Aperçu de la situation
Description de la situation
Aperçu de la situation
Depuis le début de 2023, 557 cas confirmés de diphtérie ont été détectés au Nigéria, touchant 21 des 36 États ainsi que le Territoire de la capitale fédérale.
En décembre 2022, le Centre for Disease Control and Prevention du Nigéria (NCDC) a été informé de flambées de cas suspects de diphtérie dans les États de Kano et de Lagos. Entre le 14 mai 2022 et le 9 avril 2023, 1439 cas suspects ont été notifiés ; 557 (39 %) d’entre eux ont été confirmés, dont 73 mortels (taux de létalité de 13 %). Le Nigéria a déjà signalé des flambées de diphtérie dans le passé, la plus importante en 2011 dans les zones rurales de l’État de Borno, au nord-est du pays. La diphtérie est une maladie hautement contagieuse évitable par la vaccination qui se propage principalement par contact direct ou par l’intermédiaire de gouttelettes respiratoires. Potentiellement mortelle, elle peut toucher toutes les tranches d’âge, les enfants non vaccinés étant particulièrement à risque.
Elle peut être traitée par l’antitoxine diphtérique et au moyen d’antibiotiques. La vaccination antidiphtérique a considérablement réduit la mortalité et la morbidité causées par la maladie.
Description de la situation
Le Centre for Disease Control and Prevention du Nigéria (NCDC) a été informé de flambées de cas suspects de diphtérie dans les États de Kano et de Lagos, le 1er décembre 2022. En janvier 2023, le nombre de cas confirmés a augmenté, pour atteindre un pic de plus de 150 cas au cours de la quatrième semaine de 2023 (se terminant le 28 janvier) et l’on observe depuis une tendance à la baisse du nombre de cas hebdomadaires. Entre le 14 mai 2022 et le 9 avril 2023, 1439 cas suspects de diphtérie ont été notifiés dans 21 États du pays, à savoir notamment ceux de Kano (1183 cas, soit 83 % du nombre total), Yobe (97), Katsina (61), Lagos (25), Sokoto (14) et Zamfara (13). Sur les 1439 cas suspects, 557 (39 %) ont été confirmés (51 en laboratoire, 504 cliniquement compatibles et deux épidémiologiquement liés), 483 (34 %) ont été écartés, alors que 399 (28 %) n’ont pas encore été classés. Les cas confirmés au laboratoire concernent l’État de Kano (45) et ceux de Lagos (3), Kaduna (1), Katsina (1) et Osun (1). Sur les 557 cas confirmés, 73 ont été mortels, ce qui correspond à un taux de létalité de 13 %. Le taux de létalité a considérablement diminué depuis le début de la flambée, notamment grâce à un meilleur accès à l’antitoxine diphtérique.
Le Nigéria a déjà enregistré des flambées épidémiques de diphtérie dans le passé. La plus importante, entre février et novembre 2011, avait touché les zones rurales de l’État de Borno, au nord-est du pays, où 98 cas avaient été signalés.
Figure 1 : Courbe épidémique des cas de diphtérie au Nigeria, de la semaine 19 de 2022 à la semaine 14 de 2023
Figure 2 : Répartition des cas de diphtérie au Nigéria par État, de la semaine 19 de 2022 à la semaine 14 de 2023
Épidémiologie de la diphtérie
La diphtérie est une maladie hautement contagieuse à prévention vaccinale provoquée par Corynebacterium diphtheriae, une bactérie exotoxinogène qui se propage principalement par contact direct ou par l’intermédiaire de gouttelettes respiratoires. Potentiellement mortelle, elle peut toucher toutes les tranches d’âge, les enfants non vaccinés étant particulièrement à risque. Les symptômes apparaissent souvent de façon progressive, avec d’abord un mal de gorge et de la fièvre. Dans les cas graves, la bactérie produit une toxine qui provoque une épaisse tache grisâtre ou blanchâtre à l’arrière de la gorge. L’obstruction des voies aériennes qui peut en résulter entrave la respiration ou la déglutition et provoque aussi une toux rauque. L’hypertrophie des ganglions lymphatiques peut conduire à un gonflement du cou. La maladie peut être traitée par l’antitoxine diphtérique et au moyen d’antibiotiques. La vaccination antidiphtérique a considérablement réduit la mortalité et la morbidité. On enregistre une issue fatale dans 5 % à 10 % des cas, avec un taux de mortalité plus élevé chez le jeune enfant. Dans les milieux où l’on a difficilement accès à l’antitoxine diphtérique, le taux de létalité peut atteindre 40 %.
Épidémiologie de la maladie
Action de santé publique
- Sous la direction du NCDC, la coordination et le suivi des activités de surveillance et de riposte à la diphtérie au Nigéria se poursuivent dans le cadre des réunions hebdomadaires du Groupe de travail technique national sur la diphtérie.
- Des équipes d’intervention rapide ont été déployées dans les États de Katsina, Osun et Yobe et redéployées dans les États de Kano et de Lagos pour appuyer les activités d’intervention.
- L’harmonisation des données de surveillance et de laboratoire entre les États et les laboratoires est en cours.
- Des activités de sensibilisation et de formation des agents cliniques à la présentation, à la prévention et à la surveillance de la diphtérie et des activités de surveillance ont été menées dans les États où les équipes d’intervention rapide ont été déployées.
- Dans les États touchés, une formation en cascade a été assurée par des spécialistes de laboratoire et des médecins formés au laboratoire national de référence (NRL) du NCDC, à Abuja.
- Des mesures ont été prises pour assurer l’approvisionnement en réactifs et en matériel et moyens nécessaires à la collecte et au transport des prélèvements.
- Des tests de sensibilité aux médicaments sont en cours au NRL sur les isolements envoyés par les États.
- L’antitoxine diphtérique est distribuée aux États touchés depuis décembre 2022.
- Le renforcement des activités de vaccination systématique dans l’ensemble du pays se poursuit.
Évaluation du risque par l’OMS
Les cas de diphtérie sont sous-notifiés au Nigéria, les flambées épidémiques antérieures n’ayant souvent pas été déclarées. Lors de la dernière, de février à novembre 2011 dans le village de Kimba et les établissements humains voisins de l’État de Borno au nord-est du pays, 98 cas avaient été notifiés. La couverture par la troisième dose du vaccin contenant l’antitoxine diphtérique au Nigéria est sous-optimale. Selon l’enquête en grappes à indicateurs multiples (MICS) et l’enquête nationale sur la couverture vaccinale (NICS) effectuées au Nigéria en 2021, la couverture par la troisième dose du vaccin pentavalent était de 57 % en 2021.
Le pays est actuellement confronté à plusieurs urgences de santé publique dues notamment à la fièvre de Lassa, au choléra, à la variole simienne, à la méningite ainsi qu’à une urgence humanitaire dans le nord-est. En raison de l’insécurité, qui règne surtout dans le nord-est, la couverture vaccinale reste sous-optimale, en particulier dans les zones contrôlées par des groupes d’insurgés armés. La flambée de diphtérie complique encore la tâche des services de santé déjà surchargés. L’approvisionnement mondial en antitoxine diphtérique est limité, ce qui peut affecter la disponibilité des doses requises dans les délais voulus.
Le risque global associé à la flambée de diphtérie au Nigéria a été évalué comme élevé au niveau national, modéré au niveau régional et faible au niveau mondial.
Conseils de l’OMS
Une surveillance épidémiologique assurant la détection précoce des flambées de diphtérie devrait être en place dans tous les pays et tous devraient avoir accès à des laboratoires permettant l’identification fiable de C. diphtheriae toxinogène. Pour une prise en charge médicale adéquate des cas, des quantités suffisantes d’antitoxine diphtérique doivent être disponibles à l’échelle nationale ou régionale.
L’OMS recommande la notification et la prise en charge précoces des cas suspects de diphtérie pour assurer une mise sous traitement des cas et un suivi des contacts dans les meilleurs délais ainsi que l’approvisionnement en antitoxine diphtérique. La prise en charge des cas doit s’effectuer conformément aux lignes directrices de l’OMS et comprendre l’administration de l’antitoxine diphtérique pour neutraliser la toxine et une antibiothérapie bactéricide, afin de réduire les complications et la mortalité.
La vaccination étant essentielle à la prévention des cas et des flambées épidémiques, les groupes à haut risque – enfants de moins de cinq ans et d’âge scolaire, personnes ayant eu des contacts étroits avec les cas et agents de santé – devraient être vaccinés en priorité au moyen de vaccins antidiphtériques. Une réponse coordonnée et un engagement communautaire sont de nature à favoriser la lutte contre la flambée actuelle.
Bien que les voyageurs ne soient pas exposés à un risque particulier d’infection diphtérique, il est recommandé aux autorités nationales de rappeler aux personnes se rendant dans les zones touchées par la flambée d’être complètement vaccinées contre la diphtérie conformément à leur programme national de vaccination. Une dose de rappel est recommandée si plus de cinq ans se sont écoulés depuis la dernière dose.
Sur la base des informations disponibles pour cet événement, l’OMS recommande de n’appliquer aucune restriction aux voyages au Nigéria ou aux échanges commerciaux avec ce pays.
Plus d'informations
- Nigeria Centre for Disease Control and Prevention (NCDC): Diphtheria Situation report, Serial Number 03, Data as of Epi-week 09 2023 (en anglais)
- Diphtérie, OMS (en anglais)
- Manual for quality control of diphtheria, tetanus, pertussis and combined vaccines (en anglais)
- Diphtérie : Normes de surveillance des maladies évitables par la vaccination
Référence à citer : Organisation mondiale de la Santé (27 avril 2023). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Diphtérie – Nigéria. Disponible à l’adresse : https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON452