Bulletins d'information sur les flambées épidémiques

Grippe aviaire A(H9N2) - Viet Nam

19 avril 2024

Aperçu de la situation

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a été informée par un point focal national du Règlement sanitaire international (RSI) d’un cas d’infection humaine par le virus de la grippe A(H9N2) au Viet Nam le 9 avril 2024. Le patient, qui souffrait d’affections sous-jacentes et qui était dans un état grave, a été admis aux soins intensifs le 21 mars. Un échantillon respiratoire a été prélevé le 21 mars et s’est révélé positif à la grippe à l’issue d’une amplification en chaîne par polymérase (PCR) en temps réel. Le 8 avril, le sous-typage du virus a permis de confirmer qu’il s’agissait d’une grippe aviaire A(H9N2). L’enquête a révélé que le patient vivait à proximité d’un marché de volailles, et que des volatiles étaient échangés quotidiennement devant sa maison. Le 15 avril, aucun symptôme respiratoire n’a été signalé parmi les contacts du patient, et aucune épidémie n’a été rapportée dans la communauté où celui-ci résidait. Il s’agit du premier cas d’infection humaine par le virus de la grippe aviaire A(H9N2) signalé au Viet Nam. Selon le RSI (2005), une infection humaine par un nouveau sous-type de virus de la grippe A constitue un événement susceptible d’avoir des effets graves sur la santé publique et doit être notifiée à l’OMS. Sur la base des informations disponibles, l’Organisation estime que le risque que présente ce virus pour la population générale est faible.

Description de la situation

Le 9 avril 2024, le point focal national RSI du Viet Nam a notifié à l’OMS un cas d’infection humaine par le virus de la grippe aviaire A(H9N2).

Le patient est un homme de 37 ans de la province de Tien Giang, au Viet Nam, qui présentait des affections sous-jacentes. Il a eu de la fièvre le 10 mars 2024, et a été admis à l’hôpital le 16 mars. Le 21 mars, à l’issue d’un diagnostic de pneumonie sévère avec épanchement pleural bilatéral, il a été transféré à l’unité de soins intensifs et a reçu un traitement à base d’oseltamivir et d’antibiotiques. Le 15 avril, il se trouvait toujours en soins intensifs, dans un état grave.

L’affection du patient a été détectée au moyen du dispositif de surveillance de la pneumonie virale sévère. Un écouvillon nasopharyngé a été prélevé le 21 mars, et le test a révélé un virus grippal de type A présentant des segments génétiques similaires à ceux de la souche H9 le 22 mars. Le 1er avril, l’Institut Pasteur d’Hô Chi Minh-Ville a conduit des tests PCR, qui ont confirmé la présence du virus de la grippe aviaire A(H9). Le 8 avril, le sous-typage du virus a permis de confirmer qu’il s’agissait d’une grippe aviaire A(H9N2).

L’enquête a révélé que le patient vivait à proximité d’un marché de volailles, et que des volatiles étaient échangés quotidiennement devant sa maison. Il n’a pas été fait état de la présence de volailles mortes ou malades près de la résidence du patient ou de la consommation de produits à base de volaille malade, morte ou non cuite au sein du foyer du patient ou des foyers environnants. Cependant, la grippe A(H9N2) n’est pas hautement pathogène chez les volailles. Le 2 avril, sept échantillons de volaille ont été prélevés sur deux sites d’échange d’oiseaux vivants de la même commune. Un échantillon était positif à la grippe A(H5N1), et les autres échantillons étaient négatifs aux grippes aviaires A(H5N1), A(H5N6), A(H5N8), A(H7N9) et A(H9). Le 4 avril, des échantillons ont été prélevés sur deux oies au domicile du patient, qui se sont avérés négatifs à A(H5) et A(H9).

Quinze contacts étroits du patient ont été invités à surveiller leur état de santé à domicile. Le 15 avril, aucun symptôme respiratoire n’a été signalé parmi les contacts du patient, et aucune épidémie n’a été rapportée dans la communauté où celui-ci résidait.

Il s’agit du premier cas d’infection humaine par le virus de la grippe aviaire A(H9N2) signalé au Viet Nam. 

 

 

Épidémiologie de la maladie

Les oiseaux aquatiques sauvages constituent le réservoir naturel des virus de la grippe, mais certains de ces virus peuvent infecter la volaille et les mammifères, y compris les êtres humains. Les infections chez l’humain se contractent principalement par contact direct avec des animaux infectés ou des environnements contaminés. Chez l’être humain, les infections par le virus de la grippe aviaire peuvent entraîner des manifestations allant d’infections bénignes des voies respiratoires supérieures à des maladies plus graves, qui peuvent être mortelles. Des conjonctivites, des symptômes gastro-intestinaux, des encéphalites et des encéphalopathies ont également été signalés.

Le diagnostic d’infection humaine par un virus de la grippe repose sur des analyses de laboratoire. L’OMS met régulièrement à jour les protocoles d’orientation technique pour la détection de la grippe zoonotique à l’aide de méthodes moléculaires – telles que la transcription inverse suivie d’une amplification en chaîne par polymérase (RT-PCR). Selon les indications disponibles, certains médicaments antiviraux, notamment les inhibiteurs de la neuraminidase (oseltamivir et zanamivir, par exemple) peuvent réduire la durée de la réplication virale et améliorer le pronostic dans certains cas.

Depuis 2015, 99 cas d’infection par la grippe aviaire humaine A(H9N2), dont deux décès, ont été notifiés à l’OMS.

 

 

Action de santé publique

Le Gouvernement vietnamien a pris les mesures de santé publique suivantes :

  • L’Institut Pasteur d’Hô Chi Minh-Ville et le centre d’endiguement des maladies d’Hô Chi Minh-Ville, en coopération avec le centre d’endiguement des maladies de la province de Tien Giang, ont procédé à des enquêtes et à la recherche des contacts, ainsi qu’à la désinfection de la résidence du patient et des zones d’exposition présumées.
  • Les secteurs locaux de la santé publique et de la santé animale ont participé à des enquêtes, à des procédures de recherche des contacts et à des tests plus poussés en vue de détecter d’éventuels cas supplémentaires et/ou épidémies de grippe aviaire A(H9N2) ou d’autres souches chez les humains et les volailles.
  • Le 5 avril, le Ministère de la santé a publié un communiqué de presse contenant des informations détaillées sur le cas et a diffusé des messages de santé publique sur les moyens de prévenir et de maîtriser activement la maladie.

 

 

Évaluation du risque par l’OMS

La plupart des humains infectés par le virus de la grippe aviaire A(H9N2) ont été exposés au virus à la suite d’un contact avec des volailles infectées ou des environnements contaminés. L’infection humaine entraîne généralement une maladie clinique bénigne. D’autres cas humains sont attendus, étant donné que le virus continue d’être détecté chez les populations de volailles. Aucun foyer épidémique n’a été signalé.

Les données épidémiologiques et virologiques dont on dispose actuellement laissent supposer que ce virus n’a pas acquis la capacité de se transmettre durablement chez les êtres humains. Une propagation interhumaine semble ainsi peu probable. Si des personnes infectées originaires de régions touchées voyagent à l’étranger, il est possible que leur infection soit détectée dans un autre pays pendant le voyage ou à l’issue de leur arrivée. Si cela devait se produire, on estime peu probable une propagation au niveau communautaire, car ce virus n’a pas acquis la capacité de se transmettre facilement d’une personne à l’autre.

 

 

Conseils de l’OMS

Ce cas ne change rien aux recommandations actuelles de l’OMS relatives aux mesures de santé publique et à la surveillance de la grippe. Une enquête approfondie sur chaque infection humaine est essentielle.

La population doit éviter tout contact avec des environnements à haut risque, par exemple les marchés/fermes d’animaux vivants et les volailles vivantes, ou les surfaces susceptibles d’être contaminées par des déjections de volailles. Il est recommandé d’observer les pratiques d’hygiène des mains en se lavant fréquemment les mains ou en utilisant des solutions hydroalcooliques. L’OMS ne recommande aucune modification de mesures particulière concernant les voyageurs.

Toutes les infections humaines causées par un nouveau sous-type de virus grippal doivent être notifiées au titre du RSI (2005). Les États Parties au RSI (2005) sont tenus de signaler immédiatement à l’OMS tout cas confirmé en laboratoire d’infection humaine récente par un virus grippal de type A susceptible de provoquer une pandémie.

Sur la base des informations actuellement disponibles sur cet événement, l’OMS déconseille toute restriction aux voyages et aux échanges commerciaux.

 

 

Plus d'informations

Citation suggérée : Organisation mondiale de la Santé (19 avril 2024). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Grippe aviaire A(H9N2) au Viet Nam. Disponible à l’adresse suivante : https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2024-DON514