La cinquième réunion du Comité d’urgence convoquée par le Directeur général au titre du Règlement sanitaire international (RSI 2005) concernant la flambée de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest s’est tenue le jeudi 9 avril 2015 avec les membres et les conseillers du Comité d’urgence.
Comme le stipule le RSI (2005), les principales questions sur lesquelles le Comité a rendu un avis au Directeur général sont les suivantes: 1) l’évènement constitue-t-il une urgence de santé publique de portée internationale et, dans ce cas, 2) les recommandations temporaires actuelles doivent-elles être prorogées, révisées ou faut-il en publier de nouvelles?
Les évolutions intervenues depuis la réunion précédente du 20 janvier 2015 ont été passées en revue, y compris la situation épidémiologique actuelle. Le Comité a noté que, suite aux nouvelles améliorations apportées aux activités de lutte contre Ebola et de prévention en Afrique de l’Ouest, notamment dans le domaine de la recherche et du suivi des contacts, le risque général de propagation internationale semble avoir encore baissé depuis le mois de janvier, avec une diminution de l’incidence des cas et de la répartition géographique au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée.
Ces trois États Parties au RSI fournissent des informations actualisées et des évaluations de la flambée d’Ebola: situation épidémiologique, contrôles de sortie et recherche des contacts.
Le Comité a reconnu les progrès accomplis par ces trois pays et a souligné qu’il ne fallait pas relâcher la vigilance, le but primordial demeurant d’interrompre la transmission aussi vite que possible. Il a insisté sur l’importance de l’engagement des communautés pour parvenir à «l’objectif zéro cas». Le Comité s’est déclaré toujours aussi inquiet devant les cas récents d’infection chez des agents de santé et a réaffirmé l’importance de veiller à l’application rigoureuse des mesures de lutte contre l’infection et de prévention.
Le Comité a examiné la question de la transmission probable du virus Ebola par voie sexuelle, avec en particulier le cas récent d’infection survenu vraisemblablement après un rapport sexuel avec un survivant de la maladie plusieurs mois après sa guérison. Le Comité s’est félicité du programme de recherche en cours dans ce domaine et a demandé instamment qu’il soit accéléré en priorité.
Le Comité a étudié la question des mesures de santé inadaptées allant au-delà des recommandations temporaires publiées jusqu’à présent. Il s’est déclaré très préoccupé par le fait que ces mesures supplémentaires, comme la mise en quarantaine de voyageurs à leur retour, le refus d’autoriser l’entrée, l’annulation de vols et les fermetures de frontières, entravent les voyages et les transports internationaux et ont un impact négatif à la fois sur les efforts de riposte et de redressement.
Bien que certains pays aient indiqué qu’ils avaient récemment abrogé ces mesures sanitaires supplémentaires et que certaines compagnies aériennes régionales aient repris leurs vols à destination des pays affectés, une quarantaine de pays appliquent encore des mesures supplémentaires et un certain nombre de compagnies aériennes n’ont pas repris leurs vols vers les pays touchés.
Le Comité a conclu que l’évènement constituait toujours une urgence de santé publique de portée internationale et a recommandé de proroger toutes les recommandations temporaires antérieures. Il a présenté au Directeur général, pour examen, les recommandations supplémentaires suivantes qui visent à lutter contre la flambée d’Ebola conformément au RSI.
Recommandations aux pays les plus touchés (Guinée, Libéria, Sierra Leone)
Le Comité a réitéré avec force la nécessité de poursuivre les contrôles de sortie dans les trois pays touchés. Ces contrôles doivent être maintenus pendant au moins 42 jours après que le dernier cas a donné deux tests négatifs à la recherche du virus Ebola; les pays sont encouragés à maintenir les contrôles de sortie jusqu’à ce que la transmission interhumaine ait été interrompue dans toute la sous région. Le Comité a de nouveau exhorté les pays touchés à transmettre à l’OMS, chaque mois, le nombre de personnes contrôlées dans les aéroports internationaux et les résultats de ces dépistages de sortie.
Recommandations pour les pays ayant des frontières communes avec la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone
Le Comité a insisté de nouveau sur la nécessité de continuer à renforcer la surveillance active, en particulier dans les zones frontalières, de participer à une coopération transfrontalière, d’échanger des informations et du matériel, de rester vigilants face à l’apparition de nouveaux cas et de suivre les contacts connus. Il a attiré l’attention sur les puissants liens sociaux et culturels transfrontaliers et sur le fait qu’ils doivent être pris en compte pour planifier et mettre en œuvre toutes ces activités.
Recommandations à tous les pays
Le Comité a réaffirmé qu’il faut éviter de créer des entraves inutiles aux voyages et aux transports internationaux et se limiter à appliquer des mesures proportionnelles au risque actuel pour la santé publique, ainsi que le précise l’article 2 du RSI (2005) et l’expriment les recommandations temporaires actuelles. Il s’est félicité du travail continuel de l’OMS pour surveiller les mesures exagérées et a prié instamment les États Parties d’abroger rapidement toute mesure de la sorte et d’informer l’OMS de cette action en avance des débats sur la crise d’Ebola qui se dérouleront lors de l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 2015.
Sur la base de cet avis et des informations examinées par le Comité, le Directeur général a déclaré que la flambée d’Ebola en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone continue d’être une urgence de santé publique de portée internationale. Elle a approuvé l’avis du Comité de proroger les recommandations temporaires en cours et publié les nouvelles recommandations temporaires dans le cadre du RSI (2005). Le Directeur général a remercié les membres et les conseillers du Comité pour leur avis et leur a demandé une réévaluation de la situation d’ici trois mois, ou avant si les circonstances l’exigent.