans un nombre limité de pays, pour gérer les cas-contacts. Bien qu’il ait été démontré que les vaccins antivarioliques protégeaient contre la variole du singe, un vaccin spécifique a également été approuvé pour la prévention de la variole du singe. Ce vaccin est basé sur une souche du virus de la vaccine (connue sous le nom générique de « virus vivant modifié de la vaccine Ankara », ou MVA-BN). Il a été approuvé pour la prévention de la variole du singe au Canada et aux États-Unis. Dans l’Union européenne, il a été approuvé pour la prévention de la variole. Un antiviral pour traiter les orthopoxvirus a également été récemment approuvé aux États-Unis et dans l’Union européenne. L’OMS a rassemblé des experts afin d’examiner les données les plus récentes sur les vaccins contre la variole et la variole du singe et de fournir des orientations sur la manière dont ils doivent être utilisés et dans quelles circonstances.

Conseils de l’OMS

Les conseils fournis ci-après par l’OMS sur les mesures à prendre pour faire face à l’épidémie multipays de variole du singe sont fondés sur ses travaux techniques et s’appuient sur des consultations avec les organes consultatifs de l’OMS ci-après : le Groupe consultatif stratégique et technique sur les risques infectieux (STAG-IH) ; le Groupe stratégique consultatif d’experts (SAGE) ad hoc sur la vaccination antivariolique et la vaccination contre l’orthopoxvirose simienne ; le Groupe de travail technique sur les sciences sociales dans les situations d’urgence ; le Comité consultatif de la recherche sur le virus variolique ; la Consultation relative à l’avant-projet sur la recherche-développement de l’OMS : recherches sur l’orthopoxvirose simienne ; le Groupe consultatif scientifique de l’OMS sur les origines des nouveaux agents pathogènes (SAGO) ; ainsi que sur les conclusions des réunions d’experts ad hoc.

Les pays doivent rester attentifs à tout signe d’infection chez des sujets présentant une éruption cutanée qui évolue en plusieurs stades (macules, papules, vésicules, pustules, croûtes, se trouvant au même stade de développement dans toutes les parties du corps infectées) qui pourrait être associée à de la fièvre, un gonflement des ganglions lymphatiques, une lombalgie et des douleurs musculaires. Dans le cadre de l’épidémie en cours, de nombreuses personnes présentent une éruption cutanée localisée (génitale ou périanale) associée à un gonflement local douloureux des ganglions lymphatiques. Certains cas peuvent présenter une infection bactérienne secondaire ou une infection sexuellement transmissible simultanée, telles qu’une infection au virus de l’herpès simplex, à la syphilis ou à N. gonorrhoea. Ces personnes peuvent ainsi être amenées à s’adresser à différents types de services de santé ou de soins communautaires, notamment, mais sans s’y limiter, des centres de santé primaire et secondaires, des dispensaires, des centres de santé sexuelle, des centres de lutte contre les maladies infectieuses, des services de soins obstétriques et gynécologiques, des services d’urgence, ou encore des cabinets de dermatologie.

Il est donc fondamental de sensibiliser davantage les communautés touchées, ainsi que les prestataires de santé et le personnel des laboratoires, afin de recenser les cas, de prévenir la propagation du virus et de gérer efficacement la flambée épidémique en cours. L’information doit parvenir à ceux qui en ont le plus besoin lors des grands rassemblements susceptibles d’accélérer la propagation du virus, et tous les efforts devraient être faits pour éviter la stigmatisation inutile des individus et des communautés potentiellement touchés par la variole du singe.

Toute personne répondant à la définition de cas suspect devrait se voir proposer un test de dépistage. La décision de pratiquer un test doit être fondée sur des facteurs cliniques et épidémiologiques, ainsi que sur une évaluation de la probabilité d’infection. Compte tenu du grand nombre de maladies pouvant provoquer une éruption cutanée, et étant donné que le tableau clinique de cette maladie peut souvent être atypique, il peut être difficile de différencier la variole du singe uniquement sur la base du tableau clinique.

La prise en charge des cas présumés ou confirmés de variole du singe exige un diagnostic rapide de la maladie grâce à des protocoles de dépistage adaptés au contexte local ; l’isolement immédiat des cas et la mise en œuvre rapide de mesures de lutte anti-infectieuse appropriées (précautions standard et mesures de prévention de la transmission) ; des tests de confirmation du diagnostic ; la prise en charge symptomatique des patients atteints de formes légères ou sans complications de la maladie ; la surveillance et le traitement des complications et des affections potentiellement mortelles telles que la progression des lésions cutanées, l’infection secondaire des lésions cutanées et, en de rares occasions, la déshydratation sévère, la pneumonie sévère ou la septicémie.

Les mesures de lutte anti-infectieuse (y compris la mise en quarantaine des cas confirmés) doivent être maintenues jusqu’à ce que les lésions aient formé des croûtes, que les croûtes soient tombées et qu’une nouvelle couche de peau se soit formée en dessous.

L’OMS suit la situation de près et collabore avec les États Membres et les partenaires afin de faciliter la coordination internationale.

Pour consulter les documents de l’OMS accessibles au public, voir la rubrique Action de santé publique ci-dessus. Pour plus de commodité, les principaux points saillants de ces documents et de ceux en cours d’élaboration sont présentés ci-dessous.

Surveillance et notification des cas

L’OMS a défini un ensemble de données minimales à fournir sur les cas pour faciliter le recueil des principales données épidémiologiques, afin de mieux connaitre la situation mondiale et de simplifier la procédure de notification des cas à l’échelle mondiale. Les États Membres sont ainsi priés de soumettre à leurs points focaux régionaux RSI respectifs un certain nombre de données minimales sur tous les sujets répondant à la définition de cas probable ou confirmé, par l’intermédiaire de leurs points focaux nationaux RSI, dès que les données sont disponibles. Les données recueillies seront regroupées sous forme agrégée et rendues publiques régulièrement dans les produits d’information de l’OMS. Un formulaire distinct d’investigation des cas et de recherche des contacts pour l’usage personnel des États Membres est en cours d’élaboration et sera transmis aux États dès qu’il sera disponible.

Analyses en laboratoire et gestion des échantillons

Un nombre croissant de kits PCR commerciaux sont disponibles sur le marché, certains étant spécifiques à la variole du singe, d’autres permettant de détecter les orthopoxvirus. Presque tous sont destinés à des fins de recherche uniquement, et aucun ne peut être validé de façon indépendante. Divers ensembles d’amorces et de sondes pour mettre en place des protocoles de PCR internes sont mentionnés dans la littérature scientifique.

Communication sur les risques et mobilisation de la communauté

Il est essentiel de communiquer sur les risques liés à la variole du singe et de dialoguer avec les communautés touchées ou à risque ainsi qu’avec les responsables communautaires, les organisations de la société civile et les prestataires de santé, y compris dans les centres de santé sexuelle, au sujet de la prévention, de la détection et de la prise en charge des cas, afin d’éviter les cas secondaires et de gérer efficacement la flambée épidémique en cours. Il est également essentiel de fournir des conseils de santé publique sur la façon dont la maladie se transmet, ses symptômes et les mesures préventives à adopter, et de mettre l’accent sur la mobilisation de la communauté auprès des groupes de population les plus à risque afin de réduire au minimum les risques de propagation.

Toute personne qui a un contact direct, y compris, mais sans s’y limiter, un rapport sexuel, avec une personne infectée risque de contracter la variole du singe. Les mesures d’autoprotection consistent notamment à éviter tout rapport sexuel avec une personne ayant une éruption anogénitale localisée et limiter le nombre de partenaires sexuels ; éviter tout contact rapproché avec une personne présentant des symptômes compatibles avec la variole du singe ; se laver régulièrement les mains avec de l’eau et du savon ou du gel hydroalcoolique ; respecter les règles d’hygiène des mains et d’hygiène respiratoire.

En cas d’apparition de symptômes tels qu’une éruption cutanée avec des cloques sur le visage, les mains, les pieds, les yeux, la bouche ou les organes génitaux et les zones périanales, de la fièvre, un gonflement des ganglions lymphatiques, des maux de tête, des douleurs musculaires ou de la fatigue, il convient de consulter un prestataire de santé et d’être soumis à un dépistage de la variole du singe. En cas de suspicion ou de confirmation de la variole du singe, il convient de s’isoler, d’éviter les contacts de peau à peau et de face-à-face avec d’autres personnes et de s’abstenir de tout rapport sexuel, y compris oral, jusqu’à ce que les croûtes soient tombées. Pendant cette période, les personnes atteintes peuvent recevoir un traitement d’appoint pour soulager leurs symptômes. Toute personne qui s’occupe d’un sujet atteint de la variole du singe doit appliquer des mesures de protection individuelle appropriées, comme mentionné ci-dessus.

Les résidents des pays d’endémie et les voyageurs qui se rendent dans ces pays doivent éviter tout contact avec des mammifères malades, morts ou vivants, susceptibles d’être porteurs du virus de la variole du singe, tels que les rongeurs, les marsupiaux ou les primates, et s’abstenir de manger ou de manipuler du gibier (viande de brousse).

Il est également important de lutter contre la propagation de rumeurs et de fausses informations concernant la variole du singe. Les autorités sanitaires doivent constamment être à l’écoute des préoccupations de santé publique et les analyser, y compris sur les médias sociaux, recenser les principales questions et repérer les lacunes en matière d’information et renforcer la résilience du public face à la diffusion de fausses informations. Enfin, il convient d’encourager le public à s’informer uniquement auprès de sources vérifiées et crédibles.

Mesures de lutte anti-infectieuse dans les établissements de santé

La mise en œuvre de mesures appropriées de lutte anti-infectieuse est essentielle pour limiter et contrôler la transmission de la variole du singe dans les établissements de santé et les milieux communautaires. Il s’agit notamment d’appliquer une hiérarchie de contrôles (administratifs, environnementaux et techniques) et d’utiliser des équipements de protection individuelle pour réduire les risques d’exposition à la variole du singe dans les établissements de santé. Les agents de santé se doivent de respecter systématiquement les précautions de base, telles que l’évaluation des risques pour chaque interaction avec le patient, le respect des règles d’hygiène respiratoire et des précautions en cas de toux, le placement approprié du patient, le port d’un EPI, le respect des techniques aseptiques, la sécurité des injections et la prévention des blessures par objets tranchants, le nettoyage et la désinfection du milieu, la manipulation appropriée du linge et des draps du patient, la décontamination et la stérilisation des articles et du matériel de soin réutilisables, et la gestion des déchets. L’OMS recommande la mise en œuvre de mesures de lutte anti-infectieuse pour tout cas suspect ou confirmé de variole du singe.

Prise en charge clinique et traitement

Chez les humains, la majorité des sujets atteints de variole du singe présentent des symptômes légers à modérés. Il convient d’administrer un traitement symptomatique aux patients afin de soulager les symptômes bénins, par exemple des antipyrétiques en cas de fièvre et des analgésiques en cas de douleur, associé à une alimentation adaptée et à une réhydratation adéquate, et de veiller à ce que les lésions cutanées soient toujours propres. Il convient également de fournir aux patients des conseils sur les signes et les symptômes de complications justifiant des soins d’urgence.

Dans de rares cas, les sujets atteints de la variole du singe peuvent développer des complications graves et potentiellement mortelles. Par exemple, les lésions cutanées sont sensibles aux infections bactériennes de la peau et des tissus mous. Les lésions peuvent provoquer de fortes démangeaisons et, en cas d’infection bactérienne secondaire due au grattage, il faudra soigner minutieusement la plaie et, dans certains cas, instaurer un traitement antimicrobien. Des lésions peuvent également apparaître au niveau de la bouche ou de la muqueuse des yeux. Dans les pays d’endémie, on a observé les complications suivantes : infections bactériennes secondaires de la peau, déshydratation, conjonctivite, kératite, pneumonie, septicémie ou choc septique et, dans de rares cas, encéphalite et décès du patient. Par conséquent, la prise en charge clinique doit se concentrer sur le traitement du syndrome clinique, le maintien d’un bon état nutritionnel et d’une bonne hydratation, et la prévention des complications et des séquelles, en fonction des besoins.

Des antiviraux peuvent être utilisés chez les sujets atteints de la variole du singe dans le cadre d’essais cliniques randomisés, et il convient alors de collecter des données cliniques standardisées et des données sur les résultats des patients afin de produire rapidement des preuves sur l’efficacité et l’innocuité du traitement. Si cela n’est pas possible, les antiviraux peuvent être utilisés dans le cadre de protocoles d’accès élargis, par exemple dans le cadre de protocoles d’utilisation contrôlée en situation d’urgence d’interventions non homologuées (MEURI).

Vaccins et vaccination

Un vaccin contre la variole du singe a récemment été approuvé par certains pays, mais les stocks sont limités. Certains pays détiennent toutefois des produits vaccinaux antivarioliques, et leur utilisation peut être envisagée suivant les directives nationales. Selon les pays, des produits vaccinaux peuvent être mis à disposition en quantités limitées par les autorités nationales.

Indépendamment de la disponibilité des vaccins, la vaccination massive de la population n’est ni requise ni recommandée pour la variole du singe. Nous ne devons ménager aucun effort pour contrôler la propagation interhumaine de la variole du singe au moyen de la recherche et du diagnostic précoces des cas, de l’isolement des cas et de la recherche des contacts.

La prophylaxie post-exposition est recommandée pour les contacts, par l’administration d’un vaccin antivariolique de deuxième ou troisième génération ou d’un vaccin contre la variole du singe approprié, idéalement dans les quatre jours (et jusqu’à 14 jours) suivant la première exposition afin de prévenir l’apparition de la maladie.

La prophylaxie pré-exposition (PPrE) est recommandée pour les agents de santé fortement exposés, le personnel des laboratoires travaillant avec des orthopoxvirus, le personnel des laboratoires d’analyses effectuant des tests de diagnostic de la variole du singe et les membres des équipes d’intervention désignés par les autorités de santé publique.

Toute décision concernant l’administration de vaccins antivarioliques ou de vaccins contre la variole du singe doit être fondée sur une évaluation bénéfices/risques et une prise de décision clinique partagée.

La mise en œuvre de la vaccination doit être accompagnée d’un système robuste de pharmacovigilance, et il est fortement recommandé de mener des études sur l’efficacité réelle du vaccin dans le cadre de protocoles d’essais cliniques.

Approche « Une seule santé »

On a identifié plusieurs mammifères sensibles au virus de la variole du singe dans les zones d’endémie, notamment l’écureuil (Funisciurus, écureuil de Smith), le rat de Gambie, le loir africain et les primates. Certaines espèces sont asymptomatiques, en particulier celles soupçonnées d’être des réservoirs (les rongeurs). D’autres espèces, telles que les singes et les grands singes, présentent des éruptions cutanées similaires à celles observées chez les humains. Jusqu’à présent, aucun cas d’infection d’animaux domestiques n’a été rapporté. On n’a pas non plus observé de cas de transmission de l’être humain à l’animal. Il subsiste toutefois un risque hypothétique de transmission de l’être humain à l’animal. Les sujets atteints de la variole du singe doivent ainsi veiller à la gestion appropriée de tous les déchets (tels que les pansements) et de toutes les matières potentiellement contaminées afin d’empêcher la transmission de la maladie à des animaux sensibles présents dans la maison (y compris les animaux domestiques) ou à des animaux péri-domestiques, en particulier les rongeurs.

Rassemblements de masse

Les rassemblements de masse créent un environnement propice à la transmission du virus de la variole du singe du fait qu’ils entraînent des interactions rapprochées, prolongées et fréquentes entre les personnes, qui sont ainsi susceptibles d’être exposées à des lésions, des liquides biologiques, des gouttelettes respiratoires ou des objets contaminés.

Bien que l’annulation ou le report des rassemblements prévus dans des zones où des cas de variole du singe ont été détectés ne soit pas nécessaire par défaut, les mesures de précaution suivantes peuvent être envisagées :

  • Communiquer des informations sur l’épidémiologie, la transmission et la prévention de la variole du singe aux éventuels participants à des rassemblements de masse, ces événements devant être l’occasion de sensibiliser le public et de mobiliser les communautés.
  • Bien que les modes de transmission de la variole du singe et de la COVID-19 soient différents, respecter certaines mesures de lutte contre la COVID-19 lors des rassemblements de personnes, telles que la distanciation physique et le lavage régulier des mains, est également efficace pour lutter contre la transmission de la variole du singe.
  • Éviter tout contact étroit avec une personne présentant des signes et symptômes compatibles avec la variole du singe, y compris les rapports sexuels.
  • Établir des listes de participants aux rassemblements, si possible, pour faciliter la recherche des contacts dans le cas où un sujet atteint de la variole du singe est identifié parmi les participants.
  • Informer le personnel des équipes médicales de l’événement des précautions à respecter pour prendre en charge une personne présentant des signes et symptômes compatibles avec la variole du singe.

Comme pour tous les grands rassemblements, et a fortiori dans le cadre de la pandémie de COVID-19, les autorités et les organisateurs d’événements sont invités à suivre l’approche fondée sur les risques recommandée par l’OMS pour la prise de décision concernant les rassemblements de masse, et à l’appliquer également à toutes les autres manifestations prévues, quelle que soit leur taille. Dans le cadre de la flambée actuelle, les risques associés à la variole du singe doivent être évalués et pris en compte.

Voyages internationaux

Sur la base des informations disponibles actuellement, l’OMS ne recommande pas aux États Parties d’adopter de mesures relatives aux voyages internationaux, que ce soit pour les voyageurs entrants ou sortants.

En cas d’éruption cutanée survenant pendant un voyage ou au retour de celui-ci, il convient de consulter immédiatement un professionnel de santé et de lui communiquer des informations sur tous les voyages effectués récemment ainsi que sur ses pratiques sexuelles et ses antécédents de vaccination antivariolique. Les personnes qui ont été identifiées comme contacts de sujets atteints de la variole du singe et qui, par conséquent, sont soumises à une surveillance de leur état de santé, doivent éviter de voyager, notamment à l’étranger, jusqu’à la fin de leur période de surveillance.

L’OMS exhorte tous les États Membres, les autorités sanitaires à tous les niveaux, les cliniciens, les partenaires du secteur sanitaire et social et les partenaires du milieu universitaire, du secteur de la recherche et du secteur commercial à réagir rapidement pour contenir la propagation locale du virus et, par extension, enrayer l’épidémie multipays de variole du singe. Il faut agir au plus vite afin d’empêcher le virus de s’établir davantage en tant qu’agent pathogène humain à transmission interhumaine efficace, aussi bien dans les zones d’endémie que dans celles où la maladie n’est pas endémique.

Informations supplémentaires

Lignes directrices et recommandations de l’OMS en matière de santé publique

Ressources

Référence à citer : Organisation mondiale de la Santé (4 juin 2022). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Le point sur l’épidémie multipays de variole du singe dans des pays où la maladie n’est pas endémique. Disponible à l’adresse suivante : https://www.who.int/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON390

Voir tous les Bulletins d’information sur les flambées épidémiques sur ce sujet

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