Mettre en œuvre

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Mwangi Kirubi, PMI Impact Malaria
Veronica Conteh (22 ans) reçoit des médicaments contre le paludisme de l'infirmière Jariatu Mansaray (30 ans) lors de sa visite prénatale au centre de santé New Maforki à Port Loko, en Sierra Leone.
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Progrès dans la lutte contre le paludisme

Les pays touchés par le paludisme et les partenaires sont vivement encouragés à mettre en œuvre les outils et les stratégies recommandés par l’OMS qui sont disponibles actuellement pour toutes les personnes exposées au paludisme et en particulier les plus vulnérables.

Selon le dernier Rapport sur le paludisme dans le monde, les pays ont fait des progrès pour ce qui est d’élargir l’accès aux services antipaludiques pour les populations les plus à risque :

  • En 2021, près de 45 millions d’enfants ont eu accès à une chimioprévention du paludisme saisonnier dans 15 pays africains, ce qui représente une progression importante par rapport à 2020 (33,4 millions de bénéficiaires) et à 2019 (22 millions environ). Le traitement préventif est recommandé pour les enfants qui vivent en Afrique dans une zone où la transmission du paludisme est très saisonnière.
  • Selon des enquêtes auprès des ménages, la proportion d’enfants fébriles en Afrique subsaharienne qui ont été conduits à un prestataire de soins et ont subi un test de dépistage du paludisme a considérablement augmenté entre les périodes 2005-2011 et 2015-2021, passant d’une médiane de 30 % environ à 57 %.
  • À ce jour, plus de 1,3 million d’enfants ont reçu au moins une dose du vaccin antipaludique RTS,S dans trois pays africains : le Ghana, le Kenya et le Malawi. Vingt-neuf pays d’Afrique ont exprimé le souhait d’adopter le vaccin contre le paludisme dans le cadre de leur stratégie nationale de lutte contre le paludisme. En octobre 2021, l’OMS a recommandé le vaccin pour prévenir le paludisme chez les jeunes enfants qui vivent dans une zone où la transmission du paludisme à P. falciparum est modérée à forte.

 

OMS/Pius Utomi Ekpei
Un agent de santé administre une CPS antipaludique à un enfant dans le camp de personnes déplacées de Muna à Maiduguri
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PMI Impact Malaria
Mariama Abdou aide sa fille, Samsiya Idi, à prendre des médicaments antipaludiques dans la ville d'Illela pendant le troisième cycle de la campagne de chimioprévention saisonnière du paludisme au Niger.
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Obstacles restants

Cependant, trop de personnes particulièrement exposées au paludisme ne bénéficient toujours pas des services dont elles ont besoin pour prévenir, diagnostiquer et traiter la maladie. Selon le Rapport 2022 sur le paludisme dans le monde :

  • À peine plus de la moitié (53 %) des enfants de moins de cinq ans et des femmes enceintes en Afrique subsaharienne dormaient sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide (MII) en 2021.
  • En 2021, un tiers seulement (35 %) des femmes enceintes ont reçu les trois doses recommandées par l’OMS dans le cadre d’un traitement préventif intermittent, proportion restée à peu près inchangée ces dernières années.
  • Un tiers environ (35 %) des enfants présentant de la fièvre n’ont pas été conduits à un prestataire de santé pour y recevoir des soins ou un traitement quels qu’ils soient, selon des enquêtes réalisées auprès des ménages en Afrique subsaharienne entre 2015 et 2021, et les ménages pauvres étaient moins susceptibles de faire soigner leur enfant fébrile. Moins d’un pour cent des enfants ont accès au traitement par le biais d’agents de santé communautaires.
  • En raison de la forte demande de vaccins antipaludiques, l’approvisionnement initial est restreint, ce qui limite les retombées qui peuvent être obtenues.

Les difficultés à élargir l’accès aux services antipaludiques ont été aggravées, en particulier en Afrique subsaharienne, par l’actuelle pandémie de COVID-19, les crises humanitaires convergentes, les restrictions de financement, la déficience des systèmes de surveillance, et la baisse de l’efficacité des principaux outils de lutte contre le paludisme.

  • Comme il est expliqué dans le Rapport 2022 sur le paludisme dans le monde, les MII le plus couramment utilisées, qui sont traitées avec une seule classe d’insecticides (les pyréthrinoïdes), deviennent moins efficaces pour combattre la maladie. Les menaces qui pèsent sur cet outil de prévention essentiel sont, entre autres, la résistance aux insecticides, un accès insuffisant, la mise au rebut de MII plus rapidement qu’elles ne peuvent être remplacées en raison des pressions de la vie quotidienne et l’évolution du comportement des moustiques.
  • Dans certaines zones, les parasites du paludisme échappent à la détection par les tests de diagnostic rapide, représentant une menace notable pour le diagnostic et le traitement précoces de la maladie.
  • Parmi les autres menaces pour la lutte contre le paludisme sur le continent africain, on compte la résistance croissante des parasites aux schémas thérapeutiques antipaludiques et une espèce de moustique invasive qui s’adapte facilement aux environnements urbains.

Orientations et stratégies de l'OMS

Pour faire face à ces menaces et aider les pays à élaborer des programmes de lutte contre le paludisme plus résilients, l’OMS a récemment publié de nouvelles orientations, y compris :

  • une nouvelle stratégie visant à limiter la résistance aux antipaludiques en Afrique ;
  • une nouvelle initiative pour arrêter la prolifération d’Anopheles stephensi dans les environnements urbains ;
  • un nouveau cadre, établi conjointement par l’OMS et l’ONU-Habitat, pour aider les dirigeants des grandes villes à lutter contre le paludisme en milieu urbain ;
  • une nouvelle boîte à outils conçue pour aider les pays à évaluer leurs systèmes de surveillance du paludisme et à repérer les domaines où il faut des investissements.

Pour soutenir les pays d’endémie palustre, l’OMS a également amélioré la transparence et la souplesse de ses recommandations concernant le paludisme, ainsi que l’accès à ces dernières. L’OMS encourage les pays à adapter ces recommandations aux environnements locaux où sévit la maladie, en utilisant les données locales, pour des retombées maximales. Toutes les orientations de l’OMS relatives au paludisme sont disponibles via deux plateformes numériques :

  • MAGICapp – Les Lignes directrices de l’OMS sur le paludisme, lignes directrices unifiées, sont consultables en anglais, en français, en arabe et en espagnol via la plateforme MAGICapp ;
  • l’application « Malaria Toolkit » – Il est aussi possible d’avoir accès aux toutes dernières recommandations de l’OMS sur le paludisme grâce à l’application Malaria Toolkit.

Les lignes directrices unifiées de l’OMS sont un document évolutif mis à jour périodiquement et quand de nouvelles orientations apparaissent. En juin 2022, l’OMS a actualisé ses recommandations pour trois stratégies de chimioprévention essentielles.

  1. La chimioprévention du paludisme saisonnier est recommandée pour les enfants qui vivent en Afrique dans une zone où la transmission du paludisme est très saisonnière.
  2. La chimioprévention du paludisme pérenne est recommandée pour les jeunes enfants qui vivent dans une zone où le paludisme est présent tout au long de l’année, et où la transmission est élevée.
  3. Le traitement préventif intermittent du paludisme pendant la grossesse est recommandé pour toutes les femmes enceintes qui vivent en Afrique dans une zone où la transmission du paludisme est modérée à forte.

Administrée aux jeunes enfants et aux femmes enceintes, lesquels sont particulièrement vulnérables face au paludisme, la chimiothérapie préventive s’est avérée une stratégie sûre, efficace et rentable pour réduire la charge de morbidité et sauver des vies.

L'OMS a récemment publié des recommandations sur les nouveaux types de moustiquaires imprégnées d'insecticide (mars 2023) et sur le traitement des cas de paludisme (novembre 2022).

 

OMS
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OMS
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Couverture sanitaire universelle

Outre la résolution des problèmes techniques lors de la mise en œuvre, il est indispensable de s’attaquer aux obstacles auxquels les personnes sont confrontées pour accéder à des services de qualité. Les soins de santé primaires sont généralement considérés comme le moyen le plus global, le plus équitable et le plus rentable de parvenir à la couverture sanitaire universelle. Se préoccuper des questions d’équité implique de fournir des soins à toutes les populations, en particulier celles qui sont difficiles à atteindre. Cela suppose également de combattre toutes les maladies avec les ressources nécessaires et de pérenniser les gains obtenus en ce qui concerne la santé pendant les phases succédant à l’élimination. Les soins de santé primaires reviennent aussi à promouvoir les politiques multisectorielles et les mesures visant à agir sur les déterminants de la maladie, et à permettre aux personnes de prendre en main leur propre santé et de participer à la prise de décisions en la matière.


Mwangi Kirubi, PMI Impact Malaria
Sam Agbor Enow a été formé pour assurer la supervision afin de s'assurer que les prestataires de soins de santé connaissent et peuvent suivre les directives nationales pour diagnostiquer et traiter correctement le paludisme
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OMS/FanjanCombrink
Enfant assis sur les genoux de sa mère lors d'une campagne de vaccination contre le paludisme à Kisumu, au Kenya, en mars 2023.
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