Principaux messages
Le volontaire de santé communautaire Tika Ohoury Jules, 42 ans, s'entretient avec la famille de Nampak Tampo dans le village de Bodjonou, en Côte d'Ivoire, sur la meilleure façon de prévenir le paludisme.

Investir
Selon le Rapport 2022 sur le paludisme dans le monde publié par l’OMS, le déficit de financement entre le montant investi dans la lutte mondiale contre le paludisme (3,5 milliards de dollars des États-Unis) et les ressources nécessaires (7,3 milliards de dollars des États-Unis) s’est accentué, en particulier au cours des trois dernières années, passant de 2,6 milliards de dollars des États-Unis en 2019 à 3,5 milliards de dollars des États-Unis en 2020, puis à 3,8 milliards de dollars des États-Unis en 2021.
Malgré les importantes contributions des pays et des partenaires, la septième reconstitution du Fonds mondial a permis de réunir 15,7 milliards de dollars des États-Unis alors que l’on attendait au moins 18 milliards de dollars des États-Unis. Avec l’évolution du contexte économique, la marge de financement pour la lutte contre le paludisme devient de plus en plus étroite.
Dans cet environnement aux ressources limitées, il est capital de mieux utiliser les fonds disponibles. Le financement devrait bénéficier en priorité aux personnes les plus vulnérables, qui sont moins en mesure d’accéder aux services et sont le plus durement touchées quand elles tombent malades. Un financement suffisant et prévisible est essentiel pour continuer à progresser dans la lutte contre le paludisme.

Innover
Malgré de récentes déconvenues dans la lutte contre le paludisme, les investissements en R&D ont joué un rôle crucial dans la réduction de la charge mondiale du paludisme au cours des deux dernières décennies. La lutte contre le paludisme repose depuis 2000 sur la mise au point et le déploiement à grande échelle de tests de diagnostic rapide (TDR), de moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII) et de combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA). Les investissements en R&D pour la mise au point de vaccins contre le paludisme ont permis de concevoir et de recommander le premier vaccin permettant de prévenir le paludisme et de réduire la morbidité et la mortalité chez les enfants qui vivent dans les zones où la transmission du paludisme est modérée à forte, et où la demande d’un vaccin antipaludique est très élevée. La poursuite des investissements aux fins de la conception et du déploiement de ces outils et de ceux de la prochaine génération sera essentielle pour atteindre les cibles mondiales de la lutte antipaludique fixées pour 2030.
Dans le domaine de la lutte antivectorielle, il y a 28 nouveaux produits à l’étude dans le cadre de la R&D. Les outils en cours d’évaluation incluent, par exemple, de nouveaux types de moustiquaires imprégnées d’insecticide, des appâts ciblés qui attirent les moustiques, des répulsifs aériens, des leurres domestiques mortels (tubes d’avant-toit) et l’application du génie génétique aux moustiques. Si ces outils s’avèrent efficaces dans la lutte contre la maladie, l’OMS élaborera de nouvelles recommandations sur la politique à mener ou modifiera les recommandations existantes pour appuyer leur déploiement dans les pays touchés par le paludisme.
Plusieurs vaccins antipaludiques sont en cours de mise au point. Comme le vaccin antipaludique actuellement recommandé − le RTS,S − beaucoup de ces vaccins attaquent le parasite du paludisme avant qu’il ne pénètre dans le foie humain où il peut se multiplier rapidement. Le plus avancé de ces candidats est le R21, pour lequel on a récemment mené à bien des essais cliniques de phase 3. D’autres vaccins candidats visent à arrêter la transmission du parasite du paludisme, d’autres encore à protéger les femmes pendant la grossesse.
De nouveaux produits de diagnostic sont également attendus. Pour résoudre les problèmes en rapport avec les délétions du gène HRP2/3, qui compromettent les performances des TDR du paludisme à P. falciparum, les chercheurs travaillent à la conception de produits de diagnostic s’appuyant sur d’autres biomarqueurs. Le diagnostic non invasif à partir de salive et d’urine est un autre domaine de recherche en expansion, qui offre la possibilité d’un dépistage rapide en dehors des cadres médicaux classiques.
Dans le domaine des médicaments antipaludiques, la mise au point d’options de traitement ne reposant pas sur une CTA est une priorité pour les chercheurs face à l’apparition et au développement d’une résistance partielle à l’artémisinine. Des médicaments de nouvelle génération sont en préparation – tels que les triples CTA, qui s’appuient sur une combinaison d’artémisinine et de deux médicaments associés pour limiter le risque de pharmacorésistance. D’autres médicaments en cours d’évaluation utilisent des substances chimiques différentes pour remplacer l’artémisinine et ses dérivés ; quatre médicaments de ce type font actuellement l’objet d’essais cliniques.
Recherche sur la technologie du forçage génétique pour la lutte antivectorielle
Enfant vacciné contre le paludisme lors d'une campagne de vaccination à Kisumu, au Kenya, en mars 2023

Mettre en œuvre
Les pays touchés par le paludisme et les partenaires sont vivement encouragés à mettre en œuvre les outils et les stratégies recommandés par l’OMS qui sont disponibles actuellement pour toutes les personnes exposées au paludisme et en particulier les plus vulnérables.
Selon le dernier Rapport sur le paludisme dans le monde, les pays ont fait des progrès pour ce qui est d’élargir l’accès aux services antipaludiques pour les populations les plus à risque. Cependant, trop de personnes particulièrement exposées au paludisme ne bénéficient toujours pas des services dont elles ont besoin pour prévenir, diagnostiquer et traiter la maladie.
Les difficultés à élargir l’accès aux services antipaludiques ont été aggravées, en particulier en Afrique subsaharienne, par l’actuelle pandémie de COVID-19, les crises humanitaires convergentes, les restrictions de financement, la déficience des systèmes de surveillance, et la baisse de l’efficacité des principaux outils de lutte contre le paludisme.
Pour faire face à ces menaces et aider les pays à élaborer des programmes de lutte contre le paludisme plus résilients, l’OMS a récemment publié de nouvelles orientations, stratégies et cadres. Pour soutenir les pays d’endémie palustre, l’OMS a également amélioré la transparence et la souplesse de ses recommandations concernant le paludisme, ainsi que l’accès à ces dernières.
Outre la résolution des problèmes techniques lors de la mise en œuvre, il est indispensable de s’attaquer aux obstacles auxquels les personnes sont confrontées pour accéder à des services de qualité. Les investissements dans des systèmes de santé qui fonctionnent bien, fondés sur les soins de santé primaires, peuvent répondre aux besoins de santé des personnes à proximité de leur lieu de résidence et de travail tout en réduisant le coût des soins et en renforçant l'équité.
Bamba Issa, 50 ans, microscopiste à l'hôpital général d'Adiake le 6 août 2019.
Boni Awa, 25 ans, prend ses médicaments de grossesse au Centre de Santé Rural de Mouyassue le 5 août 2019. C'est la troisième grossesse de Boni.