Description de la situation
Aperçu de la situation
Le 30 janvier 2024, le point focal national pour le Règlement sanitaire international (RSI) de l’Uruguay a notifié à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) un cas humain d’infection par le virus de l’encéphalite équine de l’Ouest (EEO). Il s’agit d’un homme de 42 ans originaire d’une zone rurale du département de San José, dans le sud de l’Uruguay. C’est le premier cas humain confirmé signalé en Uruguay depuis plus de dix ans, le dernier cas humain ayant été signalé en 2009. L’encéphalite équine de l’Ouest (EEO) est une maladie virale rare transmise par les moustiques, qui touche les équidés et les humains. La plupart des cas humains sont associés à des flambées épidémiques chez les oiseaux ou les chevaux. La migration d’oiseaux infectés ou le déplacement de personnes et d’animaux porteurs du virus favorise la propagation de la maladie. Étant donné que les oiseaux agissent comme réservoir, ils peuvent amplifier la dissémination du virus dans d’autres pays. Les personnes qui vivent, travaillent ou participent à des activités de plein air dans des zones d’endémie ou là où des flambées actives touchent des animaux risquent de contracter la maladie. Des vaccins contre l’EEO sont disponibles pour les équidés. Il est conseillé de chercher à obtenir une couverture vaccinale élevée chez les équidés sensibles dans les zones considérées comme à risque et d’effectuer des rappels de vaccination chaque année.
Description de la situation
Le 30 janvier 2024, le point focal national RSI de l’Uruguay a notifié à l’Organisation panaméricaine de la santé/Organisation mondiale de la Santé (OPS/OMS) un cas humain confirmé d’EEO. Le cas, une personne de 42 ans issue d’une zone rurale du département de San José, est le premier cas humain d’EEO enregistré en Uruguay depuis 2009 (1)(2).
Des symptômes sont apparus au début du mois de janvier 2024 chez le patient, qui a fait état de maux de tête, de fièvre, de photophobie et de vomissements. Plus tard, la conscience du patient est apparue altérée et les résultats de l’imagerie médicale ont évoqué une encéphalite, nécessitant une prise en charge en soins intensifs pendant quelques jours. À l’heure actuelle, le patient s’est rétabli et est sorti de l’hôpital. (1)(2)
Au cours de l’évolution de la maladie, le laboratoire national du Ministère de la santé de l’Uruguay a analysé un échantillon du liquide céphalorachidien (LCR) du patient en utilisant le protocole et les fournitures disponibles dans la région. Dans un premier temps, la réaction en chaîne par polymérase (PCR) a donné un résultat négatif. L’évolution de l’état du patient a nécessité plusieurs ponctions lombaires supplémentaires. Les échantillons ont été analysés pour y rechercher les anticorps IgM spécifiques du virus de l’EEO et un résultat positif a été obtenu le 30 janvier 2024 (1)(2).
S’agissant du contexte épidémiologique, le sujet réside dans une zone rurale d’un département où la circulation du virus de l’EEO est avérée ; c’est dans ce département que l’incidence de cas confirmés chez les équidés est la plus élevée de tout le pays. Selon l’enquête épidémiologique, le patient n’avait pas eu de contact direct avec des équidés.
Du 5 décembre 2023 au 30 janvier 2024, le Ministère uruguayen de l’élevage, de l’agriculture et de la pêche a confirmé 76 cas d’EEO chez des équidés dans 16 départements du pays : Artigas, Canelones, Cerro Largo, Durazno, Flores, Lavalleja, Montevideo, Paysandú, Río Negro, Rivera, Rocha, Salto, San José, Soriano, Tacuarembó et Treinta y Tres. Le département de San José a enregistré la plus forte proportion de cas équins, avec 30 % des cas équins confirmés dans le pays (3).
Épidémiologie
L’encéphalite équine de l’Ouest (EEO) est une maladie rare transmise par les moustiques, causée par un virus du même nom, qui appartient au genre Alphavirus de la famille des Togaviridae, dont font également partie le virus de l’encéphalite équine de l’Est (EEE) et le virus de l’encéphalite équine du Venezuela (EEV). Les principaux hôtes réservoirs des virus de l’EEE et de l’EEO sont les passereaux. Chez l’être humain, le virus de l’EEO peut provoquer des manifestations allant de symptômes subcliniques ou modérés à des formes graves de méningite et d’encéphalite aseptiques.
La migration d’oiseaux infectés ou encore le déplacement de personnes et d’animaux porteurs du virus favorisent la propagation de la maladie. Étant donné que les oiseaux agissent comme réservoir, ils peuvent amplifier la dissémination du virus dans d’autres pays. Les personnes qui vivent, travaillent ou participent à des activités de plein air dans des zones d’endémie ou là où des flambées actives ont été déclarées chez les animaux risquent de contracter la maladie.
Le virus de l’EEO circule principalement dans les régions occidentales du Canada et des États-Unis et dans le cône sud de l’Amérique du Sud (4). Depuis fin novembre 2023, un nombre important d’épidémies équines a été observé en Uruguay. Le dernier cas humain d’EEO signalé en Uruguay remonte à 2009 (5).
Action de santé publique
Les autorités sanitaires locales et nationales mettent en œuvre des mesures de santé publique fondées sur les recommandations récemment publiées par l’OPS et l’OMS, en appliquant une démarche interinstitutionnelle globale associant santé animale, santé humaine et santé environnementale (principe « Une seule santé »). À ce titre, elles s’attachent notamment à renforcer les capacités de détection, de suivi et de contrôle de la confirmation en laboratoire des cas suspects ; la communication sur les risques, en mettant l’accent sur les mesures de prévention et de lutte au niveau environnemental ; la lutte antivectorielle ; et les mesures de sûreté personnelles (1).
Évaluation du risque par l’OMS
Chez l’être humain, le virus de l’EEO peut provoquer des manifestations allant de symptômes subcliniques ou modérés à des formes graves de méningite et d’encéphalite aseptiques. Les passereaux sont les principaux hôtes réservoirs des virus de l’EEE et de l’EEO. Cependant, en Amérique du Sud, d’autres mammifères, tels que les rongeurs et les chauves-souris, peuvent être d’importants réservoirs du virus, les équidés et les humains jouant pour leur part le rôle d’hôtes terminaux (6)(7).
Le virus de l’EEO se transmet principalement par la piqûre de moustiques infectés, qui en sont vecteurs. Les principaux vecteurs sont les moustiques des genres Culex, Culiseta et Aedes. Ces vecteurs permettent au virus de continuer à circuler dans les cycles d’enzootie sauvage où les oiseaux agissent comme principaux réservoirs. Lors de l’épidémie d’EEO en Argentine en 1983, Aedes albifasciatus a été décrit comme un vecteur potentiel de ce virus (8). Les humains et les équidés, agissant en tant qu’hôtes terminaux, ne contribuent pas à la transmission continue du virus aux moustiques (6). Les personnes qui travaillent à l’extérieur ou qui participent à des activités de plein air sont plus à risque, car elles sont exposées aux moustiques.
Chez l’être humain, les flambées d’EEO se présentent généralement sous la forme de cas isolés présentant des symptômes modérés et la plupart des infections sont asymptomatiques. Les manifestations neurologiques de la maladie sont la méningite, l’encéphalite ou la myélite. À l’instar des autres encéphalites à arbovirus, l’EEO se caractérise par de la fièvre, une altération de l’état mental, des convulsions ou des signes neurologiques focaux, y compris des troubles du mouvement (9). D’après les données disponibles, la mortalité chez l’humain varie de 3 % à 4 % (6). Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique et les soins visent à soulager les symptômes.
Conseils de l’OMS
Vous trouverez ci-dessous un résumé des principales recommandations en matière de surveillance, de prévention et de communication sur les risques.
Diagnostic en laboratoire de l’EEO chez l’être humain
Le diagnostic d’EEO doit être confirmé à l’aide de techniques de laboratoire car le tableau clinique n’est pas spécifique. Ces méthodes de laboratoire incluent, d’une part, des méthodes de diagnostic virologique (direct) par amplification des acides nucléiques ou culture cellulaire et, d’autre part, des méthodes sérologiques (indirectes) visant à détecter les anticorps produits contre le virus. En général, le diagnostic est réalisé à partir du sérum et du liquide céphalorachidien (LCR). Le LCR ne doit être prélevé qu’en présence de symptômes neurologiques et sur avis médical. Des informations plus détaillées sur la confirmation en laboratoire figurent dans les lignes directrices pour la détection et le diagnostic en laboratoire de l’encéphalite équine de l’Ouest chez l’être humain, disponibles en anglais (4). Un résultat négatif de PCR sanguine ne doit pas servir à exclure l’EEO.
Surveillance
Dans les zones à risque où des flambées ont été signalées chez des animaux, il est recommandé de renforcer la recherche active des cas humains présentant des syndromes neurologiques évocateurs sans autre diagnostic défini, en tenant compte de la période d’incubation, de la zone géographique et des conditions environnementales.
Mesures de prévention
Les mesures préventives, énumérées ci-dessous, doivent être prises dans le cadre de l’approche « Une seule santé », en envisageant une action interinstitutionnelle globale associant la santé animale, la santé humaine et l’environnement.
Gestion de l’environnement
Compte tenu de l’écologie et de la biologie des principaux vecteurs du virus de l’EEO, la mesure de prévention recommandée en premier lieu est la gestion de l’environnement, qui vise à réduire le nombre de moustiques et les contacts des moustiques avec les équidés et les humains. Celle-ci recouvre notamment les interventions suivantes :
- Combler ou drainer les eaux stagnantes, les étangs ou les lieux inondés qui peuvent servir de sites de ponte ou de gîtes larvaires.
- Éliminer les mauvaises herbes autour des bâtiments afin de réduire le nombre de sites de repos et d’abri pour les moustiques.
- Protéger les équidés en les abritant dans des écuries équipées de moustiquaires, en particulier aux moments où les moustiques sont le plus actifs.
Bien que les principaux vecteurs ne rentrent généralement pas dans les habitations, il est conseillé d’installer des moustiquaires sur les portes et les fenêtres ; cela permet aussi d’éviter les autres arbovirus.
Les mesures de lutte contre les vecteurs du virus de l’EEO doivent être envisagées dans le cadre d’une gestion intégrée des vecteurs. Il faut garder à l’esprit que la décision d’utiliser des insecticides pour combattre les vecteurs dépend des données de surveillance entomologique et des variables susceptibles d’augmenter le risque de transmission, y compris les données sur la résistance aux insecticides. La pulvérisation d’insecticides peut être envisagée comme mesure supplémentaire, lorsque cela est techniquement possible, dans les zones de transmission où d’importantes populations de moustiques sont détectées. La méthodologie doit être établie sur la base de l’écologie et du comportement des vecteurs locaux.
Vaccination des équidés
- Des vaccins sont disponibles pour les équidés. Il est conseillé de chercher à obtenir une couverture vaccinale élevée chez les équidés sensibles dans les zones considérées comme à risque et d’effectuer des rappels de vaccination chaque année.
Mesures de protection personnelle
- Port de vêtements qui couvrent les jambes et les bras.
- Utilisation de répulsifs contenant du diéthyltoluamide (DEET), de l’IR3535 ou de l’icaridine, qui peuvent être appliqués sur la peau ou les vêtements exposés en suivant strictement les instructions figurant sur l’étiquette du produit.
- Installation de grillages métalliques/moustiquaires sur les portes et les fenêtres.
- Utilisation de moustiquaires imprégnées ou non d’insecticide pour les personnes qui dorment le jour (par exemple, les femmes enceintes, les nourrissons, les personnes alitées, les personnes âgées et les travailleurs de nuit).
- En cas de flambée, il faut éviter les activités de plein air pendant la période où les moustiques sont le plus actifs (l’aube et le crépuscule).
L’OMS ne recommande aucune mesure spécifique pour les voyageurs. Sur la base des informations disponibles, l’OMS ne recommande pas d’appliquer de restrictions aux voyages et/ou aux échanges commerciaux avec l’Uruguay.
Plus d'informations
- Organisation
mondiale de la Santé (28 décembre 2023). Bulletin d’information sur les
flambées épidémiques ; Encéphalite équine de l’Ouest (EEO) en
Argentine
- Organisation
panaméricaine de la Santé/Organisation mondiale de la Santé. Alerta
epidemiológica - Riesgo para la salud humana asociado a la infección por el Virus de la Encefalitis Equina del Oeste en equinos - 19 de diciembre del 2023. Washington, D.C. : OPS/OMS ; 2023 (en espagnol)
- Organisation
panaméricaine de la Santé/Organisation mondiale de la Santé.
Actualización epidemiológica Encefalitis Equina del Oeste en la Región
de las Américas - 10 de enero del 2024. Washington, D.C. : OPS/OMS ;
2024 (en espagnol)
- Organisation mondiale de la santé animale. Système mondial d’information zoosanitaire, Paris, OMSA, 2023
- Organisation
mondiale de la santé animale. Health Standards. Chapter 3.6.5. Equine
encephalomyelitis (eastern, western, or Venezuelan). Paris, OMSA, 2021 (en anglais)
Références
(1) Point focal national pour le Règlement sanitaire international (RSI) de l’Uruguay Montevideo, 30 janvier 2024. Non publié.
(2) Ministerio de Salud Pública (MSP). Encefalitis equina. Montevideo : MSP ; 30 janvier 2024. Disponible en espagnol à l’adresse : https://www.gub.uy/ministerio-ganaderia-agricultura-pesca/institucional/estructura-del-organismo/division-analisis-diagnostico (en espagnol)
(3) Ministère
de l’élevage, de l’agriculture et de la pêche. Informe de situación
actualizado de Encefalomielitis en Uruguay. Montevideo : MGAP ; 30
janvier 2024. Disponible en espagnol : 30/01/2024 - Informe de situación actualizado de Encefalomielitis en Uruguay | MGAP (www.gub.uy) (en espagnol)
(4) Organisation
panaméricaine de la Santé/Organisation mondiale de la Santé. Laboratory
Guidelines for the Detection and Diagnosis of Western Equine
Encephalitis Virus Human Infection. 20 décembre 2023. Washington, D.C. :
OPS/OMS ; 2023. Disponible à l’adresse : https://www.paho.org/en/documents/laboratory-guidelines-detection-and-diagnosis-western-equine-encephalitis-virus-human (en espagnol)
(5) Delfraro
A, Burgueño A, Morel N, González G, García A, Morelli J, Pérez W,
Chiparelli H, Arbiza J. Fatal human case of Western equine encephalitis,
Uruguay. Emerg Infect Dis (PMC3321764). 2011 May. Disponible à
l’adresse : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3321764/ (en anglais)
(6) Organisation
panaméricaine de la Santé/Organisation mondiale de la Santé. Guía para
la vigilancia, detección y respuesta para las encefalitis equinas, 2014,
17. ISSN0101-6970. Washington, D.C. : OPS/OMS ; 2014. Disponible en
espagnol à l’adresse : https://iris.paho.org/handle/10665.2/58684 (en espagnol)
(7) Fenner’s Veterinary Virology (cinquième édition), 2017. Disponible à l’adresse : https://www.sciencedirect.com/topics/medicine-and-dentistry/western-equine-encephalitis-virus (en anglais)
(8) G.
Avilés, M. S. Sabattini, C. J. Mitchell, Transmission of Western Equine
Encephalomyelitis Virus by Argentine Aedes albifasciatus (Diptera:
Culicidae), Journal of Medical Entomology, Volume 29, Issue 5, 1
September 1992, Pages 850–853, https://doi.org/10.1093/jmedent/29.5.850 (en anglais)
(9) Organisation panaméricaine de la Santé/Organisation mondiale de la Santé. American Public Health Association. Control of communicable diseases. An official report from the American Public Health Association ed. 21a. Page 496-498. ISBN-13: 978-0875533230. Washington, D.C. : OPS/OMS ; 2022
Citation suggérée : Organisation mondiale de la Santé (8 février 2024). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Encéphalite équine de l’Ouest (EEO) en Uruguay. Disponible à l’adresse : https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2024-DON505