Une septième personne présentant une émergence de ver a été hospitalisée dans un centre de confinement en Éthiopie à la suite de l’épidémie de dracunculose (maladie du ver de Guinée) dans la région de Gambella qui a débuté le mois dernier - la transmission de la maladie à partir des sept cas suspects est contenue.
Ce dernier cas suspect - en plus de six autres initialement identifiés avec des vers émergeant1 - implique des individus de quelques villages partageant la même source d'eau insalubre.
«De nombreux cas suspects sont guéris de leurs signes et symptômes, et le diagnostic de ver de guinée écarté pour ces patients. De nos jours il y a une 50 aine de personnes qui présentent toujours des signes et symptômes de ver de Guinée, qui sont en observation dans notre centre de confinement des cas - tous ces cas suspects ont été amenés ici à la suite d'une investigation épidémiologique à la recherche de personnes ayant été probablement exposées à la contamination du ver de guinée. Ces investigations ont été menées immédiatement après l’identification du premier cas suspect présentant une émergence de ver.», a déclaré Kassahun Demissie, coordinateur du Programme Ethiopien d'Eradication de la Dracunculose (EDEP). « Tous ont utilisé de l'eau insalubre dans les mêmes mares, comme les sept autres personnes ayant présenté des vers émergents, et sont en observation. »
Le 3 avril 2020, l'OMS a été informée d'une épidémie dans le village de Duli du district sanitaire de Gog dans la région de Gambella, détectée le 2 avril 2020 par des agents de santé communautaires de l'EDEP. Cinq autres cas provisoires ont par la suite été détectés. Les mesures visant à contenir la transmission de ces cas suspects ont commencé immédiatement. Toutes les personnes infectées avaient utilisé des mares proches d’une ferme agricole- des sources d'eau qui seraient associées à un babouin infecté en juin 2019 dans le même village.
En réponse, une équipe composée de personnels du Bureau régional de la santé de Gambella, de l’EDEP au sein de l’Institut éthiopien de santé publique, et du Centre Carter - principal partenaire de l’OMS pour le programme mondial d’éradication de la dracunculose- a mené des enquêtes préliminaires et des mesures d’intervention immédiate.
« Des spécimens de vers ont déjà été extraits de tous les cas suspects et sont prêts à être expédiés au centre collaborateur de l'OMS au CDC Atlanta pour confirmation en laboratoire2 », a déclaré le Dr Zeyede Kebede, coordinateur par intérim des MTN, Bureau de pays de l'OMS, Éthiopie. « L'interruption des services postaux et de transports en raison de COVID-19 a quelque peu retardé le processus. »
Recherches de cas et recherche de contacts
Tous les villages et hameaux ont déjà été placés sous surveillance active dans les woredas (districts sanitaires) d'Abobo et de Gog par l'EDEP avec le soutien du Centre Carter. Les recherches actives de cas se sont intensifiées dans sept villages où soit des cas suspects ont été détectés, soit les gens sont plus à risque de contracter la maladie en raison des liens sociaux avec les villages signalant des cas. Au cours de l'enquête, un total de 217 ménages a été visité et 1254 personnes ont été interrogées et ont reçu une éducation sanitaire.
Avec le soutien de l'OMS, l'EDEP a renforcé la surveillance dans les zones transfrontalières, en particulier à l’intérieur et autour des camps de réfugiés des régions de Gambella et Benishangul Gumuz afin d’empêcher toute propagation de la maladie au Soudan du Sud.
Pour tuer les puces d'eau qui agissent en tant qu'hôtes intermédiaires des larves de ver de Guinée, plusieurs mares ont été traitées avec le larvicide Temephos ; en plus des filtres à pipe et en tissu ont été distribués aux villageois3 pour la filtration de leur eau de boisson avant consommation
Une formation et des conseils supplémentaires ont été dispensés aux volontaires et aux agents de santé afin de les permettre de mener des activités sur le terrain dans le contexte de la pandémie actuelle
de COVID-19.
Dracunculose en Éthiopie
Le programme d’éradication du ver de guinée en Ethiopie a débuté en 1994 lorsque le pays a notifié plus de 1 100 cas en un an.
La mise en œuvre des activités d'éradication au cours des décennies a considérablement réduit le nombre de cas humains. En 2017, une épidémie dans une ferme de la région de Gambella a fait 15 cas. Par la suite, aucun cas humain n'a été signalé pendant plus de deux années consécutives, bien que des infections sporadiques autochtone de ver de guinée aient été signalées chez des animaux (chiens et babouins) depuis 2013.
Gambella est la seule région d'Ethiopie à rapporter une transmission de la maladie du ver de Guinée, bien qu’étant d’une faible amplitude. Avec les derniers cas signalés dans le district de Gog, une surveillance accrue est en vigueur dans d'autres districts et camps de réfugiés de la région qui abritent plus de 272 000 ressortissants du Soudan du Sud.
Les mouvements réguliers transfrontaliers des populations entre l'Éthiopie et le Soudan du Sud (en raison de l'insécurité au Soudan du Sud et des activités des éleveurs nomades), posent un risque de propagation de la maladie dans la région.
1Les vers qui ont émergé sont morphologiquement compatibles avec Dracunculus medinensis, bien qu'une confirmation en laboratoire soit attendue.
2Recommendation de l'OMS: tous les échantillons de vers obtenus de chaque cas doivent être envoyés pour confirmation au Centre collaborateur OMS pour l’éradication de la dracunculose aux Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis.
3Temephos (Abate®) et filtres sont donnés par BASF et Vestergaard respectivement à travers le Carter Center.