Financement de la santé : face à l’urgence, il faut engager des solutions nationales fondées sur les données
Lors d’un dialogue ministériel coorganisé par l’OMS et la Susan Thompson Buffett Foundation, à l’occasion de la Soixante-Dix-Huitième Assemblée mondiale de la Santé, les ministres de plusieurs pays touchés par les réductions brutales du financement extérieur de la santé se sont accordés sur la nécessité pour les pays de mettre eux-mêmes en œuvre des stratégies dont ils aient la pleine maîtrise, en mettant l’accent sur les données de santé.
Dans leurs observations liminaires, la Professeure Senait Fisseha, Vice-Présidente chargée des Programmes mondiaux de la Susan Thompson Buffett Foundation, et le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, ont donné le ton en soulignant que cette crise est aussi l’occasion de transformer la façon dont les politiques de financement de la santé et les systèmes de données de santé sont élaborés et fonctionnent.
En particulier, le moment est venu pour les pays de réduire leur dépendance aux systèmes d’information sanitaire et au financement extérieurs ; de développer leurs infrastructures nationales de données, depuis les statistiques de l’état civil jusqu’à l’évaluation de l’impact et du retour sur investissement ; et de mettre en place des systèmes résilients conçus pour résister aux chocs, afin de préserver l’accès aux services essentiels.
La Professeure Fisseha a exhorté les pays « à saisir cette occasion de repenser les données et le financement de façon à répondre au mieux aux besoins nationaux et à ceux des populations [...] Il s’agit pour les pays d’être les chefs de file et pour les bailleurs de fonds et les partenaires de développement, d’apprendre à jouer plutôt un rôle d’accompagnement. Les données et le financement sont le point de départ, car c’est la démarche que les ministres veulent suivre. »
Le Dr Tedros a déclaré : « Expansion du financement national, développement de systèmes de données en temps réel : vous êtes nombreuses et nombreux à mettre en œuvre des solutions évolutives, durables et fondées sur l’équité. Les données et le financement durable ne sont pas simplement des questions techniques. Ce sont des choix politiques. Ils déterminent qui va bénéficier des initiatives, à quel rythme, et quel sera le niveau de qualité de soins. C’est à cette aune également que nous pouvons déterminer si nous progressons ou, au contraire, prenons du retard. »
Les ministres de la Barbade, de la République centrafricaine, de l’Égypte, du Libéria, du Malawi, du Rwanda et de la Sierra Leone, ainsi que des représentants de l’Union africaine et de la Banque mondiale, entre autres, ont présenté leur expérience et recommandé des mesures concrètes visant à renforcer les systèmes de données, le financement et la planification sanitaires – appelant à renforcer encore la collaboration à l’avenir. Ils ont également évoqué la nécessité de tirer parti de la transformation numérique et d’accroître ainsi la transparence et la responsabilisation.
D’autres questions ont également été examinées, notamment les stratégies visant à améliorer les capacités de financement national tout en obtenant un impact maximal ; le renforcement des administrations fiscales ; des sources éventuelles de recettes telles que les taxes sur des produits comme certains aliments, l’alcool et le tabac ; la mise en place de régimes obligatoires de couverture sanitaire universelle, couplés à des subventions pour les ménages à faibles revenus et les groupes de population vulnérables ; la promotion d’achats stratégiques de fournitures de santé ; la priorité à donner à la santé dans les dépenses publiques ; et l’intégration des programmes financés par des entités externes dans les systèmes et priorités de financement nationaux.
Plus tard cette semaine, l’Assemblée examinera un projet de résolution sur le financement de la santé.
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Rapport sur la situation sanitaire dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé
Le 21 mai 2025, la Soixante-Dix-Huitième Assemblée mondiale de la Santé a pris note d’un rapport du Directeur général présentant l'action de l’OMS face aux situations d’urgence humanitaire et sanitaire dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé, pour la période allant de janvier 2024 à février 2025.
Cette année encore, il a été impossible de rendre compte de la situation sanitaire dans le Golan syrien occupé, du fait du contexte actuel et de l’absence de données sanitaires ventilées sur la population syrienne. Les États Membres ont été invités à formuler des orientations sur les moyens d’aider l’OMS et ses partenaires à rétablir les services de santé essentiels à travers la Syrie et de permettre à l’Organisation de conduire une mission d'évaluation sur le terrain dans le Golan syrien occupé.
Les États Membres ont exprimé de vives préoccupations face à la dégradation du système de santé à Gaza, évoquant notamment les déplacements forcés, la surpopulation, la détérioration des systèmes d’assainissement et les attaques contre les services de santé. Ils ont souligné l’urgence d’une action concertée pour répondre aux besoins de santé d’une population qui se trouve dans une situation dramatique.
Plusieurs États Membres ont présenté un projet de décision priant le Directeur général de continuer à faire rapport sur la situation sanitaire dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé, en mettant particulièrement l’accent sur l’insécurité alimentaire et la malnutrition dans la bande de Gaza, et de continuer de soutenir les systèmes de santé palestinien et syrien. La décision a été adoptée.
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A78/16: Situation sanitaire dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé
A78/B/CONF./1: Situation sanitaire dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé
A78/B/CONF./1 Add.1: Incidences financières et administratives qu’auront pour le Secrétariat les décisions proposées à l’Assemblée de la Santé pour adoption