Bulletins d'information sur les flambées épidémiques

Grippe aviaire A(H5N1) - Viet Nam

2 avril 2024

Aperçu de la situation

Un cas d’infection humaine par un virus grippal A(H5N1) a été signalé à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) le 25 mars 2024 par les autorités nationales du Viet Nam. Le patient, qui ne souffrait d’aucune pathologie sous-jacente, a développé des symptômes le 11 mars et est décédé le 23 mars. Il a été établi qu’il avait été exposé à des oiseaux au cours de la troisième semaine de février. Les échantillons prélevés sur des contacts proches se sont révélés négatifs pour le virus de la grippe A(H5N1). Il s’agit du premier cas d’infection humaine par le virus de la grippe aviaire A(H5N1) notifié au Viet Nam depuis 2022. Selon le Règlement sanitaire international (RSI, 2005), une infection humaine par un nouveau sous-type de virus de la grippe A constitue un événement susceptible d’avoir un impact important sur la santé publique et doit être notifié à l’OMS. Sur la base des informations disponibles, l’OMS estime que ce virus présente un risque faible pour la population générale.

Description de la situation

Le 25 mars 2024, le point focal national RSI du Viet Nam a notifié à l’OMS un cas d’infection humaine par un virus de la grippe A(H5N1) chez un homme de 21 ans sans pathologie sous-jacente de la province de Khanh Hoa.

Le cas a commencé à avoir de la fièvre et à tousser le 11 mars 2024 et a été admis le 15 mars dans un hôpital local en raison de symptômes persistants, notamment de douleurs abdominales et de diarrhée. Le 17 mars, son état s’est aggravé et il a été transféré à l’unité de soins intensifs d’un hôpital provincial. Le 20 mars, le patient a été transféré vers un autre hôpital provincial avec un diagnostic de pneumonie sévère, d’état septique grave et de syndrome de détresse respiratoire aiguë. Il est décédé le 23 mars.

Le 19 mars, des échantillons ont été prélevés par l’Institut Pasteur de Nha Trang pour un test de transcription inverse suivie d’une amplification en chaîne par polymérase (RT-PCR), qui a donné un résultat positif pour le virus grippal (H5). Le 22 mars, le séquençage génomique réalisé par l’Institut Pasteur de Nha Trang a révélé la présence du virus de la grippe aviaire A(H5N1).

Les premiers résultats de l’enquête ont révélé qu’au cours des deuxième et troisième semaines de février 2024, le cas avait pratiqué la chasse aux oiseaux. Entre ce moment-là et l’apparition des symptômes, aucun contact avec des volailles mortes ou malades ni aucun contact avec une personne présentant des symptômes similaires n’ont été signalés. Parmi les contacts proches retracés, aucun autre cas de grippe A(H5N1) n’a été détecté.

Épidémiologie de la maladie

Les virus de la grippe animale circulent habituellement chez les animaux, mais peuvent également infecter les humains. Les infections humaines sont principalement contractées par contact direct avec des animaux infectés ou des environnements contaminés. Selon l’hôte d’origine, les virus de la grippe A peuvent également être classés comme virus de la grippe aviaire, virus de la grippe porcine ou virus de grippe animale d’un autre type.

Chez l’être humain, les infections par les virus de la grippe aviaire peuvent entraîner des manifestations allant d’une infection bénigne des voies respiratoires supérieures à des maladies plus graves, voire mortelles. Des conjonctivites, des symptômes gastro-intestinaux, des encéphalites et des encéphalopathies ont également été signalés. Le virus A(H5N1) a en outre déjà été détecté chez des personnes asymptomatiques, mais qui ont été exposées à des oiseaux infectés dans les jours précédant le prélèvement d’un échantillon.

Le diagnostic d’infection humaine par un virus de la grippe repose sur des analyses de laboratoire. L’OMS met régulièrement à jour les protocoles d’orientation technique pour la détection de la grippe zoonotique à l’aide de méthodes moléculaires, par exemple par RT-PCR. Les données semblent indiquer que certains médicaments antiviraux, notamment les inhibiteurs de la neuraminidase (oseltamivir, zanamivir), peuvent réduire la durée de la réplication virale et améliorer les perspectives de survie dans certains cas.

De début 2003 au 25 mars 2024, un total de 888 cas humains d’infection par la grippe A(H5N1), dont 463 décès, ont été notifiés à l’OMS dans 23 pays. Presque tous les cas humains de grippe aviaire A(H5N1) sont liés à un contact étroit avec des oiseaux infectés, vivants ou morts, ou des environnements contaminés.

Depuis 2003, 129 infections humaines par le virus de la grippe A(H1N5), ayant causé 65 décès, ont été signalées au Viet Nam. Le cas le plus récent de grippe aviaire A(H5) a été signalé en octobre 2022 dans la province de Phu Tho, au nord du Viet Nam.

Action de santé publique

Le Gouvernement vietnamien a pris les mesures de santé publique suivantes :

  • Enquête épidémiologique, et désinfection de la résidence du patient et des zones d’exposition présumées.
  • Recherche des contacts, isolement, dépistage et surveillance des contacts proches du patient.
  • Analyse d’échantillons de poulets et d’oiseaux d’ornement près de la résidence du patient. Tous les échantillons prélevés sur ces oiseaux se sont révélés négatifs pour le virus de la grippe A(H5).
  • Publication d’une lettre officielle demandant au service provincial de la santé de la province de Khanh Hoa de préparer des médicaments (oseltamivir) et d’autres fournitures, afin d’apporter un soutien rapide aux hôpitaux et aux autorités locales dans la prise en charge des patients et l’endiguement des éventuelles flambées épidémiques.

Évaluation du risque par l’OMS

Il s’agit du premier cas d’infection humaine par le virus de la grippe aviaire A(H5N1) notifié au Viet Nam en 2024, ainsi que le premier depuis 2022.

La plupart des cas humains d’infection par des virus grippaux aviaires signalés à ce jour étaient dus à l’exposition à des volailles infectées ou à des environnements contaminés.

Chez l’être humain, l’infection peut entraîner des manifestations graves pour lesquelles le taux de mortalité est élevé. Ces virus de la grippe A(H5N1), qui appartiennent à des groupes génétiques différents, n’infectent pas facilement les humains, et la transmission interhumaine semble jusqu’à présent inhabituelle. Dans la mesure où le virus continue de circuler parmi les volailles, en particulier dans les zones rurales du Viet Nam, on peut s’attendre à ce que d’autres cas humains sporadiques se produisent.

Les données épidémiologiques et virologiques dont on dispose actuellement laissent supposer que les virus A(H5N1) n’ont pas acquis la capacité de se transmettre durablement d’une personne à l’autre. Par conséquent, la propagation interhumaine est peu probable.

Sur la base des informations disponibles, l’OMS estime que ce virus présente un risque faible pour la population générale. Le risque sera réévalué si de nouvelles données virologiques et épidémiologiques le justifient.

Conseils de l’OMS

Cet événement ne change rien aux recommandations actuelles de l’OMS relatives aux mesures de santé publique et à la surveillance de la grippe.

La population doit éviter tout contact avec des environnements à haut risque, par exemple les marchés/fermes d’animaux vivants et les volailles vivantes, ou les surfaces susceptibles d’être contaminées par des déjections de volailles. De plus, il est recommandé de pratiquer une bonne hygiène des mains en se lavant fréquemment les mains ou en utilisant des solutions hydroalcooliques.

Le grand public et les personnes à risque doivent immédiatement signaler aux autorités vétérinaires les cas d’animaux malades ou de décès inopinés d’animaux. Il convient d’éviter de consommer des volailles malades ou mortes de manière inattendue.

Toute personne qui a été exposée à des oiseaux potentiellement infectés ou à des environnements contaminés et qui ne se sent pas bien doit consulter rapidement un professionnel de santé et l’informer de sa possible exposition.

L’analyse attentive de la situation épidémiologique, la caractérisation plus approfondie des virus les plus récents de la grippe A(H5N1) dans les populations humaines et de volailles, et les études sérologiques sont essentielles pour évaluer les risques associés pour la santé publique et ajuster rapidement les mesures de gestion de ces risques.

Il n’existe pas de vaccins spécifiques pour la grippe A(H5N1) chez l’être humain. Néanmoins, des vaccins candidats ont été mis au point dans le cadre de la préparation aux pandémies dans certains pays. L’OMS continue de mettre à jour la liste des virus vaccinaux candidats pour la grippe zoonotique sélectionnés deux fois par an lors de la consultation de l’OMS sur la composition du vaccin contre le virus de la grippe.

Sur la base des informations actuellement disponibles sur cet événement, l’OMS déconseille toute restriction aux voyages et aux échanges commerciaux. L’OMS ne préconise pas de dépistage particulier des voyageurs aux points d’entrée et déconseille toute autre restriction compte tenu de l’état des lieux actuel pour les virus grippaux à l’interface humain-animal.

Les États parties au Règlement sanitaire international (2005) sont tenus d’informer immédiatement l’OMS de tout cas confirmé en laboratoire d’infection humaine récente causée par un nouveau sous-type de virus grippal. Aucune preuve établissant la maladie n’est requise dans le cadre de cette notification.

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