L’OMS a rapidement étendu et renforcé la riposte pour appuyer l’action des autorités nigérianes face à la crise humanitaire dans le nord-est du pays, où 3,7 millions de personnes ont besoin d’une assistance sanitaire.

Au cours des 2 semaines d’intensification de la riposte d’urgence fin août 2016, l’OMS a déployé son système d’alerte et d’intervention rapide (EWARS: Early Warning Alert Response System) dans 56 établissements de santé de l’État de Borno. À la mi-octobre, avec l’amélioration de l’accès à certaines zones difficiles, le nombre des sites de détection avait triplé. Désormais, 160 sites de cet état nigérain utilisent le système, couvrant environ 85% des personnes déplacées qui y vivent, soit 1,3 million de personnes dans 13 zones d’administration locale.
Le projet EWARS est une initiative pour renforcer l’alerte et l’intervention rapide face aux situations d’urgence. Le kit «EWARS en boîte» contient tout le matériel nécessaire pour installer un système de surveillance des maladies: téléphones mobiles, ordinateurs portables, générateurs à énergie solaire et chargeurs, tous conçus pour fonctionner dans des environnements difficiles et peu sûrs comme le nord-est du Nigéria. Il comporte une application pouvant être rapidement configurée et installée sur les téléphones mobiles, dans les 48 heures suivant la déclaration d’une situation d’urgence.
L’avantage de l’application est que les données sont recueillies et soumises en temps réel par le personnel de santé des établissements. EWARS suit également les alertes et publie chaque semaine des bulletins épidémiologiques automatisés pour aider à l’analyse et à l’interprétation des données. Cela permet aux épidémiologistes de l’OMS et du ministère de la Santé d’accéder aux données et de prendre des mesures suite aux alertes bien plus rapidement qu’ils ne le pouvaient auparavant.
L’application EWARS soutient les systèmes nationaux existants de surveillance des maladies, en plus d’étendre la surveillance à d’autres maladies constituant un fardeau pour la santé publique dans les camps de personnes déplacées et les communautés hôtes, par exemple le paludisme, la malnutrition aiguë sévère, la diarrhée ou les infections respiratoires aiguës.
L’OMS collabore avec les ministères de la santé et les partenaires du secteur sanitaire pour former les agents de santé locaux à l’utilisation du système. EWARS complète le système existant du Nigéria pour la surveillance intégrée des maladies et la riposte (IDSR: Integrated Disease Surveillance and Response), affaibli par la crise, et il facilite la transmission des informations en temps réel pour une riposte rapide.
«Avec EWARS, nous pouvons nous adapter rapidement aux besoins sur le terrain car nous obtenons des rapports en temps réel, ce qui est avantageux pour le gouvernement comme pour les partenaires. Ce système de rapports électroniques est formidable car il nous permet d’envoyer des informations de surveillance, de recevoir instantanément des alertes et de prendre les mesures qui conviennent», explique le Dr Lawi Mshelia, Directeur de la santé publique au ministère de la Santé de l’état de Borno. «Avec EWARS qui renforce notre système hebdomadaire de surveillance intégrée des maladies et de riposte, nous pouvons être alertés rapidement en cas de flambées potentielles. C’est crucial pour que nous puissions entreprendre une action rapide avec nos partenaires. Pour y parvenir, nous avons néanmoins besoin de davantage de ressources et de partenaires sur le terrain.»
Utilisation de l'application EWARS pour une riposte plus ciblée
EWARS permet de prendre des décisions fondées sur des bases factuelles pour une riposte plus ciblée. Les données recueillies par le système ont montré que le paludisme continue d’être la maladie la plus courante dans l’État de Borno. À l’aide de ces résultats, l’OMS et les partenaires ont pu cibler plus clairement les mesures de prévention et de riposte, comme d’acheminer les médicaments et les fournitures là où elles font le plus défaut ou d’aider à planifier des campagnes de distribution de moustiquaires.
«Maintenant qu’EWARS est en place, les agents de santé locaux peuvent utiliser le système pour la riposte d’urgence et nous pouvons le développer et l’adapter en fonction de l’évolution des besoins sanitaires», se félicite le Dr Ifeanyi Okudo, responsable OMS de la surveillance.
L’initiative EWARS de l’OMS s’engage à soutenir la surveillance des maladies, l’alerte et la riposte même dans les environnements les plus difficiles. Il s’agit de détecter rapidement les flambées pour les endiguer plus facilement dans les situations d’urgence en apportant une assistance technique, une formation et des outils pour le terrain aux ministères de la santé et aux autres partenaires.
En 2015, l’OMS a entrepris le déploiement pilote de son kit «EWARS en boîte», contenant du matériel durable, adapté au terrain et nécessaire pour créer ou gérer des activités de surveillance et de riposte dans les conditions locales. Le coût unitaire de ces kits est de US $15 000 environ et ils peuvent soutenir les activités d’une cinquantaine de dispensaires fixes ou mobiles pour une population d’environ 500 000 personnes. Le système a été déployé dans un camp à Mingkaman avec environ 80 000 personnes déplacées et l’OMS a formé les agents de santé à son utilisation.
Après les essais pilotes au Soudan du Sud en décembre 2015, l’OMS a également déployé EWARS pour les interventions d’urgence en Éthiopie, aux Fidji et au Nigéria en 2016 et elle prévoit d’utiliser à l’avenir ce système dans toutes les situations d’urgence.