Aperçu de la situation
Description de la situation
Depuis 2022, une épidémie de variole simienne causée par le virus de la variole simienne (MPXV) de clade IIb sévit dans le monde entier, touchant de nombreux pays en dehors du continent africain qui n’avaient jamais signalé de cas de variole simienne auparavant. Elle se propage principalement du fait de la transmission par contact sexuel entre les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, qui représentent le groupe le plus touché.
Bien que les souches de MPXV circulant en République démocratique du Congo appartiennent au clade I et qu’aucun cas d’infection par le MPXV de clade IIb n’ait été détecté jusqu’à présent, on observe dans le pays depuis 2022 une augmentation du nombre de cas signalés, ainsi qu’une répartition géographique plus large de ces cas.
La transmission par contact sexuel du MPXV de clade I a été officiellement documentée pour la première fois en avril 2023 au sein d’un petit foyer épidémique dans la province du Kwango, comme indiqué dans le précédent Bulletin d’information sur les flambées épidémiques.
Elle a de nouveau été établie à la suite du signalement de plusieurs nouveaux cas en septembre 2023, qui étaient liés à un contact sexuel avec un cas connu dans la zone de santé de Kamituga, dans la province du Sud-Kivu. Depuis lors, le nombre de cas signalés au Sud-Kivu ne cesse d’augmenter, y compris parmi les travailleurs et travailleuses du sexe et leurs contacts, dans un nombre croissant de zones de santé. Les enquêtes sur les cas et sur les flambées épidémiques, ainsi que le patrimoine génétique du virus, confirment la transmission interhumaine durable du MPXV de clade I dans la région, sans suspicion d’exposition à des animaux.
Le 1er juin 2024, un premier cas de variole simienne a été confirmé dans la province du Nord-Kivu, dans la ville de Goma[1] située dans la zone de santé de Karisimbi. Il s’agit d’une femme de 19 ans qui présentait une éruption cutanée maculaire, une dysphagie (difficulté à avaler), une dysurie (douleur à la miction), des maux de tête et des lésions génitales. Les tests PCR effectués sur des prélèvements par écouvillonnage de lésions cutanées se sont révélés positifs pour le MPXV. Au total, 45 contacts font actuellement l’objet d’un suivi. Une enquête épidémiologique approfondie a permis d’identifier un contact sexuel chez qui la variole simienne était suspectée et qui avait voyagé dans la province du Sud-Kivu. Cette personne se serait ensuite rendue dans la zone de santé de Masisi, au Nord-Kivu, où l’enquête se poursuit. Ce cas de variole simienne à Goma, au Nord-Kivu – province qui se caractérise par l’insécurité – est le tout premier cas signalé dans cette province.
En 2023, 14 626 cas de variole simienne et 654 décès (taux de létalité de 4,5 %) ont été signalés en République démocratique du Congo. Ce sont les chiffres les plus élevés jamais enregistrés dans le pays et également les chiffres les plus élevés au sein de la Région africaine de l’OMS. Parmi ces cas, 1 461 (10 %) ont été testés en laboratoire, dont 966 étaient positifs (taux de positivité de 68 %).
Au 26 mai 2024, 7 851 cas de variole simienne au total avaient été signalés en République démocratique du Congo, dont 384 décès (taux de létalité de 4,9 %). Ces cas ont été signalés dans 177 des 519 zones de santé (34 %), dans 22 des 26 provinces (85 %). Le nouveau cas à Goma porte ce dernier chiffre à 23 provinces sur 26 (88 %). Les provinces les plus touchées en 2024 sont celles de l’Équateur, du Sud-Ubangi, du Sankuru et du Sud-Kivu (Figure 1).
Figure 1. Répartition géographique des cas de variole simienne signalés en République démocratique du Congo entre le 1er janvier et le 26 mai 2024 (n = 7 851).
Source : données nationales de surveillance intégrée de la variole simienne, République démocratique du Congo. La prochaine mise à jour intégrera le Nord-Kivu pour tenir compte de la nouvelle flambée à Goma.
En 2024, la tranche d’âge la plus touchée reste celle des enfants (Tableau 1). Sur les 7 851 cas de variole simienne signalés, 39 % concernent des enfants âgés de moins de 5 ans (n = 3 090), dont 240 décès (62 % du total).
Tableau 1. Répartition selon l’âge des cas de variole simienne et des décès connexes signalés en République démocratique du Congo entre le 1er janvier et le 26 mai 2024 (n = 7 851).
Tranche d’âge (en années) | Cas signalés (n, % du total) | Décès (n, % du total) | Taux de létalité (%) | Odds ratio brut de décès (IC à 95 %) | Valeur-p |
---|---|---|---|---|---|
<1 | 897 (11) | 77 (20) | 8,6 | 3,8 (2,6-5,3) | <0,001 |
1-4 | 2 193 (28) | 163 (42) | 7,4 | 3,2 (2,4-4,3) | <0,001 |
5-15 | 2 164 (28) | 81 (21) | 3,7 | 1,6 (1,1-2,2) | <0,001 |
>15 | 2 597 (33) | 63 (16) | 2,4 | 1 | - |
Total | 7 851 | 384 | 4,9 | - | - |
Source : données nationales de surveillance intégrée de la variole simienne, République démocratique du Congo.
Des croûtes, des vésicules et des échantillons de sang ont été prélevés sur 1 415 cas signalés. Parmi ceux-ci, 994 ont été confirmés positifs pour le MPXV en laboratoire, soit un taux de positivité de 70 %. Sur les 22 provinces où des cas de variole simienne ont été signalés en 2024, 15 (68 %) ont confirmé au moins un cas en 2024 (Figure 2). Parmi les cas confirmés pour lesquels des données sont disponibles, 59 % (502 sur 852) sont des hommes et 50 % ont moins de 15 ans (Figure 3).
Figure 2. Répartition géographique des cas de variole simienne confirmés en République démocratique du Congo entre le 1er janvier et le 26 mai 2024 (n = 994).
Figure 3. Répartition par âge et par sexe des cas de variole simienne confirmés en République démocratique du Congo entre le 1er janvier et le 26 mai 2024 (n = 852*).
*142 cas confirmés sans données sur l’âge et le sexe.
Source : données nationales de surveillance intégrée de la variole simienne et base de données nationale du laboratoire de référence (INRB), République démocratique du Congo.
En 2024, le pourcentage de cas signalés de variole simienne testés au niveau national fluctue entre 8 et 30 % (Figure 4). Au 26 mai 2024, 18 % (1 415 sur 7 851) de tous les cas signalés avaient été testés. Cela représente une augmentation de 80 % par rapport aux 10 % de cas signalés testés en 2023, augmentation qui s’explique par des capacités de test accrues.
Figure 4. Courbe épidémique des cas de variole simienne signalés et pourcentage des cas signalés testés en République démocratique du Congo entre le 1er janvier et le 26 mai 2024 (n = 7 851).
Source : données nationales de surveillance intégrée de la variole simienne et base de données nationale du laboratoire de référence (INRB), République démocratique du Congo.
Grâce à l’utilisation de GeneXpert pour réaliser des diagnostics par PCR sur le terrain dans les deux provinces clés de l’Équateur et du Sud-Kivu, et grâce aux efforts de recherche du MPXV à l’aide de GeneXpert dans les provinces de la Tshopo et de la Tshuapa, les capacités de diagnostic et de surveillance de la variole simienne se sont considérablement accrues. Toutefois, les cas confirmés par GeneXpert en 2024 n’ont pas encore été inclus dans le nombre de cas nationaux puisque l’exercice de validation des tests GeneXpert n’est pas terminé.
À l’heure actuelle, seul le MPXV de clade I a été détecté dans le pays. Le laboratoire national effectue depuis fin 2023 des tests permettant de détecter le MPXV de clade II, et ces tests sont désormais utilisés lorsqu’apparaissent de nouveaux cas/foyers épidémiques dans les provinces auparavant épargnées.
Nouveau variant détecté au Sud-Kivu
Au Sud-Kivu, entre le 1er janvier et le 2 juin 2024, 777 cas ont été signalés dans le système national de surveillance après que des enquêtes ont été menées sur des alertes. À la suite d’analyses réalisées en laboratoire sur des échantillons provenant de 426 cas sur 777 (55 %), 373 cas ont été confirmés positifs (taux de positivité de 88 %), dont sept décès (taux de létalité de 1,8 % parmi les cas confirmés).
Le foyer épidémique de cas de variole simienne au Sud-Kivu, initialement détecté dans la zone de santé de Kamituga et dû à une transmission par contact sexuel, s’est étendu géographiquement, à tel point qu’aujourd’hui 19 des 34 zones de santé (56 %) ont signalé au moins un cas de variole simienne.
Parmi les types de contact déclarés par les cas figurent les contacts sexuels, les contacts directs non sexuels, ainsi que les contacts au sein du foyer et en établissement de santé. Aucun cas de transmission zoonotique présumée n’a été signalé dans la province depuis le début de la flambée épidémique.
La majorité des cas confirmés en laboratoire au Sud-Kivu concernent des personnes âgées de plus de 15 ans, et lorsque des données sur l’âge et le sexe sont disponibles, la répartition entre les deux sexes est similaire, avec 51 % de femmes et 49 % d’hommes.
Grâce au séquençage génomique d’échantillons de MPXV collectés entre octobre 2023 et janvier 2024, un nouveau variant du MPXV de clade I a été identifié dans la zone de santé de Kamituga. Ce variant présente une délétion d’un gène qui sert largement de cible pour les tests moléculaires spécifiques au clade. Cette délétion a été confirmée par le laboratoire national de référence, l’Institut national de recherche biomédicale (INRB), ainsi que par d’autres instituts universitaires et de santé publique.
Il a été constaté que le nouveau variant portait principalement des mutations de type APOBEC3, ce qui indique que le virus, en circulation chez l’humain, s’adapte. On estime qu’il est apparu vers la mi-septembre 2023, les données de séquençage suggérant une transmission interhumaine soutenue depuis lors. On ne sait pas si ce variant est plus transmissible ou s’il entraîne une forme plus grave de la maladie que les autres souches du virus circulant dans le pays.
En 2024, toutes les séquences virales en accès public provenant d’échantillons cliniques du Sud-Kivu identifient la souche comme étant celle du nouveau variant. Cependant, parmi toutes les autres séquences en accès public en République démocratique du Congo (RDC), y compris les séquences récentes provenant des provinces de l’Équateur, de Kinshasa et de la Tshopo, aucune n’atteste de mutations de type APOBEC-3. Il est difficile de déterminer, sur la base des données en accès public, si ce nouveau variant a évolué au Sud-Kivu ou dans d’autres régions de RDC ou plus largement de la zone du bassin du Congo où les prélèvements d’échantillons sont insuffisants. Des données de séquençage supplémentaires provenant de tout le pays et plus largement de la zone du bassin du Congo sont nécessaires pour mieux comprendre les origines de ce nouveau variant, ainsi que l’ensemble des souches virales circulant dans le pays.
La variole simienne dans la Région africaine de l’OMS
Burundi
Des signalements par voie orale de cas suspects de variole simienne ont laissé penser à une transmission transfrontalière potentielle à partir du Sud-Kivu (République démocratique du Congo). Au 30 mai 2024, aucun cas suspect de variole simienne n’avait été officiellement signalé au Burundi. Une évaluation du niveau national de préparation à la variole simienne a été effectuée, l’achat de kits de tests et l’inventaire des stocks médicaux sont en cours. Les discussions en vue d’élaborer un plan d’urgence pour lutter contre la variole simienne se poursuivent également.
Cameroun
Du 1er janvier au 30 avril 2024, 23 cas suspects de variole simienne ont été répertoriés, dont cinq cas confirmés (quatre hommes et une femme) et deux décès (taux de létalité de 40 %). Le séquençage génomique de ces cas a permis d’identifier le clade II comme le variant responsable. Au cours des ans, le Cameroun reste à ce jour le seul pays à avoir signalé à la fois les clades I et II du MPXV. En 2024, les cas confirmés sont répartis dans trois régions, Nord-Ouest (n=2), Sud-Ouest (n=2) et Littoral (n=1), ce qui met en lumière le potentiel de propagation régionale.
République du Congo
Le 23 avril 2024, le gouvernement a déclaré une épidémie nationale de variole simienne, et le 3 mai 2024, il a activé le fonctionnement du Centre d’opérations d’urgence de santé publique (COUSP) et du système de gestion des incidents. Le séquençage génomique des échantillons de MPXV a confirmé la présence du clade I, un résultat similaire à celui obtenu dans les zones d’endémie voisines de la République démocratique du Congo. Du 1er janvier au 30 mai 2024, la République du Congo a notifié 19 cas confirmés et 10 cas probables de variole simienne dans quatre départements : Cuvette (14 cas), Likouala (deux cas), Plateaux (deux cas) et Pointe-Noire (un cas). Les modes de transmission de ces cas n’ont pas été documentés. Par conséquent, le risque de propagation de l’épidémie est élevé. La flambée épidémique a atteint un pic au cours des semaines 4 à 10 de 2024 (du 21 janvier au 9 mars), et aucun cas n’a été signalé au cours des dernières semaines. Cependant, seuls 9 des 35 cas suspects enregistrés au cours de la semaine 21 ont été testés (tous négatifs), signe de la faiblesse du taux de dépistage.
Rwanda
Compte tenu de la proximité du Sud-Kivu, des activités de préparation sont en cours dans le pays. La surveillance a été renforcée dans les districts limitrophes de Bukavu. Entre le 28 avril et le 4 mai 2024, des équipes du Centre biomédical du Rwanda, des CDC, de l’OIM et de l’Université du Rwanda (étudiants du Programme de formation à l’épidémiologie de terrain) ont mené des recherches sur les cas actifs de variole simienne, une évaluation des points d’entrée et de l’état de préparation des établissements de santé à détecter et à répondre aux flambées épidémiques de variole simienne, et des activités de sensibilisation des agents de santé et la sensibilisation des communautés dans les districts de Rusizi et de Nyamasheke. Au 4 mai 2024, 16 cas suspects ont été enregistrés dans les districts de Rusizi (15) et de Nyamasheke (1). Tous les cas ont été testés négatifs pour la variole simienne par PCR. La touche finale est apportée au plan national d’urgence pour la variole simienne.
Afrique du Sud
Du 1er janvier au 6 juin 2024, cinq cas confirmés de variole simienne ont été signalés, chez des hommes âgés de 35 à 39 ans. Le séquençage des cinq cas a montré qu’il s’agissait du clade IIb du MPXV. Deux cas ont été signalés dans la province de Gauteng et un groupe de trois cas dans la province du KwaZulu-Natal. Aucun des cas des deux groupes n’a signalé d’antécédents de voyage international. Quatre des cinq hommes ont bénéficié d’un traitement par le tecovirimat fourni par l’OMS à partir de la réserve limitée disponible pour un usage compassionnel, à la demande du gouvernement sud-africain. La gravité de tous les cas identifiés chez les personnes immunodéprimées suggère que les cas moins graves ne sont pas identifiés, testés ou déclarés. La riposte à la flambée épidémique est en cours en collaboration avec le programme de lutte contre le VIH/sida, y compris la recherche des contacts et la formation des cliniciens. Les voyages entre l’Afrique du Sud et la République démocratique du Congo sont nombreux, liés à l’activité commerciale et professionnelle entre les deux pays.
Épidémiologie de la maladie
La variole simienne est une maladie infectieuse causée par le virus de la variole simienne (MPXV). Il existe deux clades connus du MPXV : le clade I, précédemment connu sous le nom de clade du bassin du Congo ; et le clade II, anciennement appelé clade de l’Afrique de l’Ouest, qui comprend les sous-clades IIa et IIb. Le virus de la variole simienne se transmet entre humains par contact étroit avec des lésions, des fluides corporels, des gouttelettes respiratoires ou des matériaux contaminés, ou entre les animaux et les êtres humains par contact avec des animaux vivants ou la consommation de viande de brousse contaminée.
Le virus de la variole simienne entraîne des signes et des symptômes qui apparaissent habituellement dans la semaine qui suit la contamination, mais qui peuvent survenir entre un et 21 jours après l’exposition au virus. Les symptômes durent généralement entre deux et quatre semaines, mais ils peuvent mettre plus de temps à disparaître chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Ce sont typiquement la fièvre, les douleurs musculaires et le mal de gorge qui apparaissent en premier, suivis d’une éruption cutanée et muqueuse. La lymphadénopathie (ganglions lymphatiques enflés) est également une caractéristique typique de la variole simienne, présente dans la plupart des cas. Chez les enfants, les femmes enceintes et les personnes au système immunitaire affaibli, la variole simienne peut entraîner des complications, voire le décès.
Il est important de distinguer la variole simienne de la varicelle, de la rougeole, des infections cutanées bactériennes, de la gale, de l’herpès, de la syphilis, d’autres infections sexuellement transmissibles et des allergies associées aux médicaments. Une personne atteinte de variole simienne peut également avoir une autre infection sexuellement transmissible comme l’herpès. De même, un enfant ou un adulte chez qui on suspecte la variole simienne peut aussi avoir contracté la varicelle. Pour ces raisons, les tests de laboratoire sont importants pour confirmer la variole simienne, en particulier pour les premiers cas d’une flambée épidémique ou dans une nouvelle zone géographique, et pour mettre en œuvre des mesures de santé publique et sociales adaptées pour freiner la transmission.
La détection de l’ADN viral par amplification en chaîne par polymérase (PCR) est le test de laboratoire à privilégier pour la variole simienne. Les meilleurs échantillons diagnostiques sont prélevés directement sur l’éruption – peau, liquide ou croûtes – et collectés par frottis vigoureux. En l’absence de lésions cutanées, des tests peuvent être effectués sur des écouvillons oropharyngés, anaux ou rectaux. Cependant, bien qu’un résultat positif d’un échantillon oropharyngé, anal ou rectal permette de confirmer une infection par le MPXV, un résultat négatif n’est pas suffisant pour l’exclure. Les tests sanguins ne sont pas recommandés. La sérologie ne fait pas de distinction entre les différents orthopoxvirus et est donc limitée aux laboratoires de référence où les méthodes de détection des anticorps peuvent être appliquées pour la classification rétrospective des cas ou dans des études spéciales.
Le traitement est basé sur le soin des éruptions cutanées, la prise en charge de la douleur et la prévention des complications. De plus, des médicaments antiviraux spécifiques tels que le tecovirimat peuvent également être utilisés dans le traitement de la variole simienne, en particulier pour les cas graves ou pour les individus à risque élevé de complications.
Action de santé publique
Coordination
- Le Ministère de la santé, avec le soutien de l’OMS et d’autres partenaires, continue d’intensifier la surveillance, de renforcer la prise en charge clinique des cas et les capacités des laboratoires, d’améliorer les pratiques de lutte anti-infectieuse dans les établissements de santé, d’entreprendre des activités de communication sur les risques et de mobilisation communautaire dans les provinces touchées et de préparer des stratégies de vaccination pour les interventions d’urgence.
Surveillance
- La surveillance de la variole simienne dans tout le pays est renforcée, en particulier dans les huit provinces prioritaires (Équateur, Mai’Ndombe, Maniema, Sankuru, Sud-Kivu, Sud-Ubangi, Tshopo et Tshuapa) comme le prévoit le plan national de riposte.
- Des renseignements supplémentaires sur les cas confirmés de variole simienne recrutés dans le cadre d’un essai clinique de traitement dans deux provinces ont été transmis au référent surveillance de l’équipe de gestion des incidents et inclus dans la base de données nationale de surveillance.
- Un soutien logistique a été fourni pour la collecte, le transport et l’analyse des échantillons provenant de cas suspects. Des cartouches GeneXpert ont été achetées pour les provinces de l’Équateur (Ingende, Mbandaka), du Nord-Kivu (Goma), de la Tshopo (Kisangani), de la Tshuapa (Boende) et du Sud-Kivu (Bukavu, Kamituga).
Stratégie de diagnostic ciblant le nouveau variant
- Le 22 mai 2024, l’OMS a publié une mise à jour des lignes directrices provisoires sur les tests de diagnostic du virus de la variole simienne (en anglais), qui fournit des informations aux laboratoires de diagnostic et de référence de tous les pays afin de garantir la capacité de détection de la nouvelle souche.
- Conformément à la recommandation de coupler les tests, les tests PCR spécifiques au clade doivent être utilisés en conjonction avec un test PCR générique OPXV ou MPXV qui cible les gènes conservés, en particulier lors de la confirmation d’une flambée épidémique ou d’un nouveau cas dans une zone non touchée par la flambée auparavant. Cette stratégie assure la détection du nouveau MPXV circulant dans le pays.
- Le séquençage du génome du virus à partir d’échantillons cliniques est en cours d’amélioration, en particulier pour le Sud-Kivu, afin de détecter de nouveaux variants à partir des cas et de mieux comprendre les souches virales en circulation.
Communication sur les risques et mobilisation communautaire
- Des messages incorporant des informations sur la transmission sexuelle de la variole simienne ont été élaborés pour appuyer les efforts de communication sur les risques et de mobilisation communautaire. Les communications sur les risques ont également été traduites dans les langues locales.
- Des initiatives de sensibilisation ont été lancées auprès des communautés touchées des provinces de l’Équateur, de Kinshasa, du Kwango, du Sud-Kivu et de la Tshopo.
- Un plan national de communication sur les changements de comportement requis face à la variole simienne a été élaboré.
Prise en charge des cas et lutte anti-infectieuse
- Pour prévenir la transmission de la maladie, l’isolement immédiat des cas suspects ou confirmés dans un établissement de santé, ou à domicile pour les cas confirmés qui sont bénins et dont la prise en charge à domicile est jugée acceptable, est recommandé dans tout le pays. Des difficultés se posent lorsque des patients quittent l’hôpital contre avis médical pour aller chercher de la nourriture ou des soins ailleurs, ou pour reprendre leur activité professionnelle.
- Les soins cliniques, y compris le soutien psychologique, dispensés aux personnes atteintes de variole simienne ont été adaptés au contexte local. Les patients dont l’infection est jugée sévère ou critique sont hospitalisés dans le centre de traitement de la variole simienne, tandis que ceux dont l’infection est bénigne ou modérée sont traités en ambulatoire dans des centres ou postes de santé. Ces lignes directrices fournissent également des conseils sur les soins nutritionnels à prodiguer aux enfants souffrant de malnutrition aiguë.
- Le recrutement des participants à une étude clinique sur l’efficacité du técovirimat chez les patients atteints de variole simienne se poursuit dans deux provinces du pays.
Vaccins et vaccination
- En février 2024, le Groupe technique consultatif national indépendant sur la vaccination (GTCV) a recommandé que les vaccins LC16 et MVA-BN soient tous deux utilisés dans le cadre des interventions d’urgence.
- L’Autorité congolaise de réglementation pharmaceutique (ACOREP) examine actuellement les dossiers relatifs aux vaccins LC16 et MVA-BN, suite à la demande formulée par le Programme essentiel de vaccination le 8 mai 2024, en vue d’autoriser l’utilisation temporaire de ces vaccins dans le cadre des interventions d’urgence.
- L’Institut national de recherche biomédicale (INRB) coordonne la mise au point de protocoles d’études cliniques sur les vaccins contre la variole simienne afin de remédier à l’insuffisance des connaissances sur l’efficacité de ces vaccins, en particulier chez les enfants.
- Des travaux sont en cours pour élaborer des stratégies de vaccination d’urgence et entreprendre des études cliniques destinées à combler les lacunes dans les connaissances sur les vaccins contre la variole simienne, notamment sur leur efficacité, leur innocuité et la persistance de l’immunogénicité.
Formation et renforcement des capacités
- L’OMS et ses partenaires continuent d’aider le Ministère de la santé à mettre à jour les orientations et les procédures relatives aux interventions de santé publique contre la variole simienne, y compris les directives nationales sur la prise en charge clinique des cas, les supports utilisés pour la communication sur les risques et la mobilisation communautaire et les outils destinés à la surveillance (formulaires de définition des cas et d’enquête sur les cas).
- L’OMS et ses partenaires œuvrent au renforcement des capacités des agents de santé de première ligne en matière de surveillance, de diagnostic, de communication sur les risques, de mobilisation communautaire et de prise en charge clinique des cas en proposant des formations, un encadrement positif et un mentorat.
Évaluation du risque par l’OMS
La majorité des cas signalés dans les provinces d’endémie connues de la République démocratique du Congo concerne des enfants de moins de 15 ans, en particulier de jeunes enfants. Les nourrissons et les enfants de moins de cinq ans sont ceux qui présentent le risque le plus élevé de forme grave de la maladie et de décès, en particulier là où la prise en charge optimale et rapide des cas est limitée ou inexistante. Le nombre de cas notifiés chaque semaine reste systématiquement élevé et l’épidémie continue de s’étendre sur le plan géographique. Le taux élevé de positivité parmi les cas testés dans la plupart des provinces laisse également supposer qu’une transmission non détectée est en cours au niveau communautaire.
La transmission par contact sexuel de la variole simienne due au virus MPXV de clade I dans des populations clés a été mise en évidence pour la première fois en République démocratique du Congo en 2023. Dans la province du Sud-Kivu, la transmission de la variole simienne se poursuit par contact interhumain (sexuel et non sexuel).
L’épidémie mondiale de 2022-2024 a montré que les contacts sexuels favorisent une propagation plus rapide et plus efficace du virus d’une personne à l’autre en raison de contacts directs avec les muqueuses, de la multiplicité éventuelle des partenaires, d’une période d’incubation qui pourrait être plus courte en moyenne et d’une période infectieuse plus longue pour les personnes immunodéprimées. L’apparition récente de la variole simienne au Nord-Kivu est très préoccupante. Compte tenu de l’impact supplémentaire qu’une transmission interhumaine sexuelle durable de la variole simienne est susceptible d’avoir sur la santé publique dans le pays, une intervention énergique s’impose.
L’immunodépression, en particulier en présence d’une infection à VIH à un stade avancé, constitue l’un des principaux facteurs de risque de maladie grave et de décès chez les personnes atteintes de variole simienne. On estime que dans la population adulte générale de la République démocratique du Congo, la prévalence de l’infection à VIH est d’environ 1 %. Elle est plus élevée dans les provinces orientales du pays, ainsi que dans certaines populations clés, avec notamment des estimations de la prévalence se chiffrant à 7,5 % parmi les travailleurs et travailleuses du sexe et à 7,1 % parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Ce taux plus élevé de prévalence de l’infection à VIH, ainsi que les difficultés d’accès au traitement antirétroviral, exposent ces groupes à un risque accru de forme grave de la variole simienne et de décès en cas d’infection. Le fait que des cas aient été recensés dans des groupes professionnels très divers et au sein des foyers suggère en outre que la flambée épidémique survenue au Sud-Kivu est déjà en train de se propager plus largement dans la communauté.
Les mesures d’urgence mises en place en République démocratique du Congo permettent de mieux comprendre la dynamique de la transmission du MPXV. Néanmoins, le fait que de nombreuses zones ne disposent pas d’un accès en temps utile aux outils de diagnostic, que les enquêtes épidémiologiques restent incomplètes, que la recherche des contacts se heurte à des difficultés et que les enquêtes chez l’animal, bien que menées de manière approfondie, soient non concluantes sont autant de facteurs qui continuent d’entraver la mise en œuvre d’une riposte rapide. Les événements de transmission zoonotique restent considérés comme une source majeure d’exposition dans le pays, mais le réservoir animal demeure inconnu. Les nouvelles caractéristiques de la transmission interhumaine observée au Sud-Kivu et au Nord-Kivu font en outre craindre une nouvelle expansion rapide de l’épidémie dans les provinces minières de l’est, ainsi que dans le reste du pays et dans d’autres pays limitrophes.
Du 1er janvier au 26 mai 2024, 7851 cas suspects ont été signalés, contre 3924 au cours de la même période de 2023. La propagation géographique de l’épidémie vers de nouvelles zones, telles que Kinshasa et le Nord-Kivu, se poursuit en 2024. Seules 3 des 26 provinces du pays n’ont pas encore notifié de cas de variole simienne en 2024. Dans les provinces nouvellement touchées, certains cas peuvent être imputés à des voyages en provenance de zones où la maladie est endémique, mais d’autres relèvent d’une transmission interhumaine secondaire ou soutenue, et la source d’infection de plusieurs cas reste inconnue. La situation actuelle reste extrêmement préoccupante, car le MPXV continue de profiter des lacunes immunitaires qui sont apparues après l’éradication de la variole.
Les capacités de surveillance et d’enquête sur les alertes sont limitées du fait de difficultés logistiques et du manque de ressources, et les moyens de laboratoire requis ne sont disponibles que dans deux laboratoires nationaux, l’un à Kinshasa et l’autre à Goma, de sorte que seuls 18 % des cas signalés en 2024 ont fait l’objet d’un test de PCR. Des analyses par GeneXpert ont commencé à être effectuées dans les provinces de l’Équateur et du Sud-Kivu, et la validation des résultats est en cours. Les capacités de riposte à la variole simienne dans le pays sont largement tributaires du soutien de l’OMS et d’autres partenaires.
Des études d’immunogénicité et d’innocuité du vaccin MVA-BN, entamées en 2016, sont encore en cours en République démocratique du Congo. Le Groupe consultatif technique national sur la vaccination (GTCV) a publié des recommandations sur l’utilisation des vaccins contre la variole simienne chez les personnes à risque dans le pays. Il a notamment préconisé de privilégier le vaccin LC16 chez les enfants et le vaccin MVA-BN chez les adultes. Le Ministère de la santé publique, de l’hygiène et de la prévention a annoncé son intention de vacciner les personnes à risque au moyen des vaccins LC16 et MVA-BN contre la variole simienne basés sur le virus de la vaccine et a demandé à l’autorité nationale de réglementation (ACOREP) d’autoriser l’utilisation temporaire de ces vaccins. L’examen de cette demande est en cours. D’autres études cliniques sont prévues dans le pays pour évaluer l’efficacité et l’innocuité du vaccin LC16. Le Programme essentiel de vaccination (PEV) a entrepris une vaste consultation interne, avec l’OMS et ses partenaires, en vue d’élaborer des stratégies pour la vaccination d’urgence des personnes à risque et dans les zones à risque.
Des études cliniques sur l’efficacité du médicament antiviral técovirimat sont en cours sur deux sites d’étude en République démocratique du Congo : Kole (province du Sankuru) et Tunde (province du Maniema). Le recrutement des participants à cette étude devrait s’achever en 2024. L’accès au técovirimat est possible via une demande adressée à l’OMS pour un usage compassionnel ou dans le cadre du protocole MEURI de l’OMS.
La communication sur les risques et la mobilisation communautaire revêtent une importance cruciale face à une maladie dont les modes de transmission habituellement signalés se manifestent sous forme de flambées épidémiques communautaires, dues par exemple à la consommation de viande de brousse, mais aussi face au risque nouvellement observé de transmission sexuelle, en particulier parmi les travailleurs et travailleuses du sexe et d’autres populations clés. Selon une étude menée par l’USAID et Breakthrough Action en 2022, la population générale de la République démocratique du Congo connaît mal les risques associés à la variole simienne, bien que des cas aient été observés depuis 1970 dans des zones reculées où cette maladie est endémique. Faute d’une diffusion adéquate, à ce jour, de messages de santé ciblant les populations clés du pays, comme les travailleurs et travailleuses du sexe ou les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ces populations se trouvent exposées à un risque accru. Toute personne souffrant d’une affection cutanée défigurante, y compris la variole simienne, peut éprouver de la peur et être victime de stigmatisation. Ce problème est encore plus aigu pour les personnes qui risquent de contracter la maladie par contact sexuel.
La persistance de l’épidémie de variole simienne en République démocratique du Congo reste préoccupante pour les raisons suivantes :
- L’incidence de la maladie reste élevée en 2024 par rapport aux années précédentes, et les deux tiers des cas et plus des quatre cinquièmes des décès signalés concernent principalement des enfants dans des zones d’endémie connues.
- La transmission par contact sexuel du MPXV de clade I parmi les populations clés et d’autres groupes caractérisés par une multiplicité des partenaires et une grande mobilité dans des zones minières densément peuplées a abouti à une transmission communautaire soutenue de la maladie au Sud-Kivu.
- La flambée épidémique, caractérisée par la transmission par contact sexuel, a révélé une nouvelle souche du MPXV qui présente des mutations génétiques évocatrices d’une transmission interhumaine à grande échelle et d’un élargissement de la présence géographique. Cette nouvelle souche du MPXV touche de nouvelles zones dans les provinces méridionales et orientales. On ne sait pas si ce variant est intrinsèquement plus transmissible ou entraîne des formes plus graves que les autres souches virales en circulation dans le pays, mais des co-infections par le VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles sont actuellement documentées.
- En 2023 et 2024, plusieurs cas de variole simienne associés à des voyages en bateau fluvial ont été enregistrés à Kinshasa et ont entraîné des flambées dans la ville. Au moment de l’établissement du présent bulletin, de nouveaux cas ont été confirmés dans la zone de santé de Nsele, à Kinshasa.
- Le taux de positivité des tests est élevé (environ 70 % globalement) voire très élevé (environ 90 % au Sud-Kivu) chez les cas signalés, malgré les efforts déployés pour amplifier fortement la surveillance. Cela tend à indiquer une sous-détection ou une sous-déclaration importantes de la transmission.
- Même si le gouvernement a activé une intervention d’urgence au niveau du pays, avec le soutien des partenaires nationaux et mondiaux, les ressources restent insuffisantes pour engager une riposte à l’échelle d’une zone géographique aussi vaste et la mobilisation des ressources est lente.
- Les informations dont dispose le public sont limitées, les ressources sont rares et un soutien technique et financier est nécessaire pour garantir une riposte solide au niveau provincial/local, national et international.
- Une épidémie concomitante de variole simienne est en cours en République du Congo, où l’on enregistre des cas génétiquement similaires à la souche du MPXV circulant dans les provinces d’endémie voisines de la République démocratique du Congo.
- Une nouvelle flambée de variole simienne due au clade IIb du MPXV, lié à l’épidémie mondiale en cours, touche actuellement des populations clés de la République d’Afrique du Sud ; à ce jour, seuls les cas présentant des formes graves ou une infection à VIH à un stade avancé ont été signalés, ce qui suggère une importante circulation du virus à bas bruit. Les voyages entre l’Afrique du Sud et la République démocratique du Congo, liés aux activités commerciales entre ces deux pays, sont un autre facteur de risque pour les populations.
- Au cours des semaines épidémiologiques 16 à 18, une flambée épidémique de 45 cas suspects de variole simienne a été signalée dans deux cellules de prison de la zone de santé de Lodja, dans la province du Sankuru, en République démocratique du Congo. Des échantillons ont été prélevés et envoyés au laboratoire pour confirmation, mais les résultats n’ont pas encore été communiqués.
Conseils de l’OMS
Conseils d’ordre général
Les autorités sanitaires et les cliniciens/agents de santé de tous les pays doivent savoir que la flambée mondiale de variole simienne liée au MPXV de clade IIb est en cours dans toutes les Régions de l’OMS, que l’incidence de la variole simienne continue d’être documentée dans les zones d’endémie et que les flambées dues à la transmission sexuelle du clade I, plus virulent, se poursuivent dans la partie orientale de la République démocratique du Congo. La nouvelle souche du MPXV de clade I liée à la transmission interhumaine alimente le risque d’une nouvelle propagation transfrontalière et internationale, qui pourrait elle-même majorer le risque de forme grave.
L’OMS conseille vivement aux pays de continuer à suivre les Recommandations permanentes émises par le Directeur général de l’OMS en août 2023, en particulier en ce qui concerne la surveillance épidémiologique de la variole simienne et le renforcement des capacités de diagnostic en laboratoire, conformément aux orientations provisoires actualisées de l’OMS, notamment s’agissant du séquençage génomique des virus. Suivant les recommandations permanentes, tous les pays devraient disposer de plans concernant la prévention, la préparation, la maîtrise et l’élimination de la variole simienne.
Il faut mettre en œuvre de façon pérenne des activités de communication sur les risques et de mobilisation communautaire adaptées aux différents contextes ; continuer, ou commencer, à vacciner les personnes à risque ; mettre en place une prise en charge optimale des cas ; appliquer les mesures de lutte anti-infectieuse ; renforcer la recherche afin de mieux apprécier les modes de transmission et l’efficacité des contre-mesures dans différents contextes ; et apporter un appui soutenu à la mise au point de méthodes de diagnostic rapide et de traitements adaptés aux besoins des patients.
Là où le nombre de cas ou de foyers épidémiques reste faible, les autorités de santé doivent s’efforcer d’éliminer la transmission interhumaine de la variole simienne et de préserver les moyens de riposte aux flambées. Compte tenu du recul de la surveillance, et comme le virus circule à bas bruit, les autorités de santé doivent partir du principe que la variole simienne peut émerger à tout moment et être prêtes à y riposter.
Toute personne dont le diagnostic clinique ou de laboratoire pour la variole simienne a été confirmé devrait suivre les instructions des autorités sanitaires selon le contexte local, qui incluent sans doute l’isolement pendant la période infectieuse. Les contacts d’un cas confirmé sont priés de limiter leurs déplacements (et de s’abstenir de relations sexuelles) pendant 21 jours, période de surveillance de l’apparition des symptômes.
Les vaccins antivarioliques composés du virus de la vaccine protègent contre la variole en raison de la similitude antigénique des orthopoxvirus. C’est la raison pour laquelle plusieurs vaccins antivarioliques ont été approuvés pour la prévention de la variole. Des vaccins de troisième génération entraînant moins d’effets secondaires sont disponibles, comme le MVA-BN approuvé en 2019 ou le LC16 approuvé en 2022 pour la prévention de la variole simienne. Quelques pays maintiennent des stocks de vaccins, surtout depuis le début de l’épidémie mondiale de variole simienne en 2022. La vaccination contre la variole simienne est recommandée pour les personnes à risque.
Le Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination (SAGE) de l’OMS a mis à jour ses recommandations sur l’emploi de vaccins pour prévenir la variole simienne dans les contextes d’épidémie et sur la vaccination préventive des groupes à haut risque en dehors des situations d’épidémie :
- Concernant les situations d’épidémie, dans un souci d’adaptabilité visant à tenir compte de l’évaluation des risques locaux, des différents modes de transmission et des possibilités de riposte, les populations chez lesquelles la vaccination peut être envisagée incluent : i) les adultes et les enfants d’une zone ou d’une communauté définie sur le plan géographique (par exemple, des villages) présentant un risque documenté d’exposition ; ii) les personnes ayant des contacts sexuels multiples ; iii) les agents de santé à risque d’exposition répétée ; et iv) les contacts connus de personnes atteintes de la variole simienne.
- Prenant note de l’endémicité de la maladie sur le continent africain, de l’épidémiologie distincte de la variole simienne dans cette région et des inégalités d’accès à la vaccination, le SAGE a lancé un appel résolu à l’action en vue de promouvoir la recherche épidémiologique et vaccinale sur la variole simienne dans la région et des mesures urgentes à engager pour faciliter un accès équitable à la vaccination. La recherche devrait également être intégrée à la riposte à l’épidémie.
Concernant les traitements antiviraux dont l’efficacité contre la variole simienne est en cours d’évaluation, une demande d’accès faite par l’intermédiaire des autorités de santé nationales est généralement nécessaire.
Il est essentiel d’approfondir les connaissances sur les liens épidémiologiques entre la variole simienne et le VIH, leurs facteurs de risque respectifs et communs d’infection et d’évolution vers une forme grave, la prise en charge optimale des cas et l’efficacité des vaccins et des approches thérapeutiques. Il est important de fournir des services de santé adaptés aux personnes à risque, et d’intégrer la prise en charge des cas dans un service de santé renforcé et adaptatif qui réponde aux besoins des patients.
Il faut également absolument souligner combien il est important de mener les investigations chez les cas avec sensibilité et sans la moindre stigmatisation et de disposer d’une compréhension approfondie de la transmission interhumaine de la variole simienne dans les communautés, tout en renforçant l’approche « Une seule santé » dans les zones où le virus de la variole simienne circule chez des hôtes ou réservoirs mammifères possibles.
Communauté
La communication sur les risques de transmission sexuelle de la variole simienne doit être renforcée, en particulier parmi les groupes de personnes les plus à risque et les personnes et ménages touchés. Une action de sensibilisation est nécessaire à tous les niveaux pour soutenir, informer et mobiliser les dirigeants communautaires afin qu’ils appliquent des mesures visant à informer la population des questions relatives à la variole simienne et la mobilise en vue de trouver des solutions pour enrayer sa propagation.
Les activités de communication sur les risques et de mobilisation communautaire seront vitales pour inciter les communautés touchées à prendre conscience des risques et des comportements protecteurs. Il conviendrait de collecter des données socio-comportementales et de réaliser une analyse de situation pour mieux comprendre les facteurs de transmission et les personnes touchées. Ces informations peuvent ensuite servir à améliorer la prise de décision, afin que les efforts de riposte soient en adéquation avec les besoins, les priorités et les capacités des communautés, et pour étayer l’élaboration de plans de communication sur les risques et de mobilisation communautaire fondés sur des éléments probants.
Les publics clés devraient être identifiés, y compris les professionnels de la santé, les populations clés telles que les travailleurs et travailleuses du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes trans ou de genre variant, les personnes qui travaillent dans des lieux ou pour des événements où se déroulent des activités sexuelles ainsi que celles qui y assistent, et les personnes à risque de maladie plus grave (y compris celles dont le VIH n’est pas traité ou correctement maîtrisé).
Il faudrait établir des partenariats avec des réseaux de confiance qui travaillent avec ces communautés pour faciliter la mobilisation communautaire. Des systèmes de retour d’information bidirectionnels devraient être établis ou activés. Une attention particulière devrait être accordée aux mesures qui permettent de comprendre, de prévenir et de combattre la stigmatisation et la discrimination, qui ne sont jamais acceptables et peuvent compromettre la riposte à l’épidémie et avoir de graves conséquences sur les résultats en matière de santé.
De plus, s’agissant des patients qui présentent des formes de variole simienne non sévère pour lesquelles des soins à domicile sont envisagés, plusieurs mesures de lutte anti-infectieuse devraient être mises en place. Le patient devrait notamment être placé en isolement dans une zone séparée des autres membres du ménage, à distance des pièces communes du domicile (par exemple, il devrait demeurer dans une pièce bien ventilée, à l’écart des autres membres du ménage).
Le patient devrait porter un masque médical bien ajusté et couvrir ses lésions lorsqu’il se trouve à proximité immédiate d’autres personnes et lorsqu’il quitte la zone d’isolement qui lui est réservée (par exemple, pour aller aux toilettes). La vaisselle, les ustensiles et les surfaces du domicile, notamment les meubles, lits, toilettes ou sols, ou tout élément touché par le patient, doivent être nettoyés au savon et à l’eau et désinfectés régulièrement (par exemple, au moyen d’un désinfectant ménager usuel ou de produits javellisés). Il faut accorder une attention particulière aux surfaces fréquemment touchées. Veuillez consulter le document Clinical management and infection prevention and control for monkeypox: Interim rapid response guidance pour obtenir de plus amples informations sur les mesures de lutte anti-infectieuse applicables aux patients et aux personnels de santé et d’aide à la personne en milieu communautaire.
Dans les établissements de soins
Il faut appliquer des mesures de lutte anti-infectieuse dans les établissements de soins, les lieux collectifs ou les logements pour prévenir et combattre la transmission de la variole simienne. Il est important de former le personnel aux mesures de lutte anti-infectieuse, notamment aux précautions standard et aux précautions basées sur le mode de transmission. Les membres du personnel doivent également avoir accès à un équipement de protection individuelle et le porter correctement, respecter les 5 indications de l’hygiène des mains de l’OMS, nettoyer et désinfecter fréquemment les lieux où se trouvent les patients, et installer et isoler les patients de manière appropriée. Les précautions basées sur le mode de transmission de la variole simienne sont les précautions contre la transmission par contact et gouttelettes ; l’EPI recommandé pour les personnels de santé et d’aide à la personne est le suivant : gants, blouse, masque de protection respiratoire (par exemple, N95, FFP2) et protection oculaire. Dans les établissements de soins, outre les précautions contre la transmission par contact et gouttelettes, des précautions contre la transmission aérienne doivent être mises en œuvre en cas de suspicion d’infection par le virus varicelle-zona (varicelle) jusqu’à ce que celle-ci soit exclue. Pour plus d’informations sur les mesures de lutte anti-infectieuse requises lors de la prise en charge des patients atteints de variole simienne, consulter le document intitulé « Prise en charge clinique, prévention et maîtrise de l’orthopoxvirose simienne (variole du singe) : orientations provisoires pour une intervention rapide ».
Les personnels de santé et d’aide à la personne doivent se protéger en appliquant les mesures recommandées, tout en évitant la stigmatisation et en proposant un soutien psychologique aux patients et à leurs familles.
Les échantillons de laboratoire prélevés sur des personnes et des animaux chez lesquels une infection par le virus de la variole simienne est suspectée doivent être manipulés par du personnel formé travaillant dans des laboratoires équipés. La confirmation de la présence du virus de la variole simienne dépend du type d’échantillon, de la qualité de l’échantillon et du type de test de laboratoire. Les échantillons doivent donc être conditionnés et expédiés conformément aux exigences nationales et internationales. La RT-PCR est le test de laboratoire privilégié du fait de sa précision et de sa sensibilité. Pour cela, des échantillons doivent être prélevés à des fins de diagnostic sur les lésions cutanées – liquide des vésicules et pustules, et croûtes sèches. Les tests PCR sanguins sont généralement peu concluants en raison de la courte durée de la virémie par rapport au moment du prélèvement de l’échantillon après l’apparition des symptômes ; les prélèvements sanguins ne doivent pas être systématiques. Comme les orthopoxvirus présentent une réactivité sérologique croisée, les méthodes de détection des antigènes et des anticorps ne sont pas spécifiques à la variole simienne. Il est donc essentiel que les laboratoires soutiennent les autorités sanitaires en fournissant des kits de prélèvement d’échantillons pour les lésions cutanées.
Aux points d’entrée
Selon le Directeur général de l’OMS, et conformément au Règlement sanitaire international (2005) (RSI), il est recommandé aux États Parties d’encourager les autorités, les personnels de santé et d’aide à la personne et les groupes communautaires à fournir aux voyageurs des renseignements adaptés pour se protéger et protéger les autres avant, pendant et après un voyage en vue de se rendre à des événements ou à des rassemblements où la variole simienne peut représenter un risque.
L’OMS recommande aux pays de s’abstenir de mettre en œuvre des mesures sanitaires liées aux voyages spécifiques à la variole simienne, telles que le dépistage à l’entrée ou à la sortie, ou les exigences en matière de tests de diagnostic ou de vaccination.
Plus d'informations
Orientations techniques provisoires de l’OMS
- Surveillance, case investigation and contact tracing for mpox (monkeypox): interim guidance, 20 March 2024
- Diagnostic testing for the monkeypox virus (MPXV): interim guidance, 10 May 2024 (en anglais)
- Réunion du Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination, mars 2024 : conclusions et recommandations, 31 mai 2024
- Vaccins et vaccination contre la variole simienne : orientations provisoires, 16 novembre 2022
- Prise en charge clinique, prévention et maîtrise de l’orthopoxvirose simienne (variole du singe) : Orientations provisoires pour une intervention rapide, 10 juin 2022
- OMS. Standard precautions for the prevention and control of infections: aide-memoires (en anglais)
- OMS. Transmission-based precautions for the prevention and control of infections: aide-memoire (en anglais)
- Risk communication and community engagement (RCCE) for mpox outbreaks: Interim guidance, 24 June 2022 (en anglais)
Surveillance et autres données
- 2022-24 Mpox (Monkeypox) Outbreak : Global Trends (en anglais)
- Orthopoxvirose simienne : surveillance, enquête sur les cas et recherche des contacts. Orientations provisoires, 20 mars 2024
- Bulletin d’information sur les flambées épidémiques, Variole simienne - République démocratique du Congo
Communication des risques, mobilisation communautaire et conseils en matière de santé publique
- Conseils de santé publique relatifs à la communication sur les risques et à la participation communautaire pour comprendre, prévenir et combattre la stigmatisation et la discrimination liées à la variole du singe
- Conseils de santé publique relatifs à la variole du singe à l’intention des travailleurs du sexe
- Conseils de santé publique sur la variole simienne et les lieux collectifs en tant que contextes de vie, de séjour ou de travail en collectivité
- Conseils de santé publique sur la variole simienne et les établissements et événements de commerce du sexe
- Questions-réponses : tout ce que vous devez savoir sur la variole du singe
- Responding to the global mpox outbreak: ethics issues and considerations: a policy brief, 19 July 2023 (en anglais)
Planification stratégique et soutien global
- Recommandations permanentes relatives à la variole simienne émises par le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) conformément au Règlement sanitaire international (2005) (RSI)
- Strategic framework for enhancing prevention and control of mpox (2024-2027) (en anglais)
- Smallpox vaccines, SAGE September 2023: meeting highlights (en anglais)
- Mpox vaccines, SAGE March 2024 highlights (en anglais)
Références bibliographiques
- Organisation mondiale de la Santé (2023). Variole simienne (orthopoxvirose simienne) - Principaux repères.
- Vakaniaki EH, Kacita C, Kinganda-Lusamaki E, et al. Sustained Human Outbreak of a New MPXV Clade I Lineage in Eastern Democratic Republic of the Congo. medRxiv; 2024. DOI: 10.1101/2024.04.12.24305195 (en anglais)
- Masirika L, Udahemuka J, Schuele L, et al. Ongoing mpox outbreak in Kamituga, South Kivu province, associated with monkeypox virus of a novel Clade I sub-lineage, Democratic Republic of the Congo, 2024. Euro Surveill. 2024; 29(11):p ii=2400106 (en anglais)
- Masirika L, Udahemuka J, Schuele L, et al. Novel Clade I genome sequences from the ongoing mpox virus outbreak of Kamituga in South Kivu province, Democratic Republic of Congo (en anglais)
- Institut National de la Santé Publique (INSP) de la RDC et Organisation mondiale de la Santé. La variole simienne (monkeypox) en République démocratique du Congo : Rapport de la Situation Épidémiologique Sitrep Nº 015 (13 - 19 mai 2024)
Citation suggérée : Organisation mondiale de la Santé (14 juin 2024). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Variole simienne (orthopoxvirose simienne) en République démocratique du Congo. Disponible à l’adresse https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2024-DON522
[1] Le cas de Goma est mis en évidence, car il touche une nouvelle zone géographique. Veuillez noter que le présent Bulletin d’information sur les flambées épidémiques, y compris les tableaux et les cartes, rend compte des données au 26 mai 2024. Le nombre de cas cumulé actualisé sera diffusé dans le prochain rapport de situation. Pour les rapports de situation, veuillez consulter : https://www.who.int/fr/emergencies/situation-reports.