Santé mentale et vieillissement

8 octobre 2025

L’essentiel

  • D’ici à 2030, une personne sur six dans le monde aura 60 ans ou plus.
  • La solitude et l’isolement social sont d’importants facteurs de risque de développer des problèmes de santé mentale à un âge plus avancé.
  • Une personne âgée sur six est victime d’actes de maltraitance, souvent de la part d’aidants.
  • Environ 14 % des personnes âgées de 70 ans et plus vivent avec un trouble mental.
  • Les troubles mentaux chez les personnes âgées de 70 ans et plus représentent 6,8 % du nombre total d’années vécues avec une incapacité pour cette tranche d’âge. 

 


 

Vue d’ensemble

La population mondiale vieillit rapidement. En 2023, 1,1 milliard de personnes dans le monde avaient 60 ans ou plus. Ce chiffre devrait presque doubler pour atteindre 2,1 milliards d’ici à 2050, soit environ une personne sur cinq à l’échelle mondiale. D’ici à la fin des années 2060, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus atteindra 2,5 milliards et dépassera le nombre de jeunes de moins de 18 ans dans le monde. Le nombre de personnes âgées de 80 ans et plus devrait, pour sa part, tripler entre 2023 et 2060 pour s’établir à 545 millions (1).

Les personnes âgées contribuent à la société en tant que membres de la famille et de la communauté, et bon nombre d’entre elles sont bénévoles ou travaillent. Bien que la plupart soient en bonne santé, beaucoup sont à risque de développer des problèmes de santé mentale tels que la dépression et les troubles anxieux. De nombreuses personnes âgées souffrent également d’une mobilité réduite, de douleurs chroniques, de fragilité, de démence ou d’autres problèmes de santé, pour lesquels elles ont besoin de soins de longue durée. À mesure qu’elles vieillissent, elles risquent davantage de souffrir simultanément de plusieurs problèmes de santé.

Prévalence

Environ 14,1 % des personnes âgées de 70 ans et plus vivent avec un trouble mental (2). Selon les estimations sanitaires mondiales de 2021, les affections mentales représentent 6,8 % du nombre total d’années vécues avec une incapacité chez les personnes âgées de 70 ans et plus. Les problèmes de santé mentale les plus courants chez les personnes âgées sont la dépression et l’anxiété. Les estimations sanitaires mondiales de 2021 montrent qu’à l’échelle mondiale, environ un sixième des décès par suicide (16,6 %) concernent des personnes âgées de 70 ans et plus.

Les problèmes de santé mentale chez les personnes âgées sont rarement reconnus et traités, et la stigmatisation qui les entoure peut rendre les gens réticents à demander de l’aide.

Facteurs de risque

À un âge plus avancé, la santé mentale est déterminée non seulement par l’environnement physique et social, mais aussi par les effets cumulatifs des expériences de vie passées et des facteurs de stress spécifiquement liés au vieillissement. L’exposition à l’adversité, la perte importante des capacités intrinsèques et le déclin des capacités fonctionnelles peuvent entraîner une détresse psychologique.

Les personnes âgées sont plus susceptibles de vivre des événements négatifs tels qu’un deuil, une baisse de revenus ou une diminution du sentiment d’utilité à la retraite. Malgré leurs nombreuses contributions à la société, beaucoup de personnes âgées sont victimes d’âgisme, ce qui peut avoir de graves répercussions sur leur santé mentale.

L’isolement social et la solitude, qui touchent environ un quart des personnes âgées, sont d’importants facteurs de risque de développer des problèmes de santé mentale à un âge plus avancé (3). Il en va de même pour la maltraitance des personnes âgées, qui comprend toute forme d’abus physique, verbal, psychologique, sexuel ou financier, ainsi que la négligence. Une personne âgée sur six est victime d’actes de maltraitance, souvent de la part d’aidants (4). La maltraitance des personnes âgées a de graves conséquences et peut conduire à la dépression et à l’anxiété.

De nombreuses personnes âgées s’occupent de conjoints atteints de maladies chroniques, telles que la démence. Les responsabilités liées à de tels soins peuvent être écrasantes et affecter la santé mentale des aidants.

Certaines personnes âgées sont plus à risque de dépression et d’anxiété, en raison de conditions de vie précaires, d’une mauvaise santé physique ou d’un accès insuffisant à un soutien et à des services de qualité. Il s’agit notamment des personnes âgées qui vivent dans des contextes humanitaires ou avec des maladies chroniques (par exemple maladie cardiaque, cancer ou accident vasculaire cérébral), des troubles neurologiques (comme la démence) ou des problèmes de toxicomanie.

Promotion et prévention

Les stratégies de promotion et de prévention de la santé mentale à l’intention des personnes âgées sont axées sur le soutien au vieillissement en bonne santé. Cela suppose de créer des environnements physiques et sociaux qui favorisent le bien-être et permettent aux gens de faire ce qui est important pour eux, malgré les pertes de capacités.

Les principales stratégies de promotion et de prévention de la santé mentale pour vieillir en bonne santé comprennent :

  • les mesures visant à réduire l’insécurité financière et l’inégalité de revenus ;
  • les programmes visant à garantir la sécurité et l’accessibilité des logements, des bâtiments publics et des transports ;
  • le soutien social aux personnes âgées et à leurs aidants ;
  • les mesures qui favorisent des comportements sains, notamment avoir une alimentation équilibrée, pratiquer une activité physique, s’abstenir de fumer et réduire la consommation d’alcool ; et
  • les programmes sociaux et sanitaires ciblés sur les groupes vulnérables, tels que les personnes vivant seules ou dans des zones reculées et les personnes souffrant d’une maladie chronique.

Chez les personnes âgées, les liens sociaux jouent un rôle particulièrement important pour réduire les facteurs de risque tels que l’isolement social et la solitude. À ce stade de la vie, des activités sociales constructives peuvent considérablement améliorer l’état positif de santé mentale, la satisfaction à l’égard de la vie et la qualité de vie ; elles peuvent également réduire les symptômes dépressifs. À titre d’exemple, on peut citer les initiatives visant à favoriser les rencontres amicales, les groupes communautaires et de soutien, la formation aux compétences sociales, les groupes d’activités créatives, les services de loisirs et d’éducation, et les programmes de bénévolat (3).

Il est par ailleurs essentiel de protéger les personnes âgées contre l’âgisme et la maltraitance. Parmi les principales interventions figurent les politiques et lois anti-discrimination, les interventions éducatives et les activités intergénérationnelles. Une série d’interventions menées auprès des aidants – par exemple soins de répit, conseils, éducation, soutien financier et interventions psychologiques – peut aider les aidants à maintenir une relation de soins saine et de bonne qualité qui évite la maltraitance des personnes âgées.

Traitement et prise en charge

Il est essentiel de reconnaître et de traiter rapidement les problèmes de santé mentale (ainsi que les troubles connexes d’ordre neurologiques et liés à l’utilisation de substances psychoactives) chez les personnes âgées. Cette démarche devrait être conforme aux normes régissant les soins intégrés pour les personnes âgées, qui reposent sur la communauté et sont axés sur les soins de longue durée aux personnes âgées ayant des problèmes de santé mentale et des capacités intrinsèques en déclin, mais aussi sur l’éducation et la formation des aidants et le soutien à ces derniers. Il est généralement recommandé d’appliquer un ensemble d’interventions en santé mentale, parallèlement à d’autres mesures de soutien destinées à répondre aux besoins des personnes en matière de santé, d’hygiène personnelle et de relations sociales.

La démence est souvent une préoccupation majeure. Elle affecte la santé mentale (par exemple en déclenchant des symptômes de psychose et de dépression) et doit faire l’objet de soins de santé mentale de qualité.

En outre, il est primordial d’agir face à la maltraitance des personnes âgées. Parmi les interventions prometteuses figurent le signalement obligatoire des actes de maltraitance, les groupes d’entraide, les lignes d’assistance téléphonique et les refuges d’urgence, les programmes d’aide psychologique destinés aux auteurs de mauvais traitements, la formation des prestataires de soins de santé et d’autres interventions de soutien aux aidants.

Action de l’OMS

L’OMS œuvre avec divers partenaires à l’élaboration de stratégies, de programmes et d’outils pour aider les gouvernements à répondre aux besoins en matière de santé mentale des personnes âgées.

Par exemple, la Décennie pour le vieillissement en bonne santé (2021-2030) est une collaboration mondiale menée par l’OMS pour améliorer les conditions de vie des personnes âgées, de leurs familles et des communautés dans lesquelles elles vivent.

Les États Membres de l’OMS ont également approuvé le Plan d’action global pour la santé mentale 2013-2030, qui vise à améliorer la santé mentale et les soins de santé mentale pour toutes les populations, y compris les personnes âgées.

Le Programme d’action de l’OMS Combler les lacunes en santé mentale (mhGAP) prévoit des protocoles cliniques fondés sur des données probantes pour l’évaluation, la prise en charge et le suivi d’un ensemble de troubles mentaux, neurologiques et liés à l’usage de substances psychoactives dans des contextes non spécialisés, notamment la dépression et la démence. Le guide d’intervention mhGAP comprend des conseils cliniques pour travailler avec les personnes âgées.

Pendant la pandémie de COVID-19, l’OMS et ses partenaires du Comité permanent interinstitutions (CPI) ont mis au point la boîte à outils Vivre avec son temps, composée d’affiches illustrées, dont l’objectif est d’aider les personnes âgées à maintenir leur santé mentale et leur bien-être. Les autres activités entreprises par l’OMS pour favoriser la santé mentale des personnes âgées consistent notamment à mettre au point des interventions psychologiques adaptables pour lutter contre la dépression et l’anxiété, à mener des recherches et à élaborer des orientations sur les interventions visant à réduire l’isolement social et la solitude, et à trouver des solutions rentables pour prévenir la maltraitance des personnes âgées.

 

Références bibliographiques

(1) World Population Prospects 2024. New York, Organisation des Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, Division de la population, 2024 (https://population.un.org/wpp/downloads).

(2) 2021 Global Burden of Disease (GBD) [base de données en ligne]. Seattle: Institute for Health Metrics and Evaluation; 2024 (https://vizhub.healthdata.org/gbd-results/, consulté le 13 août 2025).

(3) From loneliness to social connection: charting a path to healthier societies. Rapport de la Commission de l’OMS sur le lien social. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2025. https://iris.who.int/handle/10665/381746.

(4) Yon YY, Mikton CR, Gassoumis ZD, Wilber KH. Elder abuse prevalence in community settings: a systematic review and meta-analysis. Lancet Glob Health. 2017;5(2):e147–e156. doi:10.1016/S2214-109X(17)30006-2.