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Recommandations actualisées de l'OMS pour la chimioprévention et l'élimination du paludisme

3 juin 2022
Actualités départementales

L'OMS a publié aujourd'hui dans les lignes directrices consolidées pour le paludisme un ensemble de recommandations nouvelles et actualisées dans un certain nombre de domaines techniques - de la chimioprévention du paludisme à l'élimination en passant par l'administration de masse de médicaments. Les lignes directrices encouragent les pays à adapter les recommandations au contexte local de la maladie afin d'obtenir un impact maximal.

Des recommandations claires et fondées sur des données probantes guident les responsables des programmes nationaux de lutte contre le paludisme lorsqu'ils élaborent des politiques et des plans stratégiques pour combattre la maladie ; elles facilitent la prise de décisions sur ce qu'il convient de faire. L'OMS élabore également des directives de mise en œuvre, telles que des manuels opérationnels et des guides de terrain, afin de conseiller les pays sur la manière de mettre en œuvre les outils et les stratégies recommandés.

Comment accéder aux orientations de l'OMS sur le paludisme ?

En février 2021, l'OMS a lancé les directives consolidées pour le paludisme, rassemblant pour la première fois toutes les directives de l'Organisation sur le paludisme sur une plateforme web. Les directives consolidées sont actuellement disponibles en anglais, en français et en arabe, et d'autres traductions sont prévues pour l'année à venir. Les recommandations de l'OMS sur le paludisme sont également disponibles dans une application mobile facile à consulter. En savoir plus sur les moyens d'accéder aux directives de l'OMS sur le paludisme.

Directives nouvelles et actualisées

Traitement préventif intermittent du paludisme pendant la grossesse ( TPIg)

L'infection palustre pendant la grossesse présente des risques substantiels non seulement pour la mère, mais aussi pour le fœtus et le nouveau-né. Les données disponibles continuent de montrer que le traitement préventif intermittent pendant la grossesse (TPIg) à base de sulfadoxine-pyriméthamine (SP) est une stratégie sûre et très rentable pour réduire la charge de morbidité pendant la grossesse ainsi que les complications liées à la grossesse et à l'accouchement.

Dans les orientations actualisées publiées aujourd'hui, l'OMS a réaffirmé sa forte recommandation en faveur de l'utilisation du TPIg-SP dans les zones de transmission modérée à forte du paludisme à P. falciparum. La recommandation ne limite pas l'administration du TPIg-SP aux centres de soins prénatals ; en cas d'inégalités d'accès aux services de soins prénatals, d'autres méthodes d'administration, telles que le recours à des agents de santé communautaires, peuvent être envisagées. Le TPIg-SP est désormais recommandé pour toutes les femmes enceintes, quel que soit le nombre de grossesses ; auparavant, il n'était recommandé que pendant la première et la deuxième grossesse.

Chimioprévention du paludisme pérenne (CPP) et chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS)

L'OMS a également mis à jour ses recommandations concernant 2 stratégies clés de chimioprévention du paludisme : la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) et la chimioprévention du paludisme pérenne (CPP - anciennement connue sous le nom de traitement préventif intermittent du nourrisson ou TPI-n). Lorsqu'elle est administrée aux jeunes enfants, la chimioprévention du paludisme s'est révélée être une stratégie sûre, efficace et rentable pour réduire la charge de morbidité et sauver des vies.

Les recommandations actualisées de l'OMS sur la CPS et la CPP, publiées aujourd'hui, sont moins restrictives que les recommandations initiales ; elles ne spécifient pas de groupes d'âge stricts, de seuils d'intensité de la transmission, de nombre de doses ou de cycles, ou de médicaments spécifiques. En tant que telles, elles favoriseront une utilisation plus large de la chimioprévention chez les jeunes enfants exposés à un risque élevé de paludisme grave dans les régions où la transmission est saisonnière ou se poursuit toute l'année.

Traitement préventif intermittent du paludisme chez les enfants d'âge scolaire (TPIes)

L'OMS émet également une nouvelle recommandation concernant l'utilisation du traitement préventif intermittent du paludisme chez les enfants d'âge scolaire (TPIes) vivant dans des zones à transmission pérenne ou saisonnière modérée à forte. La stratégie et le schéma posologique du TPIes doivent couvrir les enfants âgés de 5 à 15 ans, et son introduction ne doit pas compromettre les interventions de chimioprévention pour les enfants de moins de 5 ans, qui sont les plus exposés au risque de paludisme grave.

Chimioprévention du paludisme après la sortie de l'hôpital (CPSH)

L'OMS publie aujourd'hui une recommandation en faveur de la chimioprévention du paludisme après la sortie de l'hôpital. Il s'agit d'une stratégie visant à prévenir le paludisme chez les enfants atteints d'anémie grave et vivant dans des zones de transmission modérée à élevée après leur sortie de l'hôpital, lorsqu'ils présentent un risque élevé de réadmission ou de décès. Grâce à cette stratégie, les enfants reçoivent un traitement antipaludique complet à intervalles réguliers.

Administration de masse de médicaments

L'OMS a également publié de nouvelles orientations sur l'administration de masse de médicaments, une autre stratégie de chimioprévention. Dans le cadre de cette stratégie, tous les individus d'une population cible reçoivent un traitement antipaludique, qu'ils soient ou non infectés par le paludisme. Les médicaments traitent toutes les infections palustres existantes ainsi que les nouvelles infections pendant une période de temps spécifique.

Les nouvelles recommandations sur la lutte contre le paludisme fournissent des conseils spécifiques pour réduire rapidement la charge de morbidité due au paludisme dans les situations d'urgence et dans les zones de transmission modérée à forte. Elles fournissent également des conseils sur l'utilisation de l'AMM pour réduire le paludisme à P. falciparum dans les zones où la transmission est très faible ou faible, et pour réduire la transmission de P. vivax. L'ensemble des recommandations relatives à l'AMM et les preuves à l'appui figurent dans les lignes directrices consolidées.

Élimination

La stratégie mondiale de lutte contre le paludisme de l'OMS exhorte tous les pays où le paludisme est endémique à accélérer les progrès vers l'objectif de l'élimination. Dans les contextes proches de l'élimination, les interventions seront plus efficaces pour réduire la transmission si elles sont adaptées pour détecter et traiter les foyers résiduels de transmission du paludisme.

L'OMS a publié une nouvelle série de recommandations pour la phase finale de l'élimination du paludisme. Certaines de ces recommandations s'appliquent également aux régions qui sont parvenues à l'élimination et qui s'efforcent de prévenir le rétablissement de la transmission. Sur la base des données disponibles, certaines recommandations sont en faveur d'interventions spécifiques (recommandations positives) et d'autres en défaveur d'interventions spécifiques (recommandations négatives). Les recommandations sont divisées en trois catégories :

  • les stratégies "de masse" appliquées à l'ensemble de la population d'une zone géographique délimitée, qu'il s'agisse d'un hameau, d'un canton ou d'un district, notamment : l'administration de masse de médicaments (décrite ci-dessus) ; le dépistage de masse et le traitement des cas (DMeT) ; et la prévention de masse des rechutes (MRP).
  • les stratégies "ciblées" appliquées aux personnes présentant un risque accru d'infection par rapport à la population générale, notamment : l'administration ciblée de médicaments (ACM) ; le dépistage ciblé et le traitement des cas (DCiT) ; le dépistage et le traitement de routine aux points d'entrée (dépistage aux frontières) ; et le dépistage du paludisme chez des groupes organisés ou identifiables arrivant ou revenant de zones où le paludisme est endémique.
  • les stratégies "réactives" déclenchées en réponse à des cas individuels, notamment : l'administration réactive de médicaments (RDA) ; la détection réactive et le traitement pour réduire la transmission du paludisme (DRTAC) ; et la pulvérisation réactive à effet rémanent à l'intérieur des habitations (PIH réactive).

Des détails supplémentaires sont disponibles dans les lignes directrices consolidées de l'OMS pour la lutte contre le paludisme.