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Le Burundi élimine le trachome en tant que problème de santé publique

11 juillet 2025
Communiqué de presse
Bujumbura I Brazzaville I Genève

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a confirmé que le Burundi avait éliminé le trachome en tant que problème de santé publique. C’est le huitième pays de la Région africaine de l’OMS à franchir cette étape importante. Le trachome est également la première maladie tropicale négligée (MTN) à être éliminée dans le pays.

« L’élimination d’une maladie comme le trachome est un grand succès pour la santé publique, qui a nécessité des efforts et un dévouement au long cours », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Je félicite le Gouvernement et le peuple burundais pour leur travail acharné et leur engagement. C’est formidable de voir le Burundi rejoindre le groupe de plus en plus important de pays qui ont éliminé au moins une MTN », a-t-il ajouté.

Le trachome, qui est dû à la bactérie Chlamydia trachomatis, se transmet d’une personne à l’autre, par contact avec des surfaces contaminées et par les mouches qui ont été en contact avec des sécrétions oculaires ou nasales. Les infections à répétition peuvent entraîner des cicatrices, un trichiasis (croissance des cils vers l’intérieur de l’œil) et, finalement, une cécité. À l’échelle mondiale, la maladie reste endémique dans de nombreuses communautés vulnérables où l’accès à l’eau potable et aux moyens d’assainissement est limité.

« La validation officielle de l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique au Burundi marque une étape majeure dans notre engagement en faveur de l’équité en santé. Il s’agit d’une victoire collective rendue possible par près de 20 ans de mobilisation nationale et de solidarité internationale. Je tiens à saluer tous les partenaires, les acteurs communautaires et institutions du Burundi et au-delà qui ont permis cette avancée historique », a dit la Dre Lydwine Baradahana, Ministre burundaise de la santé publique et de la lutte contre le sida.

Les progrès au Burundi

Avant 2007, comme aucun cas notifié et comme il n’y avait pas d’études épidémiologiques, on ne connaissait pas l’étendue de l’endémicité du trachome au Burundi. Cette année-là, le pays a lancé une initiative de lutte contre les MTN, qui prévoyait la cartographie intégrée des géohelminthiases, de la schistosomiase, de la filariose lymphatique et du trachome. À l’issue de cette cartographie, le Ministère de la Santé publique et de la lutte contre le sida a mené des investigations complémentaires. Les enquêtes de référence menées en 2009-2010 ont confirmé que le trachome était endémique dans certaines régions du pays. Cela a conduit à mener des interventions basées sur la stratégie CHANCE recommandée par l’OMS pour 2,5 millions de personnes qui en avaient besoin, dans 12 districts sanitaires.

Le programme d’élimination du trachome au Burundi a été soutenu techniquement et financièrement par CBM Christoffel Blindenmission, l’END Fund, Geneva Global et l’OMS. L’Initiative internationale contre le trachome, qui dépend de la Task Force for Global Health, a donné de l’azithromycine (Zithromax, Pfizer, New York, États-Unis d’Amérique). L’OMS continue de soutenir les autorités sanitaires du pays en les aidant à assurer la surveillance des communautés où le trachome était auparavant endémique afin de prévenir toute résurgence de la maladie.

« Cet exploit reflète la détermination du Gouvernement à protéger les populations les plus vulnérables. Sous le patronage du Ministère de la santé publique et de la lutte contre le sida, et grâce au dévouement des agents de santé communautaires, au soutien de partenaires clés et à l’appui technique de l’OMS, ce succès a été rendu possible », a déclaré le Dr Xavier Crespin, Représentant de l’OMS au Burundi. « Cette victoire nous inspire à poursuivre avec le même engagement l’élimination de toutes les autres maladies tropicales négligées », a-t-il ajouté.

Prévalence de la maladie

Le trachome reste un problème de santé publique dans 32 pays et environ 103 millions de personnes vivent dans des zones où des interventions contre la maladie sont nécessaires. Le trachome sévit principalement dans les régions les plus pauvres et les plus rurales d’Afrique, d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud, d’Asie, du Pacifique occidental et du Moyen-Orient.

La Région africaine est touchée de manière disproportionnée : en avril 2024, 93 millions de personnes vivaient dans des zones à risque, représentant 90 % de la charge mondiale du trachome. Ces dernières années, des progrès significatifs ont été accomplis, si bien que le nombre de personnes nécessitant un traitement antibiotique contre le trachome a diminué de 96 millions dans la Région africaine, passant de 189 millions en 2014 à 93 millions en avril 2024, soit une baisse de 51 %.

À l’heure actuelle, 20 pays de la Région africaine de l’OMS nécessitent une intervention pour éliminer le trachome : l’Algérie, l’Angola, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Érythrée, l’Éthiopie, la Guinée, le Kenya, le Mozambique, le Niger, le Nigéria, l’Ouganda, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la République-Unie de Tanzanie, le Soudan du Sud, le Tchad, la Zambie et le Zimbabwe. Les sept pays de la Région où l’OMS a déjà validé l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique sont le Bénin, la Gambie, le Ghana, le Malawi, le Mali, la Mauritanie et le Togo. Quatre autres pays de la Région africaine de l’OMS (le Botswana, la Guinée-Bissau, la Namibie et le Sénégal) affirment avoir atteint les objectifs de prévalence correspondant à l’élimination de la maladie.

Progrès à l’échelle mondiale

Avec l’annonce d’aujourd’hui, 57 pays ont désormais éliminé au moins une MTN. Parmi ces pays, 24 (dont le Burundi) ont réussi à éliminer le trachome en tant que problème de santé publique. Mis à part le Burundi, l’Arabie saoudite, le Bénin, le Cambodge, la Chine, la Gambie, le Ghana, l’Inde, l’Iraq, le Malawi, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Mexique, le Myanmar, le Népal, Oman, le Pakistan, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la République islamique d’Iran, le Togo, Vanuatu et le Viet Nam ont réussi à franchir cette étape.

Note aux rédactions

L’élimination du trachome en tant que problème de santé publique est définie comme suit : i) prévalence des cas de trichiasis trachomateux inconnus du système de santé inférieure à 0,2 % chez les personnes de plus de 15 ans (soit environ 1 cas pour 1000 habitants) ; et ii) prévalence de l’inflammation trachomateuse-folliculaire inférieure à 5 % chez les enfants âgés de 1 à 9 ans, maintenue pendant au moins deux ans en l’absence de traitement antibiotique de masse en cours d’administration, dans chaque zone qui était auparavant une zone d’endémicité du trachome ; plus iii) existence d’un système capable de repérer et de prendre en charge les cas incidents de trichiasis trachomateux à l’aide de stratégies définies et dont il est prouvé qu’il dispose de ressources financières suffisantes pour mettre en œuvre ces stratégies.

La stratégie CHANCE de l’OMS repose sur une intervention chirurgicale pour traiter le stade de cécité (trichiasis trachomateux) ; l’administration d’antibiotiques pour traiter l’infection, en particulier dans le cadre d’une administration massive, donnés par le fabricant (Pfizer) aux programmes d’élimination par l’intermédiaire de l’Initiative internationale contre le trachome ; le nettoyage du visage ; et l’amélioration de l’environnement, en particulier en élargissant l’accès à l’eau potable et aux moyens d’assainissement.

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