L’OMS valide l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique par la Mauritanie

19 mai 2025
Communiqué de presse
Nouakchott/Brazzaville/Genève

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a validé l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique par la Mauritanie, qui devient ainsi le septième pays de la Région africaine de l’OMS à franchir cette étape importante. Un certificat de validation a été remis à M. Abdallahi Sidi Mohamed Wedih, Ministre de la santé, et à Mme Aïcha Vall Vergès, Ambassadrice de la Mauritanie en Suisse, lors de la Soixante-Dix-Huitième Assemblée mondiale de la Santé.

« Je félicite le Gouvernement et le peuple mauritaniens pour cette victoire », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « L’exemple de la Mauritanie témoigne des énormes progrès que nous avons réalisés dans la lutte contre les maladies tropicales négligées et envoie un message d’espoir aux nombreux autres pays qui luttent encore contre le trachome et qui, eux aussi, peuvent parvenir à l’éliminer. »

La Mauritanie a commencé à lutter contre le trachome dans les années 1960. Mais ce n’est qu’au début des années 2000 qu’elle a réalisé des enquêtes épidémiologiques en population pour cartographier la maladie, avec l’appui de l’Organisation pour la prévention de la cécité (OPC), de l’Institut d’ophtalmologie tropicale d’Afrique (IOTA) et de l’OMS. Les activités de lutte contre le trachome ont été intégrées dans le programme national de lutte contre la cécité mené par le Ministère de la santé.

La Mauritanie a mis en œuvre la stratégie CHANCE recommandée par l’OMS pour éliminer le trachome, avec le soutien de ses partenaires. Elle a, notamment, mis en place des interventions chirurgicales visant à traiter la cécité au stade avancé de la maladie, administré massivement un traitement antibiotique à base d’azithromycine mis à disposition par Pfizer dans le cadre de l’Initiative internationale contre le trachome, mené des campagnes de sensibilisation auprès du grand public afin de promouvoir le nettoyage du visage et l’hygiène personnelle, et amélioré l’accès aux services d’approvisionnement en eau et d’assainissement.

« L’élimination du trachome est une victoire historique en matière de santé publique pour la Mauritanie », a déclaré la Dre Charlotte Faty Ndiaye, Représentante de l’OMS en Mauritanie. « Elle témoigne du haut niveau de leadership et d’engagement dont a fait preuve le Gouvernement mauritanien, qui a aussi pu compter sur le dévouement des agents et agentes de santé, des communautés et des partenaires, ainsi que sur les avis et le soutien de l’OMS. Nous maintiendrons la vigilance et aiderons le pays à pérenniser cet acquis et à protéger les personnes les plus exposées au trachome. »

Le trachome est la deuxième maladie tropicale négligée à être éliminée en Mauritanie. En 2009, le pays avait déjà été certifié exempt de transmission de la dracunculose. À l’échelle mondiale, on compte 21 autres pays où l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique a déjà été validée par l’OMS, à savoir : le Bénin, le Cambodge, la Chine, la Gambie, le Ghana, l’Inde, l’Iraq, le Malawi, le Mali, le Maroc, le Mexique, le Myanmar, le Népal, Oman, le Pakistan, la République démocratique populaire lao, la République islamique d’Iran, le Togo, Vanuatu et le Viet Nam. Ces pays font partie d’un groupe plus vaste de 55 pays qui ont éliminé une ou plusieurs maladies tropicales négligées.

L’OMS soutient les autorités sanitaires mauritaniennes en les aidant à assurer une surveillance étroite des communautés où le trachome était auparavant endémique afin de prévenir toute résurgence de la maladie.

Prévalence de la maladie

En avril 2024, le trachome restait un problème de santé publique dans 37 pays et environ 103 millions de personnes vivaient dans des zones où des interventions contre la maladie étaient nécessaires. Le trachome se rencontre principalement dans les régions les plus pauvres et les plus rurales d’Afrique, d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud, d’Asie, du Pacifique occidental et du Moyen-Orient. La Région africaine est touchée de manière disproportionnée : en avril 2024, 93 millions de personnes vivaient dans des zones à risque, représentant 90 % de la charge mondiale du trachome.

Ces dernières années, des progrès significatifs ont été accomplis dans la lutte contre le trachome, si bien que le nombre de personnes nécessitant un traitement antibiotique contre le trachome a diminué de 96 millions dans la Région africaine, passant de 189 millions en 2014 à 93 millions en avril 2024, soit une baisse de 51 %.

La Région africaine de l’OMS compte désormais 20 pays qui cherchent à éliminer le trachome.

Note aux rédactions

Le trachome est une maladie tropicale négligée due à une infection par la bactérie Chlamydia trachomatis, qui se propage d’une personne à l’autre par les mains et les objets contaminés ainsi que par les mouches qui ont été en contact avec les écoulements oculaires ou nasaux de personnes infectées. Les facteurs de risque environnementaux de transmission du trachome sont notamment une mauvaise hygiène, un foyer surpeuplé et un accès insuffisant aux services d’eau et d’assainissement.

L’élimination du trachome en tant que problème de santé publique se définit comme suit : i) prévalence des cas de trichiasis trachomateux inconnus du système de santé inférieure à 0,2 % chez les adultes de plus de 15 ans (soit environ 1 cas pour 1000 habitants) ; et ii) prévalence de l’inflammation trachomateuse-folliculaire inférieure à 5 % chez les enfants âgés de 1 à 9 ans, maintenue pendant au moins deux ans en l’absence de traitement antibiotique de masse en cours d’administration, dans chaque zone qui était auparavant une zone d’endémicité du trachome ; plus iii) existence d’un système capable d’identifier et de gérer les cas incidents de trichiasis trachomateux à l’aide de stratégies définies et dont il est prouvé qu’il dispose de ressources financières appropriées pour mettre en œuvre ces stratégies.

Pour éliminer le trachome en tant que problème de santé publique, l’OMS recommande la stratégie CHANCE, une approche globale visant à réduire la transmission de l’agent pathogène, à éliminer les infections existantes et à faire face à leurs conséquences.

La Feuille de route pour les maladies tropicales négligées 2021-2030 vise à prévenir, à maîtriser, à éliminer ou à éradiquer 20 maladies et groupes de maladies. Les progrès accomplis dans la lutte contre le trachome et d’autres maladies tropicales négligées allègent le fardeau humain et économique que ces affections font peser sur les communautés les plus défavorisées du monde.

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