Description de la situation
Aperçu de la situation
Le 16 janvier 2024, le Brésil a notifié à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) une infection humaine confirmée en laboratoire par un variant (v) du virus de la grippe A(H1N1) d’origine porcine dans la municipalité de Toledo (État du Paraná). Le patient, qui présentait des pathologies sous-jacentes, a développé des symptômes et a été hospitalisé le 16 décembre 2023. Il n’avait aucun antécédent d’exposition à des porcs et s’est complètement rétabli. L’enquête épidémiologique n’a révélé aucun contact rapproché. Il s’agit de la première infection humaine causée par un virus grippal A(H1N1)v signalée en 2024 au Brésil et du neuvième cas d’infection humaine par un variant du virus de la grippe porcine notifié dans l’État du Paraná (Brésil) depuis 2015. Selon le Règlement sanitaire international (RSI), l’infection humaine par un nouveau sous-type de virus de la grippe A constitue un événement susceptible d’avoir un impact important sur la santé publique et doit être notifiée à l’OMS. Compte tenu des informations actuellement disponibles, l’OMS estime qu’il s’agit d’un cas sporadique. La probabilité d’une propagation communautaire chez l’humain et/ou d’une propagation internationale de la maladie par transmission interhumaine est considérée comme faible. L’OMS rappelle qu’il est essentiel d’assurer une surveillance mondiale de la grippe pour détecter tout changement virologique, épidémiologique ou clinique associé aux virus grippaux circulants qui pourrait avoir une incidence sur la santé humaine (ou animale) et de veiller à l’échange en temps utile des virus aux fins de l’estimation des risques.
Description de la situation
Le 16 janvier 2024, le point focal national pour le Règlement sanitaire international (RSI) du Brésil a notifié à l’Organisation mondiale de la Santé un cas d’infection humaine par un virus de la grippe A(H1N1)v d’origine porcine.
Le patient est un homme adulte, souffrant de pathologies sous-jacentes, qui réside dans la municipalité de Toledo, dans l’État du Paraná. L’homme, qui vit seul, n’avait aucun antécédent d’exposition à des porcs ou à des personnes malades. L’enquête épidémiologique n’a révélé aucun contact rapproché.
Le patient a présenté des symptômes pour la première fois le 12 décembre 2023, notamment de la fièvre, des maux de tête, une grande fatigue et de la toux, et a consulté un médecin le 16 décembre 2023, date à laquelle il a été hospitalisé. Il n’a pas reçu de traitement antiviral, mais a pu quitter l’hôpital complètement rétabli le 18 décembre 2023.
Un échantillon a été envoyé le 19 décembre 2023 au laboratoire central de santé publique de l’État du Paraná aux fins de dépistage de la grippe et du SARS-CoV-2. Il a été déterminé par transcription inverse suivie d’une amplification en chaîne par polymérase (RT-PCR) que l’échantillon contenait un virus grippal de sous-type A/H1. Le 11 janvier 2024, l’échantillon a été envoyé pour confirmation au centre national de la grippe (CNG), laboratoire national de référence pour les virus respiratoires de la FIOCRUZ à Rio de Janeiro, qui a confirmé le 15 janvier 2024 la présence du variant du virus de la grippe A(H1N1).
Selon les résultats du séquençage, le virus présente une similitude de 99 % avec le virus A/Paraná/ 20675/2022 (de type A/H1N1pdm09) précédemment détecté chez un cas humain dans la ville de Toledo (État du Paraná) en octobre 2022. Les segments PB2, PB1, PA, NA et MP correspondaient au virus A/Paraná/10835/2021 (de type A/H1N1pdm09) également signalé dans la ville de Toledo, et les segments NP et NS correspondaient au virus A/Paraná/44706/2022 (A/H3N2v) signalé dans la ville de Santa Helena, qui se trouve aussi dans l’État du Paraná. Le 1er février 2024, le CNG a envoyé l’échantillon à la division chargée de la grippe au sein des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis – un centre collaborateur de l’OMS pour la surveillance, l’épidémiologie et la maîtrise de la grippe – pour une caractérisation plus approfondie.
Ces résultats de laboratoire pourraient indiquer que le virus circule actuellement dans la population animale et que la population humaine y est exposée dans l’État du Paraná. Aucune transmission communautaire chez l’humain n’a été détectée.
Épidémiologie
Des virus grippaux A(H1) sont enzootiques dans les populations porcines de la plupart des régions du monde. Lorsqu’un virus grippal qui circule normalement chez le porc est détecté chez une personne, on parle de « variant de virus grippal ». A(H1N1), A(H1N2) et A(H3N2) sont les principaux sous-types de virus de la grippe A porcine et infectent occasionnellement les humains, en général après une exposition directe ou indirecte à des porcs ou à des environnements contaminés. Les infections humaines par des variants ont tendance à entraîner une maladie clinique bénigne, bien que certains cas aient été hospitalisés pour une forme plus sévère aboutissant parfois au décès.
À ce jour, des infections humaines sporadiques causées par des variants des virus de la grippe A(H1N1), A(H1N2) et A(H3N2) ont été signalées au Brésil, et il n’existe aucune preuve d’une transmission interhumaine durable.
Ce cas est le premier cas d’infection humaine par le virus de la grippe A(H1N1)v signalé au Brésil en 2024. Il représente la quatrième infection humaine causée par un virus grippal A(H1N1)v signalée dans le pays et le neuvième cas d’infection humaine par un variant du virus de la grippe porcine notifié dans l’État du Paraná (Brésil) depuis 2015.
Auparavant, dans l’État du Paraná, huit infections humaines par des variants de la grippe porcine ont été notifiées, à savoir des cas de grippe A(H1N1)v (un cas par an entre 2021 et 2023), de grippe A(H1N2)v (un cas en 2015 et deux cas en 2020), ainsi que de grippe A(H3N2)v (deux cas en 2021). Toutes les personnes infectées vivaient dans des zones rurales où se trouvaient des fermes porcines, l’une d’entre elles habitant à proximité d’une ferme porcine et une autre travaillant dans un abattoir de porcs. Parmi ces huit cas précédents, un décès a été enregistré.
Action de santé publique
Les autorités sanitaires locales et nationales ont mis en œuvre les mesures de santé publique suivantes :
- enquête épidémiologique ;
suivi des syndromes grippaux et des infections respiratoires aiguës sévères dans les municipalités environnantes au sein de la même région sanitaire en cherchant à analyser les tendances des virus respiratoires dans la région, en particulier du virus de la grippe ;
- analyses en laboratoire d’échantillons respiratoires prélevés dans la municipalité de Toledo entre un mois avant et un mois après l’apparition des symptômes du cas actuel.
Évaluation du risque par l’OMS
Il s’agit du premier cas d’infection humaine par le virus de la grippe A(H1N1)v signalé au Brésil en 2024. Le patient n’avait aucun antécédent d’exposition à des porcs ou à des personnes malades. D’après les informations actuellement disponibles, il s’agit d’un cas sporadique et aucune nouvelle propagation ultérieure n’a été détectée.
On observe une transmission interhumaine limitée et non durable de variants de virus grippaux, mais aucune transmission communautaire continue n’a été identifiée. Les données actuelles laissent supposer que ces virus n’ont pas acquis la capacité de se transmettre durablement d’une personne à l’autre.
Il n’existe actuellement aucun vaccin homologué contre l’infection par le virus de la grippe A(H1N1)v chez l’humain. Les vaccins contre les virus de la grippe saisonnière humaine ne sont généralement pas censés protéger les populations humaines contre les virus grippaux qui circulent habituellement chez le porc, mais ils peuvent en atténuer la gravité.
L’OMS estime que le risque de propagation internationale de la maladie par l’humain et/ou au niveau communautaire d’une personne à l’autre posé par cet événement est faible. L’évaluation du risque sera réexaminée si de nouvelles données épidémiologiques ou virologiques le justifient.
Conseils de l’OMS
Surveillance :
- Ce cas ne change rien aux recommandations actuelles de l’OMS relatives aux mesures de santé publique et à la surveillance de la grippe saisonnière.
- Du fait de l’évolution constante des virus grippaux, l’OMS rappelle qu’il est essentiel d’assurer une surveillance mondiale de la grippe pour détecter tout changement virologique, épidémiologique ou clinique associé aux virus grippaux circulants qui pourrait avoir une incidence sur la santé humaine (ou animale) et de veiller à l’échange en temps utile des virus aux fins de l’estimation des risques.
- Une vigilance continue est nécessaire dans les zones touchées et les zones voisines pour détecter les infections chez les animaux et les humains. La collaboration entre les secteurs de la santé animale et de la santé humaine est essentielle. L’ampleur de la circulation des virus de la grippe chez l’animal n’étant pas connue avec précision, il convient de poursuivre de manière systématique la surveillance épidémiologique et virologique et le suivi des cas humains suspects. Des orientations sur l’investigation de la grippe non saisonnière et d’autres maladies respiratoires aiguës émergentes sont disponibles sur le site Web de l’OMS.
- La vigilance face à l’émergence de nouveaux virus grippaux à potentiel pandémique ne doit pas faiblir. L’OMS a élaboré des orientations pratiques pour la surveillance intégrée dans le contexte de la cocirculation du SARS-CoV-2 et des virus grippaux (en anglais).
- Il est essentiel que les virus grippaux d’origine animale ou humaine soient entièrement caractérisés dans les laboratoires de référence en santé animale ou humaine appropriés pour la grippe. En vertu du Cadre OMS de préparation en cas de grippe pandémique (PIP) (en anglais), les États Membres sont censés partager régulièrement et dans les meilleurs délais les virus grippaux à potentiel pandémique par l’intermédiaire du Système mondial de surveillance de la grippe et de riposte (GISRS) (en anglais).
Notification et investigation :
- Toutes les infections humaines par un nouveau sous-type de virus grippal doivent être notifiées en vertu du Règlement sanitaire international (RSI) et les États Parties au RSI (2005) sont tenus de signaler immédiatement à l’OMS tout cas confirmé en laboratoire d’infection humaine récente par un virus grippal de type A à potentiel pandémique. Aucune preuve établissant la maladie n’est requise dans le cadre de cette notification.
- Dans le cas d’une infection humaine confirmée ou suspectée par un nouveau virus grippal à potentiel pandémique, y compris un variant du virus, une enquête épidémiologique approfondie sur les antécédents d’exposition aux animaux et les voyages ainsi qu’une recherche des contacts doivent être menées. Cette enquête épidémiologique doit inclure l’identification précoce de symptômes respiratoires inhabituels qui pourraient indiquer une transmission interhumaine du nouveau virus. Des échantillons cliniques, prélevés au moment et à l’endroit où le cas s’est présenté, doivent être analysés et envoyés à un centre collaborateur de l’OMS pour faire l’objet d’une caractérisation plus complète.
Voyages et échanges commerciaux :
- Sur la base des informations disponibles pour cet événement, l’OMS recommande de n’appliquer aucune restriction aux voyages ou aux échanges commerciaux avec le Brésil.
Mesures de prévention à l’intention des voyageurs :
- Selon les conseils de l’OMS, les voyageurs qui se rendent dans des pays touchés par des flambées épidémiques de grippe animale doivent éviter les fermes, le contact avec les animaux sur les marchés d’animaux vivants, l’entrée dans des zones où les animaux peuvent être abattus ou le contact avec des surfaces susceptibles d’être contaminées par des excréments d’animaux. Il est également recommandé aux voyageurs de se laver les mains souvent avec de l’eau et du savon. Toutes les personnes devraient appliquer les bonnes pratiques d’hygiène et de sécurité sanitaire des aliments.
- L’OMS ne préconise pas de restriction aux voyages ni de dépistage particulier des voyageurs aux points d’entrée compte tenu de la situation actuelle des virus grippaux au niveau de l’interface humain-animal.
Plus d'informations
- OPS/OMS, La grippe à l’interface humain-animal : Recommandations de l’OPS visant à renforcer l’action intersectorielle de surveillance, de détection rapide et d’enquête, 9 juillet 2020 (en anglais)
- OPS/OMS, Renforcer l’action intersectorielle de lutte contre la grippe à l’interface humain-animal dans la Région des Amériques : questions et réponses techniques, mai 2023 (en anglais)
- OPS/OMS. Rapport de la consultation régionale pour le renforcement de l’action intersectorielle de lutte contre la grippe à l’interface humain-animal, mars 2023 (en anglais)
- OMS, Boîte à outils sur les épidémies de grippe zoonotique, septembre 2019 (en anglais)
- OMS (16 juin 2023), Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Variant du virus de la grippe A(H1N1) – Brésil (en anglais)
- Règlement sanitaire international (2005), Troisième édition, janvier 2016
- OMS (2011), Manuel de l’OMS pour le diagnostic biologique et la surveillance virologique de la grippe (en anglais)
- OMS. Mandat des centres nationaux de lutte contre la grippe appartenant au Système mondial OMS de surveillance de la grippe et de riposte (en anglais)
- OMS, Protocole d’investigation de la grippe non saisonnière et d’autres maladies respiratoires aiguës émergentes
Référence à citer : Organisation mondiale de la Santé (7 février 2024). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Variant du virus de la grippe A(H1N1) – Brésil. Disponible à l’adresse : https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2024-DON502