WHO / Blink Media - Etinosa Yvonne
Patients listen as a staff nurse explains the screening process before they register to be screened for breast and cervical cancer at the RAiSE Foundation center in Niger State on 23 February 2021.
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Cancer du sein

14 août 2025

L’essentiel

  • En 2022, on estimait à 670 000 le nombre de décès dus au cancer du sein dans le monde.
  • Environ la moitié des cancers du sein apparaissent chez des femmes qui ne présentent aucun facteur de risque spécifique autre que le sexe et l’âge.
  • Dans 157 pays sur 185, le cancer du sein était la première cause de cancer chez les femmes en 2022.
  • Le cancer du sein est présent dans tous les pays du monde.
  • Les hommes représentent environ 0,5 % à 1 % des personnes touchées par un cancer du sein.
  • Des interventions efficaces pour un diagnostic précoce et en temps utile, associées à un traitement complet, à une réadaptation et à des soins palliatifs, sont essentielles pour réduire la charge du cancer du sein et pour atteindre et maintenir un fonctionnement et un bien-être optimaux.

Généralités

Le cancer du sein est une maladie caractérisée par la croissance incontrôlée de cellules mammaires anormales qui forment alors des tumeurs. Si rien n’est fait, les tumeurs peuvent se propager dans l’organisme et entraîner la mort.

 

Les cellules mammaires cancéreuses ont leur origine dans les canaux galactophores et/ou les lobules qui produisent le lait. La forme la plus précoce (in situ) n’engage pas le pronostic vital et peut être détectée à un stade précoce. Les cellules cancéreuses peuvent se propager au tissu mammaire voisin (invasion), provoquant des tumeurs qui forment des masses ou un épaississement.

 

Les cancers invasifs peuvent se propager aux ganglions lymphatiques environnants ou à d’autres organes (en formant des métastases). Les métastases sont potentiellement mortelles.

 

Le traitement est adapté à la personne, au type de cancer et à sa propagation. Il associe la chirurgie, la radiothérapie et les médicaments.

 

Ampleur du problème

En 2022, on estimait à 2,3 millions le nombre de femmes chez qui un cancer du sein a été diagnostiqué et à 670 000 le nombre de décès dû à cette maladie dans le monde. Présent dans tous les pays, le cancer du sein touche les femmes de tous âges à partir de la puberté, mais son incidence augmente avec l’âge. 

Les estimations mondiales révèlent des inégalités frappantes dans la charge du cancer du sein en fonction du développement humain. Par exemple, dans les pays où l’indice de développement humain (IDH) est très élevé, 1 femme sur 12 reçoit un diagnostic de cancer du sein au cours de sa vie et 1 femme sur 71 en meurt.

 

En revanche, dans les pays à faible IDH, seule 1 femme sur 27 reçoit un diagnostic de cancer du sein au cours de sa vie et 1 femme sur 48 en meurt.

 

Quelles sont les personnes à risque ?

Le sexe féminin est le facteur de risque de cancer du sein le plus important. Environ 99 % des cancers du sein surviennent chez les femmes, contre 0,5 % à 1 % chez les hommes. Le traitement du cancer du sein chez l’homme suit les mêmes principes que chez la femme.

 

Certains facteurs accroissent le risque de cancer du sein, notamment l’âge, l’obésité, l’abus d’alcool, des antécédents familiaux de cancer du sein, une exposition aux radiations, les antécédents gynécologiques (l’âge au moment des premières règles et à la première grossesse, par exemple), le tabagisme et un traitement hormonal postménopause. Près de la moitié des cancers du sein touchent des femmes qui ne présentent aucun facteur de risque particulier autre que le sexe (féminin) et l’âge (plus de 40 ans).

 

Le risque est accru en cas d’antécédents familiaux de cancer du sein, mais la plupart des femmes diagnostiquées n’ont pas d’antécédents familiaux connus. Toutefois, leur absence ne signifie pas nécessairement que le risque soit moindre.

Certaines mutations génétiques héréditaires de haute pénétrance augmentent fortement le risque de cancer du sein, les plus importantes étant celles présentes dans les gènes BRCA1, BRCA2 et PALB2. Les femmes chez qui l’on découvre des mutations au niveau de ces gènes majeurs peuvent envisager des stratégies de réduction des risques comme l’ablation chirurgicale des deux seins et/ou la chimioprévention.

La détection et le traitement précoces des cas permettent de réduire la mortalité liée au cancer du sein. La détection précoce comporte deux composantes :

  • le diagnostic précoce : connaître les signes et symptômes du cancer du sein et être conscient de l’importance de consulter un médecin si l’on détecte une anomalie, pour une évaluation clinique et un diagnostic en temps utile et l’orientation vers des services de traitement ;
  • le dépistage : recours à la mammographie dans une population apparemment en bonne santé, généralement des femmes âgées de 50 à 69 ans, afin de détecter les lésions précliniques avant l’apparition de signes ou de symptômes reconnaissables.

 

Signes et symptômes

Dans un premier temps, le cancer du sein est asymptomatique chez la plupart des malades ; la détection précoce est donc fondamentale.

 

Il peut néanmoins provoquer une association de différents symptômes, notamment aux stades plus avancés. Les symptômes du cancer du sein sont notamment :

 

  • une masse ou un épaississement dans le sein, souvent indolore ;
  • un changement de la taille, de la forme ou de l’apparence du sein ;
  • des fossettes, des rougeurs, une peau d’orange ou d’autres changements cutanés ;
  • une modification de l’apparence du mamelon ou de la peau qui l’entoure (aréole) ;
  • un écoulement mamelonnaire anormal ou sanglant.

 

En cas de masse anormale dans le sein, même indolore, il faut consulter un médecin.

 

La plupart des masses de ce type ne sont pas cancéreuses. Le traitement des masses qui sont cancéreuses est plus efficace lorsqu’elles sont de taille réduite et ne se sont pas étendues aux ganglions lymphatiques environnants.

 

Le cancer du sein peut se propager à d’autres organes et provoquer d’autres symptômes. Le plus souvent, les ganglions lymphatiques situés sous le bras sont le premier site de propagation détectable. Il arrive toutefois qu’on ne sente pas des ganglions lymphatiques porteurs de cancer à la palpation.

 

Les cellules cancéreuses peuvent progressivement se propager à d’autres organes comme les poumons et le foie, ainsi qu’au cerveau et aux os. Une fois ces sites atteints, de nouveaux symptômes liés au cancer peuvent apparaître, comme des douleurs osseuses ou des maux de tête.

 

Prise en charge du cancer du sein

Le traitement du cancer du sein dépend du sous-type de cancer et de l’étendue de sa propagation en dehors du sein vers les ganglions lymphatiques (stades II ou III) ou d’autres organes (stade IV).

 

Les médecins associent divers traitements pour réduire le plus possible le risque de récidive. Il s’agit notamment des traitements suivants :

 

  • chirurgie pour éliminer la tumeur ;
  • radiothérapie pour réduire le risque de récidive dans le sein et les tissus environnants ; et
  • médicaments pour tuer les cellules cancéreuses et éviter la propagation – thérapies hormonales, chimiothérapie ou thérapies biologiques ciblées.

 

Les traitements contre le cancer du sein sont plus efficaces et mieux tolérés lorsqu’ils sont commencés tôt et suivis jusqu’au bout. Pour être efficaces, les traitements contre le cancer du sein doivent être menés à leur terme (cycle thérapeutique complet). Un traitement partiel est moins susceptible de produire des résultats positifs.

 

La chirurgie peut consister à éliminer uniquement le tissu cancéreux (tumorectomie) ou le sein entier (mastectomie). Dans le cas d’un cancer invasif, on retire des ganglions lymphatiques au cours de l’opération du sein. On pensait auparavant qu’il fallait retirer tous les ganglions de l’aisselle (curage ganglionnaire total) pour prévenir la propagation. On préfère aujourd’hui procéder à une « exérèse du ganglion sentinelle », une intervention plus légère qui entraîne moins de complications.

 

La radiothérapie est dirigée contre les cancers résiduels microscopiques qui restent présents dans le tissu mammaire et/ou les ganglions lymphatiques et permet de réduire au minimum le risque de récidive du cancer sur la paroi thoracique.

 

À un stade avancé, le cancer peut perforer la peau et provoquer des lésions ouvertes (ulcères) qui ne sont pas nécessairement douloureuses. Une biopsie est indiquée dans le cas de lésions mammaires qui ne guérissent pas.

 

Les médicaments utilisés pour traiter le cancer du sein sont choisis en fonction des propriétés biologiques du cancer déterminées par des tests spécifiques (détermination du marqueur tumoral). La grande majorité des médicaments servant à traiter le cancer du sein figurent déjà sur la Liste modèle des médicaments essentiels de l’OMS.

 

 

Les traitements médicamenteux contre le cancer du sein, qui peuvent être administrés avant (« néo-adjuvants ») ou après (« adjuvants ») l’intervention chirurgicale, dépendent du sous-type moléculaire du cancer en question. Certains sous-types de cancer du sein sont plus agressifs que d’autres, comme le cancer triple négatif (absence d’expression des récepteurs hormonaux [œstrogènes et progestérone] et du récepteur HER2).

 

Un traitement endocrinien (hormonothérapie) par tamoxifène ou des inhibiteurs de l’aromatase devrait faire effet sur un cancer qui présente des récepteurs d’œstrogènes (ER) et/ou de progestérone (PR). Le tamoxifène et les anti-aromatase sont à prendre par voie orale pendant 5 à 10 ans et réduisent de près de moitié le risque de récidive d’un cancer « hormonosensible ». Les traitements endocriniens, qui peuvent provoquer des symptômes identiques à ceux de la ménopause, sont généralement bien tolérés.

 

Les cancers qui ne présentent pas de récepteurs d’œstrogènes et de progestérone, dits « hormono-insensibles », doivent être traités par chimiothérapie, à moins que la tumeur ne soit de très petite taille. Les protocoles de chimiothérapie qui existent aujourd’hui réduisent très efficacement le risque de propagation ou de récidive du cancer et sont généralement mis en place dans le cadre de soins ambulatoires. Sauf complications, la chimiothérapie du cancer du sein ne requiert pas d’hospitalisation.

 

Un traitement biologique ciblé, par exemple par trastuzumab, fait effet sur les cancers du sein dans le cadre desquels le proto-oncogène appelé « HER2/neu » (HER2 positif) est surexprimé. Les thérapies biologiques ciblées sont généralement associées à une chimiothérapie, ce qui renforce leur efficacité dans l’élimination des cellules cancéreuses.

 

La radiothérapie joue un rôle très important dans le traitement du cancer du sein. Elle peut éviter le recours à une mastectomie en cas de cancer à un stade précoce. À des stades plus avancés, la radiothérapie peut réduire le risque de récidive, y compris si une mastectomie a été réalisée.

 

L’accès précoce à une équipe multidisciplinaire comprenant des oncologues, des radiologues, des pathologistes, des diététiciens/nutritionnistes, des kinésithérapeutes, des travailleurs sociaux, des équipes de santé mentale, de soins palliatifs et de réadaptation, pendant et après le traitement, contribue à améliorer les résultats. Cela aide également les patientes à maintenir ou à rétablir plus rapidement leur fonctionnement, leur indépendance et leur participation à des rôles importants dans la vie et à des activités communautaires.

La préadaptation, qui comprend des interventions axées sur le mode de vie (exercice physique, régime alimentaire, compléments alimentaires et soutien psychologique) entre le diagnostic et le traitement, s’est avérée efficace pour minimiser les complications liées au traitement.

Étant donné que l’ensemble du continuum de soins est souvent complexe, l’accompagnement des patientes permet de rationaliser les parcours de soins, d’améliorer les résultats en matière de santé et la satisfaction des patientes, et de guider ces personnes – en particulier dans les systèmes aux ressources limitées ou fragmentés – tout au long du continuum des soins contre le cancer afin de garantir un diagnostic et un traitement complet en temps utile. Les avantages comprennent une augmentation des taux de dépistage, une réduction des réadmissions à l’hôpital, une meilleure compréhension des traitements et une qualité de vie améliorée.

Impact mondial

Dans les pays à revenu élevé, le taux de mortalité par cancer du sein standardisé selon l’âge a chuté de 40 % entre les années 1980 et 2020. Les pays qui sont parvenus à réduire la mortalité due au cancer du sein ont obtenu une baisse comprise entre 2 % et 4 % par an.

Les stratégies d’amélioration des résultats en matière de lutte contre le cancer du sein supposent un renforcement radical des systèmes de santé de sorte qu’ils puissent dispenser les traitements qui ont déjà fait leurs preuves. Elles ont par ailleurs leur importance dans la prise en charge d’autres cancers ainsi que d’autres maladies non transmissibles.

Les filières d’orientation fiables à mettre en place entre les établissements de soins primaires, les hôpitaux de deuxième niveau et les centres d’oncologie spécialisés sont les mêmes que pour la prise en charge des cancers du col de l’utérus, du poumon et de la prostate ainsi que du cancer colorectal. Dans ce contexte, on dit que le cancer du sein fait référence et que les procédures établies dans la lutte contre cette maladie peuvent être suivies pour la prise en charge d’autres cancers.

Action de l’OMS

 

Les mesures d’éducation en santé publique visant à sensibiliser les femmes et leurs proches aux signes et symptômes du cancer du sein et à leur faire comprendre l’importance d’une détection et d’un traitement précoces amèneront davantage de femmes à consulter un médecin dès qu’un cancer du sein est suspecté, à avoir accès à l’évaluation clinique et au diagnostic, et à être orientées vers un traitement en temps utile, avant que le cancer ne parvienne à un stade avancé. Ces progrès sont possibles même en l’absence de mammographie de dépistage – technique actuellement difficile à mettre en place dans un grand nombre de pays.

 

En 2021, l’Organisation mondiale de la Santé a créé l’Initiative mondiale contre le cancer du sein afin de rassembler des parties prenantes du monde entier et de tous les secteurs dans le but commun de réduire la mortalité mondiale due au cancer du sein de 2,5 % par an, ce qui permettrait d’éviter 2,5 millions de décès par cancer du sein dans le monde d’ici 2040. Cette action repose sur trois piliers : la promotion de la santé pour une détection précoce ; le diagnostic en temps utile ; et une prise en charge complète du cancer du sein.